Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre F

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F

F. Chez le Romains, la lettre F se mettait dans les abréviations pour, filius, Fabius; FL pour Flavius. A Rome on marquait d'un F au front les esclaves fugitifs, comme on marquait en France les criminels de deux lettres T. F. (travaux forcés).

FABER (Basile), lexicographe, né en 1520 à Soraw, dans la Basse-Lusace, mort en 1575, enseigna les humanités à Nordhausen, à Magdebourg, et fut recteur de l'Université d'Erfurt. Il a donné, entre autres ouvrages, un grand Dictionnaire latin, publié pour la 1re fois à Leipsick en 1571, in-fol., sous le titre de Thesaurus eruditionis scholasticæ, et souvent réimprimé depuis, avec des additions de Buchner, Cellarius, J. Thomasius, Stubel, etc., notamment à Francfort, en 1749, par J. H. Leich, 2 vol. in-fol. Ardent partisan de la Réforme, il traduisit en latin quelques-uns des écrits de Luther.

V. FABRE, FAYRE et LEFEBVRE.

FABERT (Abraham), maréchal de France, né à Metz en 1599, mort en 1662, entra à quatorze ans dans la carrière militaire, se distingua en 1627 comme major au siège de La Rochelle, contribua puissamment en 1629 à la prise de Suse qu'assiégeait Louis XIII en personne, dirigea le siège de Chivas en Savoie, et battit complètement l'armée du prince Thomas qui cherchait à débloquer la place. Promu au grade de capitaine des gardes françaises, il se signala de nouveau dans une foule d'actions, notamment au siège d'Arras (1640), à la bataille de la Marfée (1641), et aux sièges de Collioure et de Perpignan (1642). En 1654, il dirigea sous les yeux de Louis XIV le siège de Stenay, et força cette place à capituler. Fabert reçut le bâton de maréchal de France en 1658 : c'est le 1er roturier qui ait été élevé à cette dignité. Ce grand capitaine n'était pas moins admirable par sa loyauté, son désintéressement et son humanité, que par son courage. Sa Vie a été écrite par Courtilz de Sandras, 1697, et par Jos. de Labarre, 1752.

FABIEN (S.), pape de 236 à 250, était Romain. Il périt dans la persécution de Dèce. On l'hon. le 30 janv.

FABIENS, nom sous lequel on connaît dans l'histoire 306 guerriers de la famille Fabia qui, l'an 477 av. J.-C., ayant à leur tête le consul Fabius Vibulanus, se chargèrent à eux seuls, avec leurs clients au nombre de 4000, de combattre les Véïens ; ils vainquirent l'ennemi en plusieurs rencontres ; mais, étant tombés dans une embuscade sur les bords de la Créméra, ils périrent accablés par le nombre.

FABIOLE (Ste), d'une famille illustre de Rome, fit bâtir à ses frais un hôpital, distribua son bien aux pauvres, alla visiter les lieux saints et m. en 400. S. Jérôme a célébré ses vertus. On l'hon. le 27 déc.

FABIUS (les), illustre famille de Rome, prétendait descendre d'Hercule par une fille d'Évandre, et fut ainsi nommée, dit-on, pour avoir introduit à Rome la culture de la fève (faba). — Une tribu de Rome prit de cette famille le nom de Fabia. Cette famille fournit les 306 Fabiens et plusieurs autres héros.

FABIUS MAXIMUS RULLIANUS (Q.), maître de la cavalerie sous le dictateur Papirius Cursor, 326 ans av. J.-C., battit les Samnites et leur tua 20 000 hommes; mais comme il avait livré la bataille en l'absence du dictateur et sans son ordre, il faillit payer de sa tête cette infraction à la discipline : il ne dut la vie qu'aux prières de son père, M. Fabius Ambustus. Il fut ensuite cinq fois consul, deux fois dictateur, interroi et prince du sénat. Il vainquit de nouveau les Samnites, unis aux Étrusques, à la bataille de Sentinum (296) et leur tua, dit-on, 60 000 hommes. Ses exploits lui méritèrent le surnom de Maximus, très-grand, que portèrent depuis ses descendants.

FABIUS PICTOR (Q.), le plus ancien des historiens romains vivait vers l'an 220 av. J.-C. Il écrivit les Annales de l’histoire romaine depuis le règne de Romulus jusqu'à son temps; il n'en reste que peu de fragments. Il devait le surnom de Pictor à un de ses ancêtres qui avait peint le temple de la déesse Salus.

FABIUS MAXIMUS VERRUCOSUS (Q.), surnommé Cunctator, temporiseur, fameux adversaire d'Annibal, fut cinq fois consul (233-209 ans av. J.-C.), et fut nommé dictateur après la défaite de Trasimène, en 217. Contraint de partager le commandement avec Minutius Rufus, son maître de la cavalerie, il sauva cet imprudent général d'une défaite assurée (216). Il se signala, surtout pendant les six mois de sa dictature, en amusant Annibal par des délais et des feintes, sans vouloir jamais livrer bataille. Après avoir ainsi fatigué et épuisé son armée, il la cerna près de Casilinum et il allait la forcer à se rendre à discrétion quand un stratagème la sauva (V. CASILINUM). En 209, il reprit Tarente sur Annibal, mais il flétrit sa victoire par des cruautés. Fabius s'opposa au projet formé par Scipion de transporter la guerre en Afrique; il mourut en 205, peu avant l'exécution de ce projet.

On connaît encore : Q. F. Æmilianus, consul en 145, qui fit la guerre avec quelque succès à Viriathe : il était fils de Paul-Émile et passa par adoption dans la famille des Fabius; — Q. F. Servilianus, qui fut battu par Viriathe et signa un traité honteux, 141 ; — Q. F. Maximus, qui battit eh 122 les Allobroges unis aux Arvernes, et reçut le nom d’Allobrogicus.

FABRE (J.), protestant de Nîmes, célèbre par son amour filial : son père devant être envoyé aux galères pour avoir pratiqué son culte malgré les édits royaux, il se dévoua pour lui et alla subir sa peine au bagne de Toulon, 1756. Un si beau dévouement étant venu à la connaissance du duc de Choiseul, alors ministre, il le fit délivrer, après six ans de fers. Ce trait de piété filiale a été mis sur la scène par Falbaire dans l’Honnête Criminel.

FABRE d'ÉGLANTINE (Ph. Franç. Nazaire), écrivain et homme politique, né en 1755 à Limoux, remporta pour prix aux Jeux Floraux une églantine d'argent : d'où son surnom. Il s'était déjà fait connaître au théâtre par plusieurs pièces qui avaient obtenu du succès, lorsqu'éclata la Révolution. Il en adopta les principes avec ardeur, devint membre de la Commune de Paris, secrétaire de Danton, et enfin député à la Convention nationale. Là il professa longtemps les doctrines les plus violentes; mais ayant voulu revenir à une conduite plus modérée, il se fit des ennemis : accusé de s'être laissé corrompre à prix d'argent, il fut traduit devant le tribunal-révolutionnaire, condamné et exécuté le même jour que Danton et Camille Desmoulins, qui se plaignaient d'être accolés à un voleur (5 avril 1794). Fabre avait eu une grande part à la rédaction du calendrier républicain. Ses Œuvres ont paru à Paris, 1802, 2 vol. in-8. La meilleure de ses pièces est le Philinte de Molière ou la Suite du Misanthrope, comédie en 5 actes et en vers qui fut représentée en 1790 : c'est le tableau de l'égoïste victime de son égoïsme même. On a encore de lui le Présomptueux, 1789, l’Intrigue épistolaire, en 5 actes et envers, 1790, et les Précepteurs, qui ne furent joués que cinq ans après sa mort : il y met en scène l'application des principes de l’Émile de J. J. Rousseau.

FABRE D'OLIVET, littérateur médiocre, de la même famille que Jean Fabre (de Nîmes), né à Ganges (Hérault) en 1767, mort à Paris en 1825, a donné quelques romans et quelques poésies, mais il est surtout remarquable par la tournure mystique de son esprit. Il prétendit avoir découvert la clef des hiéroglyphes et avoir retrouvé le vrai sens de la langue hébraïque, qui était, disait-il, restée ignorée jusqu'à lui; il publia dans ce but la Langue hébraïque restituée, 1816; cet ouvrage insensé fut mis à l’Index. Fabre prétendait avoir guéri des sourds-muets par une méthode secrète (Guérison de Rodr. Grivel, 1811).

FABRE (Franç. Xavier), peintre français, né à Montpellier en 1766, mort en 1837, fut élève de David, obtint en 1787 le grand prix de peinture, se tendit à Rome, puisa Florence, où il sa lia avec la comtesse d'Albany, veuve du dernier des Stuarts et d'Alfieri. Ses principaux tableaux sont : la Mort de Milon de Crotone ; Philoctète dans l'île de Lemnos; la chaste Susanne; le Jugement de Pâris; la Mort de Philopœmen, le portrait d’Alfieri, etc. Il se distingua par la sévérité du style, la pureté du dessin et la richesse de la couleur. Le musée de Montpellier a été enrichi par Fabre de plusieurs riches collections : depuis sa mort il porte le nom de Musée-Fabre.

FABRE (Victorin), écrivain et poëte, né à Jaujac (Ardèche) en 1785, mort en 1831, se fit remarquer dès l'âge de 20 ans, et publia dans le court espace de sa vie un assez grand nombre d'ouvrages en prose et en vers qui lui assurent un rang distingué, mais où l'on sent trop souvent le rhéteur. Voici les principaux : Éloge de Boileau, 1805; Discours en vers sur les voyages, 1807 ; Éloge de P. Corneille, 1808 ; la Mort Henri IV, poème, avec notes, 1808; Éloge de La Bruyère, 1810 ; Tableau littéraire du XVIIIe siècle, 1810; Éloge de Montaigne, 1813. Ses Œuvres ont été publiées par C. Durand, 1844, 6 vol. in-8. — Son frère, Auguste F., 1792-1839, s'est aussi distingué dans les lettres. On lui doit : la Calédonie, poème en douze chants, 1823; Histoire du siége de Missolonghi, 1826 ; la Révolution de 1830 et Mémorial historique de la Révolution, 1833. Les deux frères fondèrent en 1829 la Tribune, journal politique avancé.

FABRETTI (Raphaël), antiquaire, né à Urbin en 1618, mort en 1700, fut successivement trésorier d'Innocent VIII, légat dans le duché d'Urbin, et préfet des archives secrètes du château St-Ange sous Innocent XII. Chargé de diverses missions importantes, il se lia avec les savants de l'Espagne, de la France et de l'Italie. On a de lui des Dissertations sur les aqueducs des Romains, des Observations sur la colonne Trajane, Rome, 1683, in-fol., de savantes recherches sur la Table iliaque (bas-relief qui représente les événements de la guerre de Troie), sur le canal souterrain creusé sous le règne de Claude pour l'écoulement des eaux du lac Fucin, et sur la topographie du Latium, mais il est surtout connu par un Recueil d'Inscriptions, 1899, un des ouvrages les plus parfaits que l'on possède en ce genre.

FABRIANO, v. de l'Italie (prov. de Macerata), sur le Giano, à 40 k. O. de Macerata; 7500 h. Évêché.

FABRICE (Jérôme), médecin, né à Acquapendente en 1537, mort en 1619, remplaça Fallope dans sa chaire de chirurgie à Padoue. Il pratiqua son art avec le plus grand succès et avec un rare désintéressement, et reçut des habitants de Padoue les distinctions les plus honorables. Ses écrits d'anatomie et de physiologie, qui furent longtemps classiques,ont été réunis sous ce titre : Opera omnia anotomica et physiologica, Leipsick, 1687, Leyde, 1738, in-fol. Ses traités de chirurgie (Opera chirurgica) ont été imprimés à Padoue, 1617 et l666, in-fol., et trad. en français, Rouen, 1658, Lyon, 1670. On lui doit, entre autres découvertes, celle des valvules situées à l'intérieur des veines, qu'il décrivit dans son traité De Venarum ostiolis, 1603.

FABRICE de Hilden (Guill.), chirurgien, né à Hilden près de Cologne en 1560, mort en 1634, exerça son art à Berne, perfectionna les instruments de chirurgie, fit plusieurs découvertes en anatomie et publia des ouvrages estimés. Ses œuvres ont été réunies par Beyer sous le titre d’Opera omnia, Francfort, 1646, in-fol. On y remarque son traité De la Gangrène et un recueil d'observations intitulé Centuries.

FABRICIUS, C. Fabricius Luscinus, général romain, célèbre par sa pauvreté et son désintéressement. Consul l'an 282 av. J.-C., il vainquit les Samnites, les Brutiens et les Lucaniens, et refusa les dons des Samnites auxquels il avait fait accorder la paix. Deux ans après, ayant été député vers Pyrrhus pour traiter de l'échange des prisonniers, il refusa également les présents du roi. Pyrrhus, charmé de ses vertus, lui confia les prisonniers pour les emmener à Rome, à la condition de les lui renvoyer si le sénat refusait de payer leur rançon : le sénat n'ayant point admis les demandes de Pyrrhus, Fabricius les lui renvoya tous fidèlement. L'an 278 av. J.-C., il fut de nouveau nommé consul et envoyé encore une fois contre Pyrrhus. Le médecin de ce prince lui ayant offert de l'empoisonner, il en instruisit le roi, qui, frappé de sa générosité, délivra tous les prisonniers sans rançon, et bientôt évacua l'Italie. Fabricius fut nommé censeur en 275. Il mourut si pauvre, que l’État fut obligé de faire les frais de ses funérailles et de doter sa fille. Plutarque a écrit sa Vie.

FABRICIUS (Théodore), un des premiers partisans de la Réforme, né en 1501 à Anholt-sur-l'Yssel (comté de Zutphen), mort en 1559, avait été disciple de Luther et de Mélanchthon. Chassé de Cologne pour ses opinions, il devint en 1544 premier pasteur de l'église réformée de St-Nicolas à Zerbst. Il se fit une grande réputation pour ses connaissances en hébreu. On lui doit les ouvrages suivants : Institutiones grammaticæ in linguam sanctam, Cologne, 1528; Articuli pro evangelica doctrina; Tabulæ de nominibus et verbis Hebræorum, Bâle, 1545, etc.

FABRICIUS (George), poëte et historien, né à Chemnitz en 1516, mort en 1571, fut protégé par l'empereur Maximilien II et dirigea pendant 25 ans le collège de Meissen. Il a composé des poésies latines tirées de sujets sacrés, Bâle (l560), ainsi qu'un traité De Poetica (1566), et a donné des éd. de Térence (1548), de Virgile (1551), d’Horace (1656, avec les commentaires d'Acron et de Porphyrion), et d'anciens poëtes ecclésiastiques (1562). On a encore de lui : Roma, sive de veteris Romæ situ, regionibus, viis, templis et aliis ædificiis, Bâle, 1550 et 1587; Origines stirpis saxonicæ, 1597. Son style latin est d'une remarquable pureté.

FABRICIUS (Franç.), érudit, né en 1525 à Duren (Prov. rhénane), mort en 1573, recteur de l'école de Dusseldorf, a donné des éd. de Lysias (Cologne, 1554), de P. Orose (1561), a commenté les Comédies de Térence (1565), ainsi que plusieurs ouvrages de Cicéron et a écrit en latin une Vie de cet orateur.

FABRICIUS (J. Albert), savant bibliographe, né à Leipsick en 1668, mort en 1736, passa la plus grande partie de sa vie à Hambourg, y remplaça en 1699 Vincent Placcius dans la chaire d'éloquence et de poésie, enseigna aussi la théologie, et fût en 1708 nommé recteur de l'école St-Jean. Travailleur infatigable, il a laissé plus de cent ouvrages. Les principaux sont : Bibliotheca latina ou Notise des auteurs latins et de leurs éditions, 1697, réimprimée en 1773 par J. A. Ernesti avec de grandes améliorations; Biolioth. græca, 1705-28, refondue par Harles, 1790-1812; Biblioth. antiquaria, 1713 et 1760; Biblioth. mediæ et infimæ latinitatis, 1734-46, terminée après sa mort par Schœttgen et rééditée par Mansi, Padoue, 1754; Bibliotheca ecclesiastica, 1718 : c'est un recueil d'auteurs qui ont écrit sur l'histoire ecclésiastique. Il a en outre donné des éd. de Dion Cassius, de Sextus Empiricus, des écrits apocryphes de l'Ancien et du Nouveau Testament, et de divers ouvrages de V. Placcius, de Mabillon, Banduri, Morhof. etc. Reimarus a écrit sa Vie.

FABRICIUS (J. Chrétien), entomologiste danois, né à Tundern (Sleswig) en 1743, mort à Copenhague en 1807, étudia les sciences à Upsal sous Linné, auquel il resta attaché toute sa vie, et fut nommé conseiller du roi de Danemark. Il parcourut presque tous les pays de l'Europe pour compléter ses collections. Ses principaux ouvrages sont : Systema entomologiæ, 1775; Philosophia entomologica, 1778; Entomologia systematica, 1792-96; on lui doit en outre des traités séparés sur un grand nombre d'espèces. Fabricius appliqua las méthodes de Linné à la classification des insectes et prit pour base de sa classification les organes de la bouche.

FABRICIUS AB ACQUAPENDENTE. V. FABRICE.

FABRICIUS HILDANUS. V. FABRICE de Hilden.

FABRONI (Ange), biographe, surnommé le Plutarque italien, né en 1732 à Marradi (Toscane), mort en 1803, fut prieur de la basilique de St-Laurent à Florence, provéditeur de l’Université de Pise, et jouit de la faveur du grand-duc Léopold de Toscane et du pape Clément XIV. Il a publié: Vitæ Italorum doctrina excellentium qui sæculis XVII et XVIII floruerunt, 20 vol. in-8, 1766-1805 ; et a donné à part les Vies de Laurent et de Cosme de Médicis, de Léon X, de Pétrarque, écrites en latin ; des Éloges des Italiens illustres, entre autres ceux de Dante, Politien, Arioste, Tasse, en italien ; il a en outre composé l’Hist. de l’Université de Pise, 1791-95 (latin), et a rédigé pendant 25 ans le Giornale de litterati, 1771-96, 105 vol. in-12.

FABRONI (J. Valentin), savant, né à Florence en 1752, mort en 1822, fut l’ami et le collaborateur de F. Fontana ; enseigna les sciences à Florence et à Pise ; fut chargé de diverses missions scientifiques par le gouvt toscan et devint directeur du musée de Florence. Il contribua beaucoup à faire entreprendre en Italie l’exploitation des mines de houille et répandit l’emploi de ce combustible ; il perfectionna les procédés de la peinture, améliora les vins, découvrit la manière de faire le borax, et publia sur la chimie, l’agriculture et l’économie, une foule d’ouvrages utiles. Ses Mémoires sont insérés dans les Annales de chimie.

FABROT (Ch. Annibal), jurisconsulte, né à Aix en 1580, mort en 1659, était professeur de droit et avocat dans sa ville natale. Il fut lié avec les principaux personnages de son temps, entre autres Peiresc, Bignon, Duvair et le chancelier Séguier, qui l’attirèrent à Paris. On lui doit la publication et la traduction latine des Basiliques de l’empereur Léon le Philosophe, Paris, 1647 ; la traduction de Théophile, commentateur des Institutes, 1638 ; une éd. annotée de Cujas, 1658, 10 vol. in-fol. ; des dissertations De Tempore partus, De numero puerperii, etc.

FABVIER (le général), né en 1782 à Pont-à-Mousson (Meurthe), mort en 1855, servit avec distinction dans l’artillerie, fut blessé à la bataille de Salamanque, à celle de la Moscowa et sous les murs de Paris, accompagna en 1817, comme chef d’état-major, le maréchal Marmont, chargé de pacifier Lyon, et se trouva par suite engagé dans de vives contestations avec le général Canuel, qui le fit condamner comme diffamateur ; alla en 1823 servir la cause des Grecs, organisa un corps d’armée et défendit en 1826 l’acropole d’Athènes ; prit en 1830 une part active à la révolution de Juillet, fut aussitôt nommé commandant de la place de Paris avec le grade de maréchal de camp, et fut élevé à la pairie en 1845. Il fut nommé en 1848 ambassadeur à Constantinople, puis en Danemark et rentra dans la vie privée après le 2 décembre 1851. On a de lui : Journal des opérations du 6e corps en 1814, et Lyon en 1817.

FACARDIN. V. FAHKR-EDDYN.

FACCIOLATI (Jacq.), savant italien, né en 1682 à Torriglia près de Padoue, mort en 1769, professa d’abord la théologie et la philosophie au séminaire de Padoue, puis occupa la chaire de logique à l’université de cette ville (1702). Il donna avec Forcellini, son élève, une nouvelle édition du Dictionnaire latin de Calepin, 1718, et entreprit l’année suiv., avec le même collaborateur, un grand Lexicon latin, accompagné d’exemples classiques (V. FORCELLINI). On lui doit aussi des éditions des Lexiques de Schrevelius, de Nizolius, de Tursellini ; une Histoire de l’Université de Padoue ; une Logique, des discours en latin (Orationes) et des édit. annotées du De Officiis et de quelques autres traités de Cicéron.

FACHINGEN, vge des États prussiens, sur le Lahn, à 9 kil. N. E. de Nassau. Sources minérales.

FAENZA, Faventia, v. forte de la Romagne, à 27 kil. S. O. de Ravenne, sur le Lamone et le canal Zanelli ; 20 000 hab. Évêché ; Citadelle, murailles de 5 kil. de tour ; place publique avec portique, palais public, dôme ou cathédrale, tour de l’horloge. On y fait surtout le commerce de ce genre de poterie qui, dit-on, a été appelée faïence du nom de cette, ville (V. FAYENCE). Patrie du mathématicien Torricelli. — Cette ville est très-ancienne ; elle fut ravagée par les Goths au VIe siècle et prise par l’emp. Frédéric II en 1240. Dans la suite, elle fut possédée par les Vénitiens, puis par les Bolonais, et fut cédée à l’Église en 1509 avec la légation de Ravenne. Elle a suivi en 1859 le sort de la Romagne.

FAËRNE (Gabriel), poëte latin du XVIe siècle, né à Crémone vers 1500, mort en 1561, eut pour protecteur le cardinal Jean Ange de Médicis (Pie IV), qui l’attira à Rome auprès de lui et pourvut à sa fortune. Le fondement de sa célébrité est un Recueil de Fables en vers ïambiques latins, d’une élégance remarquable, qui parut pour la 1re fois à Rome, 1564. Ce recueil a été traduit en vers français par Perrault, Paris, 1699. Les plus belles éditions des Fables de Faërne sont celles de Parme, 1793, impr. par Bodoni, et de Leyde, 1826, donnée par J. Kroon. Lorsque Faërne composa ses fables, on n’avait pas encore retrouvé celles de Phèdre. On a prétendu, mais sans preuve, que Faërne avait connu ces fables.

FAGAN, auteur comique, né à Paris en 1702, m. en 1755, a produit un grand nombre de pièces de théâtre dont quelques-unes se ressentent des habitudes de l’auteur, qui fréquentait les cabarets. Les principales sont : les Originaux ; le Rendez-vous ; le Marié sans le savoir ; le Marquis auteur ; la Pupille (1734), qui passe pour la meilleure. Son Théâtre a paru en 1760, 4 vol. in-12.

FAGEL, nom d’une famille qui a fourni à la Hollande un grand nombre d’hommes d’État et d’officiers distingués. Gaspard Fagel, né à Harlem en 1629, mort en 1688, fut secrétaire général aux États généraux, arrêta, avec le chevalier Temple, les préliminaires de la paix de Nimègue, 1678, et rédigea, lors de l’élévation de Guillaume III au trône d’Angleterre, le manifeste de ce prince, où il déploya une politique habile ; — Franç. Nic. Fagel, son neveu, général d’infanterie au service des États généraux de Hollande, puis lieutenant-feld-maréchal de l’empereur, se distingua dans les guerres contre la France : à Fleurus, 1690, à la défense de Mons, 1691, au siège de Namur, ainsi qu’aux batailles de Ramillies, 1706, et de Malplaquet, 1709. Il mourut en 1718.

FAGON (Guy Crescent), professeur de botanique et de chimie au Jardin des Plantes, puis directeur de cet établissement, né à Paris en 1638, mort en 1718, se distingua dans la pratique de la médecine par ses succès et son désintéressement, et fut nommé en 1694 premier médecin de Louis XIV. Il contribua à l’embellissement du Jardin des Plantes, fit, pour enrichir cet établissement, des excursions botaniques en Auvergne, en Provence, dans les Alpes et les Pyrénées ; fit ordonner par Louis XIV les savantes explorations de Plumier en Amérique, de Feuillée au Pérou, de Tournefort en Asie, et fut le protecteur de ce dernier. Il fut un des premiers à reconnaître l’efficacité des eaux de Baréges et du quinquina. Il était membre honoraire de l’Académie des sciences.

FAHLUN, v. de Suède. V. FALUN.

FAHRAFELD, bourg des États autrichiens (Autriche propre), à 33 kil. S. O. de Vienne. Manufacture impériale de glaces, et fabrique de laiton.

FAHRENHEIT, physicien, né à Dantzick vers 1690, mort en 1740, se fixa en Hollande, et se lia à Leyde avec S’Gravesande. Il est l’inventeur de l’aréomètre et du thermomètre à mercure qui portent son nom : son thermomètre est divisé en 212 degrés ; les deux points extrêmes sont la chaleur de l’eau bouillante et le froid intense produit par un mélange de neige et du sel ammoniac : le 0 de notre thermomètre centigrade correspond au 32° degré de celui de Fahrenheit. Il a fourni de savants mémoires aux Acta eruditorum de Leipsick, et aux Transactions philosophiques de Londres.

FAI-FO, v. de Cochinchine. V. HUÉ-AN.

FAIN (Agathon J. Franç., baron), né à Paris en 1778, mort en 1837, fut successivt employé dans les bureaux du Directoire ; secrétaire archiviste du cabinet de l’Empereur et depuis 1813 son secrétaire particulier. Après la 2e abdication de Napoléon, il consacra ses loisirs à recueillir et à publier ses souvenirs sur l’Empereur. Depuis 1830 il fut appelé à deux reprises différentes à l’intendance générale de la liste civile, et fut élu député en 1834. On a de lui : le Manuscrit de l’an III (1828) ; le Manuscrit de 1812 (1827) ; le Manuscrit de 1813 (1824-25) ; le Manuscrit de 1814 (1823-25). On trouve dans tous ses écrits, avec une grande exactitude, une vive admiration pour Napoléon.

FAINÉANTS (rois). On désigne sous ce nom les derniers rois mérovingiens, qui abandonnaient l’exercice du pouvoir aux maires du palais. On les montrait au peuple dans les Champs de Mars, puis on les faisait rentrer dans leur retraite. Les rois fainéants commencent à Thierry III (673-691), qui se laissa gouverner d’abord par Ebroïn, puis par Pepin-d’Héristal. Los autres furent Clovis III, Childebert III, Dagobert III, Chilpéric II, Thierry IV et Childéric III qui fut détrôné par le maire du palais Pépin le Bref (752). — On a aussi surnommé le Fainéant Louis V, le dernier des rois carlovingiens en France (986-987).

FAIRFAX (lord Thomas), un des généraux les plus célèbres dans les guerres civiles de l’Angleterre, né en 1611 à Denton dans le comté d’York, mort en 1671, appartenait par sa famille à la secte religieuse et politique des Presbytériens. Son père, Ferdinand Fairfax, était général en chef de l’armée du Nord, opposée par le Parlement à l’armée royale : il servit sous lui en qualité de général de cavalerie : tous deux remportèrent en 1644 sur les troupes de Charles I la sanglante victoire de Marston-Moor. En 1645 Thomas Fairfax fut lui-même nommé général en chef, et il écrasa, de concert avec Cromwell, l’armée royale à Naseby. Néanmoins, lorsque Cromwell voulut perdre le malheureux Charles I, Fairfax refusa de siéger parmi les juges de ce prince ; et après l’exécution de la fatale, sentence, il refusa encore une place dans le conseil qui exerçait le pouvoir exécutif ; il conserva cependant son commandement en chef. A la mort de Cromwell, il concourut, en secondant Monk, à la restauration de Charles II, se réconcilia entièrement avec le nouveau roi, et passa le reste de sa vie dans la retraite. Thomas Fairfax est compté au nombre des poëtes et des orateurs de son temps. Il a laissé des églogues et des Mémoires qui ont été publiés en 1699, in-8.

FAIRFAX (Édouard), poëte, de la même famille, vivait à la fin du XVIe siècle et mourut en 1632. Il est auteur d’une traduction estimée de la Jérusalem délivrée, publiée en 1600 sous le titre de Godefroy de Bouillon.

FAIRHEAD (c.-à-d. belle tête), cap d’Irlande sur la côte N. E., a env. 200m de hauteur.

FAISANS (île des). V. BIDASSOA.

FAKHR-EDDYN ou FACARDIN, émir, prince des Druses, était maître des montagnes du Liban et d’une partie de la côte de Phénicie. Attaqué par Amurat IV, il fut vaincu après une vigoureuse résistance, et périt étranglé par ordre du sultan, 1635. - On connaît encore sous ce nom un historien musulman du XIIIe siècle, auteur d’une Histoire chronologique des dynasties, qui n’est qu’une histoire des califes jusqu’à la destruction du califat en 1258. Elle est conservée en manuscrit à la Bibliothèque impériale. S. de Sâcy en a donné des extraits dans sa Chrestomathie arabe. Freytag (Bonn, 1823), M. Cherbonneau (Paris, 1846, dans le Journal asiatique), en ont traduit des parties importantes.

FAKHR-EDDYN-RAZI, docteur musulman, né à Rei (Perse) vers 1150, mort en 1210, enseigna la théologie musulmane et la philosophie, et écrivit un grand nombre d’ouvrages dont les principaux sont : Traité des principes de la religion ; Traité de métaphysique et de théologie, Sources de la philosophie ; Commentaire sur l’Alcoran.

FAKIRS ou FAQUIRS (c.-à-d. pauvres), espèce de religieux mahométans répandus en grand-nombre dans différents pays de l’Orient, surrout dans l’Inde, parcourent le pays en vivant d’aumônes. Ils se soumettent aux jeûnes les plus austères et aux tortures les plus affreuses pour mériter une félicité éternelle et pour obtenir la vénération des fidèles, qui les regardent comme de saints personnages. Les plus fanatiques croient se sanctifier par des pratiques extravagantes : on en voit rester debout plusieurs années sans s’asseoir ni se coucher ; tenir jusqu’à la mort les bras élevés en l’air ; demeurer exposés nuit et jour à la chaleur, au froid, aux piqûres des insectes ; s’enterrer dans des fosses pour plusieurs jours ; se mettre du feu sur la tête, et laisser brûler la peau et la chair jusqu’à l’os ; se condamner au silence durant de longues années, ou s’absorber dans la contemplation, en fixant leur nombril, etc. Le plus souvent ils vivent isolés comme des ermites ; quelquefois ils vont par bandes nombreuses, exigeant un tribut partout où ils passent et se livrant aux plus grands excès.

FALAISE, Falesia, ch.-l. d’arr. (Calvados), à 35 k. S. E. de Caen ; 9498 hab. Jolie ville. Ancien château fort, belle tour. Collège, tribunal. Bonneterie, mousselines, calicots, siamoises, dentelles, tanneries, mégisseries. Falaise était jadis importante. C’est là qu’est né Guillaume le Conquérant, qui y a une statue. Les ducs de Normandie y résidèrent souvent. Philippe-Auguste la leur enleva en 1204. Henri V, d’Angleterre, la reprit en 1418, et Charles VII en 1450. Henri IV la prit d’assaut en 1690, - A Guibray, faubourg de Falaise, se tient du 10 au 25 d’août une foire célèbre, la première de France après celle de Beaucaire. Elle a été instituée au XIe siècle par Robert, due de Normandie.

FALBAIRE (Ch. G. FENOUILLOT de), auteur dramatique, né à Salins en 1727, mort en 1800, occupait un emploi dans les finances, et devint inspecteur général des salines de l’Est. Il a laissé un assez grand nombre de pièces de théâtre, dont les plus remarquables sont : l’Honnête criminel (V. FABRE), drame en 5 actes et en vers, représenté en 1767 et qui eut un grand succès comme pièce de circonstance ; les Deux Avares, comédie en 2 actes et en prose, mêlée d’ariettes, 1771. Ses Œuvres ont été publiées à Paris en 1787, 2 vol. in.-8..

FALCON (Cap), cap d’Algérie, prov. et au N. O. d’Oran, par 35° 50′ lat. N. et 3° 7′ long. O.

FALCONER (Will.), poëte écossais, né à Édimbourg vers 1730, servait dans la marine. Il composa en 1751 un poème sur la mort de Frédéric, prince de Galles ; publia en 1762 le Naufrage, poème descriptif où cette terrible catastrophe est peinte avec une admirable vérité, et dédia cette œuvre au duc d’York, qui lui accorda sa protection et lui procura de l’avancement dans la marine. Il s’embarqua en 1769 pour le Bengale ; mais le vaisseau qui le portait périt après avoir quitté le cap de Bonne-Espérance. On doit à Falconer un excellent Dictionnaire de marine, 1769. — Un autre Will. Falconer, né à Chester en 1741, mort en 1824, fut un médecin distingué. On lui doit des recherches estimées sur l’Influence du climat (1781) et sur l’Influence des passions (1788).

FALCONER (Thomas), écrivain anglais, lié à Chester en 1736, mort en 1792, a laissé des Tables chronologiques depuis Salomon jusqu’à Alexandre le Grand, Oxford, 1796, et a préparé une édition de Strabon, publiée par son neveu, Oxford, 1807.

FALCONET (Ét. Maurice), statuaire, né à Paris en 1716 de parents originaires de Suisse, mort en 1791, exécuta à St-Pétersbourg, 1766, la statue équestre en bronze de Pierre le Grand, ouvrage gigantesque qui coûta 12 années de travail, ainsi qu’un groupe colossal en marbre blanc, représentant l’' Annonciation, et d’autres morceaux estimés. À son retour en France il fut nommé recteur de l’Académie royale de peinture et de sculpture, et exécuta de nouveaux chefs-d’œuvre : Moïse et David, pour l’église St-Roch, à Paris ; Milon de Crotone, Pygmalion, Alexandre, l’Hiver, la Mélancolie, l’Amour menaçant, etc., toutes productions qui se font remarquer, les unes par la vigueur, les autres par la grâce. Il a publié des Réflexions sur la sculpture, 1761, et quelques autres écrits qui tous ont été réunis en 6 vol. in-8, Lausanne, 1781.

FALCONIA (PROBA), poétesse chrétienne du IVe s., née en Étrurie, était l’épouse d’Adelfius, proconsul sous Honorius vers l’an 379. On a d’elle un centon de Virgile qui forme une Histoire de l’ancien et du Nouveau Testament. Il a été imprimé pour la 1re fois à Venise, 1472, avec Ausone, et depuis par Kromayer, Magdebourg, 1719, et par WoIf, 1724.

FALÉMÉ, riv. de Sénégambie, naît dans le roy. de Fouta-Djalo par 10° 15′ lat. N., 13° 20′ long. O., et tombe dans le Sénégal, r. g., au-dessus et à l’E. de Bakel, après 900 kil de cours.

FALÉRIES, Falerii, dite aussi Æquum Faliscum ou Falisca, auj. Sta-Maria-di-Falari, près de Civita Castellana, v. d’Étrurie et l’une des 12 cités étrusques, près du Tibre, à l’E. de Tarquinies, fut prise par Camille l’an 394 av. J.-C., se révolta contre Rome en 357, signa en 352 une trêve de 40 ans, se souleva de nouveau en 312 et fut alors définitivement soumise. Ses habitants se nommaient Falisques. Faléries est célèbre par l’aventure du maître d’école qui proposa à Camille de lui livrer les enfants des principaux citoyens de cette ville : Camille eut la générosité de repousser cette offre criminelle ; en reconnaissance les habitants se rendirent à lui.

FALERNE, Falernum, v. et mont, de Campanie, entre le mont Massique et le fleuve Vulturne, furent longtemps célèbres par leurs vignobles, qui disparurent, dit-on, du temps de Théodoric, vers l’an 500.

FALGA (CAFFARELLI DU). V. CAFFARELLI.

FALIERO ou plutôt FALIERI (Marino), doge de Venise, fut élevé à cette dignité à l'âge de 76 ans (1354), après avoir, pendant de longues années, glorieusement servi son pays. Il avait une épouse jeune, belle, et dont il était jaloux à l’excès ; un jeune patricien, Sténo, l’un des chefs du tribunal des Quarante, l’ayant insulté d’une manière sanglante dans la personne de sa femme, Marino le déféra au tribunal des Quarante, qui ne le condamna qu’à deux mois de prison. Cette peine lui paraissant dérisoire, il conçut contre le tribunal une haine violente, qui s’étendit bientôt sur tous les patriciens, et il forma avec des conspirateurs subalternes une conjuration dont le but était le massacre de tous les patriciens de Venise. Mais le projet fut découvert, et Marino fut exécuté en 1355, sur l’escalier même de son palais. Cette catastrophe a fourni le sujet de deux tragédies, l’une de lord Byron, l’autre de C. Delavigne.

FALISCA, FALISQUES. V. FALÉRIES.

FALISCUS. V. GRATIUS.

FALKIRK, jadis Ecclesbræ, v. fort anc. d’Écosse (comté de Stirling), à 19 kil. S. de Stirling et à 35 k. O. d’Édimbourg, près du canal qui joint les riv. de Forth et de Clyde ; 12 800 hab. Belle église, pyramide de 46m. Trois foires, les plus grandes de l’Écosse. Aux env., immenses forges de Carron. — En 1298 les Écossais furent défaits à Falkirk par le roi d’Angleterre Édouard I ; Jacques Stuart et 40 000 Écossais périrent dans le combat. En 1746, il s’y livra une 2e bataille où l’armée du prétendant Ch. Édouard Stuart mit en fuite les troupes de Georges II.

FALKLAND, v. d’Écosse (Fife), à 15 kil. S. O. de Cupar ; 2500 hab. Ancien palais des rois d’Écosse ; château bâti par Jacques V, qui fut la résidence favorite de Jacques VI. Titre de vicomte, appartenant auj. à la famille Carey.

FALKLAND (île), dans l’Océan Atlantique mérid., par 62° 10′ long. O., 51° 20′ lat. S., est la plus grande des îles Malouines. — Les Anglais s’en sont emparés en 1765, mais ils n’y ont formé d’établissement sérieux qu’en 1840.

FALKLAND (Lucius CAREY, vicomte de), gentilhomme de la Chambre du roi d’Angleterre, membre du Parlement, secrétaire d’État de Charles I, né en 1610. Après s’être d’abord prononcé en faveur de la rébellion, il épousa chaudement la cause royale et se dévoua à l’infortuné Charles I ; il fut tué en 1643 à la bataille de Newbury.

FALKŒPING, bourg de Suède (Vestrogothie), à 100 kil. N. E. de Gothenbourg. Albert de Mecklembourg y fut battu et pris, en 1389, par l’armée de Marguerite de Valdemar.

FALLOPE (Gabriel), Fallopio, célèbre anatomiste et chirurgien italien, né à Modène vers 1523, mort en 1562, professa l’anatomie et la chirurgie à Pise, puis à Padoue. Il est le premier qui ait dénoué l’ostéologie et l’angiologie exactes du fœtus ; il décrivit avec non moins de justesse l’organe de l’ouïe, dont le canal tortueux porte encore son nom ; le ligament qui va de l’épine antérieure de l’iléon à la symphise du pubis ; les appareils sécréteurs de la bile, de l’urine, de la semence, et les annexes de l’utérus dits trompes de Fallope. On a de lui : Observationes anatomicæ, Venise, 1561, et divers opuscules réunis sous le titre de Opera tam practica quam theorica, Venise, 1584, et Francfort, 1600, 3 vol. in-fol.

FALLOT (Gust.), philologue, élève de l’École des Chartes, né à Montbéliard en 1807, m. en 1836, était secrétaire du Comité des travaux historiques et sous-bibliothécaire de l’Institut. Il fut prématurément enlevé à l’érudition, dans laquelle il s’était déjà distingué. On estime ses Recherches sur les formes grammaticales de la langue française et de ses dialectes au XIIIe siècle, publiées après sa mort par P. Ackermann, Paris, 1839, in-8, et ses travaux sur les patois.

FALMOUTH, Cenonis Ostium selon les uns, Volubæ Portus et Volmatum selon les autres, v. et port d’Angleterre (Cornouailles), à 70 kil. S. O. de Launceston, à l’embouch. du Fal ; 8000 hab. Bon port, avec rade, 2 châteaux forts (Pendennis et St-Mawes). Pêche de la sardine ; exportation d’étain, de cuivre, etc. Falmouth fut, avant Southampton, la station des paquebots pour le transport des lettres anglaises dans les différentes parties du monde.

FALSTAFF (sir John), un des compagnons de débauche du roi d’Angleterre Henri V, pendant sa jeunesse. Shakespeare a fait de lui le type du grand seigneur ruiné, abruti par les vices et l’ivrognerie, et conservant encore dans son air et dans ses manières quelques traces à demi effacées de son ancienne grandeur. Falstaff joue un rôle important dans le drame de Henri IV ; il est le héros des Commères de Windsor. On croit que l’original de ce personnage est un certain Fastolf qui servit avec quelque distinction dans les campagnes de France, assista à la bat. d’Azincourt et au siège d’Orléans, mais qui prit honteusement la fuite à la bataille de Patay, et m. en 1469.

FALSTER, île du Danemark, dans le Cattégat, au S. de celle de Fionie : 44 kil. sur 23 ; 20000 hab. Ch.-l., Nikjœbing.

FALTCHI ou FALTSI, vge de Moldavie, près du Pruth, à 110 kil. S. E. d’Iassy. Aux env. est la plaine de Wale-Strimbe, où Pierre le Grand fut cerné par les Turcs (1711) ; il obtint néanmoins, grâce au courage de Catherine, une paix honorable, qui ne lui imposait d’autre sacrifice que la cession d’Azov.

FALUN ou FAHLUN, v. de Suède (Suède propre), ch.-l. du gouvt de Stora-Kopparberg, à 200 k. N. O. de Stockholm ; 5000 hab. Hôtel de ville, école des mines. Aux env. se trouvent de riches mines de cuivre, les plus considérables de la Suède, qui sont exploitées par l’État.

FAMAGOUSTE, Arsinoe, puis Fama Augusta, v. ruinée de l’île de Chypre, sur la côte E., à 31 kil. S. E. de Nicosie ; 300 hab. Elle a un port fortifié, mais ensablé. Évêché catholique. — Fondée par Arsinoé, sœur de Ptolémée Philadelphe, cette ville passa sous la domination des Romains. Guy de Lusignan y fut couronné roi de Chypre et de Jérusalem en 1191. Les Génois la prirent en 1372. Les Vénitiens la possédèrent de 1489 à 1671 : à cette époque, les Turcs s'en emparèrent après un siège meurtrier. En 1735, un tremblement de terre acheva sa ruine.

FAMARS, Fanum Martis, vge du dép. du Nord, à 6 kil. S. de Valenciennes ; 300 hab. — Les Français y établirent en 1793 un camp fortifié pour la défense de Valenciennes. Antiquités romaines.

FAMÈNE. V. MARCHE-EN-FAMÈNE.

FAMIEH, Apamea, v. de Syrie (Damas), sur le bord S. E. du lac de Famieh et sur la r. dr. de l'Aasi, à 40 kil N. O. de Hama : 2000 hab. Fondée par Séleucus Nicator qui lui donna le nom de sa femme Apamée, elle devint dans la suite la capitale de la Syrie 2e.

FAMILLE (Pacte de), traité signé le 15 août 1761, à l'instigation du duc de Choiseul, entre les rois de France, d'Espagne et le duc de Parme, et ainsi nommé parce que tous les contractants appartenaient à la famille des Bourbons, avait pour but de prévenir, par l'union des forces françaises, espagnoles et italiennes, la supériorité de la marine anglaise. Ce traité n'eut pas tous les résultats qu'on en espérait : le roi des Deux-Siciles refusa d'y accéder. Du reste, les événements de 1789 le rompirent.

FAMINE (Pacte de), nom sous lequel on a flétri l'odieux monopole des grains qui se fit de 1765 à 1789, au profit de plusieurs financiers qui étaient parvenus a abuser des intentions de Louis XV. C'est à ces accapareurs qu'on attribua les cruelles famines qui ont désolé la France à différentes époques, notamment dans les années 1767-69, 1775-78, 1788-89. En 1768, un commis, nommé Rinville, trahit le secret des monopoleurs, et tout allait être découvert lorsque ce malheureux fut arrêté et mis à la Bastille. Les événements de 1789 mirent fin à cet abominable trafic.

FANAGORIE, Phanagoria, v. forte de Russie, dans l'île de Taman, à l'embouch. du Kouban dans la mer Noire. Antiquités, restes d'une naumachie.

FANARIOTES, race de Grecs établis dans l'empire ottoman, qui presque tous remplissaient auprès des sultans et des pachas les fonctions de drogmans ou d'interprètes et de secrétaires intimes. Ils descendaient des Grecs qui restèrent à Constantinople après la prise de cette ville par les Turcs en 1453, et furent ainsi nommés du quartier qui leur avait été assigné à Constantinople, le Phanar (fanal). L'influence des Fanariotes fut très-grande aux XVIIe et XVIIIe siècles ; ils ont été en possession de fournir des hospodars à la Valachie de 1707 à 1821. L'insurrection grecque de 1821 mit un terme à leur crédit.

FANJEAUX, Fanum Jovis, ch.-l. de c. (Aude), à 16 kil. S. E. de Castelnaudary, sur une montagne ; 1800 hab. Belle perspective. C'était jadis une ville forte : ses remparts furent détruits en 1229 ; le prince de Galles la brûla en 1355.

FANO, Fanum Fortunæ, v. du territoire romain, a 11 kil. S. E. de Pesaro ; 9000 hab. Évêché, belle cathédrale ; bibliothèque ; superbe théâtre antique, arc de triomphe élevé à Auguste. Soiries, pêche. — Cette ville dut son nom à un temple élevé à la Fortune par les Romains en mémoire de la défaite d'Asdrubal (207 av. J.-C.). Totila la détruisit en 545 ; Bélisaire la releva. Patrie de Clément VIII.

FANO, île de l'Adriatique, à 26 kil. N. O. de Corfou : 500 h. D'Anville en fait l'île de Calypso.

FANSHAWE (Richard), poète et homme d'État anglais, né en 1607 à Ware-Park (Hertford), mort à Madrid en 1666, fut envoyé en ambassade par Charles I et Charles II à la cour d'Espagne et à celle de Portugal et négocia un traité de paix entre l'Angleterre, l'Espagne et le Portugal, 1665. Il a traduit en vers anglais les Odes d'Horace ; le Pastor fido de Guarini, 1646 ; la Lusiade du Camoëns, 1655.

FANTI (État de), contrée de la Guinée supérieure, sur la côte d'Or ; 220 kil. sur 60 ; Mankasim en est la capitale. Cet État est tributaire de l'Achanti.

FANTIN-DESODOARDS (Ant.), écrivain né en 1738 à Pont-de-Beauvoisin en Dauphiné, m. à Paris en 1820, était vicaire général d'Embrun en 1789. Il adopta les principes de la Révolution et renonça à l'état ecclésiastique. On a de lui : Histoire philosophique de la Révolution françAise, Paris, 1796 et 1817 ; Histoire des révolutions de l'Inde au XVIIIe siècle, 1796-1797; Abrégé chronologique de l'histoire de France, continuant l'ouvrage du président Hénault jusqu'à la rentrée de Louis XVIII en France, 1820.

FANUM FORTUNÆ (c.-à-d. temple de la fortune), auj. Fano, v. de l'Ombrie, entre les embouch. du Pisaure et du Métaure. V. FANO.

FANUM JOVIS, ville de Gaule, auj. Fanjeaux.

FANUM MARTIS, nom commun à trois villes de la Gaule : la 1re (auj. Corseult), dans la Lyonnaise 3e; — la 2e (auj. Montmartin), dans la Lyonnaise 2e; — la 3e (auj. Famars), dans la Belgique 2e.

FANUM VOLTUMNÆ, auj. Viterbe ? v. d'Étrurie, au N. O. de Faléries, était ainsi nommée d'un temple où les chefs de la Confédération étrusque se réunissaient pour délibérer, sous les auspices de Voltumna, déesse du bon conseil.

FAOU (le), le Hêtre, ch.-l. de c. (Finist.), au fond de la rade de Brest, à 19 k. N. O. de Châteaulin ; 1600 h.

FAOUET (le), c.-à-d. Bois de hêtres, ch.-l. de c. (Morbihan), sur l'Elle, à 45 kil. O. de Napoléonville ; 2200 h. Dans l'église on remarque un jubé sculpté en bois, chef-d'œuvre du genre.

FAQUIRS. V. FAKIRS.

FARDELLA (Michel Ange), savant sicilien, né à Trapani en 1650, mort en 1718, entra dans l'ordre de St-François, se livra spécialement à la physique et aux mathématiques, et occupa successivement la chaire de philosophie à Modène, celles d'astronomie et de philosophie à Padoue. Il embrassa la philosophie de Descartes, dont il avait puisé les principes, pendant un voyage qu'il fit à Paris (1678), dans la conversation d'Arnauld, de Malebranche et de Lamy. Ses principaux ouvrages sont : Universæ philosophiæ systema, Venise, 1691, in-12; Universæ usualis mathematicæ theoria, 1691 ; Logica, 1696 : il y soutient avec Malebranche que l'existence des corps ne peut être prouvée que par la révélation.

FAREHAM, v. et port d'Angleterre (Hampshire), à 9 kil. N. O. de Portsmouth, à l'extrémité N. O. de la rade de Portsmouth ; 6000 hab. Chantiers de construction ; commerce de houille ; bains de mer.

FAREL (Guill.), réformateur, né à Gap en 1489, mort en 1565, étudia à Paris, prêcha avec ferveur dans le Dauphiné et en Suisse, s'établit à Genève en 1532, y devint ministre, et y attira Calvin, avec lequel il opéra la réforme dans cette ville ; mais il ne tarda pas à se brouiller avec Calvin, à l'occasion de disputes sur la Cène. Il fut banni de Genève en 1538 pour son rigorisme excessif et se retira à Neufchâtel, où il mourut. On a de lui quelques ouvrages théologiques, écrits en français : le Glaive de l'esprit, la Sainte Cène du Seigneur, etc.

FARET, poëte médiocre, né vers 1596 à Bourg en Bresse, mort en 1646, était secrétaire du comte d'Harcourt. Il fut un des premiers membres de l'Académie Française, et fut lié avec Vaugelas, St-Amand, etc. Il a laissé des poésies qui parurent dans les recueils du temps, et quelques ouvrages en prose, notamment les Vertus du prince, l'Honnête homme ou l'Art de plaire à la cour, et une traduction d’Eutrope ; mais il n'est guère connu aujourd'hui que par ces vers de Boileau :

Ainsi tel autrefois qu'on vit, avec Faret,
Charbonner de ses vers les murs d'un cabaret, etc.

FARFADETS, espèce de lutins. V. FARFADET au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

FARGEAU ou FERGEUX (S.), Ferrutius, prêtre gaulois, martyrisé à Besançon vers 212, avec le diacre S. Ferréol, Ferreolus, son frère. On les fête tous deux le 16 juin.

FARIA Y SOUSA (Manoel de), historien et poète portugais, né vers 1588 à Souto, mort à Madrid en 1647, entra fort jeune en qualité de gentilhomme chez don Gonzalès, évêque d'Oporto; s'attacha ensuite à la cour d'Espagne; suivit en 1631, comme secrétaire, le marquis de Castel-Rodrigo dans son ambassade à Rome, puis revint se fixer à Madrid, où il passa le reste de sa vie dans la culture des lettres. On a de lui : des Commentaires sur la Lusiade du Camoëns, Madrid, 1639 ; une Histoire de Portugal, 1628, ouvrage estimé ; El Asia portuguesa, Lisbonne, 1666; la Europa portuguesa, 1678; El Africa portuguesa, 1681, et un recueil de poésies sous le titre de Fuente de Aganipe (la Fontaine d'Aganippe), Madrid, 1644. On reproche à cet écrivain, comme à tous ceux de son siècle, une grande affectation.

FARINELLI (Carlo BROSCHI, dit), célèbre chanteur, né à Naples en 1705, était fils d'un meunier, d'où le surnom sous lequel il est connu. Il débuta à Rome dès l'âge de 17 ans, et bientôt il surpassa tous les chanteurs du temps et excita un enthousiasme universel. Il alla en 1734 à Londres où il amassa une grande fortune, fut appelé quelques années après à Madrid où il charma par ses accents les souffrances du vieux roi Philippe V; acquit sous Ferdinand VI, par la protection de la reine, une grande influence sur les affaires, fut fait chancelier de Calatrava, et devint le dispensateur des grâces; mais il n'usa de son crédit que pour faire le bien. Il quitta l'Espagne en 1762 à la mort de la reine, et se retira à Bologne, où il mourut en 1782.

FARMOUTIER ou FARE-MOUSTIER, bourg du dép. de Seine-et-Marne, canton de Rozoy, à 8 kil. O. de Coulommiers; 1000 hab. Jadis célèbre abbaye de Bénédictines, fondée par Ste Fare, en 617.

FARNABE (Thomas), Farnaby, grammairien anglais, né à Londres en 1575, mort en 1647, était fils d'un charpentier. Après avoir été jésuite, soldat, navigateur, il se fît maître d'école à Martock (Somerset), puis à Londres, et eut un grand succès. Pendant la guerre civile, il fut emprisonné par les Parlementaires comme fauteur de Charles I. On a de lui des notes estimées sur Juvénal, Perse, Martial, Lucain, Virgile, Ovide, Térence, Sénèque le tragique, etc., et plusieurs ouvrages originaux: Index rhetoricus, Phraséologie anglo-latine, etc.

FARNÈSE, maison princière d'Italie, dont l'existence remonte au XIIIe siècle, était originaire du château de Farneto près d'Orviéto. Elle a fourni plusieurs généraux aux petits États de l'Italie, a donné naissance au pape Paul III (Alexandre Farnèse) et a longtemps régné sur Parme et Plaisance.

Pierre Louis Farnèse, fils du Pape Paul III, né d'un mariage secret et antérieur à l'ordination de son père, fut investi par son père des duchés de Parme et de Plaisance en 1545. Cinq ans auparavant il avait été chargé de soumettre Pérouse, qui s'était révoltée contre le pape; il se rendit maître de cette ville, dévasta son territoire, et fit périr dans les supplices les principaux citoyens. Pierre Farnèse était an homme abominable, livré aux plus honteuses passions; il se rendit odieux par ses procédés tyranniques, souleva Plaisance par ses spoliations et ses crimes, et fut poignardé en 1547 par un noble de cette ville, il laissait 6 enfants, entre autres Octave, qui lui succéda, et Horace, qui épousa Diane, fille naturelle de Henri II, roi de France. — Octave Farnèse, son fils, était gendre de Charles-Quint, ayant épousé Marguerite d'Autriche; cependant ce ne fut qu'après bien des contestations qu'il put prendre possession de Plaisance, qui s'était donnée à l'empereur, et ce n'est qu'à partir de 1556, c'est-à-dire neuf ans après la mort de son père, qu'il jouit en paix de son héritage ; il se fit bénir de ses sujets pendant un règne de 30 années, et mourut en 1586.

Alexandre Farnèse, le 3e duc (1586-92), fut un général distingué. Il se signala à la bataille de Lépante sous don Juan d'Autriche, en 1571; fut chargé par Philippe II, roi d'Espagne, du gouvernement des Pays-Bas, et remporta plusieurs avantages sur Maurice de Nassau. Il vint en 1590 pour secourir Paris assiégé par Henri IV; força ce prince à lever la siège, et entra dans la ville en libérateur. Deux ans après il marcha au secours de Rouen, également assiégé par Henri IV, et força encore ce prince à se retirer. Mais il fut mortellement blessé devant Caudebec en 1592. Il emporta dans la tombe l'estime de son adversaire même, Henri IV. Alexandre, toujours occupé à la guerre, n'était jamais entré dans les États dont il avait été reconnu duc dès 1586. — Ranuce I, son fils, rappela la férocité de son aïeul Pierre Louis. Sous son règne fut construit le fameux théâtre de Parme, par Aléotti, sur le modèle des anciens théâtres romains. Il m. en 1622. — Les autres ducs de Farnèse, Ranuce I, 1593-1622; Odoardo ou Édouard, 1622-46; Ranuce II, 1646-94; François, 1694-1727; Antoine, 1727-31, ne firent rien d'important; ils n'eurent guère de remarquable que leur monstrueuse corpulence. Leur histoire se borne à un événement, la ruine de Castro et la perte de son territoire après une guerre de 8 ans contre les papes, 1641-49 (V. URBAIN VIII et INNOCENT X). — Antoine, frère et successeur de François, et fils de Ranuce II, mourut sans postérité. Sa nièce, Élisabeth Farnèse, mariée à Philippe V, roi d'Espagne, apporta à la maison espagnole de Bourbon le duché de Parme et de Plaisance, 1731, et en assura successivement la possession à ses deux fils, don Carlos et don Philippe.

La famille Farnèse est célèbre par la protection qu'elle donna aux arts. Elle possédait à Rome un palais où elle avait formé une collection des chefs-d'œuvre de la sculpture antique. On connaît surtout le Taureau de Farnèse, auj. à Naples; la Flore, l’Hercule, le Gladiateur, dits aussi de Farnèse.

FARNHAM, v. d'Angleterre (Surrey), sur la Wey, à 14 k. O. de Guilford; 6000 h. Vieux château fort, résidence d'été des évêques de Winchester. On récolte aux environs le meilleur houblon du royaume.

FARO, v. murée du Portugal, capit. de l'Algarve, à 200 kil. S. E. de Lisbonne; 8000 h. Évêché, citadelle, bonne rade. Commerce d'exportation (oranges, liège, sumac, fruits secs).

FARO (cap), Pelorium prom., cap de Sicile, à la pointe N. E., commande l'entrée du phare ou détroit de Messine. Vin estimé.

FARQUHAR (George), auteur dramatique, né en 1678 à Londonderry en Irlande, fut d'abord comédien, puis officier. Ayant épousé une femme sans fortune, il ne put résister aux privations que lui imposaient les besoins de sa famille, et mourut de chagrin en 1707, à l'âge de trente ans. On a de lui sept comédies, remarquables par la vivacité de l'intrigue et la gaieté du dialogue, mais dans lesquelles on trouve une licence inexcusable; ce sont : Love in a bottle, 1698; The Constant couple, 1700; Sir Harry Wildair, 1701; The Stage-coach, 1704; The twin Rivals, 1705 ; The Recruiting officer, 1706; The Beaux' Stratagem (la Ruse du Petit-Maître), 1707, son chef-d’œuvre. Ses Œuvres ont été imprimées plusieurs fois, notamment en 1772, Londres, 2 vol. in-12.

FARRINGDON, v. d'Angleterre (comté de Berks), à 25 k. S. O. d'Oxford; 3000 h. Vaste église gothique; anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux.

FARS ou FARSISTAN, la Perside des anciens, la plus riche prov. de la Perse, entre le Kerman et le Séistan à l'E., l'Irak-Adjémi au N., le Khousistan à l'O., le golfe Persique au S. O. et au S. ; 570 k. sur 450; 600 000 h.; ch.-l., Chiraz. La chaîne des monts Bakhtéry parcourt le Farsistan du N. O. au S. E., et donne naissance à plusieurs petites rivières dont la principale est le Bendemir. On y trouve plusieurs lacs et des eaux thermales. Culture médiocre, riz passable, raisins exquis, vins fins, dattes, coton, soie, chanvre; beaux chevaux, chameaux, bétail, gibier, poisson. Commerce actif par le golfe Persique. C’est dans la Fars que l’on parle le plus pur idiome persan. — Cette province adonné son nom à tout l’empire de Perse. C’est là que régnaient les ancêtres de Cyrus lorsqu’ils étaient encore tributaires des Mèdes. Le Fars passa ensuite sous la domination d’Alexandre le Grand, des Séleucides, rois de Syrie, et des Arsacides, rois des Parthes. C’est du Fars que sortit en 223 Ardechyr-Babekhan, fondateur de la dynastie des Sassanides. Les Arabes le conquirent en 647 et y fondèrent Chiraz en 695. Après plusieurs révolutions, cette province fut soumise par les Turcomans ; elle devint en 934 le berceau et le centre de la dynastie des Bouïdes. En 1263 elle fut incorporée à l’empire des Mogols gengiskhanides ; en 1393 Tamerlan s’en empara, et ses descendants le possédèrent jusqu’en 1469. Les Turcomans du Mouton-Blanc en devinrent alors maîtres, et après eux les Sophis, en 1499. Les Afghans y dominèrent un instant (1723) ; mais en 1730 le Farsistan fut conquis par Thamas Kouli-Khan. Après la mort de cet usurpateur, 1747, il fut en proie à l’anarchie pendant 14 ans. Kérim-khan y fonda en 1761 la dynastie des Zendides, à laquelle Aga-Mohammed substitua en 1794 celle des Kadjars, auj. régnante. V. PERSE.

FARSA, Pharsale, v. de la Turquie d’Europe (Roumélie), à 20 k. S. de Larisse ; 6000 hab.

FARSISTAN. V. FARS.

FASTES, FASTES CONSULAIRES ou CAPITOLINS. V. notre Diction. univ. des Sciences.

FATIME, Fatimeh, fille de Mahomet, épousa son cousin Ali l’an 2 de l’Hégire (623 de J.-C.), en eut trois fils et mourut deux mois après son père. Elle a donné son nom à la dynastie des califes fatimites.

FATIMITES, dynastie musulmane, qui a régné en Égypte et en Mauritanie, a pour chef Obéid-Allah, qui prétendait descendre de Fatime, fille de Mahomet, par Ismaël, le 6e des douze imams, qui tous descendaient d’Ali et de Fatime (d’où les noms d’Alides et d’Ismaélides donnés aussi à ces califes). Obéid-Allah, vers l’an 909 de J.-C., se fit passer pour le Mahadi (V. ce mot), s’empara avec le secours d’Abou-Abdallah, son disciple, de Sedjelmesse et renversa les Aglabites. Son 3e successeur, Moez Ledinillah, étendit ses conquêtes jusqu’en Égypte, où il prit le titre de calife, en opposition avec les califes de Bagdad. Sa postérité régna sur ce pays jusqu’en 1171 ; elle fut alors renversée par les Ayoubites. (Pour la liste des califes fatimites, V. CALIFE.)

FATIO DE DUILLER (Nic.), géomètre et astronome, né en 1664 à Duiller près de Nyon (Vaud), d’une famille originaire d’Italie, mort en 1753, se fixa de bonne heure à Londres et fut reçu dès l’âge de 24 ans membre de la Société royale. On lui doit des recherches savantes sur la distance du soleil à la terre et sur les apparences de l’anneau de Saturne. Il trouva une manière de travailler les verres de télescope, de percer les rubis et de les appliquer au perfectionnement des montres, de mesurer la vitesse d’un vaisseau ; il imagina une chambre d’observation suspendue de manière à permettre d’observer facilement les astres dans un navire ; mais il est surtout connu pour avoir donné naissance à la querelle qui s’éleva entre Leibnitz et Newton, en attribuant à ce dernier l’invention du calcul différentiel. Né protestant, Fatio se montra partisan enthousiaste des camisards des Cévennes réfugiés à Londres, se crut lui-même inspiré et se fit mettre au pilori à Londres en 1707 pour ses extravagances. Dans la suite, il entreprit un voyage en Asie pour convertir l’univers. On a de lui quelques écrits scientifiques et des mémoires dans les Transactions philosophiques.

FATTORE (IL), peintre. V. PENNI.

FAUCHE-BOREL (Louis), agent royaliste, né en 1762 à Neufchâtel en Suisse, mort en 1829, était imprimeur à Neufchâtel au moment de la Révolution française. Il se voua à la cause des Bourbons, noua dans leur intérêt et de leur part des relations avec Pichegru, Barras, Moreau, qui parurent écouter ses propositions ; mais vit toujours ses projets échouer au moment de l’exécution, et fut plusieurs fois emprisonné. Après la Restauration il ne fut payé que d’ingratitude ; il retourna à Neufchâtel, où il vécut dans la misère, et mit fin à ses jours. Il a laissé des Mémoires, pub. à Paris en 1830, 4 v. in-8.

FAUCHER (les frères). On connaît sous ce nom deux frères jumeaux, nés à La Réole en 1760, qui furent condamnés à mort sous Louis XVIII en 1815. Ils s’étaient tous deux distingués dans les guerres de la République, et furent créés en même temps généraux de brigade, sur le champ de bataille. Ils reprirent du service dans les Cent-Jours, et refusèrent de reconnaître l’autorité des Bourbons à leur retour. Ils furent aussitôt traduits devant le conseil de guerre de Bordeaux, et fusillés (27 juillet 1815).

FAUCHER (Léon), publiciste, né en 1803 à Limoges, d’une famille sans fortune, mort en 1854, entra fort jeune comme précepteur dans la famille Dailly, dont il resta l’ami, se voua à la politique après la révolution de 1830, écrivit dans divers journaux, notamment dans le Courrier français, dont il devint en 1839 le rédacteur en chef, défendit surtout dans ses écrits la cause de la liberté commerciale, fut élu en 1846 député de la Marne et se montra chaud partisan de la réforme, mais fut aussi un des plus courageux à réparer les ruines faites en 1848. Appelé au ministère de l’intérieur après l’élection du 10 déc., il réprima énergiquement le désordre ; il quitta le ministère en mai 1849 à la suite d’un vote qui blâmait un de ses actes, mais il y rentra en avril 1851. Il se retira définitivement après l’événement du 2 déc. Il avait été reçu en 1849 à l’Académie des sciences morales. Après sa mort, sa veuve, née Wolowska, a fait en son nom à l’Académie des sciences morales un don de 20 000 francs, destiné à fonder un prix annuel d’économie politique. M. Wolowski, son beau-frère, a réuni ses écrits sous le titre de Mélanges d’économie politique et de finances (2 vol. in-8, 1856).

FAUCHET (Claude), né à Paris en 1529, mort en 1601, est un des premiers qui se soient occupés à compulser nos anciens auteurs et nos vieilles chroniques. Il suivit le cardinal de Tournon en Italie (1554), obtint la charge de 1er président de la Chambre des monnaies et fut nommé par Henri IV historiographe de France. On a de lui : Antiquités gauloises et françaises jusqu’à Clovis, 1579, qu’il continua depuis jusqu’en 987 ; De l’Origine de la langue et de la poésie française, 1581 ; une trad. de Tacite, 1582, et quelques ouvrages, entre autres un Traité des libertés de l’Église gallicane, réunis sous le titre d’Œuvres de Fauchet, 1610, 2 vol. in-4. Ses ouvrages sont fort savants, mais si mal écrits que Louis XIII, après les avoir lus dans sa jeunesse, en conçut, dit-on, de l’aversion pour toute espèce de lecture.

FAUCHET (l’abbé Claude), né en 1744, était vicaire général à Bourges au moment de la Révolution : il en adopta les principes avec ardeur et fut nommé en 1791 évêque constitutionnel du Calvados, puis membre de l’Assemblée législative. Mais s’étant opposé sous la Convention au mariage des prêtres et a l’abolition du culte, il s’attira la haine des Montagnards et fut envoyé à l’échafaud avec les Girondins. enl793.

FAUCIGNY, anc. province des États sardes (Savoie), auj. partie du dép. français de la Hte-Savoie, entre le Chablais au N., le Valais au N. E., Aoste au S. E., et la prov. de Genevois au S. O., avait 60 k. sur 31, comptait 100 000 h., et avait pour ch.-l. Bonneville. Pays montagneux. Cette province est formée de l’anc. baronnie de Faucigny, qui en 1233 fut réunie par mariage au domaine des comtes de Savoie. Elle fut admise en 1815 au privilège de la neutralité suisse, ce qui donna lieu aux réclamations de la Suisse lors de sa réunion à la France en 1860.

FAUCILLES (les monts), une des chaînes des Vosges, s’en sépare au ballon d’Alsace, se dirige de l’E. à l’O., pour joindre le plateau de Langres, et sépare les bassins de la Meuse et de la Moselle de celui de la Saône. Leur nom vient de ce que ces montagnes forment une sorte d’arc de cercle ; la concavité de l'arc est tournée vers le S.

FAUCOGNEY, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 40 k. N. de Lure; 1270 hab. Jadis fortifié. Minerai de fer, pierres à rasoir, toiles, kirschenwasser.

FAUCON-BLANC (ordre du), ou de la Vigilance, ordre institué en 1732 par Ernest-Auguste de Saxe-Weimar pour les services militaires. La décoration est une croix d'or octogone, étoilée, émaillée de vert et chargée d'un faucon blanc armé et becqué d'or. La devise est : Vigilando ascendimus.

FAUJAS DE SAINT-FOND, un des fondateurs de la géologie, né en 1750 à Montélimart, mort à Paris en 1819, professeur et administrateur au Musée d'histoire naturelle, a fait plusieurs découvertes précieuses, notamment en ce qui concerne les produits volcaniques, et a publié : Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Vélay, 1768; Histoire naturelle du Dauphiné, 1782; Voyage en Angleterre, en Écosse et aux îles Hébrides, 1797; Minéralogie des Volcans; Essai de Géologie, 1803-9, 2 vol. in-8. Il découvrit la mine de fer de La Voulte (Ardèche), et celle de pouzzolane de Chenavary en Vélay.

FAULHABER (J.), mathématicien, né à Ulm en 1580, mort en 1635, enseigna les mathématiques à Ulm. Il se plaisait à proposer aux savants des problèmes qu'il croyait insolubles : Descartes, alors simple officier au service de l'Allemagne, en résolut plusieurs en se jouant, au grand étonnement du professeur. On a de lui, entre autres écrits, un Recueil de Récréations mathématiques, en allemand, Ulm, 1613.

FAULHORN, mont. des Alpes bernoises, à 50 k. S. E. de Berne, entre la vallée de Grindelwald et le lac de Brienz, a 2753m de haut. Une auberge est située à 30m du sommet; c'est l'édifice le plus haut placé de l'Europe.

FAULQUEMONT, ville d'Alsace-Lorraine, sur la Nied, à 3G kil. E. de Metz; 1500 hab. Station. Anc. marquisat lorrain, créé en 1629.

FAUNA ou FATUA, déesse latine, sœur et femme de Faunus, avait le don de prédire.

FAUNES, Fauni, divinités champêtres, issues de Faunus. On les représente avec des cornes et des pieds de chèvre. Ils se distinguent des Satyres en ce que leurs occupations se rapprochaient davantage de l'agriculture; ils étaient moins hideux et avaient moins de brutalité. Ils accompagnent Faunus.

FAUNUS, dieu des champs et des bergers, fils de Picus, régna, dit-on, sur le Latium vers 1300 av. J.-C., accueillit dans ses États Évandre, venu d'Arcadie, et répandit en Italie le culte des dieux et l'agriculture. Après sa mort, ses sujets, charmés de son gouvernement, le placèrent au rang des dieux champêtres. On lui attribuait le don des oracles. On lui donnait une forme analogue à celle des Satyres. Il avait pour femme Fauna, et pour compagnons les Faunes. — Le Faunus des Latins répond au Pan des Grecs.

FAUQUEMBERGUE, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 20 kil. S. O. de St-Omer; 1000 hab. Patrie de Monsigny. Grand marché de grains et de bestiaux.

FAURE (Ch.), 1er supérieur général des Chanoines réguliers de la Congrégation de France, né en 1694 à Luciennes près St-Germain-en-Laye, mort en 1644, travailla avec zèle, de concert avec le cardinal de La Rochefoucauld, à la réforme des congrégations religieuses. Il a laissé pour plusieurs ordres des Constitutions, toutes remplies de l'esprit de Dieu.

FAURE (L. Joseph, comte), jurisconsulte, né au Havre en 1760, mort en 1837, fut successivement juge à Paris en 1791, substitut près du tribunal criminel de la Seine, membre du Conseil des Cinq-Cents, puis du Tribunat, et enfin conseiller d'État (1807). Il est un des principaux auteurs du code Napoléon : en 1806, il fit au Corps législatif un rapport sur le Code de procédure, et en 1810 sur le Code pénal.

FAURIEL (Claude), littérateur, né en 1772 à St-Étienne, mort en 1844, servit quelques années dans sa jeunesse, devint secrétaire du général Dugommier, puis fut attaché au cabinet du ministre Fouché ; mais il abandonna bientôt la carrière administrative pour les lettres et vint se fixer à Paris, où il se lia avec les savants les plus distingués de la Société d'Auteuil, notamment avec Cabanis, qui lui adressa sa fameuse Lettre sur les Causes premières. Fauriel qui possédait un grand nombre de langues avait déjà traduit quelques ouvrages étrangers, lorsqu'il publia en 1824 les Chants populaires de la Grèce moderne, qui contribuèrent à exciter une vive sympathie pour la cause des Grecs. Nommé en 1831 professeur de littérature étrangère à la Faculté de Paris, il remplit avec éclat cette chaire qui avait été créée pour lui. Il donna en 1833 l’Origine des épopées chevaleresques, en 1836 une Histoire de la Gaule méridionale sous les conquérants germains, qui le fit admettre la même année à l'Académie des inscriptions ; édita en 1837 l’Histoire de la croisade contre les Albigeois, en vers provençaux (dans les Documents inédits sur l'histoire de France), et laissa en mourant une Histoire de la poésie provençale, qui a été publiée en 1846, 3 vol. in-8, et des travaux analogues sur les littératures italienne et espagnole, notamment des Études sur Dante, publiées en 1854. Ses écrits se font remarquer par la finesse des aperçus et la nouveauté des découvertes, non moins que par l'érudition. M. Guigniaut a lu en 1861 à l'Académie des inscriptions une Notice sur Fauriel.

FAUST (Jean), fameux magicien et nécromancien. On le fait naître à la fin du XVe siècle, dans la Souabe, le Wurtemberg ou le Brandebourg, étudier d'abord à Ingolstadt, puis à Wittemberg en Saxe, et on lui donne toutes les connaissances cultivées de son temps, théologie, jurisprudence, philosophie, astronomie; il s'attacha surtout aux sciences occultes, telles que l'astrologie, la chiromancie, la démonologie. Un oncle riche lui ayant légué sa fortune, il en profita pour se livrer à tous les genres d'excès; quand son patrimoine fut épuisé, il fit, selon la légende, un pacte avec le diable, qui lui apparut caché sous le nom et la forme de Méphistophelès, petit moine gris, et il s'engagea par ce pacte à lui livrer son corps et son âme à la condition que le démon le servirait pendant 24 ans. En effet, pendant 24 années, Faust réussit dans tout ce qu'il entreprit; mais au bout de ce temps il disparut. C'est vers 1550 qu'on place cet événement. On donne pour amante à Faust l'innocenté Marguerite, qu'il avait séduite, et pour compagnon un fidèle serviteur, Wagner. Il a pu exister un véritable Faust, mais le personnage vulgairement désigné sous ce nom a fini par n'être plus qu'un type qui représente à la fois l'avidité, la témérité et le danger de la science. La vie de J. Faust a été écrite plusieurs fois, notamment par George Wiedman, Hambourg, 1593, et trad. en français sous le titre d’Histoire prodigieuse et lamentable de J. Faust, grand magicien et enchanteur, par Palma Cayet, Paris, 1674. Heuman a composé une curieuse dissertation sur Faust, Wittemberg, 1683. Gœthe, en Allemagne, Marlowe, en Angleterre, ont mis sur la scène la légende de Faust. — Quelques-uns ont pensé que Faust n'est autre que Jean Fust de Mayence, un des inventeurs de l'imprimerie, dont la vie aurait été défigurée par les contes populaires.

FAUSTA (Flavia Maximiana), fille de Maximien Hercule, et femme de Constantin, s'éprit d'une passion criminelle pour Crispus, fils de l'empereur, mais d'un autre lit. Irritée des refus du jeune prince, elle l'accusa devant Constantin d'avoir voulu attenter à sa pudeur; celui-ci, trop crédule, fit aussitôt mettre son fils à mort; mais ayant ensuite découvert la vérité, il fit étouffer Fausta dans un bain chaud, 327.

FAUSTE, Faustus, abbé de Lérins, né vers 400 dans la Grande-Bretagne, mort vers 490, était ami de Sidoine Apollinaire. Il fut fait évêque de Riez en 460. Il combattit la prédestination et écrivit un Traité de la grâce et du libre arbitre, qu’on trouve dans la Biblioth. des Pères. Il a été longtemps regardé comme saint et honoré le 18 janvier. — Un autre Fauste, martyr à Cordoue en 304, est honoré comme saint le 13 oct.

FAUSTINE, nom de deux impératrices romaines, qui toutes deux ne se signalèrent que par leurs déportements. La Ire, Annia Galeria Faustina, était femme d’Antonin le Pieux ; la 2e, Faustina junior, fille de la préc., épousa le vertueux Marc-Aurèle, et fut mère de l’empereur Commode. Toutes deux furent, malgré leurs torts, traitées par leurs époux avec une excessive indulgence et reçurent après leur mort les honneurs divins.

FAUVILLE-EN-CAUX, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 18 k. N. O. d’Yvetot ; 1400 hab.

FAVARD DE LANGLADE (Guill. Jean, baron), né à St-Florent, près d’Issoire, en 1762, mort en 1831, était avocat au parlement de Paris avant la Révolution. Il entra au Conseil des Cinq-Cents en 1795, au Tribunat après le 18 brumaire, fut nommé conseiller à la Cour de cassation en 1808, et devint en 1829 président de cette cour. Il fut député pendant les Cent-Jours et sous la Restauration. Il a travaillé aux différents codes. On a de lui : Conférences du Code civil, 1805 ; Répertoire de la législation du notariat, 1807 ; Code pénal, avec l’exposé des motifs, 1808 ; Répertoire de la nouvelle législation, 1823-1825.

FAVART (Ch. Simon), auteur comique, né à Paris on 1710, mort en 1792, était fils d’un pâtissier en renom, chansonnier amateur, et exerça d’abord lui-même la profession de son père ; puis il se mit à travailler pour l’Opéra-Comique. Il amena la vogue à ce théâtre et en devint directeur. Ce théâtre ayant été supprimé à la demande des Italiens, jaloux de son succès (1745), il dirigea une troupe ambulante qui suivait en Flandre le maréchal de Saxe, et fit pour l’armée de nombreux impromptus qui entretenaient l’ardeur guerrière du soldat. À son retour, il travailla pour les Italiens et le Théâtre-Français. On a de lui plus de 60 pièces, remplies pour la plupart d’esprit, de gaieté et de délicatesse ; les plus connues sont : la Chercheuse d’esprit ; Annette et Lubin ; Ninette à la cour ; Bastien et Bastienne ; la Fée Urgèle ; la Belle Arsène, opéras-comiques ; les trois Sultanes, comédie en 3 actes et en vers, qui est restée au répertoire ; l’Anglais à Bordeaux, etc. Son Théâtre complet forme 10 vol., 1763-72 ; son Théâtre choisi, 3 vol., 1809. Il a laissé des Mémoires, publiés en 1808 par son petit-fils. Favart était fort lié avec l’abbé de Voisenon, et avait épousé vers 1745 une charmante actrice, Mlle Duronceray (1727-1772) ; tous deux eurent quelque part à plusieurs de ses opéras. Mme Favart, qui réussissait également dans la comédie, le chant et la danse, jouait surtout avec une grande supériorité les pièces de son mari. — Leur fils, né en 1749, mort en 1805, a été acteur aux Italiens et a donné lui-même quelques pièces.

FAVENTIA, auj. Faenza, v. de la Gaule Cisalpine, au S. de Ravenne. Totila y battit les Grecs, en 542. — On donnait encore ce nom à Fayence, v. de France (Var) ; — et à Barcelone, v. d’Espagne.

FAVERGES, bourg de France (Hte-Savoie), à 23 k. S. E. d’Annecy ; 3200 hab. Vieux château, transformé en manufacture de soie. Aux env., papeteries, fabrique de cuivre en planches, etc. On croit que cette ville est l’anc. Casuaria.

FAVERSHAM, v. d’Angleterre (Kent), à 13 kil. N. O. de Cantorbéry ; 5600 hab. Fabrique de poudre a canon. Pêche d’huîtres. — Dès 811 Faversham était v. royale. En 1147 le roi Étienne y fonda une abbaye de Bénédictins, dont les ruines subsistent encore.

FAVIGNANA, Ægusa, une des îles Égades, à 13 kil. de la côte occid. de Sicile : 10 k. sur 3 ; 4000 h.

FAVORINUS, sophiste grec, natif d’Arélate (Arles) en Gaule, disciple de Dion Chrysostôme, contemporain de Plutarque, enseignait la rhétorique à Athènes et à Rome sous Adrien, et jouit quelque temps de la faveur de ce prince, mais il finit par se l’aliéner par ses sarcasmes, et fut chassé de Rome avec les autres philosophes. Il mourut vers 135. En philosophie, il penchait vers le scepticisme : il avait composé un traité des Tropes pyrrhoniens, dont Diogène Laërce et quelques autres écrivains ont conservé des fragments. Il avait aussi rassemblé les matériaux d’une Histoire universelle, dont on regrette la perte.

FAVORINUS (VARINUS ou GUARINO, dit), lexicographe du XVIe siècle, né à Favora, près de Camerino, m. en 1537, était un religieux de la congrégation de St-Silvestre. Il fut précepteur de Jean de Médicis (Léon X), directeur de la bibliothèque de Florence, évêque de Nocéra. Il a rédigé un grand dictionnaire de la langue grecque, Magnum ac perutile dictionarium, Rome, 1523, Bâle, 1538, Venise, 1712, in-fol. et a trad. les Apophthegmes de Stobée, 1519.

FAVORITE (la). On connaît sous ce nom : 1o un palais voisin de Mantoue, près duquel Bonaparte remporta, le 16 janv. 1797, une victoire qui lui livra Mantoue ; — 2o un château de plaisance du gr.-duché de Bade, près de Baden-Baden, construit en 1725 par les soins de la margrave Sibylle, veuve de Louis-Guillaume, vainqueur des Turcs.

FAVRAS (Thomas MAHY, marquis de), né à Blois en 1744, lieutenant des Suisses de la garde de Monsieur, frère de Louis XVI et depuis roi (Louis XVIII), fut accusé en 1789 d’un complot ayant pour but d’égorger Lafayette, Necker et Bailly, et d’enlever Louis XVI, pour le mettre à la tête d’une armée contre-révolutionnaire. Il fut condamné à être pendu et fut exécuté le 19 février 1790. D’après la rumeur publique, le véritable chef du complot aurait été Monsieur, qui cependant ne fit rien pour la sauver.

FAVRE (Pierre), Faber, jésuite, né en 1506 au Villaret (diocèse de Genève), m. à Rome en 1546, avait été répétiteur d’Ignace de Loyola à Ste-Barbe, et fut le premier de ses compagnons. Il contribua puissamment à la fondation et à la propagation de l’ordre des Jésuites : c’est lui qui établit les colléges de Cologne (1544), de Coïmbre et de Valladolid (1646).

FAVRE (Ant.), Faber, jurisconsulte, né en 1557 à Bourg-en-Bresse, mort en 1624, passa sa vie au service du duc de Savoie, qui le chargea de plusieurs missions, et devint président du sénat de Savoie. Il réforma la jurisprudence en cherchant l’interprétation des Pandectes dans l’esprit de la loi et non dans les arguties des commentateurs, et rédigea dans ce but plusieurs ouvrages estimés : Jurisprudentia Papiniana ; De erroribus pragmaticorum ; Rationalia in Pandectas ; Codex Fabrianus ; De Religione regenda ; qui ont été réunis en 10 vol. in-fol., Lyon, 1658-81. Il a aussi composé des quatrains moraux, 1601, qu’on trouve avec ceux de Pibrac. Ant. Favre est père du grammairien Claude Favre, plus connu sous le nom de Vaugelas.

FAWKES (Guy), Guido Falxius, officier catholique anglais sous Jacques I, fut un des principaux acteurs de la conspiration des Poudres, 1605. Il fut arrêté au moment où il allait mettre le feu aux barils de poudre placés sous la salle des séances du Parlement, fut condamné à mort, et subit le supplice avec fermeté. Tous les ans, le 5 nov., on promène dans les rues de Londres le mannequin de ce conspirateur.

FAY-LE-FROID, ch.-l. de c. (Hte-Loire), à 30 k. S. E. du Puy, près du Lignon ; 700 hab.

FAYAL, une des Açores, par 81° 12′ long. O., 38° 30′-38° 38′ lat. N. ; 20 kil. sur 15 ; 25 000 hab. Ch.-l., Horta. Citrons, oranges, vins ; porcs. Cette île est, après St-Michel, la plus fréquentée du groupe.

FAYDIT (l’abbé), né à Riom vers 1640, mort en 1709, entra chez les Oratoriens et fut forcé d’en sortir pout avoir écrit en faveur de Descartes. Il fit quelque bruit en dénigrant de grands noms, souleva les théologiens par ses paradoxes sur la Trinité, qui le firent enfermer à St-Lazare, et mit dans toutes ses attaques une violence et un cynisme qui le décréditèrent. On a de lui : De Mente humana juxta placita Neotericorum, 1671, ouvrage cartésien ; Remarques sur Virgile et sur Homère, 1705, assez estimé ; la Télémachomanie, 1713, mauvaise critique du chef-d’œuvre de Fénelon.

FAYEL (de). V. COUCY et VERGY (Gabrielle de).

FAYENCE, Faventia, ch.-l. de c. (Var), à 20 kil. N. E. de Draguignan ; 2800 hab. Verrerie, tannerie. C’est, assure-t-on, le premier endroit en France où l’on ait fabriqué la faïence, récemment importée de Faenza en Italie ; selon d’autres, c’est à Fayence même qu’elle aurait été inventée.

FAYETTE. V. LA FAYETTE.

FAYETTEVILLE. Ce nom a été donné à plusieurs villes et comtés des États-Unis en l’honneur de La Fayette. La v. principale de ce nom se trouve dans la Caroline du N., à 90 k. S. de Raleigh, et est le ch.-l. du comté de Cumberland ; 8000 hab. Quelques édifices. On en exporte du coton, du tabac, du chanvre, des bois de construction, des munitions navales. C’est un des lieux les plus sains de la Caroline.

FAYL-BILLOT, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 24 k. S. E. de Langres ; 2393 hab.

FAYOUM, dép. de la Moyenne-Égypte, borné à l’E. par ceux de Djizeh et de Benysoueyf ; 90 k. sur 55 ; 60 000 hab. ; ch.-l., Medinet-el-Fayoum (l’anc. Crocodilopolis ou Arsinoe). C’est une vallée située sur la limite orient. des déserts de Libye. Pays fertile, surtout au N. Industrie plus active que dans le reste de l’Égypte. Grand commerce avec le Caire. Nombreuses ruines, entre autres celles du labyrinthe.

FAZOQL, petit État de Nubie, sur la r. g. du Bahr-el-Azrek, entre 11° et 12° lat. N., 32° long. E., a pour capit. Adassi. Forêts impraticables. Or natif.

FEBRONIUS (Justin). V. HONTHEIM.

FÉCAMP, Fisci campus ? ch.-l. de c. (Seine-Inf.), sur la Manche, à 67 k. N. O. de Rouen par route, 81 par chemin de fer ; 12 000 h. Port à l’embouch. de la riv. de Fécamp. Trib. de commerce. Toiles de Caux, calicots, indiennes ; raffineries, corroieries ; chantiers de construction ; cordonnerie de pacotille. Commerce d’huile de navette, soude, cuirs, draperie. Armements pour pêches diverses. Entrepôt de denrées coloniales. Anc. abbaye (fondée en 664).

FÉCIAUX, espèces de hérauts sacrés chez les Romains, institués par Numa ou Ancus, étaient chargés d’annoncer aux peuples voisins la paix, la guerre ou les trêves, et réglaient les formules des traités. Ils étaient au nombre de vingt. Cette institution dura probablement aussi longtemps que le paganisme.

FEDER (J. George Henri), philosophe allemand, né en 1740 à Schornweisbach près de Bayreuth, m. en 1821, fut professeur de philosophie à Gœttingen, puis directeur du collége Georgianum et de la bibliothèque à Hanovre. On a de lui : Recherches sur la volonté humaine, 1779-93 ; Principes de la connaissance de la volonté, 1783. Il combattit Kant et enseigna une morale accessible à tous.

FÉDÉRALISME, nom donné en 1792 et 1793 au dessein qu’on prêtait aux Girondins de former des dép. de la France autant d’États égaux en droits et de les relier entre eux contre Paris pour détruire la prépondérance de la capitale. Malgré les troubles qui agitèrent à cette époque l’Ouest et le Midi, il ne paraît pas que ce projet ait existé.

FÉDÉRATION. On désigne particulièrement sous ce nom la fête qui fut célébrée au Champ de Mars de Paris, le 14 juillet 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille. On y vit réunis, au nombre de 60 000, les députés des 83 dép. ; Louis XVI assista à cette fête, et y jura la constitution. L’enthousiasme y fut porté à son comble. Une 2e fédération eut lieu le 14 juillet 1792 ; mais l’union et l’entraînement qui avaient signalé la 1re avaient déjà fait place aux méfiances. Pendant les Cent-Jours (1815), on tenta de renouveler les anciennes fédérations à Paris et dans la Bretagne, mais sans aucun résultat.

FEDERICI (J. B. Frédéric VIASSALO, dit Camillo), poëte dramatique, né en 1751 à Garesso (Piémont), mort en 1802, a fait pour différents théâtres d’Italie un grand nombre de pièces, dont quelques-unes ont eu le plus grand succès. Une des meilleures, intitulée la Bugia vive poco (le Mensonge dure peu), a été transportée sur notre scène sous le nom de la Revanche par Roger et Creuzé de Lesser ; une autre, le Remède est pire que le mal, a été traduite dans la Collection des chefs-d’œuvre des théâtres étrangers. Ce poëte a de la verve ; il atteint le comique par les situations plutôt que par la gaieté de l’esprit, sait nouer une intrigue et grouper les personnages ; mais il est faible dans la peinture des mœurs, souvent pédantesque et affecté. Il a été donné à Milan, en 1828, un Choix des pièces de Federici.

FÉDOR IWANOWITCH, empereur de Russie, le dernier de la dynastie de Rurick, né en 1557, succéda en 1584 à son père Iwan IV, et mourut en 1598, empoisonné, dit-on, par Godunow, son beau-frère, auquel il avait abandonné le soin des affaires.

FÉDOR II, fils de Godunow, régna après lui, 1605, mais fut presque aussitôt mis à mort par le faux Dmitri.

FÉDOR III ALEXIEWITCH, empereur de Russie, fils d’Alexis et petit-fils de Mich. Romanov, succéda à son père en 1676, soumit l’Ukraine, agrandit et embellit Moscou et brûler tous les titres de noblesse afin que les distinctions fussent désormais la part du mérite. Il mourut en 1682, laissant la couronnée ses deux jeunes frères Iwan V et Pierre le Grand.

FÉES, êtres fantastiques, jouissaient d’un pouvoir surhumain, mais étaient soumises quelquefois à des lois bizarres et humiliantes. On les représente tantôt sous la figure d’une femme jeune, belle, couverte d’habits magnifiques ; tantôt comme une vieille ridée et couverte de haillons ; mais elles sont toujours armées d’une baguette magique, instrument de leur puissance surnaturelle. Sans être immortelles, elles ont une existence de plusieurs milliers d’années. On a cherché leur origine dans les faunæ ou fanæ des anciens, qui prédisaient l’avenir et dont la première était Fatua ou Fauna, l’épouse de Faunus ; on fait aussi dériver leur nom (en italien fata) de fatum, destin ; mais la croyance aux fées paraît plutôt se rattacher à la religion des Druides et dériver de la vénération que les Gaulois avaient pour les Druidesses. Quoi qu’il en soit, les fées ont joué un très-grand rôle au moyen âge ; elles occupent une grande place dans les romans de chevalerie. À cette époque, de grandes familles, des contrées même avaient leur fée protectrice : telles étaient Mélusine, patronne de la maison de Lusignan ; la fée Banshee, en Irlande, protectrice des Fitz-Gérald ; Viviane, élève de l’enchanteur Merlin, renommée en Bretagne ; la fée des Ortoli, en Corse ; la fée Morgane, à Reggio ; la Dame Blanche des Avenel, en Écosse ; la fée Urgèle, etc. Plusieurs écrivains, Walckenaër, A. Maury, en France, Wolf, Schreiber, en Allemagne, se sont livrés à de savantes recherches sur les fées. Perrault et Mme d’Aulnoy ont écrit pour l’enfance des Contes de Fées qui ont pour base d’antiques traditions.

FEHRBELLIN, v. des États prussiens (Brandebourg), sur le Rhyn, à 53 k. N. O. de Berlin ; 1250 h. L’électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume, y remporta une grande victoire sur les Suédois en 1675 : un monument a été élevé près de la ville en mémoire de cet événement.

FEINAIGLE (Grégoire de), mnémoniste, né en Allemagne vers 1765, vint en France en 1806 pour y enseigner l’art d’aider la mémoire, en employant des procédés de localisation dont il se disait à tort l’inventeur. Après avoir obtenu quelques succès, il finit par devenir l’objet du ridicule. Il se retira à Londres où il mourut en 1820.

FEITAMA (Sibrand), écrivain hollandais, né à Amsterdam en 1694, mort en 1758, donna d’abord au théâtre d’Amsterdam une tragédie intitulée : Fabricius, et un drame allégorique : le Triomphe de la poésie et de la peinture, puis renonça à la composition pour se livrer à la traduction. Il a trad. avec succès plusieurs tragédies de Corneille, de Voltaire, de Crébillon, de Lamothe-Houdard, et a mis en vers hollandais le Télémaque, 1733, et la Henriade, 1753. Son théâtre a été publié en 1735, 2 vol. in-4.

FEITH (Rhynvis), poëte hollandais, né à Zwoll, en 1753, mort en 1824, fut avec Bilderdyk le restaurateur de la poésie en Hollande. Il était bourgmestre de sa ville natale, et receveur de l’Amirauté. L’Académie de Leyde ayant mis au concours l’Éloge de Ruyter, il envoya une ode qui fut considérée comme un chef-d’œuvre. Ses principaux ouvrages sont, en vers : un poème sur le Bonheur de la paix, des Odes et Poésies diverses, parmi lesquelles on remarque le Tombeau, 1796-1810 ; plusieurs tragédies : Thirsa, ou le Triomphe de la Religion, 1784 ; Johanna Gray, 1791 ; Inès de Castro, 1793, et Mutius Cordus ou Rome délivrée ; en prose, un roman de Ferdinand et Constance, et des Lettres sur divers sujets de littérature, 6 vol. in-8, 1784-94.

FELD-MARÉCHAL, titre d’un haut grade militaire qui fut d’abord en usage dans l’armée impériale d’Allemagne, et qui depuis a été employé aussi par la Prusse, la Russie et l’Angleterre. — Feld maréchal est la traduction littérale de notre maréchal de camp ; mais il désigne de fait un grade beaucoup plus élevé, analogue à celui de maréchal de France.

FELEGYHAZA, v. de Hongrie, ch-l. de la Petite-Cumanie, à 105 kil. S. E. de Pesth ; 15 400 hab.

FÉLETZ (l’abbé), critique, né en 1767 à Grimont près de Brives, mort en 1850, se montra opposé à la Révolution, ce qui le fit condamner à la déportation, mais échappa à l’exil en se cachant ; fut attaché dès l’origine à la rédaction du Journal des Débats, et y donna pendant plus de 30 ans des articles de critique qui se distinguent à la fois par la sûreté du goût, la solidité de l’instruction et l’urbanité de la forme. Féletz était inspecteur de l’Académie de Paris et conservateur de la bibliothèque Mazarine. Il fut admis à l’Académie française en 1827. Un choix de ses articles a été publié en 1828 sous le titre de Mélanges de philosophie, d’histoire et de littérature, 1828, 6 vol. in-8, et a été complété en 1840 par un volume de Jugements historiques et littéraires : c’est comme une histoire de notre littérature pendant un quart de siècle. M. D. Nisard a bien apprécié son talent dans son Discours de réception à l’Académie.

FÉLIBIEN (André), né à Chartres en 1619, mort à Paris en 1695, fut successivement secrétaire d’ambassade à Rome (1647), historiographe du roi, contrôleur général des ponts et chaussées, membre et secrétaire de l’Académie d’architecture, garde du cabinet des Antiques, et fut admis à l’Académie des inscriptions dès sa fondation (1663). Il a laissé de nombreux ouvrages ; les principaux sont : Origine de la peinture, 1660 ; Principes de l’architecture, de la sculpture, de la peinture et des autres arts, avec un Dictionnaire des termes propres, 1675-90 ; Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes, 1666-1688 ; c’est le plus estimé de ses ouvrages ; Description sommaire du château de Versailles, 1674 ; Description des tableaux, des statues, etc., des maisons royales, 1687. - Son fils aîné, J. Franç. F., 1658-1733, a donné la Vie des plus célèbres architectes, 1687. — Son 2e fils, dom Michel P., Bénédictin de St-Maur, 1666-1719, est auteur d’une Histoire de l’abbaye de St-Denis, 1106, et d’une Histoire de Paris, que la mort interrompit et qui fut achevée par Lobineau.

FÉLICE (Barthélemi de), infatigable écrivain, né a Rome en 1723, d’une famille originaire de Naples, mort à Yverdun en 1789, enseigna d’abord les sciences avec distinction à Rome et à Naples. Forcé de quitter Naples par suite d’une intrigue amoureuse, il erra longtemps en Italie et en Suisse, se fixa vers 1756 à Berne, s’y lia avec Haller et embrassa la religion protestante. Il alla plus tard former à Yverdun un grand établissement d’imprimerie, d’où sortirent une foule de bons ouvrages, et il dirigea en même temps avec succès un pensionnat. Après avoir traduit de l’anglais ou du français en latin et en italien des ouvrages scientifiques qu’il voulait faire connaître à l’Italie (Descartes, Maupertuis, d’Alembert, Newton), il rédigea à partir de 1758, avec Tscharner, des journaux littéraires et scientifiq. estimés ; édita les Principes du droit naturel et des gens de Burlamaqui, qu’il abrégea ensuite sous le titre de Leçons de droit de la nature et des gens, 1769, donna en 1770 des Leçons de logique, et publia enfin, de 1770 à 1780, une Encyclopédie ou Dictionnaire universel des connaissances humaines, Yverdun, 48 vol. in-4, avec 10 vol. de planches, immense ouvrage, dont l’Encyclopédie de Diderot forme la base, et dans lequel il eut pour collaborateurs Euler, Haller, Lalande, et plusieurs autres savants français, italiens et allemands. On lui doit encore un Dictionnaire de justice naturelle, 1778, 13 vol. in-4, un Dictionnaire de la Suisse, 1175, etc.

FELICITAS JULIA, un des noms anc. de LISBONNE.

FÉLICITÉ (Ste), dame romaine, martyrisée avec ses sept fils en 150, sous Antonin le Pieux, ou en l64, sous Marc-Aurèle. L’Église place sa fête au 10 juill. - Autre sainte, compagne de Perpétue. V. PERPÉTUE.

FÉLINO (DU TILLOT, marquis de), ministre de Parme, né à Bayonne en 1711, s’était formé à Versailles dans les bureaux des finances. Louis XV le plaça auprès du duc de Parme, l’infant don Philippe, son gendre, 1740. Il obtint toute là confiance du prince, devint en 1759 premier ministre, et rendit le duché florissant par sa bonne administration. Il eut des démêlés avec le St-Siége au sujet des investitures, bannit les Jésuites, et fonda l’Université de Parme. En récompense de ses services, don Philippe le créa marquis de Félino, 1769. Disgracié par le fils de ce prince, 1771, il se retira en Espagne, puis en France, où il mourut en 1774.

FÉLIX, proconsul en Judée pour les Romains vers l’an 53 de J.-C., frère de Pallas, affranchi de Claude, épousa Drusille, princesse juive, fille du vieux roi Agrippa I. Il tyrannisa les Juifs et fit mourir le grand prêtre Jonathas. C’est devant lui que comparut S. Paul à Césarée ; il retint l’apôtre en prison pour plaire aux Juifs.

FÉLIX I (S.), Romain, pape de 269 à 274. Sous lui, l’Église fut troublée par l’hérésie de Paul de Samosate et persécutée par l’empereur Aurélien. Il soutint les fidèles, les encouragea à supporter les persécutions et à souffrir le martyre, prêt à se dévouer lui-même, et mourut en prison. On le fête le 30 mai.

FÉLIX II, antipape, d’abord archidiacre de l’Église de Rome, fut placé sur le St-Siége par l’empereur Constance pendant l’exil du pape Libère, en 355. Trois ans après, Libère étant revenu à Rome, Félix en fut chassé.

FÉLIX III, pape, né à Rome, fut élu en 483, rejeta l’édit d’union des deux Églises, publié par l’empereur Zenon ; condamna Acace, évêque de Constantinople, et plusieurs autres hérétiques ; assembla un concile à Rome en 487 pour mettre fin aux dissensions religieuses de l’Église d’Afrique, et m. en 492.

FÉLIX IV, pape de 526 à 530, natif de Bénévent, élu par l’appui de Théodoric, se signala par sa sagesse.

FÉLIX V, antipape, élu par le concile de Bâle en 1440, était duc de Savoie et avait longtemps gouverné ses États sous le nom d’Amédée VIII. V. SAVOIE.

FÉLIX de Valois (S.). V. Vermandois (Hug. de),

FELLAHS, paysans ou cultivateurs en Égypte.

FELLATAHS, dits aussi Foulahs et Peuls, peuple de l’Afrique centrale, est répandu dans toute la Nigritie occid. (Sénégambie), où il possède les États de Fouta-Toro, de Fouladou, de Bondou, de Fouta-Djalo, etc. ; et dans la Nigritie centrale (Soudan), ou il habite le Ouasselon, le Sangara, et l’empire des Fellatahs proprement dit.

FELLATAHS (Empire des), vaste État de la Nigritie centrale, comprend sous sa domination les roy. ou pays de Gouber, Kobbi, Guarl, Niffé, Zamtra, Zeg-Zeg, Kano, Douri, Kachena, Katagoum, KourriKourri, Djacoba : capit., Sakatou. Cet État est auj. la puissance prépondérante du Soudan. Il a été fondé à la fin du siècle dernier par le prétendu prophète Othman Danfolio, qui, sorti du Gouber, soumit la plupart des États que comprend le Soudan.

FELLENBERG (Ph. Emmanuel), célèbre pédagogiste, né à Berne en 1771, d’une famille patricienne et riche, mort en 1844. Après avoir étudié les divers modes d’éducation, ceux surtout de Pestalozzi, de Pfeffel, de Saltzmann, il fonda vers 1799, dans le domaine jusque-là désert d’Hofwyl, près de Berne, un Institut agricole, auquel il joignit successivement un Institut de Pauvres ou école d’industrie, un Institut de jeunes Nobles, qui offrait un système complet d’études, et un Institut normal pour former des instituteurs, embrassant ainsi toutes les parties de l’éducation. Ces divers établissements, où affluaient des élèves de toutes les parties de l’Europe, prospérèrent de son vivant ; mais ils succombèrent peu après sa mort. Fellenberg voulait faire de l’agriculture un moyen d’éducation pour les pauvres, et couvrir par le produit du travail des élèves les frais d’éducation. H a publié en allemand des Vues sur l’agriculture de la Suisse et le moyen de la perfectionner (trad. par Ch. Pictet, Genève, 1808).

FELLER (Joachim), écrivain allemand, né à Zwickau en 1638, mort en 1691, débuta comme poëte à 13 ans, fut professeur de poésie à Leipsick, puis bibliothécaire de l’université de cette ville. Il mourut d’une chute faite dans un accès de somnambulisme. Il faisait fort bien le vers latin. On a de lui : Flores philosophici ex Virgilio ; Cygni Cygneæ : c’est la biographie des hommes distingués qu’avait produits Zwickau (Cygnea), sa patrie. — Son fils, Joachim Frédéric Feller, 1673-1726, secrétaire du duc de Weimar, publia Monumenta inedita, Iéna, 1714, 12 vol. in-4 ; Histoire généalogique de la maison de Brunswick-Lunebourg, Leipsick., 1717 (en allem.) ; Otium Hanoveranum, sive Miscellanea ex ore et schedis Leibnitzii, Leipsick, 1718.

FELLER (François Xavier de), jésuite, né à Bruxelles en 1735, enseigna les humanités, puis la théologie à Liège, à Luxembourg, à Tyrnau en Hongrie, revint, après la suppression de son ordre, se fixer à Liège, où il se mit à écrire ; se réfugia en Westphalie lors de l’invasion des Français (1794), et mourut à Ratisbonne en 1802. Il a publié un grand nombre d’écrits, tous empreints d’un zèle ardent contre les philosophes et les Jansénistes ; le plus célèbre est un Dictionnaire historique, publié pour la première fois en 1781, 6 vol. in-8, souvent réimprimé depuis, avec des augmentations ; ce dictionnaire est en grande partie copié de celui de Chaudon. Feller a rédigé à Liège de 1774 à 1794 un Journal historique et littéraire. On a aussi de lui un Catéchisme philosophique, 1777, des Discours sur la religion et la morale, 1778, où l’on trouve du talent ; un Examen de l’histoire naturelle de Buffon, où il attaque les théories du naturaliste, et des Observations sur le système de Newton, où il nie le mouvement de la terre.

FELLETIN, ch.-l. de c. (Creuse), à 8 kil. S. d’Aubusson, sur la Creuse ; 3494 h. Tapisseries dites d’Aubusson, draps, teintureries, papeteries. Institution ecclésiastique. Restes d’un anc. temple de Vénus.

FELSINA, v. de l’Italie ancienne. V. BONONIA.

FELSOE-BANYA, v. de Hongrie (Szathmar), à 7 k. E. de Nagy-Banya ; 4500 h. Administration des mines. Aux env., mines d’or, d’argent, de fer, de cuivre et de plomb.

FELTON (John), Irlandais, lieutenant dans l’armée anglaise envoyée au secours de La Rochelle en 1628, assassina le duc de Buckingham au moment où la flotte allait partir d’Angleterre. Loin de se soustraire au supplice, il le brava avec fanatisme.

FELTRE, Feltria, v. de Vénétie, à 26 k. S. O. de Bellune ; 6000 h. Évêché. Blanchisserie de cire, filature de soie. Patrie de Victorin de Feltre. Napoléon I donna le titre de duc de Feltre au général Clarke.

FEMERN, île danoise de la mer Baltique, près de la côte du Holstein, dépend du Slesvig ; 22 k. sur 12 ; 8000 hab. ; ch.-l., Burg. Navigation active.

FÉNELON (François DE SALIGNAC DE LAMOTHE-), né en 1651 au château de Fénelon en Quercy, d’une famille noble et ancienne, fut destiné de bonne heure à l’état ecclésiastique, et prêcha avec succès dès l’âge de 15 ans. Après avoir étudié à St-Sulpice, il fut chargé par l’archevêque de Paris de l’instruction des nouvelles catholiques ; ces fonctions lui inspirèrent le traité de l’Éducation des filles. Sur la recommandation de Bossuet, Louis XIV lui confia la direction d’une mission dans le Poitou : repoussant l’auxiliaire de la force, Fénelon réussit par sa douceur et son éloquence à opérer un grand nombre de conversions. À son retour, le roi le choisit, d’après le conseil de Mme de Maintenon, pour être précepteur de son petit-fils, le duc de Bourgogne. Il sut enseigner à son élève toutes les vertus d’un chrétien et d’un prince, et lui inspira pour sa personne une affection qui ne se démentit jamais. Lorsque cette éducation fut terminée, Louis XIV le promut à l’archevêché de Cambray (1694). Né avec une âme tendre, et rempli d’un pur amour pour Dieu, Fénelon accueillit les idées mystiques de Mme Guyon : Bossuet, qui avait été jusque-là son ami, l’attaqua vivement sur ce point, et le St-Siége condamna (1699) l’Explication des Maximes des Saints, que l’archevêque de Cambray avait publiée pour se justifier. Fénelon se soumit avec humilité et abjura publiquement ses erreurs. Vers le même temps, parut le Télémaque, ingénieuse fiction, où sont enseignés les devoirs d’un roi : cet ouvrage, que Fénelon n’avait pas voulu rendre public, lui avait été soustrait par un domestique infidèle. Louis XIV y vit une satire de son règne, arrêta l’impression et disgracia l’auteur. Retiré dans son diocèse, Fénelon ne s’occupa que du bonheur de son troupeau ; il prit soin lui-même de l’instruction religieuse du peuple et des enfants, et se fit universellement chérir par sa bienfaisance. Pendant le cruel hiver de 1709, il se dépouilla de tout pour nourrir l’armée française qui campait près de lui. La réputation de ses vertus attira à Cambray nombre d’étrangers de distinction, entre autres Ramsay, qu’il convertit et qui ne le quitta plus. Il mourut en 1715, à 64 ans, après avoir eu la douleur de voir expirer son élève. Fénelon est inférieur à Bossuet pour la force et le sublime ; mais aucun auteur ne l’a égalé pour l’onction et le charme du style : c’est l’écrivain qui a le mieux reproduit dans les temps modernes la noble simplicité des anciens. Comme homme et comme chrétien, personne n’a porté plus loin les vertus douces et n’a mieux su faire aimer la religion. Il avait en politique des idées fort libérales. On a de lui un assez grand nombre d’ouvrages, mais on en a perdu quelques-uns, Louis XIV ayant fait brûler, à la mort du duc de Bourgogne, plusieurs de ses écrits qui se trouvaient dans les papiers du prince. Les ouvrages principaux de Fénelon sont : l’Éducation des filles, 1687 ; le Traité du ministère des pasteurs, 1688 ; les Maximes des Saints, 1697 ; les Aventures de Télémaque, publiées en 1699 sans l’aveu de l’auteur, réimprimées en 1717 par les soins de sa famille : cet ouvrage, qui est à la fois une épopée et un profond traité de morale et de politique, a eu une foule d’éditions, a été traduit dans toutes les langues et même a été mis en vers latins (une 1re fois à Berlin, 1743, une 2e fois à Paris, par Al. St. Viel, 1808) ; Dialogues des Morts et Fables, écrits composés pour l’éducation du duc de Bourgogne, 1712 ; Démonstration de l’existence de Dieu, 1713, et avec une 2e partie, 1718, souvent réimprimé, notamment en 1810 avec notes d’Aimé-Martin ; Dialogues sur l’éloquence, avec une Lettre à l’Académie française, 1718 ; Examen de la conscience d’un roi (pour le duc de Bourgogne), imprimé seulement en 1734 ; des Sermons, qui pour la plupart furent prêchés d’abondance ; des Lettres spirituelles. Les œuvres de Fénelon ont été publiées par l'abbé Querbœuf aux frais du clergé de France, Paris, 1787-92, 9 vol. in-4; mais cette publication fut interrompue par la Révolution; la seule édition vraiment complète est celle qu'ont donnée MM. Gosselin et Caron, d'après les mss. de l'auteur et avec sa Correspondance, 1820-30, 36 vol. in-8. Sa Vie a été écrite par Ramsay et par l'abbé Querbœuf; son Éloge a été composé par La Harpe, d'Alembert et l'abbé Maury. Bausset a donné l’Histoire de Fénelon, 1808, 3 vol., 1817, 4 vol. in-8. On doit à M. Gosselin l’Histoire littéraire de Fénelon, 1843, ouvrage qui complète le précédent.

FÉNELON (J. B. A. DE SALIGNAC, abbé de), né en 1714 à St-Jean-d'Estissac en Périgord, était petit-neveu du préc. Il fut aumônier de Marie Leczinska, femme de Louis XV, puis dirigea un établissement charitable fondé pour améliorer le sort des petits Savoyards à Paris. Malgré ses vertus, il fut arrêté comme suspect sous la Terreur, et traduit au tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort : tous les Savoyards résidant à Paris se rendirent à la Convention pour demander la grâce de celui qu'ils appelaient leur bon père ; leurs prières furent vaines, et il subit la supplice le 8 juillet 1794. C'est en son honneur que le nom d'Asile-Fénelon a été donné à l’établissement charitable de Vaujours, destiné à élever des enfants pauvres.

On connaît encore, dans cette famille, Bertrand de Salignac de La Mothe-Fénelon, ambassadeur auprès de la reine Élisabeth de 1568 à 1575, dont on a quelques écrits (Siége de Metz en 1552, Voyage de Henri II aux Pays-Bas, etc.), et une Correspondance diplomatique fort instructive, publiée par Teulet de 1838 à 1841, 7 vol. in-8.

FENESTRANGE, Vistringen, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 16 k. N. de Sarrebourg; 1500 h. Bonneterie, tannerie, blanchisseries de toiles. Jadis ch.-l. d'une baronnie et une des archi-maréchaussées de l'empire d'Allemagne. La maison de Fenestrange s'étant éteinte au XVe siècle, ses domaines passèrent, les uns aux princes de Salm, les autres par mariage aux princes de Croï et d'Havré. Marie-Antoinette en fit don à la famille Polignac.

FENESTRELLE, bourg du Piémont, sur le Clusone, à 30 kil. N. O. de Pignerol; 800 hab. Eau de menthe. Ce bourg est situé dans un col entre deux montagnes sur lesquelles on voyait jadis des forts qui ont été rasés en 1796. Le col de Fénestrelle fut franchi par l'armée française en 1516.

FENIN (Pierre de), chroniqueur du XVe siècle, d'une famille noble de l'Artois, a rédigé une Chronique qui s'étend de 1407 à 1427, et qui a été publiée en 1653 par Godefroy, à la suite de l’Histoire de Charles VI par Juvénal des Ursins, et réimprimée dans les collections de Mém. relatifs à l'hist. de France par Petitot, et par Michaud et Poujouiat.

FENNI, nom latin des FINNOIS.

FENOUILLOT DE FALBAIRE. V. FALBAIRE.

FENRIR, loup qui joue un rôle important dans la mythologie Scandinave, était fils de Loke. Enfermé dans le Valhalla par les Ases, parce qu'une prédiction annonçait qu'il dévorerait un jour Odin, il brisa deux fois ses chaînes : les dieux effrayés firent forger par les Alfes noirs, génies malfaisants, mais habiles ouvriers, des fers que rien ne pouvait rompre, et l'attachèrent par le cou sur un rocher où il doit rester prisonnier jusqu'à la fin du monde.

FENTON (Élisée), poëte anglais, né en 1683 à Shelton (Stafford), mort en 1730, passa la plus grande partie de sa vie auprès du comte Orrery, dont il éleva le fils, puis auprès de la veuve de sir William Trumball, qui lui avait aussi confié l'éducation de son fils. On a de lui un recueil de Poésies, remarquables par l'élégance, 1717; une tragédie de Marianne, 1723; la traduction des Ier, IVe, XIXe et XXe livres de l’Odyssée, insérée dans celle de Pope; et une Vie de Milton, estimée de Johnson.

FÉODALITÉ (de feodum, fief). On nomme ainsi un état de choses né de l'envahissement et de la conquête de l'empire romain par les Barbares, et qui consistait dans une espèce de confédération de seigneurs investis chacun d'un pouvoir souverain dans leurs propres domaines, mais inégaux en puissance, subordonnés entre eux, et ayant des devoirs et des droits réciproques. De là, une distinction entre les seigneurs suzerains et les vassaux ou feudataires. Le vassal était celui qui, ayant reçu à titre de récompense une propriété territoriale nommée bénéfice ou fief, se trouvait par là dans la dépendance du donateur; auquel il, devait foi et hommage. Le suzerain était celui qui, ayant conféré le fief, avait droit à l'obéissance du vassal. Du reste, le même seigneur pouvait être suzerain pour certains fiefs (ceux qu'il avait conférés), et vassal pour d'autres (ceux qu'il' avait reçus). — Le système féodal paraît avoir existé en germe de temps immémorial chez les Germains; il fut régulièrement établi en Gaule à l'époque de la conquête des Francs ; toutes les terres conquises furent alors divisées en alleux ou terres libres, dévolues par le sort à des chefs indépendants, et bénéfices ou fiefs (comme on les nomma plus tard) terres concédées par un chef à ses compagnons d'armes en récompense des services qu'ils lui avaient rendus à la guerre. Dans l'origine presque tous les bénéfices étaient amovibles; quelques-uns étaient viagers; mais bientôt ils devinrent héréditaires; néanmoins il y eut longtemps à la fois des fiefs temporaires, des fiefs viagers et dés fiefs perpétuels. En France, l'hérédité des fiefs fut sanctionnée en 587 par le traité d'Andelot: elle le fut de nouveau trois siècles après par l'édit de Quierzy-sur-Oise (877), qui étendit l'hérédité aux gouvernements des provinces de l'empire carlovingien. De ce moment commence la véritable époque féodale; les possesseurs des fiefs devenus héréditaires accrurent facilement leur puissance sous les derniers Carlovingiens, et les grands feudataires devinrent de fait indépendants. En 987, Hugues Capet consomma le triomphe de la féodalité en renversant la dynastie régnante; mais aussi dès la même époque commence la lutte du pouvoir royal contre la féodalité. Hugues Capet et ses premiers successeurs ne sont encore vraiment rois que dans leurs propres domaines. Louis VI fut le premier qui sut rendre à la royauté le rang qui lui appartenait. L'établissement des Communes, en fournissant aux rois un auxiliaire contre la puissance des vassaux; les Croisades, en forçant les seigneurs d'engager à la couronne des domaines qu'ils ne purent depuis recouvrer, portèrent les premiers coups à la féodalité; Philippe-Auguste, S. Louis, Philippe le Bel, soit par la force des armes, soit par jugement, achat, donation, succession, réunirent nombre de fiefs au domaine royal. Leurs successeurs, devenus plus forts, attaquèrent victorieusement les privilèges des feudataires;, enfin, Louis XI et Richelieu portèrent les derniers coups à la féodalité. La Révolution française acheva d'en faire disparaître les dernières traces.

En Allemagne, la féodalité s'établit comme en France ; mais elle eut un autre résultat. Les empereurs furent trop faibles pour lutter contre leurs grands vassaux : de là la multiplicité des petits États indépendants que renferme encore aujourd'hui cette contrée.

FER (île de), la Pluvialia ou Ombrios des anciens, la plus occid. des îles Canaries, par 20° 30' long O., et 25° 45' lat. N. : 22 kil. sur 16; 5000 hab.; ch.-l., Valverde. Sol montueux et volcanique; forêts, pâturages; orseille, fruits, bons vins, eau-de-vie. Cette île a longtemps servi de point de départ pour compter les longitudes, sans doute parce qu'on la considérait comme placée à l'extrémité du monde. Une ordonnance de Louis XIII rendue en 1634 y fît passer la 1er méridien. Ce Ier méridien, adopté alors par une grande partie des États de l'Europe, n'est plus guère employé auj. que par les Allemands. Depuis l' adoption du système décimal (1792), il a été remplacé en France par le méridien de Paris.

FÉRAUD, conventionnel. V. FERRAUD.

FERDINAND. Ce nom, qu'on suppose dérivé de l'allemand verdienen, mériter, a été porté par un grand nombre de princes : empereurs d'Allemagne, rois d'Espagne, de Naples, de Sicile, etc.

I. Empereurs d'Allemagne.

FERDINAND I, empereur d'Allemagne, 2e fils de Philippe le Beau, archiduc d'Autriche, frère puîné de Charles-Ouint, né en 1503 à Alcala de Hénarès (Castille), mort à Vienne en 1564, hérita, à la mort de Maximilien I, son grand-père, des provinces autrichiennes (1519), devint roi de Bohême et de Hongrie en 1526, après la mort de Louis, dont il avait épousé la sœur ; fut élu roi des Romains en 1531, et succéda comme empereur à Charles-Quint après l'abdication de ce prince en 1556. Le pape Paul IV refusa de le reconnaître pour chef de l'empire, par la raison que le consentement du St-Siége n était intervenu ni à son élection ni à l'abdication de Charles-Quint : Ferdinand nia la nécessité de ce consentement, et depuis, les empereurs ont cessé de demander la confirmation du pape. Le règne de ce prince fut paisible : ses dernières années furent consacrées à concilier les Protestants et les Catholiques.

FERDINAND II, arrière-petit-fils du précéd., né en 1578, fut couronné roi de Bohême en 1617, roi de Hongrie en 1618, et empereur en 1619. Il eut pour compétiteur l'électeur palatin, Frédéric V, qui souleva contre lui les Protestants, et donna par là naissance à la fameuse guerre de Trente ans. Battu à Prague (1620), l'électeur Frédéric fut dépouillé de ses États ; Christian IV, roi de Danemark, qui lui succéda comme défenseur des Protestants (1625-29), fut également battu à Lutter, 1626, et signa la paix de Lubeck, 1629 ; mais les généraux de Ferdinand furent à leur tour battus par Gustave-Adolphe à Leipsick (1631) et à Lutzen (1632); cependant, ayant repris l'avantage à Nordlingen (1634), l'empereur put faire avec quelques-uns de ses ennemis des accommodements avantageux. Il mourut peu après, en 1637. Acharné contre les Protestants, il avait rendu contre eux en 1629 l’Édit de restitution, par lequel il les privait de tous les droits qui leur avaient été concédés. Ce prince eut pour généraux Maximilien de Bavière, Tilly et Wallenstein ; il fit tuer ce dernier comme rebelle. Hurter a écrit sa Vie, Leips., 1857.

FERDINAND III, fils du préc., né à Grætz en 1608, m. en 1657, fut couronné roi de Bohême en 1625, de Hongrie en 1627, et succéda à son père en 1637. Il continua la guerre de Trente ans, commencée par son père, et eut à combattre à la fois les Suédois et les Français leurs alliés, conduits par Baner, Turenne et le grand Condé. Incapable de lutter contre de pareils adversaires, il se vit forcé de signer en 1648 le traité de paix de Westphalie, qui accorda la liberté de conscience à l'Allemagne, laissa la Poméranie à la Suède, et assura à la France l'Alsace et les trois évêchés de Toul, Metz et Verdun. Ferdinand III avait, fait élire de son vivant son fils aîné Ferdinand roi des Romains, sous le nom de Ferdinand IV ; mais celui-ci mourut en 1654.

II. Espagne (Castille, Léon, Aragon, etc.).

FERDINAND I, le Grand, fut reconnu roi de Castille dès 1034, du vivant de Sanche III, son père, roi de Navarre ; s'empara des États de Bermude, roi de Léon, en 1037 ; rendit tributaires les rois de Tolède, de Saragosse et de Séville ; repoussa les Maures, leur prit Viseu, Lamégo, Coïmbre, et recula les bornes de ses États jusqu'au milieu du Portugal. On lui reproche la mort de Garcias IV, son frère, roi de Navarre, qu'il tua dans une bataille près de Burgos (1054), et les cruautés qu'il exerça contre ses ennemis vaincus. Il mourut en 1065, après avoir partagé ses États entre ses trois fils.

FERDINAND II, roi de Léon, fils d'Alphonse VIII, succéda à ce prince en 1157, et se distingua pendant un règne de 30 ans par sa prudence, sa valeur et son affabilité. Régent en Castille, après la mort de Sanche III, son frère, pendant la minorité d'Alphonse IX, son neveu, il apaisa les troubles qu'y avait causés la rivalité des Castro et des Lara. Il enleva aux Maures plusieurs places importantes, recula les limites de ses États, et mourut en 1188, au moment où il se préparait à une croisade. C'est de son règne que date l'ordre militaire de St-Jacques, destiné à la défense des domaines des Chrétiens.

FERDINAND III, le Saint, petit-fils de Ferdinand II, et fils d'Alphonse IX, roi de Léon et de dona Bérengère, reine de Castille, né l'an 1200, mort en 1252. monta sur le trône de Castille en 1217 après Bérengère qui abdiqua en sa faveur, et sur celui de Léon en 1230, après la mort d'Alphonse, réunissant ainsi ces deux couronnes, qui depuis ne furent plus séparées. Il combattit les Musulmans, les chassa de Cordoue, de Séville, de Cadix, de Xérès, fonda l'Université de Salamanque, et mérita par ses vertus d'être placé au rang des saints par le pape Clément X en 1671. On l'honore le 30 mai.

FERDINAND IV, l'Ajourné, roi de Castille et de Léon, né à Séville en 1285, mort en 1312, succéda en 1295 à son père Sanche IV. Les premières années de son règne furent très-orageuses : don Juan, son oncle, se fit proclamer roi de Léon, et Alphonse de La Cerda prit le titre de roi de Castille ; les rois de Portugal et d'Aragon s'emparèrent de plusieurs places de son royaume. Mais la régente Marie de Molina, sa mère, fit face à tout et se conduisit avec tant de sagesse, qu'elle lui assura la couronne. Ferdinand repoussa les Maures qui avaient envahi ses États, et leur enleva en 1309 la place de Gibraltar. On conte qu'ayant fait jeter du haut d'un rocher deux gentilshommes, les frères Carvajal, accusés d'assassinat, ceux-ci, avant d'être précipités, l’ajournèrent à comparaître devant Dieu dans 30 jours, et qu'en effet il mourut au bout de ce terme ; d'où viendrait son surnom.

FERDINAND V, le Catholique, roi de Castille, d'Aragon, de Grenade et de Sicile, né en 1452, mort en 1516, était fils de Jean II, roi d'Aragon et de Sicile. Il épousa à 17 ans Isabelle, héritière de Castille, et régna au nom de sa femme sur ce pays dès 1474. En 1479, il hérita des États de son père, et réunit ainsi sous ses lois presque toute l'Espagne. Il réorganisa en 1481 le tribunal de l'inquisition, enleva en 1492 la ville de Grenade aux Maures et chassa de ses États les Maures et les Juifs ; il accueillit Christophe Colomb qui découvrit et occupa en son nom le Nouveau-Monde ; il enleva en 1604 le royaume de Naples aux Français qui venaient de le conquérir, de concert avec lui. Isabelle laissa, en mourant, la Castille à sa fille Jeanne la Folle, mais en donnant à Ferdinand la tutelle de ce royaume jusqu'à la majorité de son petit-fils don Carlos (depuis Charles-Quint). L'archiduc Philippe, époux de Jeanne la Folle, lui disputa un instant la régence ; mais ce prince étant mort en 1506, Ferdinand fut reconnu pour tuteur par les grands de la Castille. En 1512, il annexa à ses États la Navarre espagnole, et réunit ainsi sous son sceptre toute la Péninsule (moins le Portugal). Ferdinand V éleva l'Espagne au plus haut point de puissance, agrandit la puissance royale, abaissa les grands et rendit aux lois toute leur force ; en outre, il mérita le surnom de Catholique par son ardeur à combattre les Infidèles ; mais on lui reproche sa versatilité et sa fourberie, qui lui valurent aussi le surnom de Rusé : il se joua de la bonne foi de Charles VIII et de Louis XII, et se montra tantôt leur allié et tantôt leur ennemi. Il fut habilement secondé dans ses entreprises par son ministre, le cardinal Ximénès, et dans ses conquêtes par son général Gonsalve de Cordoue.

FERDINAND VI, roi d'Espagne, fils de Philippe V, né en 1713, monta sur le trône en 1746. Il ne travailla qu'au bonheur de ses sujets : secondé par un habile ministre, le marquis de La Ensenada, il réforma l'administration de la justice et des finances, ranima le commerce, établit des manufactures, creusa des canaux, rétablit la marine, favorisa les études, créa plusieurs universités et fonda l'Académie de St-Ferdinand. Son règne fut affligé par plusieurs calamités : Lima en 1746, Quito en 1755, furent presque entièrement détruites par des tremblements de terre. Ce prince avait des accès de mélancolie que le charme de la musique réussissait seul à dissiper (V. FARINELLI). Il mourut en 1759, universellement regretté. Il ne laissait pas d'enfants et il eut pour successeur Charles III, son frère.

FERDINAND VII, fils aîné de Charles IV et de Marie-Louise de Parme, né en 1784, mort en 1833, montra dès sa première jeunesse une haine profonde pour le favori Godoy, qui dominait le roi et la reine, et fut arrêté en 1807 comme conspirateur; mais, après le soulèvement populaire d'Aranjuez (mars 1808), son père se vit forcé d'abdiquer en sa faveur. Au bout d'un mois, à l'entrevue de Bayonne, ce prince lui reprit la couronne pour la mettre entre les mains de Napoléon, qui la donna lui-même à son frère Joseph. Ferdinand fut retenu à Valençay jusqu'à la fin de 1813, époque à laquelle Napoléon lui rendit son trône. De retour en Espagne, il abolit en 1814 la constitution des cortès de 1812, violant par là les engagements qu'il avait pris en rentrant; par suite, il éclata en 1820 une insurrection militaire qui le força d'accepter une constitution ; mais bientôt, aidé du secours de Louis XVIII, roi de France, qui envoya à son secours une armée commandée par son neveu, le duc d'Angoulême, il réussit à comprimer l'insurrection et à faire rentrer ses sujets sous le joug (1823). Il fit de vains efforts pour recouvrer les colonies d'Amérique. Ce prince, bien que marié 4 fois, ne laissa que deux filles, qu'il avait eues de Marie-Christine, princesse napolitaine. Par un décret rendu en 1830, dit Pragmatique Sanction, il abolit l'acte de 1713, par lequel Philippe V avait exclu les femmes du trône; puis il légua la couronne à sa fille aînée, l'infante Isabelle, sous la tutelle de Marie-Christine, à l'exclusion de don Carlos, son frère. (V. ce nom.)

III. Naples et Sicile.

FERDINAND I, roi de Naples, de la maison d'Aragon, né en 1424, mort en 1494, succéda en 1458 à Alphonse le Magnanime, dont il était fils naturel. Il eut longtemps à combattre les prétentions de Jean de Calabre, fils de René d'Anjou : vaincu d'abord à Sarno (1460), il resta vainqueur à Troïa (1462). Ce prince était faux et cruel ; son peuple se souleva plusieurs fois contre lui; mais il parvint à maintenir son autorité par la terreur.

FERDINAND II, fils d'Alphonse II, et petit-fils du préc., fut couronné en 1495, après l'abdication de son père. L'inimitié que le peuple napolitain avait vouée à Ferdinand I et à Alphonse II s'étendit sur lui : lors de l'invasion du roi de France Charles VIII, le peuple, les troupes et la noblesse abandonnèrent Ferdinand pour se soumettre au monarque français. Cependant, par un revirement subit d'opinion, les Napolitains ne tardèrent pas à rappeler leur souverain, qui s'était retiré dans l'île d'Ischia, et les Français durent abandonner le territoire napolitain. Ferdinand mourut en 1496, âgé de 26 ans.

FERDINAND III, roi de Sicile (1479), puis de Naples de 1504 à 1516, est le même que Ferdinand V, dit le Catholique. V. ce nom à la série Espagne.

FERDINAND IV (comme roi de Naples; I, comme roi des Deux-Siciles), n'avait que 8 ans quand son père don Carlos, appelé à la couronne d'Espagne sous le nom de Charles III, lui laissa le trône de Naples, sous la tutelle de Tanucci, en 1759. Ayant pris parti contre la France pendant la Révolution, il perdit en 1798 ses États de terre ferme, mais il y rentra l'année suivante, ramené par le cardinal Ruffo, et y laissa exercer de cruelles vengeances; il les perdit de nouveau en 1806 pour avoir violé la neutralité qu'il avait jurée : Napoléon donna ce royaume à Joseph, son frère, puis à Murat. Ferdinand continua néanmoins à régner en Sicile; en 1815, il remonta sur le trône de Naples qu'il conserva jusqu'à sa mort, en 1825. Ce prince faible fut gouverné par la reine Marie-Caroline et son indigne favori Acton. Il avait donné en 1812 une constitution, qu'il retira en 1816; de là en 1820 une violente insurrection, qui ne fut réprimée qu'avec le secours de l'Autriche.

FERDINAND II, roi des Deux-Siciles, fils de François I et d'Isabelle d'Espagne, né en 1810, mort en 1859, succéda en 1830 a son père. Il donna d'abord des espérances que la suite ne réalisa pas, vit éclater, soit en Sicile, soit dans ses États continentaux, plusieurs insurrections qu'il réprima de la manière la plus violente, fut contraint, en 1848, de donner une constitution, mais l'abolit dès l'année suivante; exerça contre ses sujets de telles rigueurs que les puissances étrangères furent obligées d'intervenir, et amena par son impopularité la chute de sa dynastie. Le peuple l'avait surnommé le roi Bomba. On lui accorde d'avoir amélioré l'organisation de l'armée et des finances. Il laissa dix enfants : son fils aîné François II lui succéda, mais il fut renversé au bout d'un an.

IV. Portugal.

FERDINAND, roi de Portugal, né à Coïmbre en 1340, succéda à Pierre le Cruel, son père, en 1367; soutint deux guerres malheureuses contre Henri II, roi de Castille, et contre Jean I, successeur de Henri II, et fut forcé de renoncer à ses prétentions sur quelques domaines de la Castille. Ce prince s'était d'abord aliéné le cœur de ses sujets en épousant Éléonore Tellez de Ménezez, qu'il avait enlevée à don Laurent Velasquez d'Acunha; mais il sut par la sagesse de son gouvernement ramener les esprits, et mourut regretté, en 1383.

FERDINAND, infant de Portugal, fils de Jean I, né à Santarem en 1402, passa en Afrique dès l'âge de 15 ans pour combattre les Maures, et mit le siège devant Tanger; mais il fut fait prisonnier et mourut à Fez, en captivité, en 1443. Les malheurs de ce prince sont le sujet d'un grand nombre de légendes, parmi lesquelles nous citerons la Chronique du P. Jérôme Ramas, Lisbonne, 1577, in-8.

Princes divers.

FERDINAND I, grand-duc de Toscane de 1587 à 1609; et Ferdinand II, de 1621 à 1690, tous deux de la maison de Médicis, n'ont rien fait de remarquable.

FERDINAND III, grand-duc de Toscane, de la maison de Lorraine-Autriche, était fils du grand-duc Léopold (depuis l'empereur Léopold II). Il monta sur le trône en 1790, fut forcé par les Anglais de prendre parti contre la France, vit en conséquence ses États envahis dès 1796 par Bonaparte, et conquis définitivement en 1799. Il se retira à Vienne, pendant que Louis de Parme, puis Élisa Bonaparte, occupaient son trône. En 1805, il accepta de Napoléon le grand-duché de Wurtzbourg et accéda à la confédération du Rhin. Il rentra dans son duché en 1814, et y régna paisiblement jusqu'en 1824.

FERDINAND DE PARME. V. PARME.

FERDINAND (ordre de S.-), ordre napolitain, institué en 1800 par Ferdinand, roi des Deux-Siciles, en mémoire de son rétablissement sur le trône de Naples, pour récompenser les sujets restés fidèles. La décoration consiste en une croix d'or formée de rayons et de fleurs de lis, ayant au centre l'image de S. Ferdinand avec la légende Fidei et Merito. Le cordon est bleu avec un liséré ponceau.

FERDINAND (ordre militaire de S.-), ordre espagnol, créé en 1811 par les cortès d'Espagne, et confirmé par Ferdinand VII lors de sa rentrée à Madrid. L'insigne de l'ordre est une croix d'or pommelée, émaillée de blanc, ayant au centre l'image de S. Ferdinand avec l'exergue : El rey y la patria. Le ruban est ponceau, liséré d'orange.

FERDOUCY (Aboul-Cacem-Mansour), poëte persan, né à Rizvan, près de Thous, dans le Khoraçan, vers 940, m. vers 1020. Vint habiter Gazna, et y composa, sur l'invitation de Mahmoud le Gaznévide, le Châh-Nâmeh, histoire des anciens rois de Perse. Ferdoucy employa 30 années à exécuter cette immense composition, qui ne contient pas moins de 120 000 vers; mais, tandis qu'il se livrait au travail dans la retraite, ses ennemis le perdirent dans l'esprit du roi. Mal récompensé par ce prince, il lança contre lui une vive satire et s'expatria. Il se retira à Bagdad, où sa haute réputation lui mérita la protection du calife. Après quelques années d'exil, il fut rappelé dans sa patrie, et termina sa carrière à Thous. Le Châh-Nâmeh a été publié en persan à Londres par le capitaine Turner-Macan, 1829, 4 vol. in-8 ; il a été traduit en anglais par Atkinson, Londres, 1831. Enfin, ce grand ouvrage a été traduit en français, et publié avec le texte et des commentaires, par M. Jules Mohl, Paris, 1838-1860, 5 vol. in-fol.

FÈRE (La), v. de France. V. LA FÈRE.

FÈRE-CHAMPENOISE, ch.-l. de c. (Marne), à 33 k. S. d'Épernay; 1800 h. Bataille sanglante, où l'aile gauche de l'armée de Napoléon fut écrasée par les alliés après une résistance héroïque, le 25 mars 1814.

FÈRE-EN-TARDENOIS, ch.-l. de cant. (Aisne), sur l'Ourcq, à 19 kil. N. E. de Château-Thierry; 2000 h. Poterie, bonneterie, huiles, etc.

FEREKHABAD, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), sur le Gange, r. g., à 160 kil. E. d'Agra; 70 000 h. Palais du nabab, hôtel des monnaies. Soieries, tissus de coton ; grand commerce avec le Cachemire. Lord Lake remporta en 1805, près de cette ville, une victoire sur Holkar, chef des Mahrattes.

FERENTINUM, auj. Ferentino, lieu du Latium, près d'Anagnia, où se tenait la confédération latine. — La v. act. de Ferentino, dans l'État ecclés. (Frosinone), est à 65 k. S. E. de Rome ; 6800 h. Évêché.

FERENTUM, auj. Forenza, v. d'Apulie, au S. E. de Venusia, s'unit aux Samnites contre Rome et fut prise par le consul A. Cerretanus, en 319 av. J.-C.

FÉRÉTRIEN (de ferire, frapper), surnom donné à Jupiter par Romulus, à la suite d'un combat contre Acron, roi des Céniniens, comme ayant lui-même frappé le roi ennemi et donné la victoire aux Romains. Jupiter Férétrien avait un temple sur le mont Capitolin, où l'on portait les dépouilles opimes.

FERGUSON ou FERGUSSON (Jacques), mécanicien et astronome écossais, né en 1710 à Keith (Banffshire), m. en 1776, s'instruisit tout en gardant les moutons dans une ferme. Il donna à Londres des leçons publiques de physique, publia des tables et des calculs astronomiques, et composa plusieurs ouvrages qui obtinrent un grand succès. Les principaux sont : l'Astronomie enseignée d'après les principes de Newton; Introduction à l'électricité ; Leçons sur divers sujets de mécanique, d'hydrostatique, d'hydraulique, de pneumatique et d'optique; Traité de perspective. Il était membre de la Société royale. On a de lui de savants Mémoires, dans les Transactions philosophiques de cette société.

FERGUSON (Adam), écrivain écossais, né en 1724 à Logierait, près de Perth, m. en 1816, avait été jusqu'en 1757 aumônier d'un régiment écossais. Il fut en 1759 élu professeur de philosophie naturelle à Édimbourg, devint en 1764 professeur de philosophie morale, en 1778 secrétaire de la commission envoyée en Amérique pour traiter avec les colonies insurgées, résigna en 1785 ses fonctions de professeur pour voyager en Italie, et vécut depuis dans la retraite. Il débuta comme auteur en 1767 par un Essai sur la société civile (traduit par Bergier, 1783); publia en 1769 des Institutions de philosophie morale (trad. par Reverdit, Genève, 1775), qui ne sont qu'un sommaire de ses leçons, et donna un exposé plus étendu de sa doctrine dans les Principes des sciences morales et politiques, 1792; mais le plus célèbre de ses ouvrages est l’Histoire des progrès et de la chute de la république romaine, 1782, rééditée en 1799, avec des corrections importantes ; traduite par Demeunier, 3784. Dans ce dernier ouvrage, il voulut imiter Gibbon; mais, s'il l'égale pour l'érudition, il lui reste inférieur par le style et l'intérêt.

FERGUSSON (Robert), né à Édimbourg en 1751, m. en 1774, se distingua comme poète. Ses poésies sont écrites les unes en anglais pur, les autres dans le dialecte écossais ; ces dernières sont les plus estimées. Robert Burns le prit pour modèle. Le recueil de ses poésies a été imprimé à Glascow, 1813, 2 vol. in-12, avec sa vie par D. Irving.

FERHABAD, v. de Perse (Mazanderan), à 53 kil. N. E. de Balfrouch. On évaluait autrefois sa population à 16 000 hab., mais elle est beaucoup diminuée. Ruines d'un grand château, bâti par Abbas le Grand.

FERICHTAH, (Mohammed Cacem), historien persan, né vers 1560 à Asterabad, vint de bonne heure se fixer à Ahmednagar dans le Dekan. Il occupa des postes éminents à la cour de Visapour, et publia, sous le titre de Kétabi témam, une histoire de l'Inde en 12 livres, qui s'étend de 997 à 1620, et qui a été trad. en anglais par J. Briggs, Londres, 1829.

FÉRID, FÉRIDOUN. V. FÉRYD, FÉRYDOUN.

FÉRIES LATINES, Feriæ latinæ, fête annuelle instituée par Tarquin le Superbe, roi de Rome, pour consacrer l'alliance qu'il avait conclue avec tous les peuples du Latium. Elle était placée sous l'invocation de Jupiter Latialis (protecteur du Latium). La durée de cette fête, bornée d'abord à un seul jour, fut dans la suite portée à quatre. On la célébrait sur le mont Albain, dans le temple de Jupiter Latialis; 47 peuplades du Latium y étaient représentées. Le consul en exercice en déterminait l'époque.

FERJEUX (S.). V. FARGEAU (S.).

FERMANAGH, comté d'Irlande (Ulster), entre ceux de Tyrone, Donegal, Monaghan, Cavan, Leitrim; 45 k. sur 26; 156 400 h.; ch.-l., Enniskillen. Montagnes, marais, bois, lac Erne. Vallées fertiles, mais mal cultivées. Fer, houille; toiles, eau-de-vie.

FERMAT (Pierre), grand géomètre, né en 1601 à Beaumont-de-Lomagne, près de Montauban, mort en 1665, était conseiller au parlement de Toulouse, et cultivait les sciences comme par délassement. Il fut en correspondance avec Descartes, Pascal, Roberval, Torricelli, Huyghens, Mersenne, et fit un grand nombre de découvertes dans les parties les plus élevées des mathématiques. Il partage avec Descartes la gloire d'avoir appliqué l'algèbre à la géométrie. Il imagina pour la solution des problèmes une méthode, dite de maximis et minimis, qui le fait regarder comme le premier inventeur du calcul différentiel; il créa, en même temps que Pascal, le calcul des probabilités; découvrit le premier en arithmétique les propriétés de plusieurs nombres; commenta, en l'étendant, Diophante, et rétablit avec une admirable sagacité plusieurs ouvrages perdus d'Apollonius et d'Euclide. Il était en même temps un habile helléniste et un profond jurisconsulte. Ce savant cachait ses méthodes, dont quelques-unes ont été perdues avec lui. On a de lui quelques opuscules, publiés 15 ans après sa mort par son fils, Samuel de Fermat, sous le titre de Varia opera mathematica, Toulouse, 1679, et des Remarques sur Diophante, dans l'éd. de cet auteur donnée en 1670. Ses travaux les plus importants ont été réunis dans le Précis des œuvres mathématiques de P. Fermat, par E. Brassine, Toulouse, 1853, 1 vol. in-8.

FERMIERS GÉNÉRAUX. On nommait ainsi sous l'ancien régime ceux qui tenaient à ferme ou à bail les revenus publics, composés surtout alors de la taille, de la gabelle (l'impôt du sel), de l'impôt des tabacs, des octrois, etc. Ils formaient une association privilégiée, qui compta longtemps 40 membres, et qui fut ensuite portée à 60. Ils s'enrichissaient rapidement. Leur nomination dépendait du ministre des finances, et le plus souvent le ministre recevait du personnage préféré un pot-de-vin considérable. L'institution des fermiers généraux remonte à Philippe le Bel. Elle donna lieu à une foule d'abus, que l'Assemblée Constituante fit disparaître en 1790, en supprimant les fermes. FERMO, Firmum, v. d'Italie, ch.-l. de l'anc. Marche de Fermo, à 180 k. N. E. de Rome et à 4k. O. de l'Adriatique ; 18 000 h. Petit port. Archevêché. Patrie de Lactance ? — La Marche de F., entre celles de Macerata, de Camerino, d'Ascoli et l'Adriatique, avait 42 k. sur 29 et 112 000 h. Annexée en 1860 au roy. d'Italie. ,

FERNAMBOUC, v. du Brésil. V. PERNAMOUC '

FERNAND, pour Ferdinand. V. FERDINAND.

FERNANDEZ (Juan), Portugais. Employé dans l'expédition envoyée en 1446 par l'infant don Henri pour l'exploration des cotes d'Afrique et dirigée par Antonio Gonzalès, il fut pris par les Maures du Sahara, voisins du Rio-de-Ouro, et put pénétrer dans ces terres inhospitalières. A son retour, il fit connaître les mœurs des tribus barbares dans des récits qui ont été recueillis par les historiens portugais. Dans un second voyage, en 1448, il voulut pénétrer plus avant dans l'intérieur ; mais il fut abandonné par ses compagnons, et ne reparut plus.

FERNANDEZ (Denis), navigateur portugais, découvrit en 1445 l'embouch. du Sénégal et le cap Vert.

FERNANDEZ (Alvaro), un des marins portugais qui montaient le St-Jean, galion qui échoua en 1552 sur les côtes de Natal, échappa à ce naufrage et en donna un récit, qui fut publié à Lisbonne en 1554, et dont le plus grand intérêt est dans la fin tragique du capitaine Manuel de Souza et de sa famille. Esménard a fait de ce funeste événement un des épisodes de son poëme de la Navigation.

FERNANDEZ (Juan), pilote espagnol du XVIe siècle, découvrit en 1572, sur les côtes du Chili, les îles qui portent son nom, et en 1574 celles de St-Félix et de St-Ambroise, au N. des précédentes. Parti du Chili en 1576, il rencontra à son retour une côte qui avait toutes les apparences d'un continent et que l'on croit être la Nouv.-Zélande; mais il ne put pousser plus loin ses recherches, et la mort l'empêcha de revenir.

FERNANDEZ Navarette, peintre. V. NAVARETTE.

FERNANDEZ (île de JUAN). V. JUAN-FERNANDEZ.

FERNANDO-PO, île d'Afrique, dans le golfe de Biafra, par 6° 20' long. E., 3° 28' lat. N., à 60 k. O. de la côte de Guinée ; 14 000 h. Découverte en 1486 par un Portugais qui lui donna son nom. Cédée en 1778 par le Portugal à l'Espagne ; occupée temporairement de 1827 à 1834 par les Anglais en vue de la répression de la traite.

FERNEL (Jean), médecin, né en 1497 à Clermont (Oise), mort en 1558, commença par étudier avec passion les mathématiques et l'astronomie, se livra ensuite à la médecine, et acquit bientôt une telle célébrité que Henri II lui donna le titre de son premier médecin. Ses principaux ouvrages sont : Cosmotheoria, 1528, où il indique le moyen de mesurer avec exactitude un degré de méridien ; De naturali parte medicinæ, 1542 (c'est un traité de physiologie); Universa medicina, 1567, ouvrage capital, qui a eu plus de 30 éd. ; Therapeutices universalis libri septem, 1571 ; Febrium curandarum methodus generalis, 1577. Fernel n'est pas moins remarquable par l'élégance du style que par la solidité des doctrines : Véritable éclectique, il avait recueilli et systématisé ce qu'il y avait de mieux dans tous ses prédécesseurs, grecs, latins et arabes. Il a mérité d'être surnommé le Galien moderne.

FERNEY ou FERNEX, ch.-l. de c. (Ain), au pied du Jura, à 9 k. S. E. de Gex, à 7 k. N. O. de Genève ; 1200 hab. Horlogerie, faïence, poterie. Voltaire en devint seigneur en 1758 et y résida 20 ans : d'un pauvre hameau, il fit une petite ville, y favorisa l'industrie et y répandit l'aisance. On y voit encore son château, qui a passé depuis par plusieurs mains.

FERNS, bourg d'Irlande (comté de Wexford), à 24 k. N. de Wexford ; 700 h. Anc. résidence des rois de Leinster ; anc. évêché catholique, supprimé en 1835.

FÉROË (archipel de), groupe d'îles de l'Océan Atlantique, entre l'Islande et les lies Shetland, par 7° 55'-10° 25' long. O., 61° 20'-62° 30' lat. N., se compose de 22 îles, dont 17 habitées ; 8000 h. Baies et anses nombreuses, détroits semés de récifs. Pêche de la morue, du hareng ; chasse du phoque et des oiseaux aquatiques, entre autres l’eider qui fournit l'édredon. — Cet archipel appartient au Danemark et forme un bailliage dont le ch.-l. est Thorshavn, dans l'île de Stromoë. Découvert au IXe siècle par des Norvégiens, il passa avec la Norvège sous la domination danoise. Les Anglais l'ont occupé de 1807 à 1814.

FÉRONIE, divinité romaine, dont le culte était originaire d’Étrurie, présidait aux travaux de l'agriculture et aux limites des champs ; ses prêtres, au dire de Strabon, marchaient nu-pieds sur les charbons ardents sans se brûler. Elle avait un temple célèbre, Feroniæ fanum, en Étrurie, au S. E. de Luna.

FERRAH, v. forte de l'Afghanistan, par 60° 6' long. E., 32° 48' lat N., sur le Ferrah-Roud. On croît que c'est l'anc. Parra, v. importante de l'empire des Parthes. Elle fut restaurée au XIe siècle par Mahmoud le Gaznévide ; fortifiée en 1749 ; occupée en 1857 par les Persans. — Ferrah est le ch.-l. d'une prov. de même nom, bornée au N. O. par le Khoraçan, au S. E. par le Kandahar, au S. par le Séistan, à. l'O. par la Perse, et qui compte 250 000 hab.

FERRAND (Ant. François Claude, comte), ministre d'État et pair, de France, né en 1758, mort en 1825, avait d'abord été conseiller aux enquêtes dans le parlement de Paris, et proposa un des premiers à cette compagnie de demander à Louis XVI la convocation des États généraux. Effrayé bientôt de la direction que prenaient les affaires, il émigra en 1790 ; pendant l'emigration, il fit partie du conseil du prince de condé. Rentré en 1801 ; il partagea ses loisirs entre les lettres et les travaux politiques. Il eut pendant un temps la confiance de Louis XVIII, qui le nomma ministre d'État, directeur des postes, et qui même le consulta pour la rédaction de la Charte. On a de lui : l'Esprit de l'histoire, 1802, ouvrage estimé et souvent réimprimé ; Théorie des révolutions, 1817. Il avait été nommé par ordonnance en 1816 membre de l'Académie française.

FERRAND DE LA CAUSSADE (J. H. BEGAYS), général, né en 1736 à Monflanquin, mort en 1805, fit avec honneur plusieurs campagnes sous Louis XV, commanda l'aile gauche de l'armée du Nord à Jemmapes, refusa de livrer Valenciennes que Dumouriez voulait ouvrir aux ennemis, et s'y défendit avec 9000 hommes contre 150 000. Il n'en fut pas moins arrêté comme noble sous la Terreur et emprisonné jusqu'au 9 thermidor. Sous le Consulat, il fut préfet de la Meuse-Inférieure. Il a publié : Précis de la défense de Valenciennes, Paris, 1805.

FERRARE, le Forum allieni des anciens, Ferrara en italien, v. du nouveau roy. d'Italie, précédemment ch.-l. de légation dans l'État ecclésiastique, à 324 kil. N. O. de Rome, sur une branche du Pô et sur le canal Panfilio ; 30 000 hab. : elle en comptait jadis 60 000. Archevêché, université ; citadelle, cathédrale, beau palais d'Este, villa Bevilacqua ; très-beau théâtre ; chartreuse, hôtel de ville ; belle place. Nombreux établissements littéraires ou d'instruction ; riche bibliothèque. Industrie et commerce peu actifs. Patrie de Savonarole, T. V. Strozzi, Guarini, G. Bentivoglio ; séjour de Boïardo, Arioste, Tasse, etc. — Fondée vers 452 par les habitants de la v. d'Aquilée, qui venait d'être détruite par les Huns, Ferrare fût d'abord peu importante. Après avoir été soumise à l'empire d'Occident, aux Hérules, aux Ostrogoths, aux empereurs byzantins, elle tomba, au VIIIe siècle, entre les mains des Lombards, puis fut comprise dans la donation que Pépin fit au pape Étienne II, mais ne fut que vassale de l'Église. Au Xe s., elle, s'érigea en république. Après avoir passé par plusieurs mains, elle devint en 1208 la possession de la maison d'Este. Les princes de cette maison en firent leur résidence et leur capitale. C'est de ce moment que date importance de Ferrare, qui devint bientôt un des principaux centres littéraires de l'Italie. Rétablis en 1317 par le pape dans leurs États, dont ils avaient été un moment dépouillés par les Vénitiens, les seigneurs de Ferrare se reconnurent vassaux du St-Siége. Eugène IV transporta momentanément à Ferrare le concile de Bâle en 1438. En 1471 la seigneurie fut érigée en duché, et depuis ce temps elle resta, à quelques interruptions près, et en dépit des efforts de Jules II, à la maison d'Este, qui la garda jusqu'en 1597. A cette époque, la ligne ducale s'étant éteinte (par la mort d'Alphonse II), Clément VIII prit possession du duché de Ferrare comme suzerain. Les Français occupèrent Ferrare en 1796 et en firent le ch.-l. du dép. du Bas-Pô. Le pape recouvra cette ville en 1814 ; mais en concédant aux Autrichiens le droit d'y entretenir garnison. En 1860, Ferrare, évacuée par les Autrichiens, se sépara des États pontificaux et s'unit au roy. de Sardaigne. — La prov. de F. est au N. de celle de Ravenne, à l'E. de celle de Bologne et de Modène, à l'O. de l'Adriatique ; 70 k. sur 60 ; 110 000 h. Pays fertile, mais l'air y est malsain, surtout aux env. des marais de Comacchio.

FERRARE (ducs de). V. ESTE (maison d').

FERRARE (Hippol., cardinal de). V. ESTE (Hipp. d').

FERRARI, nom commun à un grand nombre d'artistes, de savants et de littérateurs italiens. Les principaux sont : Gaudenzio F., dit le Milanais, peintre, né en l484, m. en 1550. Il était élève de Pérugin et ami de Raphaël, qui l'employa dans plusieurs travaux au Vatican. Quoique sa manière ait beaucoup de rapport avec celle de Raphaël, on n'y trouve ni autant de grâce, ni autant de beauté ; il excelle surtout dans l'expression de la majesté divine et des sentiments pieux. Les galeries du Capitole et du Vatican possèdent plusieurs de ses ouvrages : Une Vision, la Femme adultère, la Crèche, S. Paul mendiant, etc.; — Louis Ferrari, mathématicien, né à Bologne en 1522, mort en 1566 ; il était disciple de Cardan et inventa une méthode ingénieuse pour résoudre les équations du 4e degré ; il enseigna à Milan et à Bologne ; — Philippe F., religieux servite, né vers 1570 à Orvillo (près d'Alexandrie), mort en 1626 : on lui doit un Lexicon gcographicum (Milan, 1627), qui a servi de base au Dictionnaire de Baudrand ; — J. B. F., jésuite de Sienne, 1584-1655, auteur d'un Dict. latin-syriaque, et d'un traité estimé De cultura florum, 1623, avec de belles planches ; — Gui F., jésuite, né à Novare en 1717, mort en 1791 ; on lui doit plusieurs ouvrages historiques estimés, entre autres : De rebus gestis Eugenii principis a Sabaudia, Rome, 1747-73.

FERRATUS MONS, auj. Jurjura, chaîne de montagnes de l'Afrique sept. V. ATLAS et JURJURA.

FERRAUD, député des Htes-Pyrénées à la Convention, voulut, dans la journée du 1er prairial (le 20 mai 1795), s'opposer à la populace qui forçait les portes de la Convention, et fut tué d'un coup de pistolet. Sa tête, coupée et mise au bout d'une pique, fut portée jusque sur le bureau du président, Boissy-d'Anglas, qui resta inébranlable sur son siège, et salua respectueusement la tête de son infortuné collègue. La Convention rendit à Ferraud les honneurs funèbres.

FERREIRA, v. de Portugal (Alentéjo), à 24 kil. O. de Béja, adonné son nom aux marquis de Ferreira, de la maison de Cadaval.

FERREIRA (Ant.), poëte portugais, né à Lisbonne en 1528, mort en 1569, occupait une place de juge au tribunal suprême de Lisbonne. Il réussit dans l'élégie, l'épître, l'ode, la comédie, la tragédie ; sa meilleure pièce est Inès de Castro, une des premières tragédies régulières qu'aient produites les temps modernes. On a réuni ses poésies à Lisbonne, 1598 ; ses comédies ont paru en 1621 avec celles de Sà de Miranda. On l'a surnommé l'Horace portugais.

FERRÉOL (S.), tribun dans l'armée romaine, subit le martyre à Vienne en Dauphiné en 304. On le fête le 18 sept. — Premier évêque de Besançon, compagnon de S. Irénée, subit le martyre avec son frère S. Fargeau. V. ce nom.

FERRERAS (Jean de), historien espagnol, né à Labaniza près d'Astorga en 1652, mort à Madrid en 1735, occupait une cure de village, quand le cardinal de Porto-Carrero, instruit de son mérite, l'appela à Madrid. Il jouit de la faveur de Philippe V, qui le nomma son bibliothécaire et lui confia des charges importantes ; par excès de modestie, il refusa les plus hautes dignités de l’Église. Ferreras a laissé un grand nombre d'ouvrages sur l'histoire, la théologie et la politique ; le plus célèbre est l’Hist. d'Espagne (jusqu'en 1589), Madrid, 1720-27, 16 v. in-4, trad. en français par Vaquette d'Hermilly, 1751, ouvrage non moins remarquable par le style que par l'exactitude et l'esprit de critique.

FERRET, dit le Grand Ferret à cause de sa taille, né vers le milieu du XIVe siècle à Rivecour ; près de Verberie, était d'une force prodigieuse. Il se signala d'abord dans la faction des Jacques, mais il servit ensuite le Dauphin (Charles V). Les Anglais ayant surpris le château de Longueil, le grand Ferret, armé d'une hache et suivi de quelques domestiques, se précipite sur eux, tue de sa main 45 ennemis, culbute le reste et délivre la place ; une nouvelle troupe se présente, elle est encore taillée en pièces. Accablé de fatigue après deux jours de combat, Ferret était sur le point de succomber à une fièvre brûlante, lorsqu'il apprit que douze Anglais s'avançaient pour lui arracher la vie : il s'élance de son lit, saisit sa hache, tue cinq ennemis et force les sept autres à chercher leur salut dans la fuite. Épuisé parce dernier effort, il mourut peu de jours après.

FERRETTE, Pfirt en allemand, bg d'Alsace-Lorraine, à 14 kil. S. E. d'Alkirch ; 800 hab. Tout auprès est Vieux-Ferrette, jadis ch.-l. du comté de Ferrette. Vieux château, une des plus belles ruine du moyen âge. — Le comté de Ferrette, formé lors du démembrement du comté de Montbéliard au XIIe siècle, comprit d'abord les seigneuries de Ferrette, de Thann, d'Altkirch ; puis celles de Belfort, de Delle et de Rougemont. Frédéric I, son premier comte, le posséda dès 1104, mais n'en prit le titre qu'en 1125. En 1271 le comté de Ferrette devint vassal de l'Église de Bâle. Jeanne, fille d'Ulric II, le porta au XIVe s. dans la maison d'Autriche par son mariage avec Albert, 4e fils de l'empereur Albert, et le comté fut incorporé au landgraviat de Haute-Alsace. En 1469, l'archiduc Sigismond l'engagea, comme toutes ses possessions en Alsace, au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, qui le fit administrer par le sire de Hagenbach. La tyrannie de ce dernier y ayant fait éclater une révolte (1474), le comté revint à la maison d'Autriche ; il fut compris comme les possessions autrichiennes dans le lot de Ferdinand, lors du partage de 1522 entre ce prince et son frère Charles-Quint. Par le traité de Westphalie (1648), la France devait recevoir le comté de Ferrette ; mais il y eut contestation, et le comté ne fut définitivement réuni qu'en 1660. Louis XIV le donna à Mazarin en 1659 ; il passa depuis à la famille Valentinois.

FERRIER (S. VINCENT). V. VINCENT.

FERRIÈRE (Claude de), docteur en droit de l'Université de Paris, né dans cette ville en 1639, mort en 1715, professa avec succès la jurisprudence. Il a laissé une traduction des Institutes de Justinien avec des analyses du Code, du Digeste et des Novelles ; des Commentaires sur la Coutume de Paris ; Introduction à la pratique ; la Science parfaite du notaire, etc. — Son fils, Claude Joseph de Ferrière, doyen des professeurs en droit de Paris, perfectionna ses ouvrages, refondit l’Introduction à la pratique, dont il fit un Dictionnaire de Droit, 1740, et augmenta la Science parfaite du notaire (1761), qui a été plusieurs fois publiée depuis.

FERRIÈRES, Aquæ Segestæ, ch.-l. de c. (Loiret), à 14 kil. N. de Montargis ; 1300 hab. Anc. abbaye fort célèbre, fondée sous Clovis II. V. LOUP (S.). — Village de Seine-et-Marne, à 27 k. de Meaux ; 600 h. Anc. seigneurie ; château de M. de Rothschild. Entrevue entre J. Favre et M. de Bismark (20 sept. 1870). FERRIÈRES (Ch. Élie, marquis de), membre de l'Assemblée constituante, né à Poitiers en 1741, mort en 1804, a laissé, entre autres ouvrages, des Mémoires pour servir à l'histoire de l'Assemblée constituante et de la révolution de 1789, an VII (1799), ouvrage remarquable par l'impartialité, réimprimés par les frères Baudouin dans la Collection, des Mémoires relatifs à la révolution, française, 1821.

FERROL (le), v. d'Espagne (Galice), à 20 k. N. E. de La Corogne, sur la baie du Ferrol ; 15 000 h. Place forte; port superbe sur l'Atlantique; forts, caserne, arsenal, chantiers de construction, corderie, laminoir; toiles à voiles, etc. Cette ville n'était qu'un bourg avant 1752. Les Anglais l'assiégèrent vainement en 1799; les Français le prirent en 1809 et 1823.

FERRONNIÈRE (LA BELLE), une des maîtresses de François I, était une bourgeoise de Paris et reçut son nom soit de la profession de son mari, qui aurait été ferronnier ou marchand de fer, soit simplement du nom de ce mari, qui s'appelait Ferron. Cet homme feignit, dit-on, d'autoriser les désordres de sa femme, et imagina un odieux moyen de se défaire à la fois d'elle et de son amant. En effet, la belle Ferronnière en mourut bientôt et François I ne guérit jamais. — Cette femme a donné son nom à une parure consistant en une bandelette qui entoure la tête et qui ferme sur le front avec un camée ou une pierre précieuse.

FERRY (Nicolas), nain célèbre. V. BÉBÉ.

FERRY DE ST-CONSTANT (J. L.), littérateur, né en 1765 à Fano (États romains), mort en 1830, vint de bonne heure en France, fut avant 1789 secrétaire de l'ambassadeur français en Hollande, devint en 1807 proviseur du collège d'Angers, et fut envoyé à Rome en 1811, pour y organiser l'instruction publique et y fonder un lycée. En 1814, il se retira à Fano, sa patrie. On a de lui : De l'éloquence des orateurs anciens et modernes, Paris, 1789; les Rudiments de la traduction, 1808 et 1811.

FERSEN (AXEL, comte de), feld-maréchal suédois, d'une famille illustre de Livonie, se distingua dans les diètes de la Suède par son éloquence et son désintéressement et fut trois fois élu président du corps de la noblesse. Il se montra toujours opposé au parti de la cour; en 1756, il fit condamner à mort le comte de Brahé, ainsi que plusieurs autres seigneurs qui voulaient faire une révolution en faveur du roi. Il perdit toute influence sous Gustave III. — Son fils, nommé aussi Axel de Fersen, vint de bonne heure en France, y commanda le régiment Royal-Suédois, fit la campagne d'Amérique, puis revint en France, se montra dévoué à Louis XVI, favorisa le voyage de Varennes, et secourut la famille royale pendant sa détention au Temple. De retour dans sa patrie, il fut en crédit auprès de Charles XIII, qui le nomma chancelier de l'Université d'Upsal; mais, injustement soupçonné par le peuple d'avoir contribué à la mort du duc d'Augustembourg, prince royal, il fut tué dans une émeute à Stockholm.

FERTÉ (la). V. LA FERTÉ.

FÉRUSSAC (François d'AUDEBARD, baron de), né en 1786 au Chartron (Tarn-et-Garonne), mort en 1836, lieutenant-colonel d'état-major, était fils de J. B. Louis de Férussac, officier d'artillerie et géologue distingué, né en 1745, mort en 1815, auteur d'une Histoire naturelle des Mollusques, Paris, 1819-32, 4 vol. in-4, à laquelle il avait consacré 30 années de travail. François de F. compléta ce grand ouvrage et publia lui-même, de 1823 à 1831, le Bulletin universel des sciences et de l'industrie, journal périodique qui contribua à répandre le goût des sciences. Il fut quelque temps député après 1830.

FERVERS, génies immatériels, émanés d'Ormuzd, qui, dans la religion de Zoroastre, sont les types ou modèles des êtres. Chaque individu a son Ferver, type antérieur, pur, chaste, brillant, et qui survit à l'être qui le représente sur la terre.

FÉRYD-EDDIN-ATTHAR, poëte persan, né en 1149 à Nichapour dans le Khoraçan, quitta un commerce lucratif pour embrasser la doctrine des sofis, se fit derviche, et se livra à tous les excès du mysticisme. Il fut massacré vers 1222 par les Mogols, qui avaient envahi son pays. On a de lui plusieurs poëmes moraux et mystiques, dont les plus célèbres sont le Pend-Nâmeh ou le Livre des Conseils, édité et trad. par M. de Sacy, 1819, et le Mantic-Uttaïr ou le Langage des Oiseaux, poëme de philosophie religieuse, publié en persan par M. Garcin de Tassy et analysé par lui dans sa Poésie philosophique chez les Persans, 1857.

FÉRYDOUN, roi fabuleux de la Perse, petit-fils de Djemchid, délivra les peuples iraniens du joug de l'usurpateur Zohak, et gouverna avec sagesse. Le Zend-Avesta lui donne un règne de 500 ans. Le Chah-Nâmeh raconte son histoire. Ses successeurs furent les derniers Pichdadiens. On a longtemps cru voir dans Férydoun l'Arbacès des Grecs : depuis, quelques savants ont combattu cette opinion.

FÉSA, Pasargade, v. de Perse (Fars), à 136 k. S. E. de Chiraz, dans un défilé; 25 000 hab. Tissus de soie, de coton, de laine. Culture de tabac

FESCENNINS (vers), chants satiriques et licencieux en usage à Rome, surtout dans les noces, tiraient leur nom de Fescennia, petite ville d'Étrurie (au N. de Faléries), d'où ils avaient été importés.

FESCH (Joseph), cardinal, archevêque de Lyon, né à Ajaccio en 1763, mort en 1839, était oncle maternel de Napoléon. Il fut nommé archevêque de Lyon en 1802, cardinal en 1803, puis envoyé comme ambassadeur à la cour de Rome. En 1805, il fut élevé aux dignités de grand aumônier de l'Empire, de comte et de sénateur. Il ne craignit pas, en 1810, de s'opposer aux volontés de Napoléon à l'égard de Pie VII. Tombé en disgrâce, il se retira dans son diocèse, où il resta jusqu'en 1814. Après l'abdication de l'Empereur, il alla vivre à Rome où il passa ses derniers jours dans l'étude des lettres et des arts, sans vouloir jamais consentir à se démettre de son archevêché. Il avait formé une riche collection de tableaux : il en a légué 1200 à la ville d'Ajaccio.

FESTUS (Sext. Pomp.), écrivain latin, qui vivait vers le commencement du IVe siècle de J.-C., abrégea le traité De Verborum significatione de Verrius Flaccus, et fut lui-même abrégé par Paul Diacre. Il ne reste, outre l'abrégé de Paul Diacre, que des fragments de Festus lui-même, trouvés dans les mss. de Pomponius Lætus et publ. à Rome par F. Orsinus, 1581. Le tout a été réimpr. par Dacier, Paris, 1681, ad usum Delphini; par Lindemann, Leips., 1832; Egger, Paris, 1838, et C. O. Muller, Leips., 1839, et a été trad. en franç. par A. Savagner, 1846, dans la collection Panckoucke.

FÉSULES, Fæsulæ, auj. Fiesole, v. de l'Étrurie anc., à 5 k. N. E. de Florence et près de l'Apennin, devint colonie romaine sous Sylla, et fut en 63 av. J.-C. le centre des tentatives de Mallius en faveur de Catilina. Stilicon y battit Radagaise en 406.

FÊTES, jours consacrés au repos, à l'accomplissement des devoirs religieux ou à des souvenirs publics ou domestiques. Pour la division et l'énumération des fêtes, V. notre Dict. univ. des Sciences. V. en outre, dans celui-ci, le nom de chaque fête.

FÊTE-DIEU, ou FÊTE DU SAINT-SACREMENT, festum Corporis Christi, fête religieuse qui a pour but d'honorer la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'eucharistie, est célébrée le jeudi qui suit la Trinité. En France, la célébration, en est renvoyée au dimanche suivant. Cette fête fut instituée le 8 sept. 1246 par le pape Urbain IV. Ce ne fut néanmoins qu'en 1312 que la bulle d'Urbain IV fut confirmée au concile de Vienne et que la célébration de la Fête-Dieu devint générale. Cette fête était autrefois accompagnée de processions publiques où l'hostie sainte était portée en grande pompe à travers les rues; depuis 1830, ces processions né se font plus à Paris et dans quelques autres grandes villes.

FETH-ALI-SCHAH ou BABA KHAN, roi de Perse, 2e prince de la dynastie turcomane des Kadjars, né en 1762, mort en 1834, fut d'abord gouverneur du Farsistan pour son oncle Aga-Mohammed, et monta sur le trône de Perse en 1797 à la mort de ce dernier. Après avoir triomphé de plusieurs compétiteurs, il tourna ses armes contre la Géorgie (1803), mais ne put soumettre le prince George, qui avait appelé les Russes à son secours. En 1805, il fit alliance avec Napoléon contre la Russie; mais après la paix de Tilsitt, il abandonna cette alliance pour celle de l'Angleterre. En 1813, il conclut la paix avec les Russes, en abandonnant ses prétentions sur la Géorgie. La même année, il enlevait au roi de Kaboul la province d'Hérat; mais la mésintelligence qui éclata entre ses fils Abbas-Mirza et Mohammet-Ali l'empêcha de la conserver. En 1821, il déclara la guerre à la Porte et obtint pour la Perse un traité avantageux (1823). Après la mort de l'empereur Alexandre, Feth-Ali conçut le projet de reconquérir sur les Russes les places qu'il avait perdues. D'abord vainqueur, il fut ensuite défait en plusieurs rencontres par le général Paskéwitch et signa en 1828 un traité par lequel il abandonnait l'Arménie persane : l'Araxe devint alors la frontière entre la Russie et la Perse.

FÉTICHISME, c.-à-d. adoration des fétiches, idolâtrie grossière, est ainsi appelée du mot fetisso (chose féée, ensorcelée), nom donné par les Portugais aux objets du culte des nègres d'Afrique. Ce culte, qui est celui des peuples les moins civilisés, consiste dans l'adoration des objets naturels, tels que les éléments, surtout le feu, les fleuves, les animaux, les arbres, les pierres mêmes; ou d'êtres invisibles, génies bienfaisants ou malfaisants, créés par la superstition et la crainte, tels que les grisgris de l'Afrique centrale, les manitous et les ockis de l'Amérique, les burkhans de la Sibérie. Le fétichisme s'étend depuis les hordes sauvages de l'Australie jusqu'aux peuples moins barbares du centre de l'Asie et de l'Afrique ainsi que de l'Amérique septentrionale. Les prêtres de ces peuples grossiers sont appelés griots en Afrique, jongleurs en Amérique, chamanes dans l'Asie centrale.

FEU (culte du). Le feu a été l'objet de l'adoration d'un grand nombre de peuples. Chez les anciens, les Perses regardaient le culte du feu comme la partie fondamentale de leur religion, et les cérémonies de ce culte sont retracées avec détail dans le Zend-Avesta. Les Perses saluaient tous les matins le soleil levant, symbole du feu le plus pur ; ils regardaient le feu comme le protecteur des États, et conservaient dans des sanctuaires particuliers le feu sacré qui ne devait s'éteindre jamais. Behram, fils d'Ormuzd et l'un des 28 Izeds, était le génie du feu. Chez les Persans actuels, les Guèbres, qui habitent surtout dans le Kerman et le Guzzerat, ont conservé encore auj. toutes les cérémonies des anciens Perses à l'égard du feu (V. GUÈBRES). Le feu inextinguible (pyr asbeston) des Grecs, qui brûlait sans cesse à Athènes et à Delphes, le culte de Vulcain, le feu qu'entretenaient à Rome les prêtresses de Vesta, rappellent encore la déification du feu, idolâtrie commune du reste à tous les peuples de race pélasgique. On la retrouve aussi dans la religion des Péruviens.

FEU GRÉGEOIS. V. Cet article au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

FEU (TERRE DE), ou Archipel de Magellan, archipel situé à la pointe S. de l'Amérique mérid., se compose d'une infinité d'îles et d'écueils qui s'étendent de 52° 30' à 55° 59' lat. S., et est séparé du continent par le détroit de Magellan, dont la navigation est très-périlleuse. Pays effroyable, hérissé de montagnes volcaniques et couvert de neiges éternelles. Les naturels sont dans un état de misère et d'abrutissement profond. Ils se nourrissent de poisson, surtout de la chair des phoques et des loutres qu'ils prennent sur les côtes. L'île principale ou Terre-de-Feu proprement dite, située à l'E. des autres et remarquable par son étendue, renferme un volcan, ce qui lui a valu son nom. — Cet archipel fut aperçu pour la 1re fois en 1520 par Magellan; Cook en 1768, et peu après sir Banks et Solander le visitèrent. Les Anglais y ont un établissement pour protéger leurs navires baleiniers. — ÎLE DE FEU. V. FOGO.

FEDERBACH (Anselme), criminaliste allemand, né en 1775 à Iéna, mort en 1833, était fils d'un avocat. Après s'être fait connaître par des Recherches sur le crime de haute trahison et sur la Révision des principes du droit criminel, il ouvrit en 1799 des cours à Iéna, fut nommé en 1801 professeur de l'université de cette ville, enseigna aussi à Kiel, puis à Landshut en Bavière, se fixa dans ce dernier pays, et devint conseiller intime et président de la Cour d'appel d'Anspach. On a de lui un Manuel du droit criminel, Giessen, 1801, ouvrage classique sur la matière. Il rédigea en 1813 un Nouveau Code pénal, qui fut adopté pour la Bavière et servit de base aux codes du Wurtemberg et de plusieurs autres États (il a été trad. en franç. par Ch. Vattel, 1852). Feuerbach est un des chefs de l'école des Rigoristes, qui s'attachent à la lettre de la loi, ne laissant rien à l'arbitraire du juge. Il fonde la législation criminelle sur une sorte d'intimidation qu'il appelle contrainte psychologique. — Il laissa cinq fils, dont le plus connu est Louis, 1804-1872, fervent disciple d'Hegel, auteur de nombreux écrits sur la philosophie et l'histoire de la philosophie, fameux surtout par ses attaques contre la propriété et la religion.

FEUILLADE (la). V. LA FEUILLADE.

FEUILLANTINES, religieuses qui suivaient la réforme des Feuillants. Leur premier couvent fut établi en 1590 à Montesquieu près de Toulouse. En 1622, Anne d'Autriche fonda au faubourg St-Jacques à Paris une maison de Feuillantines, sur l'emplacement de laquelle a été ouverte la rue de ce nom.

FEUILLANTS, Folietani, ordre de religieux Bernardins de la règle de Cîteaux, fut institué en 1577 par Jean de La Barrière à l'abbaye de Feuillant près de Toulouse. Ils devaient avoir la tête et les pieds nus, dormir sur des planches, manger à genoux, s'imposer des privations surhumaines; mais l'austérité de cette règle fut bientôt adoucie. Les Feuillants prirent une grande part aux troubles de la Ligue : Bernard de Montgaillard, dit le Petit Feuillant, se signala surtout par la véhémence de ses sermons. En 1630, Urbain VIII sépara les Feuillants d'Italie, sous le nom de Réformés de St-Bernard, des Feuillants de France qui, en 1790, comptaient 24 maisons. Leur maison de Paris, fondée en 1587, occupait l'emplacement actuel de la rue Castiglione et de la partie de la rue de Rivoli qui longe les Tuileries. Les Feuillants portaient une robe blanche avec un capuce blanc.

FEUILLANTS (club des), société formée de la partie modérée du club des Jacobins qui se sépara de ce club en 1790. Elle tint ses premières séances au Palais-Royal, et prit le nom de Feuillants quand elle vint s'établir au couvent des Feuillants près des Tuileries. On comptait parmi ses membres Lafayette, Bailly, Duport, les frères Lameth. Leurs adversaires leur avaient donné le nom de Club monarchique. Il ne fut plus question de ce club après le 10 août.

FEUILLÉE (Louis), savant minime, de l'Académie des sciences, né à Mane, près de Forcalquier, en 1660, mort en 1732, voyagea par ordre du roi dans les différentes parties du monde, visita en 1709 et 1710 le Pérou et le Chili, et détermina avec exactitude la position des côtes de ces pays. Il a laissé : Journal des observations physiques, mathématiques et botaniques faites sur les côtes de l'Amérique, Paris, 1714-1725, 3 vol. in-4; Voyage aux Canaries, pour la fixation du premier méridien; Histoire des plantes médicinales du Pérou et du Chili, etc.

FEUQUIÈRES, vge du dép. de l'Oise, à 32 kil. N. N. O. de Beauvais; 1300 hab. Étoffes de laine, bonneterie. Érigé en marquisat en 1646.

FEUQUIÈRES (Manassès DE PAS, marquis de), lieutenant général sous Louis XIII, né à Saumur en 1590, était issu d'une famille noble de l'Artois, qui tirait son nom du bourg de Pas (dans le Pas-de-Calais), et qui était connue dès le temps des Croisades. Il contribua puissamment à la prise de La Rochelle, fut chargé en 1633 d'une mission en Allemagne pendant la guerre de Trente ans, et réussit, dans les Conférences d'Heilbronn, à resserrer l'alliance entre la France, la Suède et les princes protestants de l'Allemagne. Chargé en 1639 du siége de Thionville, il y fut blessé et pris, et mourut quelques mois après de ses blessures. Il a laissé dès mémoires sur ses Négociations en Allemagne, publiés en 1753, 3 vol. in-12. — Son fils, Isaac de F., ambassadeur en Suède de 1672 à 1682, détermina la Suède à s'unir à la France contre l'Allemagne coalisée. Il fut aussi ambassadeur à Madrid, de 1685 à 1688, année de sa mort. Il a laissé une vaste correspondance diplomatique, conservée aux archives des affaires étrangères, et d'où H. Ét. Gallois a tiré les Lettres inédites de Feuquières, publiées en 1846-47, 5 vol. in-8.

FEUQUIÈRES (Ant. DE PAS, marquis de), fils d'Isaac, né en 1648, mort en 1711, se signala sous Louis XIV par sa bravoure; servit sous Luxembourg, Turenne et Catinat, et contribua beaucoup au gain de la bataille de Nerwinde (1693), où il commandait Comme lieutenant général. Disgracié quelques années après pour avoir parlé trop librement, il occupa ses loisirs à écrire des Mémoires sur la guerre, qui sont estimés, et que Voltaire a mis à profit pour son Siècle de Louis XIV. Ils ont été publiés par son neveu en 1770, 4 vol. in-4.

FEURS, Forum Segusiavorum, ch.-l. de c. (Loire), sur la Loire, r. dr., à 22 kil. N. E. de Montbrison; 2600 hab. Restes de construction romaine; digues qui resserrent la Loire, etc. Patrie de l'anatomiste Duverney et du colonel Combes, tué à Constantine. — Déjà importante au temps des Gaulois, cette ville devint la capitale du Forez, auquel elle donna son nom. En 1441, ses comtes l'abandonnèrent pour aller habiter Montbrison. Les Calvinistes la prirent et la saccagèrent en 1562.

FEUTRIER (Hyac.), évêque de Beauvais, né à Paris en 1785, m. en 1830, brilla comme prédicateur, devint successivement vicaire de la grande aumônerie, curé de la Madeleine, vicaire général du diocèse de Paris, et enfin évêque de Beauvais (1826); fut, à la chute du ministère Villèle, chargé du portefeuille dès affaires ecclésiastiques, se montra constitutionnel et fit rendre la célèbre ordonnance du 16 juin 1828, qui limitait le nombre des élèves des petits séminaires et fermait les maisons des jésuites; mais il indisposa par ces mesures une partie du clergé. On a de lui : Panégyrique de Jeanne d'Arc (prononcé dans la cathédrale d'Orléans, le 8 mai 1821, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans), Oraison funèbre du duc de Berry (1820), — de la duchesse d'Orléans (1821).

FÉVRET (Ch.), juriste, né en 1583 à Semur en Auxois, m. en 1661, était fils d'un conseiller au parlement de Bourgogne et exerça avec éclat la profession d'avocat au barreau de Dijon. On a de lui un célèbre Traité de l'abus, publié à Dijon en 1653, plusieurs fois réimprimé, avec, additions, notamment en 1736, avec l'éloge de l'auteur, et un dialogue De Claris fori Burgundiensis oratoribus, 1654. — Son fils, Pierre Févret, 1625-1706, conseiller au parlement de Dijon, fonda la bibliothèque de cette ville. — Son petit-fils, Charles Marie Févret, est plus connu sous le nom de Fontette. V. ce nom.

FÉVRIER (journées des 22, 23 et 24) 1848, journées dans lesquelles fut renversé le gouvernement du roi Louis-Philippe. L'insurrection parisienne prit naissance à l'occasion de la défense d'un banquet réformiste, et à la suite d'une grande manifestation de l'opposition contre cette défense (22). Commencée au cri de Vive la Réforme, la révolution se termina au cri de Vive la République. Le roi Louis-Philippe, pour prévenir une lutta sanglante, abdiqua en faveur de son petit-fils le comte de Paris; mais cette abdication tardive ne pu avoir son effet, et la République fut proclamée dès le 24 février.

FEYJOO (Jérôme), écrivain espagnol, né à Compostelle en 1701, mort en 1764, abbé de St Vincent d'Oviédo, renonça de bonne heure au monde pour se livrer à l'étude des langues, de l'histoire et des belles-lettres. Il fit paraître en 1726 son Théâtre critique universel, espèce de revue satirique des opinions des hommes et des principales professions de la vie, qui eut un succès prodigieux : cet ouvrage a été traduit par d'Hermilly, 1742-1746, 4 vol. in-12. On a du même auteur des Lettres curieuses et instructives, Madrid, 11748, 8 vol. in-8. Campomanès a donné une édition de ses œuvres avec une Vie de l'auteur, Madrid, 1780), 33 vol. in-8.

FEZ, v. de l'empire de Maroc, ch.-l. de la prov. de son nom, à 375 kil. N. E. de Maroc : env. l00 000 h., dont 3000 juifs. C'est une des plus belles villes de la Barbarie; mais elle n'a pas de beaux monuments. On y fabrique des couvertures et haiks en laine, des calottes rouges connues sous le nom de fez, des armes blanches et à feu, du maroquin, de la poudre à canon, etc. Son commerce est actif. Elle a été longtemps un foyer littéraire et scientifique; elle possède encore des écoles renommées et une bibliothèque considérable pour le pays. — Fondée en 793 ou 807 par Edris; prise en 1459 par Alphonse de Portugal, mais bientôt reprise par les Maures.

FEZ (roy. de), au N. E. du Maroc proprement dit, au N. O. du roy. de Tafilet, a pour bornes au N. la Méditerranée, à l'O. l’Atlantique et à l'E. l'Algérie. Il a 520 kil. sur 450. Ch.-l. Fez; autres villes princip., Méquinez, Tétouan, Tanger, Rabat. Le pays est traversé par les monts Errifs qui réunissent le grand et la petit Atlas, et arrosé par le Sebou. Le climat est brûlant dans les lieux bas, tempéré dans les montagnes; la sol, très-fertile. — Ce pays, après avoir formé, la plus grande partie de la Mauritanie Tingitane, fut annexé sous les derniers empereurs au diocèse d'Hispanie, devint en 429 la proie des Vandales et tomba en 678 au pouvoir des Arabes, qui y établirent l'Islamisme. Sous eux, le royaume de Fez fit d'abord partie du grand califat de Damas ; mais il s'en démembra de bonne heure et devint en 782 le centre de la puissance des Édrisites. Il fut ensuite annexé par Abdérame III (931-960) au califat de Cordoue; mais il lui échappa en 960 pour passer sous les lois des califes fatimites. En 1070, les Almoravides s'en emparèrent, et en firent une dépendance de leur empire. Les Almohades leur succédèrent en 1145, mais ils établirent leur résidence à Maroc. Sous les Mérinites (1248), Fez reprit sa prééminence et même soumit les royaumes voisins de Sous, de Maroc et de Tafilet; mais en 1536, il perdit toutes ces provinces; depuis ce temps, il fut sans cesse en guerre avec le Maroc; enfin, il fut subjugué en 1730 par les souverains de cet empire dont il n'est plus aujourd'hui qu'une province.

FEZENZAC, Fidentiacus pagus, ancien pays de France (Gascogne), entre le Condomois au N., le Haut Armagnac à l'E., l'Astarac au S., est le Bas-Armagnac à l'O., avait pour ch.-l. Vic-Fezenzac. Il est auj. compris d'ans le dép. du Gers. Érigé en comté en 802, il devint héréditaire en 920, fut réuni à l'Armagnac, en 1140, et à la couronne en 1589.

FEZENSAC (maison de), illustre maison de Gascogne, qui passe pour la plus ancienne de France, a pour chef Sanche Mittara, prince de Navarre, qui devint en 890 duc de Gascogne, et qui lui-même était, dit-on, issu des Mérovingiens par Caribert, duc d'Aquitaine, fils de Clotaire II. Le premier qui prit le nom de Fezensac est Guillaume Garcie, 2e enfant d'un fils de Sanche Mittara, à qui échut le comté de Fezensac, renfermant alors les villes d'Auch, de Vic et tout l'Armagnac. Sa descendance forma plusieurs branches, entre autres celles d'Armagnac, de Montesquiou, de Marsan, d'Artagnan, noms dont la célébrité fit oublier celui de Fezensac ; ce nom fut renouvelé par Louis XVI en 1777 pour être porté par le chef de la famille, qui était représentée alors par un Montesquiou.

FEZENZAGUET (vicomté de), petit pays du Bas-Armagnac, auj. compris dans le dép. du Gers, avait pour ch.-l. Mauvesin (arr. de Lectoure). Il fut donné en apanage en 1163 par Bernard IV, comte d’Armagnac, à son 4e fils, Roger. Gérard V, fils de Roger, devint en 1256 comte d’Armagnac par l’extinction des lignes aînées ; mais en 1285, son fils cadet fonda une nouvelle branche de comtes de Fézenzaguet. Incorporé de nouveau à l’Armagnac en 1403, ce pays fut réuni à la couronne avec cette province.

FEZZAN, Phazania, roy. de l’Afrique centrale, au S. de l’État de Tripoli, s’étend de 23° 55′ à 30° 50′ lat. N., et de 10° 15′ à 17° 5′ long. E. 576 kil. sur 310 ; 100 000 hab. Ch.-l., Mourzouk ; autres villes, Ghermah, Sebha, Bangem, Tesaouan. Le Fezzan se compose de plusieurs oasis séparées par d’immenses plaines de sable. On n’y trouve aucun cours d’eau ; cependant le sol est très-fertile dans les oasis : les dattes y sont les meilleures connues. C’est le grand marché intérieur de l’Afrique septentrionale, et le rendez-vous des caravanes du Caire, de Tripoli, de Tunis, de Ghadamès. - Le Fezzan était primitivement habité par les Garamantes, dont la ville actuelle de Ghermah rappelle le nom. Au temps de Pline, ce pays portait le nom de Phazanie, d’où est dérivé le nom moderne. Conquis par les Arabes, le Fezzan redevint, grâce à sa position au milieu des sables du désert, un État indépendant ; cependant, cet État avait fini par payer tribut au bey de Tripoli, tout en conservant des chefs indigènes. En 1811, Mohammed-el-Mokuy, envoyé par le bey de Tripoli pour percevoir le tribut, s’empara de Mourzouk pour son propre compte, massacra la famille régnante, et se fit confirmer par le bey dans sa nouvelle conquête en lui offrant un tribut triple du précédent.

FIACRE (S.), patron des jardiniers, né en Irlande vers 600, vint en France, établit dans la Brie, près de Meaux, à l’endroit où se trouve auj. un village de son nom, un hospice pour les pèlerins, et mourut en 670. On l’hon. le 30 août. Les voitures de louage appelées fiacres ont pris le nom de ce saint parce que les premières furent établies à l’hôtel St-Fiacre, rue St-Martin (en face de la rue Montmorency).

FIBONACCI (Léonard), dit Léonard de Pise, du nom de sa patrie, vivait aux XIe et XIIe siècles. Il voyagea parmi les Arabes d’Afrique, et en rapporta, dit-on, en 1202, les chiffres arabes et la notation algébrique, dont d’autres attribuent l’introduction à Gerbert. On a de lui : Liber Abaci, et Quadrati numeri, publ. par Boncompagnoni, Florence, 1854.

FICHTE (J. Gottlieb), philosophe allemand, né en 1762 à Ramenau en Lusace, mort à Berlin en 1814, fut d’abord précepteur à Kœnigsberg, où il se lia avec Kant. Il se fit connaître de bonne heure par la Critique de toute Révélation (1792), et par un écrit sur la Révolution française (1793), et devint en 1793 professeur de philosophie à Iéna, où il excita un grand enthousiasme par son éloquence, ainsi que par la nouveauté de ses idées. Accusé d’athéisme, il se démit en 1799 et se retira à Berlin, où il devint professeur et en même temps recteur de l’université. Lors de l’invasion des Français en Prusse, il prononça des Discours à la nation allemande, qui ranimèrent vivement l’esprit public. Dans le but de compléter le système de Kant et de donner une base inébranlable aux connaissances humaines, Fichte imagina une théorie qu’il appelle la doctrine de la science : partant de la seule idée du moi, il prétend en faire sortir la notion du monde et celle de Dieu même. Ce système est connu sous le nom d’idéalisme transcendantal. Il le modifia lui-même considérablement dans la suite, et tomba dans une espèce de panthéisme. Il reconnut enfin la vanité de la spéculation et la nécessité de s’en rapporter aux convictions naturelles de la conscience. Fichte eut un grand nombre de disciples, entre autres Schelling, qui devint ensuite son adversaire. Ses principaux ouvrages sont : Idée de la Doctrine de la science, 1794 ; Principes fondamentaux de la Doctrine de la science, 1794 ; Destination de l’homme de lettres (trad. par Nicplas, 1838), 1794 ; Droit naturel, 1796 ; Système de morale, 1798 ; Destination de l’homme, 1800 (trad. par Barchou de Penhoën, 1832) ; Théorie de la religion, 1806 ; Méthode pour arriver à la Vie heureuse, trad. par M. Bouillier, 1845. Il a en outre exposé ses opinions dans un Journal philosophique, publié à téna, 1797 et années suivantes. Une Vie de Fichte a été publiée en 1830 par son fils, Herm. Fichte, prof, à Bonn, qui a donné aussi ses œuvres complètes, Berlin, 1845-46, 8 vol. in-8. M. Grimblot a trad. ses Œuvres choisies, 1843 : on y trouve la Doctrine de la Science.

FICHTELGEBIRGE (c.-à-d. monts aux sapins), mont, et plateau de Bavière (Hte-Franconie), par 50° lat. N., 9° 15′ long. E., lie le Bœhmerwald au Jura de Franconie ; son sommet le plus haut, le Schneeberg, atteint 1050m. De ses flancs sortent la Naab au S., l’Eger à l’E., la Saale au N. et le Mein à l’O.

FICIN (MARSILE), Marsilio Ficino, né à Florence en 1433, mort en 1499, était fils du médecin de Côme de Médicis. Il étudia dès sa première jeunesse avec ardeur la langue grecque et la philosophie de Platon, devint recteur de deux églises de Florence, puis chanoine de la cathédrale, et fut comblé des bontés de Côme, Pierre et Laurent de Médicis. Il rendit à Platon un culte presque idolâtre et établit à Florence une académie platonicienne. Il croyait à l’astrologie et à la divination. On lui doit la première trad. latine de Platon, Venise, 1491, ainsi que celles des Ennéades de Plotin, Florence, 1492, du Pimander de Mercure Trismégiste et de plusieurs traités de Jamblique, de Porphyre, Venise, 1497, et celle de Denys l’Aréopagite, Cologne, 1536. Il a en outre composé lui-même un grand nombre d’ouvrages, entre autres : Theologia platonica, 1488 ; De Vita, 1489 ; Apologia, 1498. Il y professe un néoplatonisme emprunté aux derniers Alexandrins, Ses œuvres ont été rassemblées en 2 v. in-fol., Paris, 1641.

FIDANZA (Bonaventure de). V. BONAVENTURE

FIDÉLITÉ (Ordre de la). On nomme ainsi : 1o un ordre prussien institué en 1701 par Frédéric III, électeur de Brandebourg, et plus connu sous le nom d’ordre de l’Aigle-Noir ; - 2o un ordre institué en 1715 par le margrave Charles Guillaume de Bade-Dourlach, à l’occasion de la fondation de Carlsruhe.

FIDÈNES, Fidenæ, petite v. des Sabins, au confluent du Tibre et de l’Anio, fut prise par Romulus, Tullus Hostilius, Ancus Martius, Tarquin l’Ancien, mais ne reçut de colonie romaine qu’en 425 av. J.-C. Son amphithéâtre s’écroula l’an 26 de J.-C. ; 20 000 personnes y périrent. Il ne reste de Fidènes que quelques ruines auprès de Catstel-Giubileo.

FIDJI ou VITI, archipel du grand Océan équinoxial, entre 15° 45′ et 19° 42′ lat. S., 174° et 179° long. E. Iles principales : Viti-Levou, Vanoua-Levou, Kandabou, Tabé-Ouni, Laguemba ; nombreux îlots se rattachant les uns aux autres. Habitants sauvages. Tasman découvrit ces îles en 1643 ; Cook les visita en 1773 et 1777, Wilson en 1797, Dumont d’Urville en 1827 et 1838. Les Américains en tirent du bois de sandal. Ces îles se sont placées en 1859 sous le protectorat de l’Angleterre.

FIEF, en latin moderne Feodum, du saxon fee, salaire, et od, bien, propriété ; d’où féodalité (V. ce mot). On désignait par cette dénomination la terre donnée à titre de récompense par un chef germain ou franc aux guerriers de sa bande, qui l’avaient suivi dans les combats. C’est dans une charte de Charles le Gros en 884 que le mot fief est employé pour la 1er fois pour désigner ces sortes de concessions, que jusqu’au IXe siècle on avait appelées beneficium, bénéfice. On distinguait les fiefs en grands fiefs ou pairies féodales (V. PAIRS) ; en fiefs simples, qui relevaient directement de la couronne, et arrière-fiefs, dont les possesseurs ne relevaient qu'indirectement de la couronne et dépendaient d'un seigneur qui lui-même était feudataire et soumis à un suzerain plus puissant. Le nombre des fiefs varia en France d'une manière infinie.

FIELDING (Henri), romancier anglais, né en 1707 a Sharpham-Park (Somerset), mort à Lisbonne en 1754, était fils d'un lieutenant général et fut d'abord destiné au barreau. Ayant épuisé sa fortune dans la dissipation, il fit des comédies et des romans pour vivre, puis il obtint une place de juge de paix à Londres, emploi qui le tira de la misère et qu'il remplit avec zèle et talent. Walter Scott appelle Fielding le créateur du roman anglais : il est en effet le peintre fidèle de la société anglaise de son temps ; il combattit à outrance l'hypocrisie puritaine; ses tableaux sont vrais, ses intrigues bien conduites; sa gaieté, un peu grivoise, mais de bon aloi. Il se place entre Cervantes et Lesage. Le plus célèbre de ses romans est Tom Jones ou l'Enfant trouvé, 1750, qu'on regarde comme un modèle du genre. On a encore de lui : Jonathan Wild, Joseph Andrews, 1742; Amélia, 1751. Plusieurs de ses comédies sont imitées de Molière. Tom Jones a été trad. par Laplace, 1750, Chéron, 1804, Labédollière, 1833, Dufauconpret, 1836, L. de Wailly, 1846; Jonathan Wild par Picquet, 1763; Amélia, par Mme Riccoboni. Les Œuvres complètes de Fielding ont été plusieurs fois publiées, notamment à Londres, 1833, 10 vol. in-8. — Sa sœur, Sarah Fielding, a donné le roman de David Simple, 1749, et quelques autres écrits.

FIENNES (Robert MOREAU de), connétable de France, né vers 1308 au château du même nom, dans le Boulonnais, mort vers 1385. Après le désastre de Poitiers, où périt le connétable Gautier de Brienne, 1356, il reçut la dignité de connétable comme récompense des services qu'il avait déjà rendus dans la guerre de Cent ans. Il seconda le Dauphin (Charles V) dans ses efforts contre les Anglais, reprit Auxerre en 1360, et chassa les Grandes compagnies de Routiers de Pont-St-Esprit, de Frontignan, de La Charité (1361-65). Après la signature du traité de Brétigny, qui cédait aux Anglais le territoire où se trouvait sa baronnie de Fiennes, il refusa l'hommage au roi étranger et soutint un siège dans son château contre 25 000 hommes (1369). Il se démit en 1370 de la dignité de connétable, et la fit déférer à Du Guesclin.

FIESCHI (Joseph), exécrable assassin, né en Corse en 1790, tenta en 1835 de faire périr d'un seul coup le roi de France Louis-Philippe et les princes de la famille royale. Dans ce but il dressa une machine infernale dans une maison du boulevard du Temple, et le 28 juillet, pendant une grande revue, il la fit partir au moment où le roi passait devant ses fenêtres, accompagné de son état-major : 18 personnes perdirent la vie, au nombre desquelles le maréchal Mortier; le roi n'échappa que par miracle. Fieschi fut pris et condamné à mort avec Pépin et Morey, ses complices. Cet homme, qui avait d'abord été berger, puis soldat et enfin garde-moulin, se trouvait sans place et sans ressources au moment de l'attentat, et s'était laissé gagner par l'appât d'un modique salaire.

FIESOLE, Fæsulæ, v. de Toscane, à 6 kil. N. E. de Florence; 2200 hab. Évêché. V. FÉSULES.

FIESOLE (Giovanni DA), peintre. V. GIOVANNI

FIESQUE, en italien Fiesco, au pluriel Fieschi, illustre famille de Gênes qui remonte aux premiers temps du moyen âge. Elle posséda d'abord en pleine souveraineté et à titre de comté la ville de Lavagna, située à l'E. de Gênes; mais elle la céda à cette république en 1198, et reçut en échange le droit de bourgeoisie et de noblesse. Les Fiesques possédaient de nombreux fiefs dans la Ligurie, le Piémont, la Lombardie, l'Ombrie, et même dans le royaume de Naples. Ils ont donné à l’Église deux papes (Innocent IV et Adrien V), un grand nombre de cardinaux, de patriarches, d'évêques et d'archevêques. On compte parmi eux plusieurs nobles du St-Empire, un maréchal de France sous Louis IX, plusieurs généraux, quatre amiraux; le plus célèbre de tous est J. L. Fiesque (qui suit), auteur de la conspiration dite Conjuration de Fiesque.

FIESQUE (J. Louis), noble génois, né vers 1524, conspira en 1547 contre André Doria, qui exerçait le pouvoir suprême à Gênes, et contre Jeannetin Doria, neveu d'André, qui devait lui succéder. Il était déjà maître de la ville, et avait fait massacrer Jeannetin Doria, lorsqu'il tomba à la mer en passant sur une planche et se noya. Après sa disparition, la conspiration fut bientôt étouffée; ses complices furent cruellement punis. L'histoire de cette conspiration a été écrite en italien par Mascardi, 1629, et en français par le cardinal de Retz. Schiller a mis sur la scène la Conjuration de Fiesque; Ancelot a donné en 1824 une tragédie de Fiesque.

FIÉVÉE (J.), écrivain, né à Paris en 1767, mort en 1839, fut d'abord imprimeur, renonça à sa profession pour les lettres, donna en 1798 la Dot de Susette, roman qui offrait un heureux mélange de grâce et de simplicité, puis s'adonna à la politique et se jeta dès 1795 dans une opposition qui était alors périlleuse. Depuis, il se rallia aux divers gouvernements, fut censeur, puis préfet sous l'Empire, et rédigea tour à tour la Chronique de Paris, la Gazette de France, le Journal de l'Empire, genre de travail dans lequel il montra beaucoup de talent. Sous la Restauration, il se montra royaliste ardent, écrivit dans le Journal des Débats, et contribua par l'habileté de sa polémique au succès de cette feuille. On a de lui une Correspondance politique et administrative, 15 vol. in-8, 1814-20. Ses Œuvres ont été publiées par J. Janin, 1842.

FIFE, comté maritime de l'Écosse, appelé d'abord Othelinia, est situé dans la partie S. E. de l'Écosse, au N. du golfe de Forth, à l'E. des comtés de Perth, Clackmannan, Kinross, et sur la mer : 65 kil. sur 25; 160 000 hab.; ch.-l., Cupar. Hauts pics de Lomond, lac de Kilkonghar, où est la grotte de Macduff. — On croit que ce pays fut érigé en comté en 840 par Kenneth, roi d'Écosse, en faveur de Fife-Macduff qui lui donna son nom. Ce comté fut le théâtre des premiers troubles qui éclatèrent en Écosse au XVIe siècle.

FIFE (comtes de), illustre famille d'Écosse, dont l'origine remonte selon les uns au roi d'Écosse Duffus, tué dans un combat en 965, selon les autres à Fife-Macduff, qui reçut le titre de comte du roi Kenneth II vers 840, en récompense des services qu'il avait rendus dans les guerres contre les Pictes. Ses descendants, parmi lesquels on remarque Macduff qui soutint Malcolm contre l'usurpateur Macbeth, portèrent le titre de comtes de Fife jusqu'en 1353. Le nom de Duff subsista seul à partir de cette époque; mais en 1759, W. Duff de Bracco reprit le titre de comte de Fife. Ce titre est encore auj. porté par un pair d'Angleterre.

FIGEAC, ch.-l d'arr. (Lot), à 50 kil. N. E. de Cahors; 6237 hab, Trib. de 1re inst., collége, société d'agriculture. Toiles, étoffes de coton. Patrie des Champollion. — Figeac doit son origine à une abbaye de Bénédictins, fondée vers 819, par Pépin 1er, roi d'Aquitaine. Les Calvinistes s'en emparèrent en 1576 et y construisirent des fortifications, démolies en 1622.

FIGUEIRA (Jacques), navigateur portugais, s'empara de l'île de Sumatra en 1510, au nom d'Emmanuel le Grand, son souverain.

FIGUEIREDO (Ant. PEREIRA de), oratorien portugais, né en 1725 à Macao, mort en 1797, publia d'abord des ouvrages de grammaire, puis s'attacha à la politique, écrivit en faveur du pouvoir royal, fut nommé membre du tribunal de censure en 1768, puis interprète dans les bureaux des affaires étrangères et de la guerre et membre de la junte de l'instruction publique. Il était membre de l'Académie de Lisbonne. Ses principaux ouvrages sont : Exercices des langues latine et portugaise, latin et portugais, Lisbonne, 1751 ; Novo methodo da Grammatica latina, 1752, in-8; Doctrina veteris ecclesiæ de suprema regum potestate, 1765, in-fol., traduit en français, 1766.

FIGUEROA (Franç. de), poëte espagnol, que ses contemporains surnommaient le Divin, né à Alcala de Hénarès en 1540, mort en 1620, eut une grande célébrité de son temps et fut membre des académies de Naples, de Rome, de Bologne et de Sienne. Il a composé plusieurs comédies, dont la meilleure est intitulée : Amor y Fortuna. Ses Œuvres ont été imprimées à Lisbonne en 1626.

FIGUIÈRES, en esp. Figueras, v. d'Espagne (Barcelone), à 37 kil. N. E. de Girone et à 58 kil. S. de Perpignan ; 8400 hab. Citadelle importante, dite San-Fernando, à 600m de la frontière française. Arsenal, magasin à poudre, casernes, etc. Grande place entourée d'arcades. Les Français se sont emparés plusieurs fois de la citadelle, notamment en 1285, 1675, 1794, 1808 et 1823.

FIGULUS. V. NIGIDIUS.

FILADELFIA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Calabre Ult. 2e), à 19 kil. S. de Nicastro; 3200 hab. A 4 kil. au N. O. se trouve l’Osteria di Cicerone, construite sur l'emplacement du Fundus Sicæ, qui faisait partie de l'anc. Hipponium, et où Cicéron se réfugia pour se soustraire aux recherches de Clodius.

FILANGIERI (Gaëtan), publiciste, né à Naples en 1752, d'une famille noble et ancienne, fut destiné à l'état militaire; mais il préféra l'étude du droit, et se distingua de bonne heure au barreau. Il occupa depuis 1777 plusieurs emplois à la cour et fut appelé en 1787 au conseil suprême des finances. Une application trop assidue et des malheurs domestiques abrégèrent sa vie, et il mourut à l'âge de 36 ans, en 1788. Filangieri s'est fait un nom européen par l'ouvrage intitulé : Science de la législation, où il traite des règles générales de la législation et des moyens de perfectionner les lois existantes, 1780-88, 7 vol. in-8. L'ouvrage est malheureusement resté inachevé; dans ce qui en a paru, l'auteur expose les règles générales de la législation, puis il les applique à la politique, à l'économie sociale, à l'éducation, à l'instruction publique, à la religion. Malgré son mérite, c'est un livre fait trop vite et par un homme trop jeune. Il y règne un esprit hardi, qui l'a fait mettre à l’Index à Rome. Il a été traduit par Gallois, 1789-91, 7 vol. in-8, et annoté par Benj. Constant, 1821, 6 vol. in-8.

FILASSIER (J. J.), compilateur, né en Flandre vers 1736, mort en 1806. Enthousiaste des écrits de J. J. Rousseau, il fit plusieurs ouvrages dans le but de contribuer au perfectionnement de l'éducation, entre autres : Dictionnaire historique d'éducation, Paris, 1771, 2 vol. in-8 (recueil d'anecdotes instructives, souvent réimprimé) ; Éraste, ou l'Ami de la jeunesse, 1773 (abrégé encyclopédique en forme de dialogues). Filassier était aussi un agronome distingué : on lui doit la Culture de la grosse asperge, 1783, et un Dictionnaire du Jardinier, 1790; il fut membre de l'Assemblée législative.

FILICAIA (Vincent de), poëte lyrique italien, né en 1642 à Florence, mort en 1707. Retiré à la campagne, il cultiva longtemps la poésie en silence, sans songer à rien publier ; mais plusieurs odes qu'il composa lors de la délivrance de Vienne et de la défaite des Turcs par Sobieski (1683) ayant été connues, il jouit bientôt d'une réputation européenne, et se vit recherché par les princes. Le grand-duc de Toscane le nomma sénateur et lui donna le gouvt de la ville de Volterra ; la reine Christine le combla de bienfaits. Le recueil de ses poésies parut en 1684, in-4, et a été publié d'une manière plus complète par son fils, Scipion F., Florence, 1707. Il en a paru en 1762 une éd. en 2 vol., dont le 1er contenant des poésies toscanes, odes ou canzone, sonnets, et l'autre des vers latins. Outre ses odes sur l'expulsion des Turcs, on admire ses sonnets sur l'Italie et sur la Providence.

FILICURI, Phænicussa ou Phœnicodes, une des îles Lipari, à l'E. de Lipari, a 10 kil. sur 7 et 800 h.

FILLEAU DE LA CHAISE (Jean), né à Poitiers vers 1630, mort à Paris en 1693, fut chargé d'écrire l’Histoire de S. Louis, avec les pièces recueillies par Tillemoni. Cet ouvrage parut en 15 livres, Paris, 1688, in-4, et eut un grand succès. On a encore de lui des Discours sur les pensées de Pascal, 1672. — F. de St-Martin, son frère cadet, mort vers 1695, a donné une traduction du Don Quichotte, 1677. 4 v. in-12, qui a été souvent réimprimée.

FILLES-DIEU, religieuses hospitalières, avaient d'abord été appelées Sœur de St-Gervais, parce qu'elles avaient été, en l'an 1300, chargées du service de l'hôpital de ce nom. Elles portaient une robe blanche avec un manteau noir ; elles avaient leurs principales maisons à Paris, à Orléans, à Beauvais, à Abbeville.

FILLMORE, capitale des Mormons, Voy. UTAH.

FILMER (sir Robert), publiciste anglais, né en 1604, dans le comté de Kent, mort en 1647, soutint la cause royaliste et publia dans ce but : Anarchie d'une monarchie limitée ou mixte, 1646, et Patriarcha, où il fait dériver la politique de l'autorité paternelle. Il fut réfuté par Locke et Algernon Sidney.

FIMBRIA, fougueux partisan de Marius, égorgea sur son bûcher le grand pontife Mucius Scévola. Envoyé en Asie comme lieutenant du consul Valérius Flaccus (86 av. J.-C), il souleva l'armée contre ce général, et le fit périr pour se mettre à sa place. Il remporta plusieurs avantages sur Mithridate, et parcourut l'Asie, exerçant ses vengeances sur les partisans de Sylla; mais bientôt, poursuivi lui-même par ce général, il fut réduit à se donner la mort (84).

FINAL, Finale en italien, ville du Piémont, avec un petit port sur le golfe de Gênes, à 53 kil. S. O. de Gênes; 6000 hab. Trois forts. Aux env., grottes curieuses. Anc. ch.-l. d'un marquisat que l'empereur Charles VI vendit en 1713 à la ville de Gênes.

FINAL, v. du Modénais, sur le Panaro, à 9 kil. N. E. de Modène; 6000 hab. Soiries, toiles; riz.

FINGAL, guerrier écossais, père d'Ossian (V. OSSIAN). — On appelle Grotte de Fingal une grotte de l'île de Staffa, formée de colonnes basaltiques.

FINIGUERRA (Tomaso ou Maso), sculpteur et orfèvre de Florence, inventa, l'an 1452, l'art d'imprimer des estampes avec des planches de cuivre gravées en creux. On estime surtout son estampe du Couronnement de la Vierge, qui est au Louvre. Cet artiste excellait aussi dans l'art de nieller.

FINISTÈRE (cap), Finis terræ, Artabrum prom., promontoire d'Espagne (Galice), à l'angle N. O. de la Péninsule, était regardé par les anciens comme le point où le monde finissait à l'Occident. Ce cap a donné son nom à deux bat. navales entre les flottes de France et d'Angleterre, livrées en 1748 et 1805, et toutes deux fatales à la France.

FINISTÈRE (cap), Bolerium prom., Land's End en anglais, cap d'Angleterre, au S. O. du Cornouailles.

FINISTÈRE (dép. du), le plus occidental des dép. de la France, se trouve à la fois sur la Manche et sur l'Océan Atlantique, et est borné à l'E. par les dép. du Morbihan et des Côtes-du-Nord : 111 kil. sur 84; 6934 kil. carrés; 627 304 hab.; ch.-l., Quimper. Il prend son nom de sa position à l'extrémité occidentale de la terre de France. Il est formé de la partie la plus occidentale de la Bretagne et comprend les îles d'Ouessant et de Sein. Côtes découpées, beaucoup de baies, anses et bons ports. Monts Arrées et montagnes Noires; climat humide; mines de plomb argentifère (à Poullauen et Huelgoat) ; houille, grès, gneiss, schistes, bonnes pierres à aiguiser les faux; 4 sortes de marbres, terre à bruyères, mais fertile (grains, légumes, grands choux, fruits à cidre, tabac) ; pâturages excellents, quelques forêts. Bons chevaux (2 races), bétail (petite race), moutons, porcs, etc. Industrie active : exploitation des mines; toiles diverses, corderies, papier, tabac, etc. — Le dép. du Finistère se subdivise en 5 arr. (Quimper, Brest, Morlaix, Châteaulin, Quimperlé), 43 cant., 281 comm,.; il dépend de la 16e div. militaire, de la cour imp. de Rennes, et a un évêché à Quimper. FINLANDE, Finningia, Fennonia, Venedia en la fin moderne, prov. de la Russie d'Europe, bornée par le golfe de Finlande au S., par le golfe de Botnie à l'O., par la Norvège au N., s'étend de 59° 53' à 70° lat. N. et de 17° à 30° 15' long. E. : 1100 kil. carrés sur 550; 1 700 000 h. Abo en était jadis la capitale; c'est auj. Helsingfors. Les archipels d'Aland et d'Abo en dépendent. La F. est actuellement divisée en 8 petits gouvts : Nyland, Abo, Tavestehus, Viborg, St-Michel, Kuopio, Vasa, Uléaborg. Elle a été formée de la réunion successive de la Finlande propre, d'une partie de la Laponie, de la Botnie et de la Carélie. La Finlande renferme une grande quantité de lacs (dont les principaux sont les lacs de Ladoga, Paijani, d'Enara, de Saïma) ; elle a de beaux ports, quelques mines de fer, de cuivre, et des carrières de marbre. Le froid y est extrême et dure de 6 à 7 mois; le sol est peu propre à l'agriculture, sauf au S. et à l'O. L'industrie est peu avancée. — La Finlande fut totalement ignorée des anciens, bien qu'ils paraissent avoir connu les Fenni ou Finnois (V. FINNOIS). Elle fut d'abord habitée par les Lapons ; les Finnois ou Tchoudes vinrent l'occuper à une époque incertaine et refoulèrent les Lapons au N. Aux Xe, XIe, XIIe siècles, les peuplades qui l'habitaient formaient autant de petits États Indépendants. Les Suédois en firent la conquête en 1157, sous Éric le Saint, et y introduisirent le Christianisme. La possession de cette province fut longtemps disputée entre les Suédois et les Russes; la paix de Viborg (1609) et celle de Stolbova (1617) l'assurèrent à la Suède. Les Russes obtinrent une portion de la Carélie par le traité de Nystad, 1721 ; ils acquirent en outre diverses places de la Finlande par celui d'Abo, 1743, et enfin le reste du pays par celui de Frédrikshamn, 1809. Elle reçut alors le nom de Grande Principauté.

FINLANDE (golfe de), bras oriental de la mer Baltique, s'étend, au S. de la Finlande, de 59° à 60° 37' lat. N. et de 19° 25' à 27° 37' long. E. Il a 115 kil. de long, de 13 à 28 de large, et reçoit entre autres rivières la Néva. Ses côtes sont semées d'îlots et de récifs.

FINMARK (c.-à-d. Marche finnoise), province sept. de la Norvège, entre 60°-71° lat. N., est séparée de la Laponie russe par la rivière de Tana, et est bornée au N. et à l'O. par l'Océan Glacial; 660 kil. sur 300; 45 000 hab. lieu principal, Hammerfest. Un nombre infini d'îlots sont répandus sur les côtes du Finmark, qui, à son extrémité sept., est terminé par le cap Nord. Cette province stérile et glacée est habitée par des Lapons nomades qui se nourrissent de la chair et du lait de leurs rennes, et par des Finnois qui y ont émigré au XVIIIe siècle et lui ont donné leur nom.

FINN-MAGNUSSEN, savant archéologue, né en 1781 à Skalholt en Islande, mort en 1847. D'abord juge à Reikiavick, il alla en 1809 se fixer à Copenbague, s'y livra à d'intéressantes recherches sur les antiquités littéraires des contrées du Nord, devint professeur de langue islandaise à l'université, puis directeur en chef des archives du royaume. Il a traduit les Eddas en danois, et a donné, entre autres ouvrages : Commentaires sur les Sagas, en latin; Archéologie septentrionale; Doctrines et origines de l'Edda; Parallèle des religions des anciens Scandinaves et des peuples indopersans, tous trois en danois; Dictionnaire de la mythologie des anciens peuples du Nord, en latin.

FINNOIS, Fenni, peuple répandu au N. de l'Asie et de l'Europe, que distinguent un visage plat, un teint jaunâtre, des joues caves, peu de barbe et une taille moyenne; on en compte auj. 3 millions environ. Ils habitaient dans les premiers temps de l'empire romain l'intérieur des terres comprises depuis la Vistule et les monts Carpathes jusqu'au Rha (Volga); mais lors de l'arrivée des Goths, ils furent moitié soumis et moitié refoulés dans la Sarmatie septentrionale et la Scandinavie. On peut les partager dès cette époque en deux groupes : les Fenni occidentaux ou Finnois proprement dits, qui habitaient les pays actuels de Finlande, d'Ingrie et de Livonie, et descendaient jusqu'au confluent du Volga et de l'Oka; les Fenni orientaux, depuis le confluent du Volga et de l'Oka jusqu'aux monts Ourals. Dans la suite, les migrations successives des barbares de l'Asie resserrèrent peu à peu les Finnois dans la partie de l'Europe qui a pris d'eux le nom de Finlande. On croit que les Finnois sont une branche des Huns (Hunni). Ils ont une langue à part. Les Russes les nomment Tchoudes.

FINSTERHORN ou FINSTERAARHORN, c.-à-d. Corne sombre de l'Aar, haute mont, de Suisse, entre les Cantons de Berne et du Valais; 4362m d'élévation.

FIONIE, en danois FYEN , île du Danemark dans la mer Baltique, entre le petit Belt, qui la sépare du Jutland, et le grand Belt, qui la sépare de Seeland; 80 kil. sur 65; 115 000 hab.; ch.-l., Odensée. Climat humide, sol plat; quelques rivières, entre autres l'Odense. Culture bien entendue : grains, chanvre et lin, houblon, cumin ; peu de bois. Chevaux, abeilles ; pêche fluviale ; Chaux, craie, plâtre, pierres, tourbe. Quelque industrie, peu de commerce. — Elle forme, avec l'île de Langeland qui en est voisine, 2 bailliages du roy. de Danemark, Odensée et Svendborg.

FIORAVANTI (Leonardo), empirique italien, né à Bologne vers 1520, mort en 1588, fut à la fois chirurgien, médecin, alchimiste, exerça son art avec un grand succès dans les principales villes d'Italie, et porta dans ses écrits comme dans ses discours la forfanterie d'un charlatan. On a de lui des traités de Scienza universale, Venise, 1564; dei Secreti intorno alla medecina, chirurgia et alchemia, 1571; il Tesoro della vita umana, etc. Son nom est resté à un baume de son invention qui est encore employé contre les rhumatismes et les névralgies. (Pour la composition de ce baume, V. notre Dict. univ. des Sciences, au mot BAUME.)

FIORAVANTI (Valentino), compositeur, né à Rome en 1764, mort en 1837, élève du Conservatoire de Naples, a donné à différents théâtres des opéras qui jouirent d'une véritable vogue, due à leur gaieté franche et naturelle. Parmi ses charmantes productions, on aimait surtout celles qui ont pour titre : le Cantatrice villane (joué à Paris en 1806), et I Virtuosi ambulanti (1807). On a de lui plusieurs messes et autres morceaux de musique d'église, qu'il a composés comme maître de chapelle de St-Pierre de Rome (fonctions qu'il remplissait depuis 1816). On estime surtout son Miserere à trois voix de soprani.

FIORD, terminaison géographique suédoise et danoise, veut dire bras de mer ou détroit.

FIRANDO, île et ville du Japon, près de la côte S. de l'île de Ximo. Les Hollandais y abordèrent en 1609 et y fondèrent le premier établissement qu'ils aient eu au Japon; ils en furent chassés en 1640. Ils avaient fait dans l'île de nombreuses conversions.

FIRDOUCY. Voy. FERDOUCY.

FIRENZE, nom italien de FLORENCE.

FIRENZUOLA, Florentia, v. du Parmesan, à 23 k. S. E. de Plaisance; 3000 hab. Patrie du cardinal Alberoni. A 13 kil. au S. se trouvent les ruines de l'anc. Veleia, engloutie au IVe siècle par un éboulement.

FIRENZUOLA (Ange), écrivain toscan, né à Florence en 1493, m. vers 1548, étudia à Pérouse et se lia dans cette ville avec le fameux Arétin. Il suivit d'abord le barreau, puis entra chez les religieux de Vallombreuse, et fut pourvu de plusieurs abbayes. Il mena, comme son ami l'Arétin, une vie fort licencieuse, et publia des écrits plaisants ou galants, entre autres : Discours des animaux, imités des fables orientales (traduits par G. Cottier, 1556); Entretien d'amour; Nouvelles (dans le genre de Boccace); Dialogues sur les beautés des dames (trad. par Pallet, 1578). Il a aussi composé des poésies bernesques. Ses œuvres ont été réunies à Florence en 1763 et 1848.

FIRMA AUGUSTA, v. d'Hispanie, auj. Ecija.

FIRMICUS MATERNUS (Julius), écrivain chrétien du IVe siècle, a composé vers 348 un Traité de la fausseté des religions profanes, publié d'ordinaire avec Minutius Félix, et donné séparément par F. Munster, Copenhague, 1827. On lui attribue aussi un ouvrage sur l’Astronomie, ou plutôt sur l'astrologie, imprimé en 1601 par Ald. Manuce.

FIRMIN (S.), 1er évêque d'Amiens, né à Pampelune, prêcha le Christianisme à Beauvais et à Amiens et subit le martyre vers 287. On le fête le 25 sept.

FIRMINY, v. du dép. de la Loire, à 11 kil. S. O. de St-Étienne; 4500 hab. Clous, noir de fumée, rubans. Aux env., riches mines de houille.

FIRMUM, auj. Fermo, v. du Picenum, près de l'emb. du Tinna dans l'Adriatique, devint colonie romaine en 264 av. J.-C.

FIRMUS (M.), général romain, né à Séleucie en Syrie, se proclama empereur en Égypte et voulut venger Zénobie; il fut pris par Aurélien qui le fit mourir sur la croix. Il était d'un aspect si horrible, qu'on l'avait surnommé le Cyclope (273).

FIRMUS, général des Maures en Afrique, se révolta contre Valentinien II en 370. Après quelques succès, il fut forcé de se donner la mort, 372.

FIROUZ, rois de Perse. V. PACORUS et PÉROSÈS.

FIROZABAD, v. de Perse (Fars), à 100 kil. S. de Chiraz ; 2000 h. Eau de rose célèbre. La ville est bâtie sur les ruines de Firozchah, ville jadis importante. Toutes deux tirent leur nom de rois nommés Firouz.

FISC, trésor particulier des princes. V. cet art. au Dict. univ. des Sciences.

FISCHART (J.), satirique. V. MENTZER.

FISCHER (J. Fréd.), philologue, né à Cobourg en 1726, m. à Leipsick en 1799, fut nommé en 1751 correcteur de l'école de St-Thomas à Leipsick, et devint en 1762 professeur de belles-lettres à l'université de cette ville. Il a donné des éditions estimées d'Anacréon, d'Eschine le Socratique, de Théophraste, de Paléphate, de plusieurs dialogues de Platon, et a publié d'excellentes Remarques sur la grammaire grecque de Weller, 1748 et 1798.

Le nom de Fischer a été porté en Allemagne par un grand nombre d'autres personnages, notamment par un célèbre architecte de Vienne qui florissait vers 1700, et à qui on doit le palais de Schœnbrunn et l'église St-Barthélemy à Vienne ; — et par deux savants mathématiciens : l'un J. Charles Fischer, né en 1760 à Alstædt (Saxe-Weimar), mort en 1833, fut professeur à Iéna, à Dortmund, à Greifswalde, et est auteur d’excellents ouvrages sur les mathématiques et d’Éléments de physique (Iéna, 1797), trad. en français par M. Biot; — l'autre, Gott. Aug. Fischer, né en 1763 près de Meissen, mort en 1832, professeur à l'école polytechnique de Saxe, a publié divers ouvrages, parmi lesquels on remarque l’Art de faire des calculs de tête, Dresde, 1808.

FISHER (J.), évêque de Rochester, chancelier de l'Université de Cambridge, né à Beverley (comté d'York) vers 1455, était très-habile dans la controverse et les questions théologiques. Il défendit avec zèle le Catholicisme et s'opposa avec courage au divorce de Henri VIII avec Catherine d'Aragon. Ce prince le fit condamner à mort; il fut exécuté en 1535. Il venait d'être nommé cardinal par le pape.

FISHGUARD, petit port du pays de Galles, à 31 k. N. de Pembroke, sur le canal St-George; 2000 hab. Un corps français de 1200 hommes y fit une descente en 1797 et y fut fait prisonnier.

FISMES, Fines Remorum, ch.-l. de c. (Marne), à 27 k. O. de Reims; 2120 h. Lainages, vins, liqueur dite vin de Fismes servant à colorer les vins de Champagne rosés. Patrie de Velly et d'Adrienne Lecouvreur. Il se tint dans cette ville deux conciles provinciaux, en 881 et 935.

FITERO, v. d'Espagne (Bilbao), à 25 k. S. O. de Tudela; 2500 hab. Abbaye royale. Draps communs, huile ; fabrique de chaussures particulières dites alpargatas. Eaux thermales.

FITZ, d'un vieux mot français qui veut dire fils, mot que l'on ajoute quelquefois en Angleterre au nom du père pour désigner le fils. Il s'applique surtout aux fils naturels des rois d'Angleterre, comme Fitz-James, duc de Berwick (fils naturel de Jacques II). — En Irlande, plusieurs familles font précéder leur nom du mot Fitz; les principales sont les Fitz-Gérald et les Pitz-Moritz.

FITZ-GÉRALD, la plus illustre famille d'Irlande, remonte au temps d’Édouard le Confesseur; elle porta dès 1314 le titre de comtes de Kildare, auquel elle ajouta en 1766 celui de ducs de Leinster.

FITZ-GÉRALD (lord Edward), né en 1763, près de Dublin, fils du premier duc de Leinster, et d'Emilia Lennox, fille du duc de Richmond et nièce de Fox. Il embrassa d'abord la carrière des armes et combattit dans la guerre d'Amérique; mais en 1790, il quitta le service et vint prendre place au parlement d'Irlande. Dès que la révolution française eut éclaté, Fitz-Gérald en adopta les principes et se rendit en 1793 à Paris; il y épousa la belle Paméla, fille, disait-on, du duc d'Orléans, L. Philippe Joseph, et de Mme de Genlis. De retour en Irlande, Fitz-Gérald voulut affranchir son pays; il détermina le Directoire à lui fournir une flotte et des troupes (1796) et tenta un débarquement; mais il échoua, fut trahi, livré, et condamné à mort par la cour du banc du roi; il mourut de ses blessures avant le supplice (4 juin 1798). Th. Moore a écrit sa Vie, Lond., 1831.

FITZ-JAMES (maison de), noble famille, originaire d'Angleterre, mais française à partir du maréchal de Berwick, a pour tige James Stuart, duc d'York, roi d'Angleterre sous le nom de Jacques II, dont le fils naturel, Berwick, fut le 1er duc de Fitz-James,

FITZ-JAMES (Franç. de), 2e fils du maréchal de Berwick, né en 1709, mort en 1764, embrassa l'état ecclésiastique, et devint en 1727 abbé de St-Victor, puis évêque de Soissons (1739). On a de lui une Instruction pastorale contre le P. Berruyer et des Œuvres posthumes, publ. en 1769, 2 vol. in-12. — Charles, duc de Fitz-James, 3e fils du maréchal, et frère du préc., 1712-1787, fut pair et maréchal de France. — Édouard, duc de Fitz-James, petit-fils de Charles, 1776-1838, était pair sous la Restauration. Il donna sa démission en 1830, se fit élire en 1834 député de Toulouse, et fut un des orateurs les plus distingués du parti légitimiste.

FITZ-JAMES, vge du dép. de l'Oise, à 2 k. N. E. de Clermont; 500 hab. Ce village, nommé d'abord Warti, était une seigneurie qui fut érigée en duché-pairie en 1710, en faveur de Fitz-James, duc de Berwick, fils naturel de Jacques II.

FIUME, Flumen S. Viti, v. maritime des États autrichiens (Croatie), ch.-l. du littoral hongrois, sur le golfe de Quarnero, à l'emb. de la Fiumara, à 80 k. E. S. E. de Trieste; 1000 h. Port franc. Lazaret, bibliothèque, gymnase; belle église de St-Vit. Toiles, drap, potasse, tabac; rosoglio, raffinerie de sucre, etc. Commerce très-actif; station des bateaux à vapeur allant de Trieste à Zara. Prise en 1809 par les Français et comprise par eux dans les provinces illyriennes.

FIUMESINO, petite riv. d'Italie, dans la prov. de Forli, naît à 3 k. N. E. de Sogliano, et tombe dans l'Adriatique, à 13 k. S. E. de Cervia, après un cours de 20 k. C'est l'anc. Rubicon. V. ce mot.

FIUMICINO, Fortus Augusti, petit port du territ. romain, à 25 k. S. O. de Rome, à l'emb. du bras septentrional du Tibre, approvisionne Rome de poisson.

FIVES, vge du dép. du Nord, à 2 k. E. de Lille; 5000 h. Fabriques de céruse, de noir animal, de colle-forte, de sucre de betterave. C'est là que Louis XIV reçut, en 1667, la capitulation de Lille.

FLACCUS. V. HORATIUS, VALÉRIUS et VERRIUS.

FLACIUS (Mathias), théologien protestant, né en 1520, à Albone en Illyrie, mort en 1575, avait étudié sous Luther et Mélanchthon. Il enseigna la langue hébraïque à Wittemberg (1544), puis la théologie à Iéna (1557). Il eut en 1560 de longues discussions avec Strigelius sur le péché originel, et fut pour cette raison forcé de quitter l'Université d'Iéna (1562). il professa depuis dans différentes villes d'Allemagne et de Hollande. Flacius est auteur d'une Histoire ecclésiastique, en latin, qui est connue sous le nom de Centuries de Magdebourg, parce qu'il la commença dans la ville de ce nom. Elle a été imprimée à Bâle, 13 vol. in-fol., 1559-74. On en a publié un extrait en 9 vol. in-4, Tubingue, 1592-1604. Cet extrait a été trad. partiellement en français. On a aussi de lui une Clavis sacræ Scripturæ.

FLAGELLANTS, pénitents qui allaient en procession par les villes, nus jusqu'à la ceinture et armés d'un fouet dont ils se flagellaient publiquement, en chantant des cantiques, pour expier leurs péchés. On les nommait aussi Blancs-battus, parce qu'ils portaient une sorte de manteau blanc. Les premiers Flagellants apparurent au XIe siècle. S. Pierre Damien fut un des plus ardents à les propager. En 1268 ils formèrent une véritable secte, et Reinier, dominicain de Pérouse, fut déclaré leur chef. La peste qui désola l'Allemagne en 1348 redoubla leur ferveur, et ils se multiplièrent, malgré les censures du clergé. En 1574, le roi de France, Henri III, s'enrôla dans cet ordre avec toute sa cour. Il n'y a pas un siècle qu'on trouvait encore de ces fanatiques en Italie et dans le midi de la France. J. Boileau a écrit en latin une Histoire des Flagellants (Paris, 1700), trad. en franç. par l'abbé Grouet, 1701.

FLAHAUT, famille noble de Picardie, possédait dès la fin du XVIe siècle, la seigneurie de La Billarderie en Boulonnais, et reçut le titre de comte à la fin du dernier siècle. Elle a fourni à la France plusieurs officiers distingués. — C'est à cette famille qu'appartient le comte de Flahaut, né en 1785, ancien aide de camp de Napoléon, pair de France sous Louis-Philippe, sénateur et ambassadeur en Angleterre sous Napoléon III.

FLAHAUT (Mme de), comtesse de Souza. V. SOUZA.

FLAMAND (Franç.), sculpteur. V. DUQUESNOY.

FLAMBOROUGH, bourg d'Angleterre (York), à 26 kil. S. E. de Scarborough; 1400 hab. A 4 kil. E. se trouve le cap de Flamborough, sur lequel on a élevé en 1805 un phare de 83m de haut.

FLAMEL (Nicolas), écrivain-juré de l'Université de Paris au XIVe siècle, né à Pontoise vers 1350, mort en 1413, tenait, avec sa femme Pernelle, une modeste échoppe d'écrivain près de l'église St-Jacques-la-Boucherie. Ce personnage a été le sujet des fables les plus absurdes. Il avait acquis par des moyens qui n'étaient pas connus une fortune considérable ; on prétendit qu'il avait trouvé le secret de faire de l'or. Quoi qu'il en soit, on lui attribue la fondation de plusieurs hôpitaux et de plusieurs chapelles : il embellit les églises de St-Jacques-la-Boucherie et des Innocents. La source des richesses de Flamel paraît se trouver dans les rapports qu'il entretenait avec les Juifs, très-persécutés alors : dépositaire de ce qui leur appartenait, il devenait propriétaire des biens de ceux qui mouraient en exil ou dans les supplices. On lui attribue plusieurs ouvrages d'alchimie, qui n'ont aucune authenticité. L'abbé Villain a donné l’Hist. critique de Flamel et de Pernelle, Paris, 1601.

FLAMINES, prêtres romains institués par Romulus ou par Numa, étaient ainsi nommés du flammeum, espèce de voile couleur de feu qu'ils portaient sur la tête, et dont ils enveloppaient leurs cheveux. Ils se divisaient en deux classes, les Flamines majeurs et les Flamines mineurs. Parmi les premiers, on distinguait le Fl. dial ou de Jupiter, le Fl. martial ou de Mars, et le Fl. Quirinal, c.-à-d. de Quirinus ou Romulus. Le nombre des Flamines mineurs était illimité. Les Flamines majeurs étaient nommés par le collège même ; le peuple assemblé par curies élisait les mineurs. Les uns et les autres avaient pour costume une toge prétexte, pour coiffure un casque surmonté d'un petit cône allongé ou apex. — Le Flamine dial, grand pontife de Jupiter, avait la chaise curule, la robe de pourpre, et se faisait précéder d'un licteur; mais il était soumis à une foule de pratiques bizarres et ridicules : ainsi il lui était défendu de toucher des fèves ou de la farine levée; il ne pouvait passer une seule nuit hors de Rome, ni aller à cheval, ni porter sur lui aucun nœud, etc. Si sa femme venait a mourir, il perdait sa dignité.

FLAMINIE, Flaminia, une des sept provinces du diocèse d'Italie sous l'empire romain, s'étendait de Modène à l'Adriatique, et avait pour bornes à l'O. l’Émilie, au N. la Vénétie, au S. la Valérie; ch.-l., Ravenne. Elle correspondait à la partie orientale de la légation de Bologne, aux légations de Ferrare et de Ravenne, et à une partie de celle de Forli. Elle devait son nom à la voie Flaminienne qui la traversait.

FLAMINIENNE (Voie), Flaminia via, une des grandes voies romaines, conduisait de Rome à Ariminum par la Sabine, l'Ombrie, le pays des Senones, et avait 360 milles de long. Elle fut commencée en 221 av. J.-C. par le censeur Flaminius, dont elle reçut le nom. On la prolongea depuis jusqu'à Aquilée.

FLAMININUS (T. QUINTIUS), général romain, consul l'an 197 av. J.-C. Envoyé contre Philippe, roi de Macédoine, et contre la Ligue Achéenne, il battit Philippe sur l'Aoüs, détacha du parti de ce prince les Achéens, avec lesquels il fit alliance, le défit complètement lui-même à Cynoscéphales, et peu après proclama libres, aux jeux isthmiques, toutes les villes grecques, mesure qui excita leur enthousiasme (196). Il réduisit ensuite Nabis, tyran de Sparte, mais sans vouloir l'anéantir, et souleva les Étoliens contre la domination étrangère. De retour à Rome, il y obtint les honneurs du triomphe; la cérémonie dura trois jours. Envoyé en 194 à la cour de Prusias, où Annibal avait trouvé un asile, il décida ce prince à livrer son hôte aux Romains, ce qu'Annibal ne put éviter qu'en s'empoisonnant. Plutarque a écrit sa Vie.

FLAMINIUS NEPOS (C.), consul l'an 223 av. J.-C., était plébéien, avait d'abord été tribun du peuple et avait proposé une loi agraire. Pendant son consulat, il battit les Gaulois Insubriens. Il fut de nouveau nommé consul en 217 : brave, mais présomptueux, il eut la témérité de livrer bataille à Annibal sans attendre son collègue et malgré les ordres du sénat; il fut complètement battu sur les bords du lac Trasimène et périt dans l'action. Quelques années auparavant (221), étant censeur, il avait fait construire la voie et le cirque qui portèrent son nom.

FLAMMA. V. CALPURNIUS.

FLAMSTEED (J.), astronome anglais, né en 1646 à Derby, mort en 1719, fut le premier chargé des travaux astronomiques à l'observatoire de Greenwich (1676). Avec des moyens fort imparfaits, il obtint des résultats merveilleux. On a de lui : Historia cœlestis, 1712 et 1725 (c'est un des plus riches dépôts d'observations; on y trouve un catalogue de 2866 étoiles). On lui doit un magnifique Atlas céleste, 1729. Il proposa pour la construction des cartes une projection qui diffère de celle de Mercator et qui est connue sous le nom de projection de Flamsteed.

FLANATIQUE (Golfe), Flanaticus sinus, enfoncement de l'Adriatique entre l'Istrie et l'Illyrie, est auj. le golfe de Quarnero.

FLANDRE. On donnait anciennement ce nom à tout le pays compris entre le Bas-Escaut, la mer du Nord, l'Artois, le Hainaut et le Brabant. Elle formait un vaste comté, qui avait pour capit. Gand. On y distinguait le Comté de Flandre, la Flandre française, la Flandre gallicane, dite aussi Flandre welche et wallonne, la Flandre allemande ou flamande (V. ci-après). — Le sol de la Flandre est sablonneux, bas et marécageux, le climat humide et cependant assez sain en général; la culture y est très-active et la fertilité extraordinaire. Un grand nombre de rivières et de canaux sillonnent ce pays, et facilitent les transports. Parmi les premières, on remarque l'Escaut, la Lys, la Dender, la Drume, l'Yser; parmi les canaux, ceux de Gand à Bruges, de Bruges à Ostende, de Dunkerque, de Furnes, de Nieuport, de Loo, etc. Les principales productions sont les céréales, le lin, le chanvre, le colza, le houblon, le tabac ; il y a peu de bois, mais beaucoup de pâturages: on y nourrit quantité de bêtes à cornes et des chevaux excellents. L'industrie principale consiste dans la fabrication de la bière, des toiles et des dentelles.

Du temps des Romains, le territoire de la Flandre, qui faisait partie de la Gaule Belgique (Belgique 2e), était occupé par les Morini, par une partie des Nervii et des Menapii. Ces peuples opposèrent une vive résistance à César : les Nerviens à eux seuls armèrent contre lui 60 000 hommes et faillirent exterminer ses légions. Cette partie remuante de la Gaule Belgique se souleva, à la suite du Batave Civilis, 68 ap. J.-C. Le Christianisme y fut introduit, sous Maximien et Dioclétien, par Piat, Chrysole et Eucher, tous trois martyrs. En 445, Clodion, chef des Francs, vainqueur des Romains, envahit cette contrée et prit Tournay et Cambray. À cette invasion succédèrent, en 449, les ravages d'Attila. En 486, Clovis s'empara du pays, qui, sous ses descendants, fit partie de la Neustrie; il fut administré par des gouverneurs dits Forestiers. Ce n'est qu'au VIIe s. qu'apparaît le nom de Flandre : encore ne s'étendait-il à cette époque qu'au territoire de Bruges. Ce pays fut compris dans le roy. de France par le traité de Verdun, 843. En 862, il fut érigé en comté, vassal des rois de France, en faveur de Baudouin, dit Bras de Fer, gendre de Charles le Chauve, dont la famille le conserva jusqu'en 1119. Les comtes de Fl. étaient en 987 au nombre des six pairs de Hugues Capet. Deux comtes de Flandre eurent le titre de régent de France : l'un, Baudouin V, fut tuteur de Philippe I; l'autre, Philippe, fils de Thierry, eut la tutelle de Philippe-Auguste. Un 3e, Baudouin IX, fut empereur de Constantinople (1204). Après l'extinction de la 1re dynastie de ses comtes, la Flandre fut possédée, en vertu d'un testament de Baudouin VII, par Charles I, le Bon, fils de Canut, roi de Danemark (1119-1127), et après la mort de celui-ci par Guillaume Cliton, fils de Robert II, duc de Normandie, que le roi de France Louis le Gros investit du comté ; mais Guill. Cliton périt l'année suivante (1128) au siège d'Alost. Thierry d'Alsace, fils de Thierry, duc de Lorraine, lui succéda et transmit le comté à ses descendants. Dans les guerres de la France et de l'Angleterre, les comtes de Flandre prirent souvent parti pour celle-ci, malgré les liens de vassalité qui les attachaient à la France. Après la mort de la comtesse de Flandre Marguerite II, qui avait épousé successivement Bouchard, seigneur d'Avesnes, et Guy de Dampierre, la Flandre échut à Guy de Dampierre, un de ses fils (1280). La révolte de Guy contre Philippe le Bel, en 1297, fut suivie de la conquête et de la réunion de son comté à la couronne de France; mais en 1302 les Flamands s'insurgèrent, battirent Philippe le Bel à Courtray, et obtinrent qu'on leur rendit leurs comtes (1304). En 1337, sous Louis I de Dampierre, les villes flamandes, à l'instigation du premier Arteveld, reconnurent comme roi de France Édouard III d'Angleterre, et par là donnèrent lieu à la guerre de Cent ans, entre les rois de France et d'Angleterre. En 1382, elles se révoltèrent, sous la conduite de Philippe Arteveld, contre Louis II, leur comte, qui appela les Français à son secours, et ils s'attirèrent ainsi la terrible défaite de Rosebecque. Après la mort de Louis II (1384), la dynastie française de Valois-Bourgogne remplaça celle des Dampierre par le mariage de Philippe I, duc de Bourgogne, avec Marguerite, fille de Louis II. Cette époque fut pour les villes de Flandre un temps de splendeur et de prospérité ; les villes populeuses de Gand, de Bruges, d'Ypres, etc., avaient acquis par leur commerce des richesses immenses; mais, jalouses de leurs libertés, elles étaient sans cesse en querelle avec leurs seigneurs. Après la mort de Charles le Téméraire, qui avait toujours été en guerre avec Louis XI (1465-1477), le comté de Flandre échut à sa fille Marie ; celle-ci, en épousant l'archiduc Maximilien, porta ce comté avec toutes ses dépendances dans la maison d'Autriche ; de là, les longues guerres de la France avec cette maison. En 1526, le traité de Madrid, en abolissant la vassalité de la Flandre, brisa le dernier lien qui attachait ce pays à la France. Charles-Quint l'incorpora aux 17 provinces qui formèrent le cercle de Bourgogne. Le traité des Pyrénées, en 1659, rendit à la France quelques villes de la Flandre et de l'Artois. Le traité de Nimègue lui donna tout l'Artois et une bonne partie de la Flandre avec un peu du Hainaut et la ville de Cambray (1678). La paix d'Utrecht (1713) conféra la Flandre non française à la ligne d'Autriche-Autriche; elle passa en 1740 à la maison de Lorraine-Autriche, mais toujours en restant partie intégrante de l'empire germanique. En 1792, les Français envahirent la Flandre impériale, et ils l'occupèrent depuis jusqu'en 1814. Ils en formèrent les dép. de la Lys et de l'Escaut. En 1814, cette partie de la Flandre fut donnée au roi des Pays-Bas, qui en fit deux provinces. Après le soulèvement des Belges en 1830, elle resta à la Belgique.

Comtes de Flandre.
lre Dynastie. Jeanne, qui épousa Fernand de Portugal, puis Thomas de Savoie, 1206
Baudouin I, 862 Marguerite II, qui épousa Guillaume de Dampierre, 1244.
Baudouin II, 879 Dynastie de Dampierre.
Arnoul I et Baudouin III, 918 Guy, 1280
Arnoul II, 965 Robert III, 1305
Baudouin IV, 989 Louis I, 1322
Baudouin V, 1036 Louis II, 1346
Baudouin VI, 1067 Marguerite III, de Dampierre, épouse Philippe I, duc de Bourgogne, 1384
Arnoul III, 1070 Dynastie des ducs de Bourgogne.
Robert I, 1071 Jean sans Peur, 1405
Robert II, 1093 Philippe II, le Bon, 1419
Baudouin VII, 1111 Charles II, le Téméraire, 1467
Divers. Marie, qui épouse Maximilien d'Autriche, 1477
Charles I de Danemark, 1119 Philippe III, le Beau, 1482
Guillaume Cliton de Normandie, 1127 Dynastie d'Autriche.
Dynasties d'Alsace et de Hainaut. Charles III (Charles-Quint), 1506
Thierry I, d'Alsace, 1128
Philippe, 1168
Marguerite I, qui épousa Baudouin VIII, comte de Hainaut, 1191
Baudouin IX, empereur de Constantinople, 1194

M. Van Praet, en 1828, et M. Ed. Leglay, en 1844, ont donné l’Histoire des comtes de Flandre.

FLANDRE ALLEMANDE, FLAMANDE OU FLAMINGANTE, partie maritime de l'anc. comté de Flandre, s'étendait entre la mer du Nord et la Lys, et avait pour v. princ. Gand et Bruges. On y parlait le flamand.

FLANDRE FRANÇAISE, prov. sept. de l'anc. France, au S. de la préc., avait pour capit. Lille; autres v. princ. : Douai, Cassel, Dunkerque, Hazebrouck. Elle était ainsi nommée, même avant d'appartenir à la France, parce qu'on y parle le français pur. Elle forme auj. la plus grande partie du dép. du Nord (les 4 arr. de Dunkerque, Hazebrouck, Lille, Douai). — Elle appartenait d'abord au comté de Flandre, et fut cédée à la France en 1678, par la paix de Nimègue. Envahie en 1791 par les Autrichiens, elle fut un instant occupée, malgré l'héroïque résistance des Lillois ; Pichegru la reprit en 1793.

FLANDRE GALLICANE, dite aussi Flandre welche ou wallone, partie de l'anc. Flandre, comprise entre la Lys au N. et la Flandre française au S. O. ; Tournay en était la ville principale. On l'appelait ainsi parce qu'on y parlait le dialecte wallon.

FLANDRE IMPÉRIALE, partie de l'anc. Flandre située sur les 2 rives de l'Escaut, s'étendait, sur la r. g., de Gand à Anvers, et sur la r. dr., entre l'Escaut et la Dender, comprenant le comté d'AIost. C'est la partie E. de la Flandre orientale actuelle.

FLANDRE OCCIDENTALE, prov. du roy. actuel de Belgique, bornée au N. et au N. O. par la mer du Nord, à l'E. par la Flandre orientale, au S. par le Hainaut, au S. O. et à l'O. par le dép. du Nord; 70 kil. sur 60; 660 000 hab.: ch-l., Bruges. La Flandre occid., partie occid. de l'ancien comté de Flandre, formait avant 1814 le dép. français de la Lys. Elle est divisée en 4 arr. (Bruges, Courtray, Furnes, Ypres).

FLANDRE ORIENTALE, prov. du roy. de Belgique, bornée au N. par la Zélande, à l'E. par la prov. d'Anvers et le Brabant mérid., au S. par le Hainaut, à l'O. par la Flandre occid.; 60 k. sur 53; 800 000 h.; ch.-l., Gand. La Flandre orient., partie de l'ancien comté de Flandre, formait avant 1814 le dép. français de l'Escaut. Elle se divise en 4 arr. (Gabd, Oudenarde, Dendermonde, Eecloo).

FLANDRIN (Hippolyte), peintre français, né à Lyon en 1809, m. en 1864. Élève de M. Ingres, il se livra d'abord à la peinture historique, et composa plusieurs œuvres remarquables, St-Clair guérissant les aveugles, Euripide écrivant ses tragédies, Dante dans le cercle des envieux, le Christ et les petits enfants, St-Louis dictant ses commandements, St-Louis prenant la croix pour la 2e fois, Mater Dolorosa, Napoléon législateur, etc. Il exécuta les peintures murales de St-Germain des Prés et de St-Vincent de Paul, etc., et y fit preuve, comme peintre, d'un sentiment religieux très-élevé. Il a surtout excellé dans le portrait, où il compte peu d'égaux pour la vérité et l'expression. Il était membre de l'Académie des Beaux-Arts, où son Éloge a été lu par M. Beulé (1864).

FLASSAN (Gaëtan RAXIS, comte de), historien, né en 1770 dans le Comtat-Venaissin. On lui doit une Histoire de la diplomatie française, 1808, et une Histoire du congrès de Vienne, 1829.

FLAVIA, famille romaine. V. FLAVIUS.

FLAVIE CÉSARIENNE, Flavia Cæsariensis, une des 5 prov. du diocèse de la Bretagne romaine, comprenait les comtés de l'E. situés au N. de la Tamise, et avait pour ch.-l. Venta (Winchester).

FLAVIEN (S.), fut élu en 381 patriarche d'Antioche du vivant de son prédécesseur Paulin, ce qui fit naître dans l'église de Syrie un schisme qui ne fut éteint que sous Innocent I. Flavien plaida auprès de Théodose en faveur des habitants de sa métropole, qui dans une sédition avaient renversé les statues de l'empereur et de l'impératrice, et il obtint leur grâce. S. Chrysostôme nous a conservé le discours admirable qu'il prononça à cette occasion. Il mourut en 404. — Un autre Flavien, évêque d'Antioche en 498, se rendit suspect de nestorianisme, fut déposé en 511 et exilé à Pétra, où il mourut en 518.

FLAVIEN (S.), patriarche de Constantinople en 447, fit condamner Eutychès en 448, et périt en 449 à Éphèse, victime des violences des Eutychéens. On l'hon. le 15 ou le 18 février.

FLAVIENS (les), famille romaine. V. FLAVIUS.

FLAVIGNY, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 14 k. E. de Semur; 850 h. Anis très recherchés, bons vins rouges. Belle église gothique.

FLAVIOBRIGA, auj. Bilbao, v. d'Hispanie (Tarraconaise), chez les Cantabres, sur la côte.

FLAVIUS, nom d'une famille plébéienne de Rome, de laquelle étaient issus les empereurs Vespasien, Titus et Domitien. — Constance Chlore, Constantin le Grand, portèrent aussi ce nom.

FLAVIUS (Cneus), scribe ou secrétaire d'Appius Claudius, fils d'un affranchi. Il déroba à Appius et publia un recueil des formules sans lesquelles une procédure ne pouvait être valable, formules que les patriciens avaient jusqu'alors cachées soigneusement au peuple. Il acquit par là une grande popularité. Il fut élu édile curule et tribun du peuple (303) et entra dans la suite au sénat.

FLAXMAN, sculpteur et dessinateur anglais, né à York en 1755, m. en 1826. Il fut nommé en 1810 membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture de Londres et professeur dans cet établissement. On estime surtout de lui les monuments funéraires de Howe et de Nelson à St-Paul, celui du comte Mansfeld à Westminster, du poëte Collins, à Chichester ; le Bouclier d'Achille, bas-relief d'après l’Iliade, les statues de Reynolds et de Washington. Il fit de beaux dessins au trait pour les œuvres d'Homère, d'Hésiode, d'Eschyle et de Dante. Cet artiste appartient à l'école classique ; il unit l'élégance à la noblesse; il invente et compose bien; mais, dans ses œuvres de sculpture, le fini laisse à désirer. Son OEuvre, gravée par Réveil, a été publiée à Paris, 1832. 2 vol. obl.

FLÉCHIER (Esprit), évêque et orateur sacré, né en 1632 à Pernes, dans le comtat d'Avignon, d'une famille d'artisans, entra dans la congrégation de la Doctrine chrétienne à l'âge de 16 ans, professa d'abord la rhétorique à Narbonne, vint à Paris en 1661, et obtint la place de lecteur du Dauphin par la protection du gouverneur de ce prince, le duc de Montausier. Fléchier se fit d'abord connaître par des sermons qui obtinrent du succès; mais il réussit surtout dans l'oraison funèbre. Les deux premières qu'il prononça furent celles de la duchesse de Montausier (1672) et de la duchesse d'Aiguillon; (1675). En 1679 il prononça celle de Turenne; c'est là que son talent s'éleva a toute sa hauteur. Louis XIV le nomma en 1685 à l'évêché de Lavaur, puis, en 1687, à celui de Nîmes. Ce diocèse était rempli de Calvinistes, et l'édit de Nantes venait d'être révoqué : Fléchier sut pourtant se concilier l'affection générale. Il mourut en 1710, regretté de tous également. Cet orateur se place après Bossuet dans l'oraison funèbre ; sa pensée est en général noble, elle n'est pas toujours élevée; son style est fleuri, plein, d'harmonie, mais il pèche souvent par une symétrie monotone dans l'arrangement des phrases, et surtout par l'abus des antithèses. Il avait été reçu à l'Académie en 1675. Ses OEuvres ont été publiées en 1782 par Ducreux, 10 vol. In-8. On y remarque, avec les Oraisons funèbres, des Sermons, des Panégyriques de saints, une Vie de Commendon, et enfin des Histoires de Théodose et de Ximénès, qui ont plus de mérite littéraire que de valeur historique. Il a laissé de curieux Mémoires sur les grands-jours de Clermont, publiés en 1844 seulement par M. Gonod.

FLEETWOOD (Ch.), gouverneur d'Irlande sous Cromwell, fils de W. Fleetwood, échanson des rois Jacques I et Charles I, prit de bonne heure du service, se fit élire membre du long-parlement, s'y déclara contre Charles I, fut en 1647 un des commissaires chargés par l'armée de traiter avec le parlement, et contribua en 1650 au gain de la bataille de Worcester. Il épousa la fille de Cromwell, veuve d'Ireton; son beau-père le nomma alors commandant général des troupes d'Irlande, puis vice-roi de cette île. Néanmoins, Fleetwood s'opposa à ce que Cromwell prît le titre de roi, et fut même un des premiers à faire déposer son fils Richard Cromwell. Proscrit après la restauration des Stuarts, il mourut dans l'obscurité. C'était un homme faible et sans résolution.

FLEIX, vge du dép. de la Dordogne, à 22 kil. O. de Bergerac; 1600 hab. Il y fut signé en 1580 un traité qui fit trêve aux guerres religieuses,

FLEMING (Abraham), écrivain anglais, né, à Londres vers le milieu du XVIe siècle, a traduit les Bucoliques et les Géorgiques de Virgile, 1575; les Épîtres de Cicéron, les Lettres de Pline, 1576, et a composé quelques ouvrages : Combats entre le vice et la vertu, 1582; le Diamant de la dévotion, 1586; etc.

FLEMMING (J. H., comte de), général suédois, né en 1667, mort en 1728, entra de bonne heure au service de l'électeur de Saxe Jean-George, qui l'honora de son amitié, et fut nommé par Frédéric-Auguste, successeur de ce prince, feld-maréchal et premier ministre. Il contribua puissamment à assurer sur la tête de son maître la couronne de Pologne qui lui était disputée par le prince de Conti. Il poussa avec vigueur la guerre contre Charles XII, et il ne tint pas à lui que ce prince ne fût arrêté lors de la visite imprudente qu'il vint faire à Dresde au roi Auguste. Après la bat. de Pultawa, il essaya vainement d'assurer la Livonie à la Saxe, et de décider le roi de Prusse à déclarer la guerre à la Suède.

FLENSBORG, v. murée du Danemark (Sleswig), à 19 k. N. de Sleswig, sur le Flensborg-fiord; 14 000 h. Port sûr et profond, étroit d'entrée; chemin de fer. Hôtel de ville, théâtre, bourse, école de navigation. Toile à voiles, tabac, savon, papier, bleu de Prusse; fonderie de cuivre; raffinerie de sucre, eau-de-vie de grains, teintureries; chantiers de construction. Commerce actif, armements pour la pêche au Groënland.

FLERS, ch.-l. de c. (Orne), à 21 kil. N. de Domfront; 4895 hab. Toiles, coutils, basins.

FLESSELLES (Jacques de), prévôt des marchands de Paris, né en 1721, fut une des premières victimes de la Révolution. Accusé d'entretenir des relations avec la cour et de tromper le peuple en l'abusant par de fausses promesses d'armes et de munitions, il fut tué d'un coup de pistolet à l'hôtel de ville, le 14 juillet 1789, jour de la prise de la Bastille. Sa tête fut coupée et promenée dans les rues au bout d'une pique.

FLESSINGUE, Vlissengen en hollandais, v. forte du roy. de Hollande (Zélande), dans l'île de Walcheren, à 6 kil. S. O. de Middelburg, à l'emb. du Hondt (bras de l'Escaut); 8000 hab. Excellent port militaire et marchand ; chantiers de construction ; bassin pour 50 vaisseaux; siège d'une amirauté, etc. Patrie de Ruyter. — Flessingue est la 1re ville qui, en 1572, se déclara contre les Espagnols. En 1585 le prince d'Orange l'engagea à la reine Élisabeth en garantie d'un prêt fait à la Hollande : les Anglais la gardèrent jusqu'en 1616. Réunie à la France de 1807 à 1814, elle fut bombardée par les Anglais en 1809 : c'est alors que fut détruit son superbe hôtel de ville.

FLETCHER (Richard), prêtre anglican, fut chargé en 1587 d'accompagner Marie Stuart à l'échafaud, et montra contre cette malheureuse reine une animosité fanatique. Lorsque la tête eut été tranchée, il s'écria : « Périssent ainsi tous les ennemis d’Élisabeth ! » Il fut fait, en récompense de son zèle, évêque de Bristol, puis de Londres. Cependant il mourut disgracié, en 1596. Ce prêtre s'était marié deux fois.

FLETCHER (John), auteur dramatique, fils du précédent, né en 1576, dans le comté de Northampton, fut destiné au barreau, mais renonça à cette carrière pour les lettres, se lia avec le poète Beaumont, et donna en société avec lui plus de 50 pièces, tragédies et comédies. Il survécut à son ami, mort en 1615, et fit seul quelques nouvelles pièces. Il mourut de la peste en 1625. Autant qu'il est possible de distinguer les ouvrages des deux amis, on estime davantage les comédies de Fletcher; elles brillent par l'esprit, la vivacité et la fidélité des peintures de mœurs. Les meilleures sont : le Fat, le Capitaine, le Voyage des amants, l'Ennemi des femmes. Contemporains de Shakespeare, Beaumont et Fletcher eurent de leur temps plus de vogue que ce grand poète. L'édition la plus complète de leurs œuvres est celle de Dyce, Londres, 1844, 11 vol. in-8. Elles ont été traduites dans les Chefs-d'œuvre des théâtres étrangers, 18l3 et séparément par E. Lafond, 1864.

FLETCHER DE SALTOUN (André), patriote écossais, né à Saltoun en 1653, mort à Londres en 1716. Membre du parlement d'Écosse, il se montra orateur énergique, républicain zélé, combattit successivement le gouvernement de Charles II, de Jacques II et de Guillaume III, entra dans la conspiration de Monmouth, et s'opposa toujours à la réunion de l'Écosse et de l'Angleterre. Il a laissé quelques écrits politiques qui ont été réunis à Glasgow, 1749.

FLEURANCE ou FLEURANGES, ch.-l. de c. (Gers), à 11 kil. S. de Lectoure; 2900 hab. Jolie ville. Commerce en grains, eau-de-vie, plumes d'oie, etc. — Anc. seigneurie qui a donné son nom à un membre de la maison de La Mark. V. MARK (Robert III de la).

FLEURIEU (Ch. P. CLARET, comte de), ministre de la marine sous Louis XVI, membre de l'Institut, né à Lyon en 1738, m. en 1810, entra dès l'âge de 13 ans au service de mer et montra de bonne heure une habileté et une instruction surprenantes : en 1763, il fabriqua, de concert avec Ferdinand Berthoud, la première horloge marine qu'on eût encore vue. Nommé en 1776 directeur général des ports et arsenaux, il dirigea les opérations navales de la guerre d'Amérique et fournit les plans des voyages de découverte entrepris par La Pérouse et le chevalier d'Entrecasteaux. Appelé en 1790 au ministère de la marine, il donna sa démission l'année suivante, et fut nommé gouverneur du jeune Dauphin (Louis XVII). Il devint membre du Conseil des Anciens en 1797 ; fut exclu de cette assemblée le 18 fructidor, et appelé par Bonaparte au conseil d'État après le 18 brumaire, On a de lui : Découvertes des Français dans le S. E. de la Nouv.-Guinée en 1768 et 1769, Paris, 1790; Le Neptune Américo-septentrional, 1780; LeNeptune des mers du Nord, 1794. On lui doit aussi la rédaction du Voyage autour du monde fait pendant les années 1790 et 1792, par Étienne Marchand, an VI (1798). Ses ouvrages sont précieux par l'exactitude des détails et la perfection des cartes hydrographiques. — On a donné son nom à une baie de la Terre de Diémen, sur la côte orientale, découverte en 1802 par Baudin; — et à une île située à l'extrémité N. O. de la Terre de Van Diémen, découverte en 1798 par Flinders, puis explorée par Freycinet.

FLEURUS, v. de Belgique (Hainaut), dans une vaste plaine, près de la Sambre (r. g.), à 11 kil. N. E. de Charleroi; 4000 h. Station. Cailloux roulés de quartz hyalin dits diamants de Fleurus. — Cette v. a donné son nom à 4 batailles mémorables : la 1re en 1622, entre l'armée espagnole sous les ordres de Gonzalès de Cordoue, général de la ligue catholique, et les troupes de l'Union protestante commandées par le bâtard de Mansfeld : les deux partis s'attribuèrent l'avantage; — la 2e en 1690 : le maréchal de Luxembourg y défit G. Frédéric, prince de Waldeck, l'un des plus habiles généraux de la ligue d'Augsbourg; — la 3e livrée le 26 juin 1794 (8 messidor an II). le général Jourdan y défit les Impériaux sous les ordres du prince de Cobourg; c'est la plus importante; elle donna la Belgique à la France; c'est à cette bataille qu'on fit pour la lre fois usage de l'aérostat; — la 4e, plus communément appelée bataille de Ligny, eut lieu le 16 juin 1815 : Napoléon y défit complètement le général prussien Blücher.

FLEURY, Floriacum, nom commun à un grand nombre de bourgs et villages de France. Les plus connus sont : 1° un vge du dép. de l'Aude, à 16 k. N. E. de Narbonne ; 1305 h. Anc. baronnie érigée en 1736 en duché-pairie pour un neveu du cardinal de Fleury ; — 2° Fleury-sur-Andelle (Eure), ch.-l. de c., à 15 k. N. des Andelys; 1400 hab. Église toute moderne. Filatures, tissage mécanique, imprim. sur indiennes ; — 3° Fleury-sur-Loire ou Saint-Benoît-sur-Loire, bourg du Loiret, à 36 kil. N. O. de Gien; 1640 h. Anc. monastère de Bénédictins, où se conservaient les reliques de S. Benoît; il n'en reste que l'église, qui renferme le tombeau de Philippe I. La bibliothèque était une des plus riches de France.

FLEURY (l'abbé Claude), sous-précepteur des enfants de France, né à Paris en 1640, mort en 1723, embrassa l'état ecclésiastique en 1667 après avoir été pendant 9 ans avocat au parlement; fut nommé en 1672 précepteur des princes de Conti, et devint en 1689 sous-précepteur des ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry, petits-fils de Louis XIV, dont Fénelon était le précepteur, et fut nommé en 1717 confesseur de Louis XV. Il avait reçu en 1706, comme récompense de ses soins, le prieuré d'Argenteuil, et avait été admis à l'Acad. française en 1696. Fleury est surtout connu par ses ouvrages : les principaux sont le Catéchisme historique, 1679; les Mœurs des Israélites, 1681 ; les Mœurs des Chrétiens, 1682; Traité du choix des études, 1686; enfin, l’Histoire ecclésiastique, précédée du Discours sur cette histoire, 1691 et années suivantes, 20 vol. in-4 : c'est le plus important de tous. Cette histoire s'étend depuis l'établissement du Christianisme jusqu'en 1414. Il en a paru chez Didier en 1840 une nouvelle édition en 6 vol. grand in-8, avec 4 livres inédits, qui contiennent l'esquisse du XVe siècle (1414-1517). On trouve dans l’Histoire ecclésiastique de Fleury un style facile et naturel, une vaste érudition, une morale pure, de sages réflexions; mais la critique y est quelquefois outrée : son 9e Discours sur l'église gallicane a été mis à l’Index à Rome. Rondet a réuni ses Opuscules en 5 vol., Nîmes, 1780; Émery a publié en 1807 de Nouv. Opuscules.

FLEURY (André Hercule de), cardinal et ministre, né à Lodève en 1653, fut d'abord aumônier de Louis XIV, devint en 1698 évêque de Fréjus, fut choisi en 1715 par le vieux roi mourant pour être précepteur du jeune Louis XV, et sut gagner toute la confiance de son élève. En 1726 il fut choisi pour remplacer le duc de Bourbon dans la charge de premier ministre; la même année, il fut nommé cardinal. Il montra de la sagesse dans l'administration intérieure, diminua les impôts et mit quelque ordre dans les finances; mais il ne sut pas maintenir l'influence de la France au dehors, et abandonna Stanislas, roi de Pologne, dans la guerre qu'il soutenait pour reconquérir son trône ; cependant, par le traité de Vienne (1736), il fit céder par l'Autriche au roi déchu les duchés de Lorraine et de Bar, en stipulant que ces duchés, après la mort de Stanislas, reviendraient à la France. Dans la guerre de la succession (1740), le cardinal ne fit pas encore jouer à nos armées un rôle bien brillant, mais il ne vit pas la fin de cette guerre : il mourut en 1743. Honnête, désintéressé, simple et sans faste, Fleury eut les qualités de l'homme privé plutôt que les talents du ministre. Il avait été élu membre de l'Académie française en 1717, de celle des sciences en 1721, de celle des inscriptions et belles-lettres en 1725, et avait les titres de proviseur de Sorbonne et de supérieur de la maison de Navarre.

FLEURY (J. BÉNARD, dit), célèbre comédien, né en 1750 à Lunéville, mort en 1822, était fils d'un des acteurs de la troupe du roi Stanislas. Il débuta à la Comédie-Française en 1772, et réussit parfaitement dans les rôles de petits-maîtres, de courtisans, de mauvais sujets. On ne se lassait pas de l'applaudir dans le Chevalier à la mode, l'Homme à bonnes fortunes, et surtout dans le marquis de l’École des bourgeois. Il quitta la scène en 1818. On a publié en 1836 de prétendus Mémoires de Fleury, faits d'après quelques notes trouvées dans ses papiers après sa mort.

FLEVO (lac), lac situé jadis au N. du Rhin inférieur, dans le pays des Bataves, et qui communiquait par un étroit canal (dit Flevum ostium), avec l'Océan Germanique. L'irruption des eaux de l'Océan en 1225 l'agrandit et en fit le Zuyderzée actuel.

FLIBUSTIERS (de flyboat, vaisseau qui vole; ou plutôt de free booter, libre pillard), pirates des Antilles qui se sont fait un nom dans le XVIIe siècle par leur audace et leur acharnement contre les Espagnols. Descendus de ces Boucaniers de l'île de St-Domingue dont les Espagnols avaient détruit le commerce, ils s'établirent dans l'île de la Tortue près de St-Domingue, d'où ils couraient les mers, pillant les colonies et les vaisseaux espagnols, et dissipant ensuite leur butin dans la débauche. Les plus fameux furent : l'Anglais Morgan, qui prit Panama en 1670; Pierre Legrand, de Dieppe, qui avec une barque montée par 28 hommes enleva le vaisseau amiral espagnol ; Nau l'Olonnais et Michel le Basque qui prirent Maracaïbo, et Monbars l'Exterminateur qui en 1683 s'empara de la Vera-Cruz. Le dernier exploit de ces pirates fut la prise de Carthagène (Amérique), dont ils s'emparèrent en 1697, à l'aide d'une flotta de corsaires français. Depuis cette époque leur nombre diminua sensiblement : l'histoire n'en parle plus après le XVIIe siècle. Œxmelin (1775) et Archennolz (1804) ont écrit l’Histoire des Flibustiers.

FLINDERS (Matth.), navigateur anglais, né vers 1760, mort en 1814, parcourut en 1798 avec Bass les côtes de la Nouv.-Hollande, découvrit le détroit de Bass qui sépare la Terre de Van Diémen du continent, et publia à son retour : Voyage aux Terres australes pendant les années 1801-1803, Londres, 1814.

FLINDERS (Terre de), partie de la côte S. de l'Australie, entre les 130° et 136° de long. E., est bornée à l'O. par la Terre de Nuyts.

FLINSBERG, v. des États prussiens (Silésîe), près de la Queiss, à 25 k. S. O. de Lœwenberg; 2500 h. Verrerie. Eaux minérales.

FLINT, v. d'Angleterre (pays de Galles), ancien ch.-l. du comté de Flint, à l'emb. de la Dee et à 17 k. S. O. de Liverpool; 3210 hab. Bains de mer. Ruines d'un château fort. Richard II fut pris près de là et forcé de céder sa couronne au duc de Lancastre (Henri IV), en 1399. — Le comté de Flint, entre ceux de Denbigh à l'O., de Chester à l'E. et la mer d'Irlande au N., a 45 kil. sur 20 et 70 000 hab. Il a pour capit. Mold, qui a récemment remplacé Flint. Pâturages, grains; plomb, houille, zinc, etc.

FLIZE, ch.-l. de c. (Ardennes), à 7 kil. S. E. de Mézières; 300 hab. Anc. château, converti en manufactures de draps, forges, fabriques d'essieux.

FLODDEN, hameau d'Angleterre (Northumberland), à 18 kil. S. de Berwick, est célèbre par la bat. qui s'y livra en 1513, entre les Anglais, commandés par Surrey, et les Écossais, commandés par Jacques IV : le roi d’Écosse y périt avec presque toute sa noblesse.

FLODOARD, chroniqueur français, né à Épernay en 894, mort à Reims en 966, était chanoine de la cathédrale de cette ville. On a de lui une Histoire de l'église de Reims, écrite en latin, et pleine de recherches aussi exactes que savantes, publiée par Sirmond, Paris, 1611; par Colvener, Douai, 1617, et réimpr., avec une trad. franç. de M. Lejeune, par l'Acad. de Reims, 1854; et une Chronique estimée, qui s'étend de 919 à 966, publiée par Duchesne, et trad. par M. Guizot dans sa Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France.

FLOGNY, ch.-l. de c. (Yonne), à 14 kil. N. O. de Tonnerre, sur l'Armançon et le canal de Bourgogne, est traversé par le chemin de fer de Paris à Lyon ; 382 hab. Aux env., restes d'un camp romain.

FLOR (Roger de), célèbre aventurier, né vers 1260, était fils d'un grand fauconnier de l'empereur Frédéric II, et était entré fort jeune dans l'ordre des Templiers. Marin et guerrier, il s'était déjà signalé à St-Jean-d'Acre contre les Musulmans, et en Sicile en combattant pour Frédéric contre les princes de la maison d'Anjou, lorsqu'il offrit ses services, en 1303, à l'empereur grec Andronic, pressé par les Turcs. Il passa en Anatolie en 1304 avec une armée composée de Catalans, d'Aragonais et d'Almogavares, battit les Turcs en plusieurs rencontres, et obtint d'Andronic en récompense la main de sa nièce avec le titre de César; mais, sa faveur ayant excité la jalousie de Michel, fils de l'empereur, il fut égorgé par ordre de ce prince, 1307. Ses soldats le vengèrent en ravageant les provinces byzantines.

FLORAC, ch.-l. d'arr. (Lozère), à 35 kil. S. E. de Mende, sur le Tarnon, près de son confluent avec le Tarn; 2000 hab. Trib. de 1re inst., église calviniste. Eau minérale, mûriers, vignes.

FLORAUX (Jeux), fêtés célébrées à Rome en l'honneur de la déesse Flore. V. FLORE.

Dans les temps modernes, on a donné ce nom à une institution littéraire qui existe à Toulouse et qui a pour but d'encourager la poésie. On y distribue aux meilleurs vers des prix qui consistent en différentes fleurs, d'or ou d'argent, telles que la violette, l'églantine, le souci, l'amarante, le lis. Cet institution fut fondée en 1322 par plusieurs poëtes qui se réunirent pour former ce qu'on appela le Collége de la gaie science; elle fut renouvelée vers 1500 par Clémence Isaure, et fut, en 1695, érigée en académie, Elle subsiste encore aujourd'hui. La distribution des prix a lieu, chaque année, le 3 mai.

FLORE, Flora, déesse des fleurs et des jardins chez les Romains, épouse de Zéphyre, était représentée la tête et les mains chargées de fleurs. Son culte, établi chez les Sabins, fut introduit à Rome par Tatius. On célébrait en son honneur les jeux floraux, qui avaient lieu à l'époque de la floraison (avril). Ils se célébraient la nuit : il y régnait une grande licence. Renouvelés vers 230 av. J.-C., ces jeux ne devinrent annuels qu'à partir de 174 av. J.-C. Selon Lactance, le culte de la déesse Flore aurait pour origine un legs qui aurait été fait au peuple romain par une courtisane nommée Flora, à la condition qu'on célébrerait tous les ans une fête en son honneur.

FLORE (Ste), née à Cordoue d'un père musulman, fut élevée par sa mère dans la religion chrétienne et subit le martyre plutôt que d'abjurer, en 851. On l'honore le 24 nov.

FLORE (FRANC-), peintre flamand. V. FLORIS.

FLORENCE, Florentia Tuscorum chez les anciens, Firenze en italien, capitale de la Toscane, sur l'Arno, dans une situation délicieuse, à 372 kil. N. O. de Rome, et à 1400 kil. S. E. de Paris; 110 000 hab. Archevêché, résidence de l'administration; cour d'appel, université fondée en 1438, école de médecine et de chirurgie, écoles pies. Édifices superbes et qui en font une des plus belles villes du monde ; palais Pitti, Vieux-Palais ou degli Offici, contenant la galerie de Florence ou de Médicis, nombreux palais appartenant à des particuliers; magnifique cathédrale dite Duomo; belles églises; beaux jardins et agréables promenades, notamment celle des Cascine; places vastes et richement décorées; neuf théâtres (la Pergola, Cocomero, etc.). Les statues, tableaux et autres objets d'art se trouvent en profusion à Florence. Cette ville a de plus beaucoup d'établissements scientifiques, artistiques et littéraires (bibliothèques Magliabecchiana, Laurentine, Musée florentin, Musée d'histoire naturelle); plusieurs acad. et sociétés savantes, entre autres l'Académie della Crusca; une célèbre école de peinture, un observatoire, etc. Florence fabrique les taffetas dits florence, des chapeaux de paille, des lainages, de la carrosserie, des instruments de mathématiques, des parfums et des liqueurs; on y fait de belles mosaïques en pierre dure. Patrie des Médicis, du Dante, de Boccace, de Machiavel, de Guichardin, de Villani, de Marsile Ficin, d'Améric Vespuce, de Cimabué, de Brunelleschi, d'André del Sarto, et d'un grand nombre de peintres qui ont formé l'école dite Florentine; des musiciens Lulli et Cherubini, de plusieurs papes, entre autres Léon X. — Florence existait du temps des Étrusques, mais elle n'eut quelque célébrité que quand Sylla en eut fait une colonie romaine (81 av. J.-C). Etle était au IVe siècle la capit. de la prov. d'Étrurie. Stilicon y remporta une grande victoire sur Radagaise en 406. Prise et reprise successivement par Totila, par Narsès, elle finit par être ruinée : Charlemagne la releva en 781. Tout en faisant partie du marquisat de Toscane, elle resta à peu près maîtresse d'elle-même et finit par s'ériger en république. Longtemps étrangère aux factions qui déchiraient l'Italie, elle était arrivée à un haut point de prospérité; mais en 1215 elle prit part à ces discordes, et depuis ce temps elle devint la proie de l'anarchie : elle fut dans l'Italie centrale le siège de la puissance des Guelfes. Son gouvernement subit de fréquentes variations; cependant sa tendance fut éminemment démocratique : elle s'érigea en république en 1250 et se donna en 1282 une constitution dite Ordinamenti di giustizia, qui fit arriver au gouvt les Arts majeurs (le gros commerce). Souvent en guerre avec l'empire, avec Milan, avec les Pisans, avec les papes; soumise à Naples de 1314 à 1317, puis de 1326 à 1328; à Gautier de Brienne, duc d'Athènes, de 1342 à 1343; gibeline un instant, de 1378 à 1383, elle acquit au milieu des guerres Pistoie, Arezzo, Pise, Cortone, Livourne, et s'assura la domination de toute la Toscane. Elle tomba à partir de 1421 sous l'influence des Médicis, et finit, malgré quelques révolutions passagères, malgré l'occupation momentanée des Français (1494) et les prédications de Savonarole, par devenir le patrimoine de cette famille. Elle conserva d'abord le nom de république; mais, à partir de 1569, Florence et son territoire furent érigés en grand-duché sous le titre de grand-duché de Toscane (V. ce nom). — A Florence se tint en 1439 le 18e concile œcuménique, suite de celui de Ferrare, qui lui-même faisait suite à la partie du concile de Bâle tenue de l'aveu du pape. On s'y occupa des moyens de réunir les églises d'Orient et d'Occident. Cette ville fut désolée en 1348 par une peste horrible, dont Boccace a laissé une célèbre description.

Le nom de Florence a été donné à plusieurs villes des États-Unis : la plus importante est dans l'Alabama, sur le Tenessee; 2000 hab.

FLORENCE (le cardinal de). V. ZABARELLA.

FLORENSAC, ch.-l. de c. (Hérault), à 8 kil. S. E. de Pezenas ; 3525 hab. Beau pont suspendu.

FLORENT (S.), abbé du monastère de Glonne, auj. St-Florent-le-Vieux, mort au commencement du Ve siècle. On le fête le 7 nov. — Il ne faut pas le confondre avec S. Florentin, qui est hon. le 27 sept.

Le nom de Florent a été porté par plusieurs comtes de Hollande. V. HOLLANDE (liste des comtes).

FLORENTIA, auj. Fiorenzuola et Florence.

FLORÈS, une des Acores, la plus occid., par 33° 28' long. O., 39° 33' lat'. N. ; 15 000 hab. : 23 kil. sur 14.; ch.-l., Flores. Orseille, vins, grains, bons fruits.

FLORÈS, une des îles de la Sonde, par 117° 37-120° 45' long. E., 7° 53'-9° 3'lat. N.: 310 kil. sur 90. On y remarque un volcan. Cannelle sauvage, sandal, coton, riz, bois de sapan. Habitants malais ; quelques Portugais. L'île appartient à la Hollande. — On nomme Détroit de Florès le canal qui se trouve entre l'île de Florès et les îles de Solor et de Sabroun.

FLORIACUM. V. FLEURY.

FLORIAN (J. P. CLARIS de), littérateur, né en 1755 au château de Florian (près de Sauve, Gard), avait pour mère une dame espagnole et pour grand-oncle Voltaire, qui de bonne heure encouragea ses essais. Il entra comme page chez le duc de Penthièvre, servit quelque temps comme officier de dragons, puis vint se fixer à Anet et à Sceaux, auprès du duc de Penthièvre, dont il devint le favori et dont il distribuait les bienfaits. Il fut reçu à l'Académie française en 1788. La Révolution vint troubler son bonheur: il fut incarcéré en 1793 et mourut peu après à Sceaux en 1794, à 38 ans. Florian s'était exercé dans plusieurs genres : quoiqu'il manquât de vigueur et de génie, il se distingua toujours par la grâce et la sensibilité. Il a écrit de petites comédies remarquables par le naturel et la délicatesse : les Deux billets, 1779; Jeannot et Colin, 1780; les Deux jumeaux de Bergame, le Bon ménage, 1782, pièces jouées au Théâtre-Italien et dont Arlequin est le héros; des nouvelles, pleines d'intérêt, des pastorales, dont les plus estimées sont Estelle et Galatée (1783); des poèmes en prose, Numa Pompilius (1786), Gonzalve de Cordoue (1791), précédé d'un excellent Précis sur les Maures, et des Fables charmantes, en vers, qui lui assurent le premier rang après La Fontaine. Il avait beaucoup étudié la littérature espagnole : il a laissé une traduction libre de Don Quichotte. Il a été fait plusieurs éditions de ses œuvres ; on distingue celles de Briand, 1823-24, 13 vol. in-8, et de Fr. Jauffret, 1837, 12 vol. in-8. Fr. Jauffret a écrit sa Vie, et Lacretelle son Éloge.

FLORIDA-BLANCA (don José MONINO, comte de), ministre espagnol, né en 1729 à Hellin (Murcie), m. en 1808, fut d’abord ambassadeur près de la cour de Rome et fit preuve, dans cette mission, de talents qui le firent choisir pour principal ministre par Charles III, 1777. Son administration à l’intérieur fut sage et glorieuse : il favorisa les sciences, les arts, le commerce et l’industrie, créa des routes, des canaux, des aqueducs ; mais il échoua dans une expédition contre Alger et dans l’entreprise de chasser les Anglais de Gibraltar, en outre, il engagea son pays dans une guerre ruineuse et impolitique contre l’Angleterre en prenant parti pour les États-Unis. Disgracié par Charles IV en 1792, il resta plusieurs années emprisonné à Pampelune. Il ne reparut qu’en 1808 et fut alors élu président de la junte centrale ; mais il mourut la même année.

FLORIDE, presqu’île et État de l’Union, au N. E. du golfe du Mexique, à l’O. de l’Atlantique, au S. E. de l’État d’Alabama et au S. de la Géorgie ; 470 kil. sur 200 ; 140 425 habitants, dont 61 745 sont esclaves) ; capit., Tallahassée. Jadis la Floride était divisée en Floride orient., ayant pour ch.-l. St-Augustin, et Floride occid., ayant pour ch.-l. Pensacola, d’où le nom de Deux-Florides donné souvent à ce territoire. Terrain plat, bas et marécageux. Savanes immenses ; sables en beaucoup d’endroits ; chaleur étouffante et fièvres terribles. Plusieurs lignes de chemins de fer. - Le nom de Floride, qui vient de Pâques-Fleuries, fut donné à cette contrée par Juan Ponce de Léon, qui y débarqua en 1512 le dimanche des Rameaux ou de Pâques-Fleuries. Longtemps on donna le nom de Floride à tout le pays situé à l’E. du Mississipi. Sur ce vaste espace vivaient six puissantes nations indigènes : les Natchez, les Criks, les Séminoles, les Tchik-kasah, les Chactas ou Têtes-Plates, les Yazoux. Les Espagnols se rendirent maîtres du pays après une vigoureuse résistance, en 1539, et ils le possédèrent jusqu’en 1763, époque à laquelle la Floride fut cédée à la Grande-Bretagne. En 1781, les Espagnols la reconquirent, et le traité de Paris en 1783 leur en confirma la possession ; en 1820 les États-Unis l’achetèrent à l’Espagne et en firent un territoire, qui devint État en 1845. Les tribus indiennes de ce pays, quoique fort réduites en nombre, ont longtemps tenu en échec les Américains : en 1846 elles ont été pour la plupart transportées au delà du Mississipi. La Floride s’est séparée de l’Union en 1861. — On nomme Traité des Florides un traité conclu en 1819 pour fixer les limites des États-Unis et du Mexique.

FLORIEN, M. Antonius Florianus, frère utérin de l’empereur Tacite, prétendit lui succéder après sa mort, en 270, et se fit reconnaître par le sénat. Probus ayant été proclamé par les légions d’Orient, il marcha à sa rencontre ; mais il fut battu à Tarse en Cilicie et ses propres soldats le massacrèrent. Il n’avait régné que deux mois.

FLORIS (Franz), dit Franc-Flore, peintre d’histoire, né à Anvers en 1520, m. en 1570, fut surnommé par ses compatriotes le Raphaël flamand, quoiqu’il fût loin d’égaler ce grand maître. Après avoir visité l’Italie, il se fixa à Anvers. Il jouit de l’estime de Charles-Quint et de Philippe II, et amassa par son talent une grande fortune ; mais il se déshonora par son intempérance. On distingue parmi ses œuvres de beaux Arcs de triomphe, les Douze travaux d’Hercule, un Jugement dernier (à Bruxelles), la Chute des mauvais anges (à Anvers). - Il forma un grand nombre d’élèves dont le plus célèbre est son fils François, dit Floris le Jeune.

FLORUS (L. Annæus Julius), historien latin, qu’on croit natif d’Espagne et de la famille de Sénèque et de Lucain, vivait probablement au IIe s., sous Trajan et sous Adrien. On a sous son nom un Épitome ou Abrégé de l’histoire romaine depuis Romulus jusqu’à Auguste, en 4 livres, ouvrage écrit d’un style brillant et rapide, mais quelquefois déclamatoire. On lui attribue a tort le Pervigilium Veneris et quelques autres poésies, qui paraissent être d’une époque postérieure. Les meilleures éd. de Florus sont celles ad usum Delphini, données par Tanneguy Lefèvre, Paris, 1674 ; de Maittaire, Londres, 1715 ; de Duker, Leyde, 1722 ; de Hubner et Jacobitz, Leips., 1832, et de Otto Jann, Leips., 1852. Il a été trad. par Coëffetau, 1618 ; par l’abbé Paul, 1774 ; par Ragon, 1826 (dans la collection de Panckoucke) ; par Durozoir, 1829, et dans la collection Nisard. On en a aussi une trad. par le duc d’Orléans, frère de Louis XIV.

FLOUR (S.), 1er évêque de Lodève, prêcha la foi dans le Languedoc et l’Auvergne, et fut, selon une légende fort douteuse, martyrisé vers 389. Il donna son nom à la v. de St-Flour. On le fête le 5 nov.

FLUDD (Robert), Robertus de Fluctibus, né à Milgate (Kent) en 1554, mort à Londres en 1637, cultiva toutes les sciences connues de son temps, surtout la médecine et la physique ; donna dans les erreurs de la théosophie, de l’alchimie, de la magie, et s’affilia aux Rose-Croix. Ses écrits, presque inintelligibles, jouirent cependant d’une grande réputation et furent réfutés par Kepler, Gassendi et Mersenne. Les principaux sont : Utriusque Cosmi historia, Oppenheim, 1617 ; De supernaturali microscomi historia, 1619 ; Clavis philosophiæ et alchimiæ fluddanæ, Francfort, 1633. Ses Œuvres forment 6 vol. in-fol. Il y traite des sciences occultes et prétend révéler les mystères du monde invisible, ainsi que les rapports du ciel avec la terre.

FLUE (Nicolas de), saint personnage suisse, né en 1417 dans le canton d’Unterwald, mort en 1487. Après avoir passé 50 ans dans la pratique de toutes les vertus, et avoir été élu landamman de son canton, il se retira dans un ermitage. Néanmoins, il conserva toujours une grande influence : il empêcha la guerre civile entre les cantons suisses et les habitants de Soleure et de Fribourg, et fit admettre ces 2 villes dans la confédération, 1481. On lui attribue, entre autres ouvrages, un Traité de la Vie solitaire. Il a été béatifié par Clément IX. Les murs de l’église de Stanz sont ornés de légendes empruntées à sa vie.

FO ou FOÉ, fondateur d’une secte religieuse qui compte de nombreux partisans en Chine ; n’est sans doute qu’un des nombreux Bouddhas que parurent en Asie. On le fait naître dans l’Inde, à Bénarès, ou dans le Cachemire, env. 1027 ans av. J.-C. Il réforma la religion des Brachmanes, proscrivit la distinction des castes et l’inégalité des hommes, et enseigna une doctrine dont les principes fondamentaux sont de ne point mentir, de respecter le bien d’autrui, de ne tuer aucune créature vivante, de s’abstenir de vin, d’éviter l’impureté, de croire à des récompenses et à des punitions après la vie. Sa doctrine ne commença à se répandre en Chine qu’environ 200 ans av. J.-C. Ses prêtres se nomment Bonzes et vivent réunis dans des monastères.

FODÉRÉ (P. Emmanuel), médecin, né en 1764 à St-Jean de Maurienne en Savoie, d’une famille pauvre, mort en 1835 fit recevoir docteur à Turin, fut envoyé à Paris, pour s’y perfectionner, aux frais du roi Victor-Amédée, entra comme médecin dans l’armée française lors de la réunion de la Savoie à la France (1792), et obtint au concours en 1814 la chaire de médecine légale à la Faculté de Strasbourg, chaire qu’il remplit jusqu’à sa mort, Outre de savantes recherches sur les goitres, le crétinisme, et en général sur les maladies des montagnards, sur le délire et sur la pneumatologie humaine, on lui doit un Traité de médecine légale, publié d’abord en 1798 et refondu en 1813 (6 vol. in-8), ouvrage bien supérieur à ce qui existait. Une statue lui a été érigée dans sa ville natale.

, législateur chinois. V. FO.

(De), écrivain anglais. V. DE FŒ (Daniel).

FŒHR, île du Danemark, sur la côte O. du Sleswig : 12 kil sur 8 ; 6 600 hab. ; ch.-l., Wick.

FŒODOSIE. V. CAFFA.

FŒROÉ ou FŒRŒR (îles). V. FÉROÉ.

FŒS (Anuce), Fœsius, médecin et helléniste, né à Metz en 1528, mort en 1595, étudia à Paris, revint se fixer à Metz en 1556, et fut nommé par ses concitoyens médecin de la ville. C'est à lui en grande partie que l'on doit la réhabilitation de la médecine hippocratique et la chute des doctrines arabistes. Les plus importants de ses ouvrages sont : Œconomia hippocratis, alphabeti serie distincta, Francfort, 1588, in-f., savant commentaire sur les mots obscurs d'Hippocrate; Hippocratis opera omnia, Francfort, 1595, in-fol. : c'est une des premières et des meilleures éditions d'Hippocrate ; elle est accompagnée pour la 1re fois d'une excellente traduction latine.

FOGARACH, v. de Transylvanie, à 49 kil. N. O. de Cronstadt, sur l'Aluta; 5000 hab. Évêché grec-uni. Beau pont. Vieux château fort.

FOGELBERG, sculpteur suédois, né à Gothenbourg en 1787, mort à Trieste en 1854, vécut presque toujours à Rome. Ses œuvres se distinguent par la majesté ou par la grâce. On remarque surtout ses statues d’Odin, de Thor, de Balder, au musée de Stockholm; un Birger Iarl et Charles Jean XIV (Bernardotte), qui ornent deux places de Stockholm ; un Apollon et une Vénus.

FOGGIA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, ch.-l. de la Capitanate, sur le Cervaro, à 133 k. N. E. de Naples; 20 900 h. Évêché. Palais de l'intendance, collégiale, bibliothèque. — Foggia fut fondée au IXe siècle près de l'anc. Arpi. Manfredi battit près de cette ville le pape Innocent V, mais il y fut défait à son tour par Charles d'Anjou (1266). Foggia ayant pris parti pour Conradin, Charles la détruisit; elle fut rebâtie peu de temps après. Elle souffrit beaucoup du tremblement de terre de 1781.

FOGGINI (P. Franç.), bibliothécaire du Vatican, né à Florence en 1713, mort en 1783, jouit de la faveur des papes Benoît XIV et Pie VI, et publia un grand nombre de savants ouvrages, les uns sur la théologie, les autres sur les antiquités et la littérature. On lui doit la publication du fameux ms. de Virgile conservé à Florence dans la bibliothèque des Médicis et regardé comme le plus ancien (il parut à Florence en 1741, in-4), et d'un important travail sur le calendrier romain : Verrii Flacci fastorum anni romani reliquiæ, ex marmorearum tabularum fragmentis Prænestæ effossis, Berne, 1779, in-fol.

FOGLIETTA (Uberto), historien génois, né en 1518, mort en 1581, publia en 1559 sur sa patrie un livre qui le fit exiler : della Republica di Genova, passa la plus grande partie de sa vie à Rome auprès du cardinal Hippolyte d'Este, et publia dans cette ville : Historia Genuensium; Clarorum Ligurum Elogia ; De Causis magnitudinis Turcarum imperii; De Linguæ latinæ usu et præstantia, et plusieurs opuscules qui devaient faire partie d'une histoire générale de son temps. Il passe pour un des meilleurs écrivains latins modernes.

FOGO ou ILE DU FEU, une des îles du Cap-Vert, par 26° 40' long. O., 14° 50' lat. N. : 27 kil. sur 23; 9700 hab. ; ch.-l., St-Philippe. Vaste volcan, haut de 2964m et presque continuellement en éruption.

FOHI ou FOUHI, 1er empereur et 1er législateur de la Chine. On place son avénement vers l'an 2950 ou même 3300 avant notre ère. On ne sait rien de bien précis sur son règne ; on lui attribue l'institution du mariage, l'invention de la pêche, de la chasse, de la musique, de l'écriture, du calendrier, de l'usage du fer, etc. Il reconnut un Dieu suprême et lui rendit un culte. — Il ne faut pas le confondre avec Fo, réformateur de la religion en Chine.

FOIX, Fuxum, v. de France, ch.-l. du dép. de l'Ariége, sur l'Ariége, à 722 k. S. de Paris: 5507 h. Trib. de 1re inst., collège, école normale, biblioth., société d'agriculture et des arts. Chemin de fer. Martinets à cuivre et à fer, forges à la catalane, etc. Sur un rocher escarpé qui domine la ville, on voit les ruines de trois tours gothiques, servant auj. de prison. Quelques auteurs ont prétendu que Foix a été fondée par les Phocéens qui lui auraient donné le nom de Phocée, d'où serait dérivé par corruption le nom de Foix; mais cette ville ne paraît pas remonter au delà du IIe siècle de J.-C. Elle fut assiégée en 1210 par les Albigeois et en 1272 par Philippe le Hardi.

FOIX (Gouvt de), un des grands gouvts de la France avant la Révolution, était situé entre le Languedoc et le Roussillon, et se composait de la province de Foix, plus le Donnezan et la cosuzeraineté du roi de France sur l'Andorre; ch.-l., Foix. Il fait auj. partie du dép. de l'Ariége.

FOIX (Province, jadis comté de), partie du pays des Volces Tectosages sous les Romains ; se divisait en haut et en bas pays de Foix, et avait pour places principales : dans le haut-pays, Foix, Tarascon, Ax ; dans le bas-pays, Pamiers, Saverdun, Lezat, Mas-d'Azil. — Le comté de Foix, après avoir fait partie de l'empire romain, du roy. des Visigoths, de la monarchie mérovingienne, du duché d'Aquitaine, de l'empire carlovingien, et enfin du comté de Carcassonne, fut détaché de ce dernier comté au XIe siècle, forma d'abord une seigneurie, et fut érigé en comté en 1050 en faveur de Roger I, fils de Bernard de Foix et petit-fils de Roger I, comte de Carcassonne; il fut uni en 1290 à la vicomté de Béarn. En 1398, Isabelle, héritière du comté de Foix, le porta dans la maison de Grailly, par son mariage avec Archambault de Grailly. En 1479, Éléonore, reine de Navarre, qui avait épousé Gaston IV, comte de Foix, mourut, en choisissant pour son successeur son petit-fils François Phœbus; mais celui-ci mourut fort jeune, et sa sœur Catherine, en épousant Jean, sire d'Albret, fit passer dans cette maison le comté de Foix, ainsi que la couronne de Navarre. De ce moment, les destinées de ce comté se confondent avec celles de la Navarre. H. Castillon a donné l’Histoire du comté de Foix, Paris, 1852.

FOIX (Raymond-Roger, comte de), fils de Roger-Bernard I, lui succéda en 1188, accompagna Philippe-Auguste à la Terre-Sainte en 1191; se signala au siège d'Ascalon et à la prise de St-Jean-d'Acre, et revint avec le roi lorsque Richard Cœur de Lion eut pris le commandement de l'armée des Croisés. S'étant déclaré en faveur des Albigeois, le comte de Foix fut battu en plusieurs rencontres, et dépouillé de ses États, qui cependant lui furent rendus par le concile de Latran. Il mourut en 1223.

FOIX (Roger-Bernard III, comte de), 1265-1302, eut des démêlés avec Philippe le Hardi et Pierre d'Aragon, qui le tinrent quelque temps en captivité. Il se distingua comme poëte et comme troubadour.

FOIX (Gaston III, comte de), vicomte de Béarn, né en 1331, mort en 1391, fut surnommé Phœbus, soit à cause de sa beauté, soit parce que, semblable au dieu Phœbus, il avait une blonde chevelure; ou enfin parce qu'il avait pris un soleil pour emblème. Il succéda à son père Gaston II, à l'âge de douze ans, et s'illustra par sa valeur et sa magnificence; mais on lui reproche un caractère violent et on l'accuse d'avoir causé la mort de son propre fils : ce jeune prince, accusé d'avoir voulu empoisonner son père à l'instigation de Charles le Mauvais, fut emprisonné et cruellement maltraité par Gaston; il se laissa mourir de faim dans sa prison (1382). La vie de Gaston se passa dans des guerres continuelles ; il fit ses premières armes en 1345 contre les Anglais, alla en 1356 en Prusse pour combattre les Infidèles dans les rangs des Chevaliers Teutoniques; contribua en 1358, pendant la Jacquerie, à la délivrance de la cour de Meaux, et combattit la comte d'Armagnac, qui manifestait des prétentions sur le Béarn (1372), ainsi que le duc de Berri, qui lui avait enlevé le titre de lieutenant du Languedoc (1375). On a de lui un livre sur la chasse intitulé : Miroir de Phébus, des déduiz de la chasse des bestes sauvaiges et des oyseaux de proye, en prose, imprimé à Poitiers, 1560, in-f, C'est du style emphatique et embrouillé de cet ouvrage qu'est, dit-on, venue l'expression faire du Phébus. Une statue a été érigée dans Pau à Gaston de Foix. — Le surnom de Phœbus a été, après Gaston III, porté par quelques autres membres de la famille, dont un fut roi de Navarre en 1479.

FOIX (Pierre de), dit l'Ancien, cardinal et archevêque d'Arles, né en 1386, mort en 1464, fut député par Benoît XIII au concile de Constance, convoqué pour examiner les droits des prétendants au trône pontifical, et contribua à l'élection de Martin V. Envoyé par le nouveau pontife en qualité de légat près du roi d'Aragon, il convoqua en 1429 un concile à Tortose, et, en obtenant la démission de l'antipape Clément VIII, termina heureusement le schisme. En 1457, il rassembla un concile provincial à Avignon, et y fit arrêter de sages règlements pour l'administration des diocèses. Toulouse lui dut la fondation du Collége de Foix, doté de 25 bourses en faveur d'étudiants pauvres.

FOIX (Gaston de), duc de Nemours, fils de Jean de Foix, vicomte de Narbonne, et de Marie d'Orléans, sœur de Louis XII, né en 1489, fut mis en 1512 à la tête de l'armée d'Italie, et mérita par ses hauts faits d'être surnommé le Foudre d'Italie : il débloqua Bologne, prit Brescia et gagna sur l'armée hispano-italienne la bataille de Ravenne, 11 avril 1512, mais il périt en poursuivant les vaincus.

FOIX (Catherine de), porta en dot la Navarre avec le comté de Foix à Jean d'Albret en 1484. Ses États furent envahis en 1512 par Ferdinand le Catholique, roi d'Espagne : l'usurpation ayant été sanctionnée par une bulle du pape Jules II, Catherine en mourut de chagrin, 1517.

FOIX. V. LAUTREC, LESCUN, CHATEAUBRIAND.

FOKCHANI, v. de Valachie, sur la frontière de la Moldavie, sur la r. dr. du Milkov, à 130 k. N. E. de Bukharest; 10 000 h. Les Turcs y furent défaits par les Russes en 1789. La Commission centrale des Principautés de Valachie et de Moldavie y siégea en 1868.

FOLARD (le chevalier de), surnommé le Végèce français, tacticien, né à Avignon en 1669, m. dans cette ville en 1752, montra de bonne heure un goût décidé pour la carrière des armes. La lecture des Commentaires de César lui apprit à considérer la guerre non comme un simple métier, mais comme un art savant et profond. Aussi, toutes les actions où il se trouva furent-elles pour lui une source d'instruction et de remarques savantes, qu'il consigna depuis dans ses ouvrages. Il prit part à toutes les guerres de la fin du règne de Louis XIV, donna aux généraux sous lesquels il servait tantôt des plans de défense de places, tantôt des plans de campagne; se distingua en qualité de capitaine à la bataille de Malplaquet (1709); alla successivement, après la paix d'Utrecht (1713), offrir ses services aux chevaliers de Malte contre les Turcs, puis au roi de Suède Charles XII, et sut faire adopter ses idées par ce dernier prince. A son retour en France, il fut nommé mestre de camp et commandant de place. Il donna à la fin de sa vie dans les extravagances des Convulsionnaires. Ses principaux ouvrages sont : Nouvelles découvertes sur la guerre, Paris, 1724; Défense des places; Commentaires sur l'Histoire de Polybe (trad. en franc. par dom Thuillier), ouvrage estimé, dont la meilleure éd. est celle d'Amsterdam, 1735, 7 vol. in-4. L'auteur a placé en tête un Traité de la colonne et de l'ordre profond, où il expose un système de tactique qui donna lieu à de vives discussions, mais dont quelques idées ont été mises en pratique avec succès.

FOLDVAR, v. de Hongrie (Tolna), ch.-l. de Marche, sur le Danube, à 35 kil. N. E. de Simontornya; 12 000 hab. Dépôt de sel; bateaux à vapeur.

FOLEMBRAY, bourg du dép. de l'Aisne, à 31 k. O. S. O. de Laon; 1100 h. Anc. château royal, où Mayenne fit sa soumission à Henri IV, le 24 janv. 1596. Grande verrerie, dite du Vivier, fournissant annuellement plusieurs millions de bouteilles et 150 000 cloches à jardin.

FOLENGO (Théophile), poëte burlesque, né en 1491 dans un faubourg de Mantoue, d'une famille noble, entra à 16 ans dans l'ordre des Bénédictins, quitta quelques années après son couvent pour courir le monde avec une femme qu'il avait séduite, et afin de se livrer à son goût pour la poésie. Il rentra cependant au couvent en 1526 et il y mourut en 1544. Il est le créateur du genre macaronique : il publia à Venise en 1517, sous le pseudonyme de Merlino Coccaio, un recueil de poésies de ce genre (intil. Macaronée ou Plat de macaroni), où il mêle le latin, l'italien et le patois mantouan, On a aussi de lui l’Orlandino ou l’Enfance de Roland, et des poésies dévotes. Il a paru à Paris en 1606 une Histoire macaronique de Merlin Coccaie qui n'est que la trad. de ses poésies burlesques.

FOLIGNO, Fulginium, v. de l'anc. État ecclésiast. (délégation de Pérouse), à 31 k. S. E. de Pérouse; 12 000 h. Évêché. Belle cathédrale de San-Feliciano; plusieurs églises remarquables, dont l'une renfermait la Madone de Foligno, tableau de Raphaël, transporté à Paris lors de l'occupation française, et auj. au Vatican. Musée d'antiquités. Fabriques de cire et de papier; confitures estimées.

FOLKSTONE, v. d'Angleterre (Kent), à 10 k. O. S. O. de Douvres; 4500 h. Port très-fréquenté. Service de vapeur pour Boulogne. Chemin de fer pour Londres ; télégraphe électrique sous-marin. Bains de mer. Anc. couvent. Patrie de Harvey.

FOLKUNGS, puissante famille de Suède, posséda longtemps la dignité de Iarl des Suédois, sorte de mairie du palais, finit par s'emparer de tout le pouvoir, et donna quatre rois à la Suède, 1250-1374.

FONCEMAGNE (Ét. LAURÉAULT de), sous-gouverneur du duc de Chartres, né à Orléans en 1694, m. en 1779, fut reçu en 1722 à l'Académie des inscriptions. Il a rédigé de savants mémoires sur les premiers temps de notre histoire (dans le Recueil de l'Académie). Il soutint contre Voltaire l'authenticité du testament politique du cardinal de Richelieu.

FONDI, Fundi, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre-de-Labour), à 88 k. N. O. de Naples; 5000 h. Évêché. Cathédrale. La voie Appienne traverse la ville. Son territoire formait l'anc. Cæcubus ager, célèbre par ses vins, auj. fort dégénérés. — Entre Fondi et la mer est le lac de Fondi, dont les eaux se rendent dans la mer par deux canaux.

FONFRÈDE (J. B. BOYER-), un des Girondins, né à Bordeaux en 1766, était un des principaux négociants de cette ville. Député à la Convention nationale en 1791, il se signala par son éloquence et son courage : il dénonça les massacres de septembre, s'opposa à l'organisation du tribunal révolutionnaire et accusa Marat. Cependant, au 31 mai, il fut sauvé par Marat lui-même comme s'étant opposé, dans la commission des douze, à l'arrestation d'Hébert et de Dumas. Il n'en continua pas moins à combattre la Montagne avec vigueur. Enfin, sur la proposition d'Amar, il fut traduit au tribunal révolutionnaire, condamné et exécuté avec les Girondins. Il n'avait que 27 ans. — Son fils, Henri Fonfrède, né en 1788, mort en 1841, s'est fait un nom comme publiciste : il défendit sous la Restauration les idées libérales dans le principal journal de Bordeaux.

FONS. Ce nom, qui Veut dire fontaine, entre dans la composition d'un grand nombre de noms géographiques, soit anciens, soit modernes, dont les plus connus sont : Fons Aponi en Italie, auj. Abano; Fons Bellaqueus, auj. Fontainebleau; Fons Ebraldinus, Fontevrault; Fons Padiræ, Paderborn; Fons Rapidus, Fontarabie; Fons Tungrorum, Spa.

FONSECA (golfe de), golfe de l'Océan Pacifique équinoxial, sur la côte O. de l’État de Nicaragua (Amérique centrale), par 90° long. O., 13° 30' lat. N.

FONSECA (Rodrigue de), évêque de Burgos et membre du conseil de la reine Isabelle, né à Séville en 1452, mort en 1530, fit tout ce qui dépendit de lui pour entraver l'expédition de Christophe Colomb, et s'opposa constamment aux généreux efforts faits par Las Casas pour améliorer le sort des Indiens.

FONSECA (Pierre de), jésuite, surnommé l’Arioste portugais, né en 1528 au vge de Cortizada, mort en 1599, professa la philosophie à Evora et à Lisbonne, s’éleva aux premières dignités de son ordre, fut nommé par Philippe II ministre de Portugal quand l’Espagne fut devenue maîtresse de ce royaume, et fut chargé de diverses négociations par le pape Grégoire XIII. On a de lui Institutiones dialecticæ, Lisb., 1564, et un Commentaire sur la Métaphysique d’Aristote, en latin, Rome, 1572-1602, 4 vol. in-fol. Il inventa en théologie la Science moyenne, méthode par laquelle il voulait concilier le libre arbitre avec la Providence, et qu’on attribue aussi à Molina.

FONTAINE, ch.-l. de c. (territoire de Belfort), à 9 kil. E. N. E. de Belfort ; 310 hab.

FONTAINE-FRANÇAISE, ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), à 34 kil. N. E. de Dijon ; 1100 hab. Forges, hauts fourneaux. Henri IV y battit les Ligueurs commandés par le duc de Mayenne et par les Espagnols (15 juin 1595) : c’est là qu’il sauva la vie à Biron.

FONTAINE-LÈS-DIJON, bourg aux portes de Dijon. Patrie de S. Bernard. Anc. prieuré des Feuillants.

FONTAINE-LE-DUN, ch.-l. de c. (Seine-Inférieure), à 23 kil. N. E. d’Yvetot ; 500 hab.

FONTAINE-L’ÉVÊQUE, v. de Belgique (Hainaut), sur la Bablone et près de la Sambre, à 9 k. O. de Charleroi ; 3000 hab. Fonderie de fer. Marbre aux env. — Longtemps les comtes de Hainaut et les princes de Liége s’en disputèrent la possession ; les Autrichiens s’en emparèrent en 1757 ; les Français la leur enlevèrent en 1794. Ceux-ci la rendirent en 1814.

FONTAINE (Nicolas), né à Paris en 1625, mort à Melun en 1709, passa quelques années à Port-Royal, s’attacha à Nicole, Arnauld et Sacy, et fut enfermé à la Bastille avec ce dernier comme janséniste, de 1664 à 1669. Il a laissé, entre autres ouvrages : Vies des Saints pour tous les jours de l’année, 1679 ; Les Figures de la Bible, 1694, ouvrage connu sous le nom de Bible de Royaumont et attribué à Le Maistre de Sacy ; une trad. des Homélies de S. Jean Chrysostôme sur les épîtres de S. Paul, et de précieux Mémoires pour servir à l’histoire de Port-Royal, 1726.

FONTAINE DE LA ROCHE (Jacq.), ardent janséniste, né à Fontenay-le-Comte en 1688, m. en 1741, était curé de Mantelan au diocèse de Tours. Il rédigea, depuis 1727 jusqu’à sa mort, les Nouvelles ecclésiastiques, et exalta dans sa gazette les prétendus miracles du diacre Pâris. Il figura parmi les Appelants.

FONTAINE DES BERTINS (Alexis), géomètre, membre de l’Académie des sciences, né en 1725 à Claveyson (Drôme), mort en 1771, conçut le goût des mathématiques en lisant la Géométrie de l’infini de Fontenelle, et donna d’ingénieuses solutions de plusieurs des problèmes les plus difficiles. Il s’occupa le premier de la théorie générale et des applications du calcul intégral, et donna à l’Académie des sciences des Mémoires qui ont été imprimés en 1740, en un vol. in-4. Il eut de vives disputes avec d’Alembert au sujet de la priorité de la découverte du principe général de dynamique connu sous le nom de Principe de d’Alembert.

FONTAINE MALHERBE (Jean), littérateur, né près de Coutances vers 1740, mort en 1780, a composé des héroïdes, des discours en vers, des fables, des contes moraux et des pièces de théâtre médiocres. Plusieurs de ses poésies furent couronnées par l’Académie.

FONTAINE (P. François), architecte, né à Pontoise en 1762, mort en 1853, était fils d’un architecte. Envoyé à Rome en 1785, après avoir obtenu le second grand prix, il s’y lia avec Percier ; fut adjoint à ce dernier comme architecte des bâtiments de la couronne sous l’Empire, prit part aux grands travaux de construction entrepris alors à St-Cloud, au Louvre, aux Tuileries, à Compiègne, à Fontainebleau, traça le dessin de la rue de Rivoli, éleva l’arc de triomphe du Carrousel (1810), construisit sous Louis XVIII la chapelle expiatoire de Louis XVI (rue d’Anjou) ; exécuta pour le duc d’Orléans d’importants travaux à Eu et à Neuilly, et dirigea la restauration du palais de Versailles. Il a écrit, soit seul, soit avec Percier : Maisons et autres édifices modernes dessinés à Rome (1813, in-fol.) ; Décorations intérieures (1812, in-fol.), Il a laissé des Mémoires, encore inédits. Il avait été nommé dès 1811 membre de l’Académie des beaux-arts. M. Halévy y a lu sa Notice en 1854.

FONTAINEBLEAU, Fons Blaudi ou Fons Bellaqueus en latin moderne, cb.-l. d’arr. (Seine-et-Marne), à 17 kil. S. de Melun (14 par ch. de fer), à 60 k. S. E. de Paris, au milieu de la belle forêt de Fontainebleau et sur le chemin de fer de Paris à Lyon ; 11 939 h. Vaste château royal, avec un parc et des jardins magnifiques. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque. Caserne d’infanterie, quartiers de cavalerie ; hospice ; manufacture de faïence et de porcelaine. Fontainebleau est le lieu de naissance de Henri III et de Louis XIII, des auteurs dramatiques Dancourt et Poinsinet, et du peintre Lantara. On récolte à Fontainebleau et dans les environs, notamment à Tomery, l’excellent raisin dit chasselas de Fontainebleau ; on retire de la forêt des quantités énormes de grès qui servent au pavage. La forêt a 53 kil. de tour et 19 796 hectares de superficie. On a beaucoup disputé sur l’étymologie du nom de Fontainebleau : il paraît venir d’une source dite Bleau, que renferme la forêt, et qui elle-même a été ainsi appelée, soit à cause de la beauté de ses eaux (fontaine belle eau), soit parce qu’elle fut découverte pendant une chasse par un chien nommé Blaud. — Résidence royale dès le temps du roi Robert (999) ; habitée surtout par Louis VII et ses successeurs jusqu’au XIVe siècle ; agrandie par François I (qui l’orna des chefs-d’œuvre de l’art), par Henri II, Henri IV, Louis XIV et Napoléon, et restaurée de 1837 à 1840 par Louis-Philippe. Séjour de Christine, qui y fit assassiner Monaldeschi ; de Pie VII, pendant sa détention, 1812-13. Plusieurs édits sont datés de Fontainebleau (1539, 1550, 1561). Louis XIV y signa la révocation de l’édit de Nantes, 1685. Il y fut conclu en 1785, sous la médiation de la France, un traité de paix entre l’Autriche et la Hollande. En 1807 un traité y fut signé entre la France et l’Espagne ; le 4 avril 1814, Napoléon y abdiqua en faveur de son fils : il y fit de touchants adieux à la vieille garde (le 20 avril). Vatout a fait l’histoire de Fontainebleau, 1840.

FONTAINES (le comte de). V. FUENTÈS.

FONTAINES (Marie Louise DE GIVRY, comtesse de), morte en 1730, est connue par deux romans : la Comtesse de Savoie et Aménophis, prince de Lydie, qui ont été imprimés avec les œuvres complètes de Mmes de La Fayette et de Tencin, 1804, et réimprimés à part en 1812. On attribue à Chapelle une grande part dans ses écrits.

FONTANA (Prosper), peintre d’histoire, né en 1512 à Bologne, mort en 1576, travailla à Gênes avec Perino del Vaga, à Florence avec Vasari, fut appelé à Rome par le pape Jules III, et devint l’un des peintres du palais. Ses compositions sont grandioses, son coloris beau et vif, ses idées fécondes et hardies. Parmi ses ouvrages, on distingue : Jésus-Christ mis au tombeau (à Bologne) ; l’Adoration des Mages (auj. à Berlin). Il fut le maître de Louis et d’Aug. Carrache. — Sa fille, Lavinia FONTANA, connue aussi sous le nom de Lavinia Zappi, née à Bologne en 1552, m. en 1614, imita son coloris, mais lui resta inférieure pour le dessin et la composition. Grégoire XIII l’appela à Rome et la nomma peintre de la cour. Ses principales œuvres sont : à Bologne, S. François de Paule bénissant un enfant ; à Rome, une Madeleine ; à Berlin, Vénus et l’Amour.

FONTANA (Jean), né à Mili près de Côme en 1540, m. en 1614, fut un des architectes de l’église de St-Pierre de Rome, mais excella surtout dans l’hydraulique. Il rétablit l’anc. aqueduc d’Auguste, qui amenait l’eau du lac de Bracciano au sommet du Janicuie, et bâtit, avec Maderno, la fontaine Pauline, où cette eau vient aboutir ; il fit arriver à Frascati l’eau Algida pour l’embellissement des villa du Belvédère et de Mondragone, établit à Tivoli la digue qui servait à former l’anc. cascade de l’Anio, et éleva des digues à Ravenne et à Ferrare.

FONTANA (Dominique), architecte, frère du préc., né en 1543 à Mili, m. à Naples en 1607, fut chargé par Sixte-Quint de dresser l’obélisque qu’on voit actuellement sur la place St-Pierre à Rome, et qui était alors près du Vatican, à moitié enseveli sous des ruines. Rome lui doit aussi le palais pontifical de Montecavallo, au Quirinal, la bibliothèque du Vatican, l’Acqua felice, fontaine qui amène l’eau d’une montagne éloignée d’env. 20 kil. À la mort de Sixte-Quint, Fontana fut accusé par des ennemis jaloux d’avoir détourné à son profit des sommes considérables, et sa vit obligé de quitter Rome. Il se retira à Naples, y fut nommé ingénieur du roi, et y construisit la fontaine Médina et le palais royal, ouvrages qui suffiraient à sa réputation.

FONTANA (Charles), architecte, né à Bruciato près de Côme en 1634, mort à Rome en 1714, fut chargé par Innocent XI et Clément XI de la construction des palais Grimani et Bolognetti, du mausolée de la reine Christine dans l’église St-Pierre, des fontaines St-Pierre et Ste-Marie, du théâtre Tordinone, de l’église St-Michel à Ripa, du palais du mont Citorio, etc. On a de lui plusieurs écrits relatifs à son art : Il tempio Vaticano e la sua origine con gli edificii più cospicui antichi e moderni, Rome, 1694 ; l’Anfiteatro Flavio descritto e delineato, 1725 ; etc.

FONTANA (Félix), physicien et anatomiste, né dans le Tyrol en 1730, mort à Florence en 1805, professa d’abord la philosophie à Pise, puis fut appelé à Florence par le grand-duc Léopold (depuis empereur), et chargé par ce prince de former dans cette ville un cabinet de physique et d’histoire naturelle. Il réussit à représenter par des préparations en cire coloriée toutes les parties du corps humain. On lui doit aussi de savantes recherches sur la physiologie, la chimie et la physique. Ses principaux ouvrages sont : Riserche filosofiche sopra la fisica animale, Florence, 1775 ; Riserche fisiche sopra’l veneno della vipera, Lucca, 1767 ; Principes raisonnés sur la génération, etc. — Son frère, le P. Grégoire Fontana, 1735-1803, membre de la communauté des Écoles pies, se distingua comme mathématicien, remplaça Boscovich dans la chaire de mathématiques de Pavie, et exécuta de beaux travaux d’analyse.

FONTANELLE (J. Gaspard DUBOIS), littérateur, né en 1737 à Grenoble, mort en 1812, travaillait avant la Révolution au Journal de Politique et de Littérature et au Mercure de France, et fut, dans ses dernières années, professeur de belles-lettres à l’École centrale de l’Isère, puis professeur d’histoire à la Faculté de Grenoble. Il s’est exercé dans différents genres de littérature. Parmi ses nombreux écrits nous citerons : Naufrage et aventures de Pierre Viaud, 1768 ; Anecdotes africaines, 1775 ; Contes philosophiques et moraux, 1779 ; Vie de P. Arétin et de Tassoni, 1768 ; une traduction des Métamorphoses d’Ovide, 1802 ; un Cours de belles-lettres, publié en 1813, ouvrage encore utile. Il a aussi composé plusieurs pièces de théâtre, entre autres Éricie ou la Vestale, 1768, dont la représentation fut défendue.

FONTANES (L. de), poëte et administrateur, né à Niort en 1757, mort à Paris en 1821, était fils de J. Marcellin de Fontanes, inspecteur des manufactures, et fut élevé par les Oratoriens. Il se distingua de bonne heure par son talent pour la poésie et publia ses premières productions dans le Mercure de France et l’Almanach des Muses. Dans la Révolution, il se montra l’ami d’une sage liberté. Proscrit au 18 fructidor, il se réfugia en Angleterre, où il se lia avec Chateaubriand. Il revint après le 18 brumaire et s’attacha à Bonaparte. Lors du rétablissement des études, il fut nommé professeur de belles-lettres au collége des Quatre-Nations, et membre de l’Institut. Il entra en 1804 au Corps législatif, en devint président en 1805, et s’y fit remarquer pas son éloquence, mais aussi par son adulation ; cependant il mêla quelquefois à l’éloge, d’utiles avis. Nommé en 1808 grand maître de l’Université, il fit refleurir les bonnes études et favorisa la religion. Il fut appelé au sénat en 1810. M. de Fontanes a laissé peu de poésies, mais elles se distinguent par l’élégance et la pureté du style. On estime surtout le Verger, 1788 ; le Jour des Morts, imité de Th. Gray, 1796 ; les Tombeaux de St-Denis, 1817 ; une trad. de l’Essai sur l’homme de Pope, 1783 et 1821. Il travailla longtemps à un grand poëme épique, la Grèce délivrée, qu’il n’a pu achever. Non moins remarquable comme orateur que comme poëte, il brille par la noblesse et l’élégance, mais il manque de feu. La collection de ses discours a été publiés en 1821 ; on y remarque l’Éloge de Washington, (1800). Ses Œuvres ont été pub. en l839 par Ste-Beuve, 2 v. in-8, d’après ses mss., avec une bonne Notice sur l’auteur.

FONTANET, v. de France. V. FONTENAY.

FONTANGES (Marie Angélique de SCORAILLE, duchesse de), née en 1661, n’avait que 17 ans lorsqu’elle fut produite à la cour, comme fille d’honneur de Madame ; elle frappa le roi par sa beauté et ne tarda pas à supplanter Mme de Montespan. Mais ayant perdu ses charmes à la suite d’une couche, et n’ayant point d’ailleurs assez d’esprit naturel pour captiver le roi, elle fut bientôt oubliée. Elle se retira au couvent de Port-Royal, où elle mourut en 1681, à 20 ans. Elle avait fait venir la mode d’une coiffure qu’elle affectionnait et qui porta son nom.

FONTANIEU (Gaspard Moïse), savant historien, né en 1693, mort en 1767, fut successivt intendant de Grenoble, conseiller d’État, contrôleur des meubles de la couronne. Il a laissé en manuscrit des Histoires de Charles VII, de Charles VIII, du Dauphiné ; mais il est surtout connu pour avoir formé un riche et précieux recueil de titres sur l’histoire de France, avec notes, observations et dissertations. Ce recueil, remplissant 841 portefeuilles in-4, est à la Bibliothèque impériale.

FONTANINI (Juste), écrivain italien, né en 1666 dans le Frioul, mort en 1736, fut nommé par Clément XI professeur d’éloquence à l’Université de Rome, cultiva avec succès l’histoire ecclésiastique et s’en servit pour défendre avec ardeur les intérêts du St-Siége. Il en fut récompensé par de riches bénéfices et le titre d’archevêque d’Ancyre ; néanmoins, il finit ses jours dans la disgrâce. Parmi ses ouvrages, on remarque un Traité de l’éloquence italienne, 1706, et une Histoire des savants du Frioul.

FONTARABIE, Fons Rapidus en latin moderne, Fuenterrabia en espagnol, l’Œaso des anciens, v. d’Espagne (Guipuscoa), sur la Bidassoa, à son emb. dans le golfe de Gascogne ; 2000 hab. Petit port, fort St-Elne. Importante autrefois. Elle fut assiégée à diverses reprises, notamment en 1521 par François I, en 1639 par Condé, qui ne put la prendre, et en 1719 par Berwick, qui s’en empara.

FONTENAY, FONTANET ou FONTENOY-EN-PUISAYE, Fontanetum, vge de l’anc. Bourgogne (Yonne), à 28 kil. S. O. d’Auxerre ; 850 hab. Célèbre par la victoire que Charles le Chauve et Louis le Germanique y remportèrent sur leur frère Lothaire, le 25 juin 841. Un monument commémoratif y a été érigé en 1860.

FONTENAY-AUX-ROSES, joli vge du dép. de la Seine, à 2 kil. N. O. de Sceaux, à 10 k. S. de Paris ; 1200 h. Il doit son nom à la grande quantité de roses qu’on y cultivait. Station du chemin de fer de Sceaux ; nombreuses maisons de campagne ; institution de Ste-Barbe des Champs, succursale du collége Ste-Barbe. — Dans l’arr. de Sceaux se trouve aussi Fontenay-sous-Bois, à 2 kil. E. de Vincennes, et attenant au bois de ce nom ; 1569 h.

FONTENAY-l’ABATUT. V. FRONTENAY.

FONTENAY-LE-COMTE, ch.-l. d’arr. (Vendée), sur la Vendée, à 56 kil. S. B. de Bourbon-Vendée ; 6170 h. Trib., collége, belle église, fontaine gothique, qui a fait donner à la ville le nom qu’elle porte ; grandes ruines d'un château fort ; port dit du Gros-Noyer; dépôt de remontes. Chapellerie, toiles, cordes. Patrie de Viète, N. Rapin, Brisson, Belliard. Le cardinal de Bourbon (Charles X) y mourut. — Fontenay-le-Comte doit son nom et son origine aux comtes de Poitiers, qui la possédaient. Elle fut souvent prise et reprise pendant les guerres religieuses et sous la République. Pendant la Révolution, cette v. prit le nom de Font.-le-Peuple; elle fut jusqu'en 1804 le ch.-l. du dép.

FONTENAY (le P.), jésuite, né à Paris en 1663, mort en 1742, était recteur du collège d'Orléans quand on le chargea de continuer l’Histoire de l'Église gallicane commencée par Longueval. Il en publia les tomes IX et X.

FONTENELLE (Abbaye de). V. ST-VANDRILLE.

FONTENELLE (Bern. LE BOVIER de), l'homme le plus universel de son siècle, né à Rouen en 1657, m. à Paris en 1757, âgé de 100 ans, était, par sa mère, neveu de Corneille. Il remporta dès l'âge de 14 ans un prix académique, se fit connaître par des poésies légères et pastorales, donna en 1680 une tragédie, Aspar, qui fut sifflée ; prit part à la querelle sur le mérite des anciens, et se déclara pour les modernes ; fit des opéras, entre autres Thétis et Pelée, qui eut du succès, publia un roman médiocre, les Lettres du chevalier d'Her***, donna en 1680 ses Dialogues des morts, qui furent bien accueillis, et fit paraître en 1686 les Entretiens sur la pluralité des Mondes, puis l’Histoire des oracles, d'après Van Dal, ouvrages qui le placèrent parmi les bons écrivains de l'époque, elle firent admettre à l'Académie française en 1691. Dans la seconde moitié de sa vie il se livra plus spécialement aux sciences exactes, composa la Préface de l'analyse des infiniment petits de L'Hôpital, et donna lui-même la Géométrie de l’infini (1727). Il entra en 1697 à l'Académie des sciences, et fut de 1699 à 1737 secrétaire de cette compagnie ; il rédigea en cette qualité l’Histoire de l'Académie (1666-99), et les Éloges des Académiciens, qui sont regardés comme le modèle du genre. Il s'occupa aussi de métaphysique et professa le cartésianisme tout en s'écartant de Descartes sur la question de l'origine des idées ; il a laissé un traité Du Bonheur et un Projet de traité de l'esprit humain. Fontenelle brille surtout par la clarté et la simplicité du style ; il eut le talent de mettre les matières scientifiques à la portée de tous les lecteurs. Il se fit une réputation dans le monde par la finesse de son esprit et l'à-propos de ses reparties. Portant jusqu'à l'excès la réserve, il disait que s'il tenait toutes les vérités dans sa main, il se garderait bien de l'ouvrir. On lui a reproché de la sécheresse et de l’égoïsme ; on cite cependant de lui des traits de générosité ; il était d'ailleurs sensible à l'amitié et fut étroitement lié avec Lamotte. Ses Œuvres ont été publiées en 1758, 11 vol. in-12 ; 1790, 8 vol. in-8, et 1825, 5 vol. in-8. D'Alembert et Garat ont écrit son Éloge.

FONTENELLES (Guy de BEAUMANOIR, baron de), chef de bande, d'une anc. famille de Bretagne, se déclara pour la Ligue, s'empara de plusieurs places en Bretagne, notamment de l'île de Tristan, dont il fit son quartier principal, et exerça d'horribles cruautés. Il n'en fut pas moins compris dans le traité que Mercœur fit avec Henri IV ; mais, ayant depuis trempé dans la conspiration de Biron, il fut rompu vif à Paris en place de Grève, en 1602.

FONTENOY, vge de Belgique (Hainaut), à 7 kil. S. E. de Tournay, près de la r. dr. de l'Escaut ; 700 h. Les Français, commandés par le maréchal de Saxe, y battirent, le 11 mai 1745, les Anglais, les Autrichiens et les Hollandais coalisés.

FONTENOY-LE-CHÂTEAU, bourg de France (Vosges), à 27 kil. S. O. d'Épinal ; 2000 hab. Kirschenwasser. Patrie du poëte Gilbert. — C'était autrefois une ville très-forte; elle a appartenu à la maison de Bourgogne, et passa, dans le XVIIIe siècle, à celle de Croy.

FONTENOY-EN-PUISAYE. V. FONTENAY.

FONTETTE (Charles Marie FEVRET de), érudit, né en 1710 à Dijon, d'une honorable famille de magistrats (V. FEVRET), mort dans la même ville en 1772, fut dès l'âge de 26 ans conseiller au parlement de Bourgogne. Il s'adonna à l'histoire et rassembla une foule de documents précieux, qui ont été recueillis à la Bibliothèque impériale. On lui doit une édition fort améliorée de la Bibliothèque historique du P. Lelong, 1768.

FONTEVRAULT, Fons Ebraldi, bourg du dép. de Maine-et-Loire, à 16 k. S. E. de Saumur ; 830 h. Ce bourg est célèbre par une riche abbaye de Bénédictines, fondée par Robert d'Arbrissel en 1099. Ce monastère, qui renfermait à la fois des religieuses et des religieux, fut toujours, depuis la mort de Robert, gouverné par une abbesse. Cette abbaye, qui était chef d'ordre, eut de nombreuses succursales ; on comptait en 1245 jusqu'à 5000 Fontevristes. Les religieuses portaient la robe blanche, le rochet de batiste plissé, la guimpe, les bas et les souliers blancs, la ceinture noire et le voile noir ; quand elles sortaient, elles avaient une longue robe d'étamine noire. Depuis 1804, l'abbaye a été transformée en une maison de détention ; une colonie agricole y est annexée.

FONTRAILLES (L. d'ASTARAL, marquis de), fut chargé par Gaston, duc d'Orléans, de négocier avec le duc d'Olivarez les moyens de seconder la conspiration de Cinq-Mars contre le cardinal de Richelieu, et conclut le traité secret par lequel l'Espagne devait fournir des troupes et de l'argent. La conspiration ayant été découverte, Fontrailles s'enfuit en Angleterre ; il n'en revint qu'après la mort du cardinal, et mourut en 1677. On a de lui : Relation des choses particulières de la cour pendant la faveur de M. de Cinq-Mars (dans les Mém. de Montrésor et la collection Petitot), et des Lettres, restées manuscrites.

FOOTE (Samuel), acteur et auteur comique anglais, surnommé l’Aristophane moderne, né en 1720 dans le comté de Cornouailles, mort en 1777, dirigea pendant quelque temps le théâtre de New-Market en même temps qu'il y jouait comme acteur, et se fit remarquer par la licence avec laquelle il attaquait dans ses rôles les personnages contemporains les plus distingués ; on fut forcé plusieurs fois de lui interdire la scène. Il réussissait surtout dans la farce et la satire. Ses œuvres se composent de vingt pièces, qui brillent plutôt par l'esprit et la gaieté que par le plan. On n'a guère conservé au théâtre qu'une seule de ses pièces, The Mayor of Garrat. Elles ont été réunies à Londres en 1778, 4 vol. in-8.

FORBACH, v. d'Alsace-Lorraine, à 18 k. N. O. de Sarreguemines ; 4428 h. Victoire de l'armée allemande (6 août 1870).

FORBIN, anc. famille de Provence, qui a produit plusieurs hommes distingués, a pour chef Palamède de Forbin, seigneur de Soliers, surnommé le Grand, qui fut d'abord président de la Chambre des comptes et conseiller du roi René, comte de Provence. Il décida ce prince à céder ses États à Louis XI, qui, dès qu'il en fut maître, le nomma gouverneur de la Provence, 1481. Il mourut en 1508. Cette maison a formé plusieurs branches, dont les principales sont celles de Forbin des Issarts et de Forbin Janson.

FORBIN (Claude, d'abord chevalier, puis comte), brave marin, né en 1656 à Gardane, près d'Aix en Provence, m. en 1733, servit d'abord sous le comte d'Estrées en Amérique et sous Duquesne au bombardement d'Alger, où il fit preuve d'une rare intrépidité. Après avoir été deux ans grand amiral du roi de Siam, près duquel il avait accompagné l'ambassadeur français (1686), il eut le commandement d'une frégate, avec laquelle il seconda Jean Bart dans ses luttes contre les Anglais. Nommé chef d'escadre en 1707 après une sanglante victoire remportée sur les mêmes ennemis dans la mer du Nord, il se signala avec Duguay-Trouin au combat du cap Lizard. Chargé en 1708 de conduire à Édimbourg le chevalier de St-Georges, il ne put y réussir, et comme on le rendait responsable de cet échec, il se retira du service, 1710. Ses Mémoires, publiés à Amsterdam en 1730, ont été rédigés sur ses notes par Reboulet.

FORBIN (L. Nic. Ph. Aug., comte de), peintre et connaisseur, né en 1779 au château de La Roque (Bouches du Rhône), mort en 1841 à Paris, était à Lyon lors du siège de cette ville par la Convention, y vit périr sous ses yeux son père et son oncle, fut recueilli et élevé par un habile dessinateur lyonnais, Boissieu, qui l'initia à la pratique de son art, s'enrôla afin d'échapper à la proscription et ne tarda pas à se distinguer; mais prit de bonne heure son congé afin de se livrer à son goût pour la peinture, et visita l'Italie, où il obtint la protection de la princesse Borghèse. Nommé, à la Restauration, directeur général des musées, il agrandit celui du Louvre et en établit un spécial au Luxembourg pour les œuvres des peintres vivants. Peintre habile lui-même, il a produit, entre autres ouvrages : l’Éruption du Vésuve, qui lui ouvrit les portes de l'Académie des beaux-arts, la Mort de Pline, la Vision d'Ossian, la Procession des Pénitents noirs, une Scène de l'Inquisition, Inès de Castro, le Campo Santo de Pise, le Cloître de Sta-Maria Novella à Florence. On a de lui un Voyage dans le Levant, 1819; des Souvenirs de Sicile, 1823; un Mois à Venise, 1824, ouvrages accompagnés de vues prises par lui-même. On a publié en 1843 son Portefeuille, avec un texte rédigé par le comte de Marcellus, son gendre.

FORBIN-JANSON (Toussaint de), dit le cardinal de Janson, né en 1625, mort en 1713, fut évêque de Digne, puis de Marseille et de Beauvais, ambassadeur de Louis XIV en Pologne et auprès du St-Siége, et enfin grand aumônier. Il dut le chapeau de cardinal (1690) au roi de Pologne Jean Sobieski, à l'élection duquel il avait puissamment contribué.

FORBIN-JANSON (Ch. Auguste), évêque de Nancy, né à Paris en 1785, était en 1806 auditeur au Conseil d'État. Il renonça à la carrière administrative pour entrer au séminaire, organisa en 1814, avec M. de Rauzan, l'œuvre des missions, et prêcha lui-même avec un grand éclat; fut nommé en 1823 évêque de Nancy, déploya dans ce poste un zèle ardent qui lui suscita de nombreux ennemis, se vit par suite forcé de quitter son diocèse en 1830, mais sans donner sa démission ; s'embarqua pour le Canada, où ses prédications produisirent d'heureux fruits, et mourut peu après son retour, en 1844, près de Marseille, lorsqu'il se disposait à partir pour la Chine : il venait de fonder l’OEuvre de la Sainte-Enfance pour le rachat et le baptême d'enfants chinois.

FORBONNAIS (Franç. VÉRON DU VERGER, sieur de), économiste, né au Mans en 1722, mort en 1800, se fit connaître dès 1750 par des mémoires pleins de vues sages sur l'administration des finances; fut nommé en 1756 inspecteur général des monnaies, fut placé en 1759 auprès du contrôleur général Silhouette, et eut le principal mérite des utiles réformes qu'opéra ce ministre ; mais il ne tarda pas à être écarté des affaires par les intrigues de Mme de Pompadour. Il se retira dans ses terres et consacra ses loisirs à la composition de ses ouvrages. On a de lui : Considérations sur les finances d'Espagne, 1753; Éléments du commerce, 1754; Recherches sur les finances de France, 1758, ouvrage fort estimé; De la Circulation des denrées, 1800. Il fut appelé à l'Institut dès sa fondation.

FORCADEL (Pierre), né à Béziers, obtint en 1560 par la protection de Ramus une chaire de mathématiques au Collége de France, et mourut vers 1576. On lui doit des trad. françaises de la Géométrie d'Euclide, 1564; des Livres de Proclus sur le mouvement, 1565; du Traité des poids d'Archimède, 1565, etc. — Son frère, Étienne F., 1534-73, obtint après Cujas la chaire de droit de Toulouse (1554). Il a écrit sur le droit, l'histoire, et a fait des vers latins et français. Son fils fit paraître en 1579 ses Œuvres poétiques.

FORCALQUIER, Forum Neronis des Romains, Forum Calcarium au moyen âge, ch.-l. d'arr. (B.-Alpes), sur l'Arque et au pied d'une colline, à 45 k. S. O. de Digne; 3022 hab. Trib. de 1re instance; société d'agriculture. Chapellerie, poterie; huile, vins, soie, etc. Jadis ch.-l. du comté de Forcalquier, formé en 1054 aux dépens du comté d'Arles. Ce comté passa en 1094 dans la maison des comtes d'Urgel ; en 1208 il fut uni par mariage au comté de Provence. Les comtés de Provence et Forcalquier, inséparables depuis, furent portés en 1245, par Béatrix qui en était l'héritière, à son mari Charles d'Anjou, frère de S. Louis, qui devint roi des Deux-Siciles en 1265. V. PROVENCE.

FORCELLINI (Egidio), philologue, né à Fener, près de Padoue, en 1688, mort en 1768, fut l'élève de Facciolati, et consacra toute sa vie à rédiger, d'après un plan arrêté de concert avec son maître, le savant dictionnaire latin, italien et grec intitulé : Totius latinitatis Lexicon, publié à Padoue en 1771, 4 vol. in-fol., réimprimé en 1805, augmenté d'un supplément en 1816, Padoue, 1 vol. in-fol., réédité à Padoue, 1827-37, 4 vol. in-4, par Furlanetto, qui y a fondu les suppléments et y a fait de nombreuses additions, et plusieurs fois réimprimé depuis, notamment à Venise et à Padoue, par Corradini, 1858-60. Il renonça à la direction du séminaire de Bellune pour être tout entier à son Dictionnaire.

FORCHHEIM, v. forte de Bavière (Hte-Franconie), au confluent de la Regnitz et de la Wiesen, à 30 k. N. de Nuremberg; 4000 h. Il s'y tint, en 1077, une diète où Rodolphe de Rheinfelden fut élu empereur.

FORD, auteur dramatique anglais, contemporain de Shakespeare. Son Théâtre choisi a été traduit par E. Lafond, 1856, in-18.

FORDYCE (David), théologien et moraliste écossais, né en 1711 à Aberdeen, entra dans la carrière ecclésiastique, fut nommé en 1742 professeur de philosophie morale au collège Maréchal dans sa ville natale, publia en 1745 des Dialogues sur l'Éducation, et en 1748 un excellent traité de Philosophie. On a aussi de lui Théodore, dialogue sur l'art de prêcher. Il mourut en 1751 dans un naufrage sur les côtes de Hollande. — Son frère, Jacques Fordyce, 1720-96, pasteur d'une congrégation de non-conformistes établie à Londres, s'est fait connaître comme prédicateur : on estime surtout ses Sermons aux jeunes femmes. — Guill. F., frère des préc., 1724-92, exerça la médecine à Londres avec succès. On a de lui: Recherches sur les causes, les signes et les moyens curatifs des fièvres putrides et inflammatoires, 1773; Lettre sur la vertu antiseptique de l'acide muriatique, 1790. — George Fordyce, neveu du préc. et fils de David, 1736-1802, a donné des Éléments de médecine pratique, devenus classiques, Londres, 1768; un Traité de la digestion des aliments, 1791, et a fait d'intéressantes expériences sur la température du corps humain.

FORESTIERS, officiers qui, sous les deux premières races des rois de France, avaient juridiction dans les pays forestiers. Les gouverneurs de la Flandre s'appelaient grands forestiers; mais ce titre paraît plutôt venir du flamand vorst, président ou comte, que des forêts qui couvraient le pays. Le titre de Forestier disparaît après Charles le Chauve.

FORESTIÈRES (Villes). On désignait spécialement sous ce nom plusieurs v. allemandes comprises dans l'anc. cercle de Souabe, et situées jadis dans la Forêt-Noire, qui ne s'étend plus auj. jusque-là; ce sont Laufenbourg, Rheinfelden, Seckingen, Waldshut, Ensisheim. — On donne encore ce nom à 4 villes de Suisse : Lucerne, Schwitz, Altorf et Stanz.

FORÊT DE BOHÊME. V. BŒHMERWALD.

FORÊT-NOIRE, Schwarzwald en allemand, Hercynia, puis Martiana sylva chez les Romains, vaste forêt d'Allemagne, s'étend sur une longue chaîne de montagnes qui court du S. au N. parallèlement au Rhin dans le royaume de Wurtemberg et le grand-duché de Bade, et qui prend de là le nom de Montagnes de la Forêt-Noire. De Bâle à Pforzheim, elle a env. 260 kil. de long sur 50 de large; son étendue était jadis beaucoup plus grande. La neige y tombe pendant 8 mois de l'année et le climat en est fort rude. Le Danube et plusieurs affluents du Rhin y ont leur source. Mines de fer, de cuivre, d'argent, de cobalt. Verreries, chapeaux de paille, pendules. — Cette forêt a donné son nom au cercle de la Forêt-Noire, une des divisions du Wurtemberg, situé à l'E. et au N. du grand-duché de Bade : 100 kil. sur 95 ; 400 000 h. ; ch.-l., Rutlingen.

FORÊTS (dép. des), un des dép. de l'ancien empire français, formé en grande partie du duché de Luxembourg, avait pour ch.-l. Luxembourg, et se divisait en 4 arr. (Luxembourg, Bitbourg, Diekirk, Neufchâteau). Ce pays est auj. partagé entre la Belgique et la Hollande. Son nom venait des nombreuses forêts qui en couvraient la surface.

FOREZ, Forensis pagus, anc. prov. de France, qui faisait partie du grand-gouvt du Lyonnais, à l'O. du Lyonnais propre, au S. du Charolais et du Beaujolais, au N. du Vélay et du Vivarais, à l'E. de l'Auvergne ; ch.-l., Feurs. Autres places, Montbrison (qui devint la capit. en 1441), St-Étienne, Néronde, Chazelles, Roanne, St-Rambert. Ce pays était habité anciennement par les Segusiavi, qui avaient pour capit. Forum Segusiavorum (Feurs). Auj. il forme le dép. de la Loire et une partie des dép. de la Hte-Loire et du Puy-de-Dôme. — Les premiers comtes du Forez possédaient également le Lyonnais et le Beaujolais. Trois dynasties de comtes se succédèrent dans le Forez ; la dernière fut celle de Bourbon, à laquelle le Forez échut par le mariage de Louis II, duc de Bourbon, avec Anne, Dauphine d'Auvergne, seule héritière de ce comté. Après la défection du connétable Ch. de Bourbon (1523), le Forez fut confisqué et bientôt après (1531) il fut réuni à la couronne. On doit à M. Latour-Véran de savantes Études sur le Forez, 1860, et ann. suiv.

FORFAIT (P. Alex.), ingénieur maritime, né à Rouen en 1752, mort en 1807, servit quelque temps dans la flotte et donna des modèles de vaisseaux qui sont demeurés types, fut député à l'Assemblée législative en 1791, et donna une grande impulsion à la construction navale ; fut appelé par Bonaparte, après le 18 brumaire, au ministère de la marine, et prépara sous le consulat la flotte destinée à une descente en Angleterre. Il a laissé, entre autres ouvrages, un Traité de la mâture, 1788.

FORFAR, v. d'Écosse, ch.-l. du comté de Forfar, à 79 kil. d’Édimbourg ; 9000 hab. Toile écrue, sabots. — Le comté de Forfar, dit aussi comté d’Angus, situé entre ceux d'Aberdeen, Kincardine, Perth, le golfe de Tay et la mer du Nord, a 60 kil. sur 53 ; 192 000 hab. Il est traversé par les monts Grampians.

FORGES-LES-EAUX, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), dans le vallon de Bray, à 25 k. S. E. de Neufchâtel ; 1200 h. Toiles, faïence façon de Rouen et de Sarreguemines, fromage de Neufchâtel. Eaux ferrugineuses, en vogue au temps de Louis XIII et d'Anne d'Autriche.

FORLENZE (J. Nic.), oculiste, né en 1751 à Picerno (Naples), mort en 1833, se forma en France sous Desault, fut nommé en 1799 oculiste des Invalides, fit un grand nombre de belles cures, et rendit la vue par l'opération de la cataracte à Portails, ministre des cultes. On a de lui des Considérations sur l'opération de la pupille artificielle, 1805.

FOR-L'ÉVÊQUE, Forum episcopi. On donna d'abord ce nom à un bâtiment situé à Paris, rue St-Germain-l'Auxerrois, où l'évêque avait sa cour de justice. Cette juridiction ayant été supprimée en 1674, le bâtiment devint une prison royale, destinée aux détenus pour dettes et aux comédiens délinquants. Il fut démoli en 1780.

FORLI, Forum Livii, v. d'Italie, naguère ch.-l. de la légation romaine de Forli, à 270 kil. N. O. de Rome, sur l'anc. Voie Émilienne ; 16 000 hab. Évêché. Belle cathédrale, palais Albizzi, Merenda, Piazza ; palais du magistrat ; belle place ; mont-de-piété. Filature de soie, toiles cirées, raffinerie de soufre, etc. Patrie de Morgagni. — Cette v. fut réunie aux États de l'Église par Jules II. En 1521, les Français y défirent les Espagnols ; ils s'en emparèrent en 1797 et en firent la capit. du dép. du Rubicon. Insurgée contre le pape en 1831, elle s'est entièrement détachée des États romains en 1860 pour reconnaître l'autorité du roi de Sardaigne. — La légation, auj. prov. de Forli, est bornée au N. O. et au N. par la prov. de Ravenne, à l'E. par la mer Adriatique, au S. par la légation d'Urbin et à l'O. par la Toscane : 67 kil. sur 55 ; 195 000 hab.

FORLIMPOPOLI, Forum Popilii, v. d'Italie, à 7 k. S. E. de Forli ; 5000 hab. Beaucoup de ruines. Cette ville a été détruite en 700 par les Lombards, et en 1370 par Grégoire XI, pour punir les habitants de leurs brigandages.

FORMENTERA, Ophiusa on Pityusa minor, une des îles Baléares, à l5k. S. d'Iviça ; 1500h. Très-fertile.

FORMERIE, ch.-l. de c. (Oise), à 34 kil. N. O. de Beauvais ; 1200 hab. Grains, bestiaux, laines.

FORMEY (J. H. Samuel), fécond écrivain, né à Berlin en 1711, d'une famille de réfugiés français originaire de Vitry en Champagne, mort en 1797, fut d'abord pasteur à Brandebourg ; fut appelé en 1737 à la chaire d'éloquence à Berlin, puis à celle de philosophie ; devint membre de l'Académie des sciences et belles-lettres de cette ville dès sa formation, puis directeur de la classe de philosophie et conseiller privé. Parmi ses nombreux travaux littéraires, on remarque : Mémoires pour servir à l'histoire et au droit public de Pologne, La Haye, 1741 ; la Belle Wolfienne ou Abrégé de la philosophie de Wolf, 1741-53 ; Conseils pour former une bibliothèque, 1746 ; Mélanges philosophiques, 1754 ; Éloges des académiciens de Berlin, 1757 ; Abrégé de l'histoire de la philosophie, 1760 ; Frédéric le Grand, Voltaire, Jean-Jacques, d'Alembert, 1789. Il a en outre rédigé plusieurs journaux littéraires.

FORMIES, Formiæ, auj. Mola di Gaeta, v. du Latium mérid., sur la mer Tyrrhénienne, à l'O. de Minturnes, dans le pays des Volsques. Près de là était Formianum, maison de campagne de Cicéron, où cet orateur fut assassiné.

FORMIGNY, vge de l'anc. Normandie (Calvados), à 19 kil. N. O. de Bayeux ; 550 hab. Le connétable de Richemont y remporta en 1450 sur les Anglais une victoire qui leur enleva la Normandie. Un monument a été élevé sur le champ de bataille.

FORMOSE, Thaï-Ouan en chinois, grande île située au S. E. de la Chine, par 117° 52'-119° 37' long. E., 21°-25° lat. N., dépend de la prov. continentale de Fou-kian : 400 kil. sur 140 ; env. 2 500 000 h. ; ch.-l., Thaï-Ouan. Une chaîne de montagnes coupe l'île en deux du N. au S.; plusieurs volcans ; or, argent, cuivre, sel, soufre, camphre, eaux thermales. La partie orientale est habitée par des indigènes indépendants ; la partie occidentale, où sont les Chinois, est fertile et bien cultivée. — Les Chinois s'établirent dans cette île en 1430 ; les Portugais la visitèrent au XVIe s., et lui donnèrent le nom de Formose à cause de la beauté du climat ; les Japonais et les Hollandais y fondèrent des colonies au commencement du XVIIe s. ; mais en 1661, le pirate chinois Koxinga s'empara de l'île tout entière ; il y régna jusqu'en 1683. A cette époque, les Chinois aidés des Hollandais la reprirent.

On nomme Canal de Formose le détroit qui sépare le continent chinois et l'île de Formose.

FORMOSE, pape de 891 à 896, était d'abord évêque de Porto, près de Rome. Il condamna Photius, sacra empereur Lambert, duc de Spolète, puis mit à sa place Arnoul, roi de Germanie. Sa mémoire fut flétrie par le fougueux Étienne VI, qui l'accusa d'usurpation et fit déterrer son cadavre pour lui faire son procès ; mais il fut réhabilité en 898 par Jean IX.

FORMULAIRE, formule de foi qu'on propose pour être reçue ou signée. Les plus célèbres formulaires sont celui de 1653, par lequel Innocent X condamnait cinq propositions de Jansénius, et celui de 1665 par lequel Alexandre VII confirmait le précédent. Les Jansénistes y opposèrent la plus vive résistance : ce qui amena de longs troubles. V. JANSÉNIUS et ALEX. VII.

FORNARINA (la). V. RAPHAEL.

FORNOUE, Fornovo en italien, Forum Novum en latin, bourg d'Italie (Parme), à 22 kil S. O. de Parme, sur le Taro, au pied de l'Apennin. Charles VIII, forcé d'abandonner Naples, y battit les Milanais et leurs alliés, qui voulaient s'opposer à son retour en France (6 juillet 1495).

FORRES, v. d'Écosse (Elgin), à 15 kil. O. d'Elgin, près de la baie de Findhorn ; 4000 hab. Aux env., obélisque élevé en mémoire d'une victoire de Malcolm II sur les Danois (1008 ou 1010). Shakespeare place à Forres la scène de sa tragédie de Macbeth.

FORSTER (J. Reinhold), voyageur et naturaliste, né en 1729 à Dirschau en Prusse, fut ministre protestant à Dantzick, puis intendant des colonies de Saratow en Russie ; passa de là en Angleterre où il donna des leçons de langues, et s'embarqua en 1772 avec Cook comme naturaliste de l'expédition. A son retour, il publia, quoiqu'il eût promis de n'en rien faire, la relation de son voyage. Par suite de ce manque de foi, il fut obligé de quitter l'Angleterre. Il fut nommé en 1780 professeur d'histoire naturelle à Halle en Prusse, où il mourut en 1798. On a de lui: Caractères des plantes australes (en latin), Gœttingue, 1776; Observations faites dans un voyage autour du monde, sur la géographie, la physique, l'histoire naturelle, Londres, 1778, en anglais, trad. en français par Pingeron: Histoire des découvertes et des voyages faits dans le Nord, Francfort-sur-l'Oder, 1784, traduit par Broussonnet, 1788.

FORSTER (J. George Adam), fils du préc., né près de Dantzick en 1754, mort à Paris en 1794, fit avec son père le voyage autour du monde; enseigna l'histoire naturelle à Cassel et à Wilna, et fut nommé bibliothécaire de l'électeur de Mayence. Lors de la prise de Mayence par les Français en 1792, il fut envoyé à Paris pour demander au nom des Mayençais leur réunion à la République. Il a laissé : Voyage autour du monde sur le vaisseau la Résolution, commandé par le capitaine Cook, dans les années 1772-75, en anglais, Londres, 1777, et en allemand, Berlin, 1779-80; Essais sur la géographie morale et naturelle et la philosophie usuelle, 1789-97,6 v. in-8.

FORSTER (George), voyageur anglais attaché à la compagnie des Indes, étudia profondément les langues orientales, et put, à l'aide de cette connaissance, visiter en 1782 tout le pays qui s'étend entre le Bengale et la Perse ; il revint en Angleterre par la Russie, et publia en 1790 la relation de son voyage. Il avait fait paraître dès 1785 un intéressant Essai sur la mythologie des Hindous. Il mourut en 1792 à Allahabad, au moment où il allait entreprendre de nouveaux voyages.

FORTAVENTURE, Fuerteventura, une des îles Canaries, par 16° 10'-16° 52' long. O., 28° 4'-28° 46' lat. N. ; 90 kil. sur 53 ; 10 000 h. ; ch.-l., Ste-Marie de Bethancuria. Pays montagneux, quelques plaines fertiles. On en tire des grains et de la soude.

FORT-DE-FRANCE ou FORT ROYAL, capitale de la Martinique, par 63° 26' long O., 14° 35' lat. N., au fond d'une baie ; 11 000 hab. Évêché, cour impér. et trib. de 1re inst. Port excellent, sur la côte E., défendu par le fort St-Louis et par ce qui reste des ouvrages du fort Bourbon, démantelé en 1809 par les Anglais. La ville fut fondée en 1672 et presque détruite en 1839 par un tremblement de terre.

FORTEGUERRA ou FORTEGUERRI (Scipion), dit Carteromaco (trad. grecque italianisée de son nom), savant philologue, né à Pistoie en 1466, m. à Rome en 1515, était élève de Politien et jouit de la faveur de plusieurs cardinaux. Il fit imprimer chez Aide Manuce plusieurs des éditions princeps les plus estimées des auteurs grecs : l’Organon d'Aristote, la Géographie de Ptolémée, l’Onomasticon de Julius Pollux, Aristophane, St-Grégoire de Nazianze, l’Anthologie, etc. Il a composé à la louange de la langue grecque un discours célèbre, De laudibus litterarum græcarum, Venise, 1504, réimprimé par H. Étienne en tête de son Thesaurus linguæ græecæ.

FORTEGUERRA (Nic.), cardinal et poëte, nommé le Jeune (pour le distinguer d'un autre cardinal de même nom), né à Pistoie en 1674, de la même famille que le préc., mort en 1735, dut une fortune brillante à son esprit, à son caractère enjoué et à son talent pour la poésie, et fut élevé aux dignités ecclésiastiques par Clément XI, Innocent XIII et Clément XIII. Il livra aux flammes avant de mourir tous ses manuscrits inédits. On a de lui : les Comédies de Térence, en vers italiens, 1736; Ricciatdetto (Richardet), 1738, poëme héroï-comique dans le genre de Berni, faisant suite au Roland fougueux; il le composa comme en se jouant et par gageure, afin de prouver combien ce genre est facile. Ce poëme a été trad. en vers français par Du Mourrier, Paris, 1766, et par le duc de Nivernois, 1797.

FORTESCUE (sir John), jurisconsulte anglais, était en 1442 grand-juge du banc du roi. Il jouit de la faveur de Henri VI, qui le nomma chancelier, mais il perdit tout crédit à l'avénement d’Édouard IV et fut poursuivi comme partisan de la maison de Lancastre. Il accompagna la reine Marguerite dans sa fuite en Flandre, et fut pris après la bataille de Tewsbury (1471). Il obtint cependant sa grâce du vainqueur, et m. dans la retraite. On a de lui un traité De laudibus legum Angliæ, imprimé seulement sous Henri VIII.

FORTH, Bodotria, riv. d’Écosse, naît dans le comté de Stirling, sépare les comtés de Linlithgow et de Fife, tombe au S. d'Inverkeiting dans le golfe dit auj. Frith of Forth, et nommé par les Romains Bodotria æstuarium. Son cours est de 230 k. Le Grand-Canal le met en communication avec la Clyde.

FORTIA, maison ancienne, originaire du roy. d'Aragon, est connue depuis le Xe siècle. Elle a formé en France plusieurs branches, dont 4 principales : F.-Chailli, F. d'Urban, F. de Montréal et F. de Piles.

FORTIA D'URBAN (François, marquis de), érudit, né en 1756 à Avignon, mort en 1843, était issu d'une antique famille catalane. Il était colonel des milices du pape dans le comtat Venaissin lorsque la réunion d'Avignon à la France vint le rendre à la vie privée. Se livrant dès lors tout entier à son goût pour l'étude, il cultiva avec un égal succès les mathématiques, l'histoire et la géographie. Il était membre de la Société des antiquaires de France et membre honoraire de l'Académie des inscriptions. Outre des dissertations sur des sujets très-divers, il a publié : Mémoires pour servir à l'histoire ancienne du globe, 10 vol. in-12, 1805-1807 (on y distingue ses recherches sur les déluges); Tableau historique et géographique du monde jusqu'au siècle d'Alexandre, 1810, 4 vol. in-12; Histoire du Portugal, 1828, 10 vol. in-8; Histoire antédiluvienne de la Chine et Description de la Chine, 1839-40. On lui doit la publication de l’Histoire de Hainaut par Jacques de Guyse, lat.-franç., 1826 et années suiv., 22 vol. in-8, et un Recueil des Itinéraires anciens, qui parut après sa mort, 1845, in-4. Il eut une grande part à une nouvelle édition de l’Art de vérifier les dates.

FORT-LIBERTÉ, autrefois FORT-DAUPHIN, v. et port de l'île d'Haïti, dép. du Nord, à 40 kil. S. E.du Cap-Français. Bon port, fortifié.

FORT-LOUIS ou FORT-VAUBAN, bourg du dép. du Bas-Rhin, dans une île du Rhin, à 40 kil. N. N. E. de Strasbourg; 1500 hab. Brasseries, chaudronnerie, etc. Le fort construit par Vauban en 1689, a été en partie détruit par les alliés en 1815.

FORTORE (il), riv. d'Italie. V. FRENTO.

FORTOUL (Hippolyte), écrivain et ministre, né en 1811, à Digne, mort en 1856 aux eaux d'Ems, se fit connaître de bonne heure par diverses publications historiques et littéraires, fut nommé en 1840 professeur de littérature française à la Faculté de Toulouse, obtint de grands succès dans son enseignement, devint en 1846 doyen de la Faculté d'Aix; fut élu en 1848 représentant à l’Assemblée nationale, et s’y fit apprécier du prince Louis-Napoléon, qui, en 1851, après le 2 décembre, l’appela au ministère de l’instruction publique, poste qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il fut élevé en 1853 à la dignité de sénateur et admis en 1854 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Comme ministre, M. Fortoul voulut faire une plus forte part à l’étude des sciences et associer plus étroitement les sciences et les lettres. En outre, il modifia profondément l’organisation de l’instruction publique en supprimant la section permanente du Conseil de l’Université, en réduisant à seize le nombre des académies, et surtout en se réservant la faculté de révoquer sans jugement les professeurs de tout ordre. On a réuni en 1854-56, sous le titre de Réforme de l’enseignement, le recueil de ses actes administratifs, et, sous le titre d’Études d’archéologie et d’histoire, ses divers travaux d’érudition. Il avait précédemment publié à part plusieurs ouvrages dans lesquels on trouve réunies l’érudition et l’élégance : Histoire du XVIe siècle ; Étude sur la maison des Stuarts ; le Génie de Virgile ; la Danse des morts expliquée ; De l’Art en Allemagne : ce dernier est le plus remarquable de ses écrits.

FORTUNAT, Venantius Honorius Clementianus Fortunatus, évêque de Poitiers, et l’un des meilleurs poëtes de son temps, né vers 530 près de Trévise, mort en 609. Il vint en Gaule vers 565, assista aux noces de Sigebert et de Brunehaut, composa un épithalame pour cette cérémonie ; fut attaché comme chapelain au monastère fondé à Poitiers par Ste Radegonde, épouse du roi Clotaire, et édifia son siècle par ses vertus. Ses Œuvres ont été publiées à Cagliari, 1573, à Cologne en 1600, à Mayence, 1617, et trad. dans la collection Panckouoke. Elles se composent d’un poëme en 4 chants en l’honneur de S. Martin, de poésies religieuses en vers élégiaques, et d’hymnes adoptées en partie dans les offices : on y remarque le Vexilla regis. Son style est souvent incorrect et prétentieux, mais ses écrits sont un monument précieux pour l’histoire de l’époque.

FORTUNE, déesse allégorique, adorée chez les Grecs et surtout chez les Romains. On la représente chauve par derrière, avec des ailes et se tenant debout, un pied posé sur un globe ou une roue en mouvement et l’autre pied en l’air. Elle avait à Antium, chez les Volsques, ainsi qu’à Préneste et qu’à Fanum Fortunæ dans l’Étrurie, des temples magnifiques où l’on rendait des oracles.

FORTUNÉES (îles). V. CANARIES.

FORUM, c.-à-d. place publique. On désignait plus spécialement sous ce nom la principale place publique de Rome, celle où se réunissaient les assemblées par tribus. Elle était située à peu près au centre de la ville, entre les monts Quirinal et Palatin. Dans le Forum s’élevait la tribune aux harangues ou rostres. Tout autour régnaient des portiques, des temples et des basiliques où l’on rendait la justice. Le Forum est auj. désert et s’appelle Campo Vaccino (ou Champ aux Vachers), parce qu’il avait été converti au moyen âge en un marché de bestiaux. En 1812 et 1813, l’administration française a fait déblayer une partie du Forum, mis à jour quelques-uns de ses monuments et commencé des travaux de conservation qui ont été continués par le gouvernement papal. Aux VIIIe et IXe siècles de Rome on créa 4 nouveaux forums, dits de Jules-César, d’Auguste, de Nerva et de Trajan. Ce dernier était le plus beau.

FORUM, suivi d’un nom au génitif, désigne un grand nombre de v. anciennes qui primitivement n’étaient que des champs de foire. Telles sont : FORUM ALLIENI, v. de la Gaule Cispadane, auj. Ferrare ; — F. APPII, v. d’Ombrie, auj. San-Donato ; — F. CLAUDII, v. des Alpes Grecques, chez les Centrons, auj. Moutiers en Tarantaise ; — F. CORNELII, v. de la Gaule Cispadane, auj. Imola ; — F. DIUGUNTORUM, v. de la Gaule Transpadane, auj. Crema ; — F. GALLORUM, v. de la Gaule Cispadane, près de Modène, où Antoine défit Vibius Pansa et fut à son tour défait par Hirtius (43 av. J.-C.) : c’est auj. San Donino ou Castel-Franco ; — F. JULII, v. de Vénétie, chez les Carni, auj. Cividale-di-Friuli ; — v. de la Gaule Narbonnaise, auj. Fréjus ; — F. LIVII, v. de la Gaule Cispadane, chez les Senones, auj. Forli ; — F. NERONIS, v. de la Gaule Narbonnaise 2e, auj. Lodève ; — F. NOVUM, v. de Gaule Cispadane, auj. Fornoue ; — F. POPILII, v. de Gaule Cispadane, auj. Forlimpopoli ; — F. SEGUSIAVORUM, v. de la Lyonnaise 1re, auj. Feurs ; — F. SEMPRONII, v. d’Ombrie, auj. Fossombrone ; — F. VULCANI, en Campanie, auj. la Solfatare.

FOS. V. FOS-LÈS-MARTIGUES.

FOSCARI (François), doge de Venise de 1423 à 1457, soutint avec avantage plusieurs guerres contre les ducs de Milan et soumit les pays de Brescia, de Bergame et de Vérone, mais fut abreuvé de chagrins domestiques. Il perdit successivement trois de ses fils, et vit exiler le 4e, accusé d’avoir reçu des présents de princes ennemis de la république. Foscari fut déposé en 1457, et mourut trois jours après l’élection de son successeur. Ses malheurs ont fourni à lord Byron le sujet d’un drame et à Verdi d’un opéra.

FOSCARINI (Marc), doge de Venise en 1762, né en 1695, m. en 1763, est auteur d’une Histoire de la littérature vénitienne, Padoue, 1752, ouvrage riche en documents, et rédigé avec critique, mais malheureusement inachevé. — Un autre F., Michel, 1632-92, a continué l’Histoire de Venise de Nani.

FOSCOLO (Ugo), écrivain italien, né à Zante en 1776, mort en 1827. Lorsque Venise fut donnée à l’Autriche, il se retira en Lombardie et fut nommé professeur de littérature à Pavie. Accusé en 1815 d’avoir pris part à une conspiration pour chasser d’Italie les Autrichiens, il se réfugia en Angleterre. On a de lui des poésies, dont la plus remarquable est le Chant des tombeaux et un poëme intitulé les Grâces ; trois tragédies médiocres : Thyeste, Ajax et Ricciarda, et les Dernières lettres de Jacques Ortiz, 1802, roman dans le genre de Werther, où l’on trouve une vive sensibilité, mais quelque emphase : c’est le meilleur de ses écrits ; il a été trad. par Sénones, 1814, et par M. Trognon, 1819. Ses Œuvres complètes et ses Lettres ont été publ. à Florence, 1850-54.

FOS-LÈS-MARTIGUES, vge du dép. des Bouches-du-Rhône, à 9 kil. S. O. d’Istres et à 40 kil. S. O. d’Aix, sur les bords du canal de Bouc ; 1200 hab. On présume que c’est le lieu où abordèrent les Phocéens qui vinrent bâtir Marseille, et l’on a cru retrouver leur nom dans son nom. Il est plus probable cependant qu’il vient de Fossa Mariana, canal actuellement obstrué, que Marius fit creuser à ses troupes entre le Rhône et la mer, et qu’on nomme auj. le Bras-Mort. À l’embouchure de ce canal était Fossæ Marianæ portus, ruiné par les Sarrasins.

FOSSA. Ce mot, joint à un adjectif ou à un nom propre au génitif, désignait un canal. On connaît surtout : Fossa Corbulonis (auj. le Vliet), canal qui joignait la Meuse au Rhin en traversant l’île des Bataves ; — Fossa Drusiana, qui mettait en communication le Rhin septentrional (Yssel) avec le lac Flevo ; — Fossa Mariana, canal creusé par les troupes de Marius en 103, tandis qu’il attendait les Cimbres : il allait du Rhône à Marseille (V. FOS-LÈS-MARTiGUES). Fossa tout seul désignait le détroit qui sépare la Sardaigne de la Corse, auj. détroit de Bonifacio.

FOSSALTA, riv. de la Romagne, affluent de la Scultenna, célèbre par la bataille que les Guelfes de Bologne y remportèrent en 1249 sur les Gibelins : ils y firent prisonnier le roi Enzio.

FOSSANO, v. du Piémont, à 19 kil. N. E. de Coni, près de la Stura ; 16 000 hab. Évêché. Château fort, arsenal. Prise par les Français en 1796. Championnet y fut battu par Mélas en 1799.

FOSSAT (le), ch.-l. de cant. (Ariége), sur la Lize, à 20 kil. N. O, de Pamiers ; 1000 hab.

FOSSÉ (P.-Thom. du), V. DUFOSSÉ.

FOSSEUX, branche des Montmorency. V. ce nom. FOSSOMBRONE, Forum Sempronii, v. d'Italie, dans l'anc. État ecclésiastique, à 13 kil. S. E. d'Urbin ; 8500 hab. Évêché. Commerce de soie. — C'est là qu'Asdrubal fut défait par les consuls Claudius Néron et Livius Salinator, 207 av. J.-C.

FOSTAT, dit aussi le Vieux-Caire, v. d’Égypte, sur la r. dr. du Nil, à 2 kil. S. O. du Caire, vis-à-vis de Djizeh, sert avec Boulaq de port au Caire. On croit que c'est l'anc. Babylone d’Égypte.

FOTHERGILL (John), médecin anglais, né en 1712 à Carr-end (York), m. en 1780, était quaker. Il pratiqua son art à Londres où il acquit une grande fortune, tout en donnant une part de son temps aux pauvres, se livra aussi avec ardeur à la botanique, répandit en Angleterre plusieurs plantes médicinales exotiques et publia un grand nombre de mémoires sur des sujets de thérapeutique et de botanique, recueillis par Lettsom, Londres, 1783, 3 vol. in-8.

FOTHERINGAY, vge d'Angleterre (Northampton), a 44 kil. N. E. de Northampton ; 400 hab. C'est là qu'était le château où Marie Stuart fut jugée, condamnée à mort et exécutée (1587). Il fut rasé après l'avénement de Jacques II.

FOU, bouffon de la cour. V. BOUFFON au Dict. univ. des Sciences.

FOUAH, Naucratis ? v. de la B.-Égypte, à 25 kil. S. E. de Rosette, sur le bras occid. du Nil. Toiles, maroquins, tarbouchs (bonnets turcs). C'était avant Rosette l'entrepôt des marchandises qui descendent ou remontent le Nil.

FOU-CHAN, v. de Chine (Kouang-Toung), à 35 k. S. O. de Canton ; 800 000 hab. suivant les uns, 200 000 seulement suivant d'autres. Soieries, étoffes de coton, jporcelaines. Grand commerce.

FOUCHÉ (Joseph), dit Fouché de Nantes, duc d'Otrante, né en 1754 à La Martinière, près de Paimbœuf, était préfet des études chez les Oratoriens de cette ville lorsqu'éclata la Révolution. Il en embrassa la cause avec ardeur, et fut député en 1792 par la ville de Nantes à la Convention nationale, où il fit partie du comité de l'instruction publique. En 1793 il accompagna à Lyon Collot d'Herbois, chargé de faire exécuter le décret qui ordonnait la destruction de cette ville et eut part aux cruautés qui furent commises alors. Chassé de la Convention après la chute de Robespierre, il obtint la protection de Barras, qui, au 13 thermidor an VII, le nomma ministre de la police. Il déploya dans ce poste une grande activité ainsi qu'une sagacité rare, et rendit service à Bonaparte dans la journée du 18 brumaire en ne prenant aucune mesure contre le coup d'État. Sans avoir confiance en sa probité, le premier Consul le maintint dans son poste ; Fouché le conserva jusqu'en 1810 ; à cette époque, il fut remplacé, pour s'être compromis par une intrigue diplomatique en Angleterre. Après la campagne de Russie, il fut chargé du gouvernement des provinces illyriennes, poste fort difficile : il y montra de la modération, et sut y faire supporter la domination française. Pendant les Cent-Jours il tint de nouveau le portefeuille de la police. Après la défaite de Waterloo, il devint président du gouvernement provisoire, et négocia avec les puissances alliées. Louis XVIII lui rendit pour un moment la police, puis il le nomma, pour l'éloigner, ambassadeur à Dresde. Frappé par l'ordonnance du 12 janvier 1816, comme ayant voté la mort de Louis XVI, il mourut en exil à Trieste, en 1820. Fouché était un ministre très-habile, mais sans convictions et fort peu scrupuleux. On a fait paraître sous son nom en 1824 des Mémoires qui ont été déclarés apocryphes par sa famille.

FOUCHER (Simon), abbé, chanoine de Dijon, né à Dijon en 1644, mort à Paris en 1696, était lié avec les savants et les philosophes les plus distingués de son temps, Ménage, Baillet, Rohault, Leibnitz. Il chercha à restaurer l'antique philosophie des Académiciens. On a de lui : Dissertation sur la recherche de la vérité ou sur la philosophie académique, 1673 ; Critique de la Recherche de la vérité de Malebranche, 1675, et quelques traités de physique.

FOUCHER (Paul), de l'Académie des inscriptions, né à Tours en 1704, mort en 1779, a laissé un traité de la Religion des Perses et des Recherches sur la Religion des Grecs (dans les Mémoires de l'Académie).

FOUESNANT, ch.-l. de c. (Finistère), à 15 k. S. E. de Quimper ; 500 hab.

FOUGERAY, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 31 k. N. E. de Redon ; 917 hab.

FOUGÈRES, ch.-l. d'arr. (Ille-et-Vilaine), à 48k. N. E. de Rennes ; 9000 h. Trib., collége. Promenade pittoresque, ruines d'un vieux château fort. Toile à voiles, chapeaux, flanelle ; tanneries, teintureries (écarlate et autres). — Fougères était jadis le titre d'une baronnie. Elle a été 4 fois brûlée dans les guerres de la Vendée.

FOUGEROLLES-L'ÉGLISE, v. de la H.-Saône, à 26 k. N. O. de Lure ; 5600 h. Kirschenwasser.

FOU-HI, législateur chinois. V. FO-HI.

FOUILLOUX. V. DU FOUILLOUX.

FOU-KIAN, prov. de Chine, au S. E., entre celles de Tché-Kiang au N., de Kiang-Si àl'O., de Kouang-Toung au S. et le détroit de Formose à l'E. ; 600 kil. sur 500 ; 15 000 000 d'hab.; ch.-l., Fou-Tcheou. Climat très-chaud ; belles cultures, thé noir, camphre.

FOULA, une des îles Shetland, à 30 k. O. de l'île de Mainland, par 60° 9' lat. N.

FOULADOU, État de la Nigrîtie occidentale, entre le Kaarta, le Konkadou et le Ghialonkadou, est habité par les Fellatahs et a pour v. princ. Bangassi.

FOULAHS ou FELLATAHS. V. FELLATAHS.

FOULLON (Jos. Franç.), une des premières victimes de la Révolution, d'une famille noble d'Anjou, né à Saumur en 1715, avait été intendant des armées et était intendant des finances depuis 1771, lorsqu'il fut nommé contrôleur général le 12 juillet 1789, après la retraite de Necker. Le choix de cet homme, depuis longtemps impopulaire, excita une vive irritation. Étant tombé entre les mains du peuple peu de jours après la prise de la Bastille, il fut pendu à une lanterne dans la rue de la Verrerie (22 juillet); sa tête fut portée en triomphe avec une poignée de foin dans la bouche. On l'accusait d'avoir conseillé la banqueroute et d'avoir dit pendant la famine : « Si cette canaille n'a pas de pain, qu'elle mange du foin ; » mais rien ne justifie ces odieuses accusations. Créé par Louis XV baron de Doué, Foullon ne s'était au contraire fait remarquer dans cette seigneurie que par sa bienfaisance.

FOULPOINT, bourgade de Madagascar, sur la côte E., à 50 kil. N. de Tamatave ; 60 huttes. Anc. établissement français.

FOULQUES, archevêque de Reims en 883, soutint le roi Charles le Simple contre Eudes, le couronna à Reims en 893, et parvint ensuite à concilier les deux rivaux. Charles reconnaissant le nomma son chancelier. Il fut assassiné en 900 par Baudouin, comte de Flandre, qui convoitait l'abbaye de St-Bertin, dont Foulques était bénéficiaire.

FOULQUES, curé de Neuilly-sur-Marne, célèbre par sa piété et son éloquence, fut autorisé par le pape Innocent III a prêcher une croisade en 1199, s'acquitta de cette mission avec succès, mais mourut bientôt après de ses fatigues, 1201. — Un autre Foulques, de Marseille, né vers 1155, m. en 1231, moine de Cîteaux, puis évêque de Toulouse, prêcha la croisade contre les Albigeois. Il avait d'abord été troubadour : Raynouard a publié quelques-unes de ses poésies.

FOULQUES, nom de plusieurs comtes d'Anjou, dont les principaux sont : Foulques III, dit Nerra ou le Noir, comte d'Anjou en 987, mort à Metz en 1040 : il fit la guerre à Conan I, duc de Bretagne, le défit en 992 près de Conquéreux, et le tua de sa propre main. Vaincu par Eudes II, comte de Blois, il ne se maintint que par l'assistance du roi Robert. En 1025, il mit à feu et à sang la v. de Saumur, conquise sur Odon de Champagne. Pour expier ses fautes il fonda des abbayes, visita les lieux saints et se fit traîner sur une claie dans Jérusalem en criant : « Seigneur, ayez pitié du traître et parjure Foulques. » — Foulques IV, le Réchin ou le Querelleur, petit-fils du préc., né à Château-Landon en 1043, mort en 1109 : il entra avec son frère aîné, Geoffroy le Barbu, en partage de la succession de Geoffroy Martel, leur oncle, et eut pour sa part l'Anjou et la Saintonge (1060). Il dépouilla son frère de la Touraine et se fit redouter de ses voisins. Il eut avec l'archevêque de Tours une querelle qui faillit le faire excommunier; mais ses libéralités lui assurèrent l'indulgence des commissaires nommés par le pape pour examiner sa conduite. Bertrade de Monfort, sa femme, lui fut enlevée par Philippe I, roi de France. Foulques avait écrit une Histoire des comtes d'Anjou, dont il ne reste qu'un fragment, inséré dans le Spicilegium de D'Achery et trad. par l'abbé de Marolles dans ses Histoires des anciens comtes d'Anjou. — Foulques V, fils du préc., fit d'abord la guerre à Louis le Gros, puis passa en Palestine, épousa Mélisente, fille de Baudouin II, roi de Jérusalem, succéda à ce prince sur le trône de Jérusalem en 1131, et repoussa les attaques des Turcs. Il mourut en 1144, laissant sa couronne de Palestine à Baudouin, son fils aîné, et son comté d'Anjou à Geoffroy Plantagenet, le puîné.

FOUNG-HOANG-TCHING, v. de la Chine (Ching-king), sur le Tsao-ho, près des frontières de la Corée, est le seul lieu par où les Coréens puissent communiquer avec les Chinois. Très-populeuse.

FOUNG-THIAN. V. MOUDKEN.

FOUQUET (Nic.), surintendant des finances, célèbre par sa disgrâce, né à Paris en 1615, était fils d'un riche armateur breton. Après avoir été maître des requêtes et procureur général au parlement de Paris, il fut appelé en 1652, par la protection de la reine mère, Anne d'Autriche, à l'administration des finances. Il réussit pendant quelque temps à faire face aux dépenses de l'État, qui déjà était obéré ; mais un déficit considérable ayant bientôt été reconnu, on l'accusa de dilapidation : il avait, en effet, amassé une fortune immense et avait dépensé 18 millions dans sa seule terre de Vaux (près Melun). Prévoyant sa disgrâce, il avait fait des dispositions pour résister : il n'en fut pas moins arrêté en 1661, après une fête à laquelle le roi lui-même avait assisté dans le château de Vaux. Jugé et condamné par une commission, qui était composée en grande partie de ses ennemis, il fut enfermé dans la citadelle de Pignerol : il y mourut en 1680, après 19 ans de captivité. Colbert, qui aspirait à lui succéder, avait été le premier artisan de sa ruine. Fouquet conserva dans ses revers de nobles amis, entre autres Pellisson, qui partagea sa disgrâce, La Fontaine, qui chanta ses malheurs, le poëte Hesnault, qui écrivit un sonnet sanglant contre Colbert; Mme de Sévigné et Mme de Scudéry. Son crime, longtemps contesté, n'est auj. que trop avéré. Sa Vie a été écrite par d'Auvigny. A. Chéruel a publié en 1862 des Mém. sur sa vie publique et privée. — V. BELLE-ISLE.

FOUQUIER-TINVILLE (Ant. Quentin), accusateur public, né en 1747 à Hérouel, près de St-Quentin (Aisne), avait été procureur au Châtelet avant la Révolution. S'étant fait remarquer dans les clubs dès 1789 par la violence de ses opinions, il se concilia la faveur de Danton et de Robespierre, qui le firent nommer en 1793 accusateur public près le tribunal révolutionnaire. Il fit condamner des milliers d'accusés, le plus souvent sans les entendre et sans aucune forme de procès. Parmi ses victimes on remarque Marie-Antoinette et les Girondins. Il n'épargna pas même Danton et Robespierre, ses anciens protecteurs. Il finit par être lui-même décrété d'accusation, peu après la journée du 9 thermidor, fut condamné après un procès qui ne dura pas moins de 41 jours, et monta sur l'échafaud le 17 floréal suivant (mai 6 1795), accablé de malédictions.

FOURCHAMBAULT, commune du dép. de la Nièvre, à 7 kil. N. O. de Nevers; 5380 hab. Importantes usines créées par MM. Boignes et occupant 3000 ouvriers : ateliers de fonderie et de construction pour le matériel des chemins de fer, les ponts en fer et grands travaux d'art en fer coulé, les essieux destinés à l'artillerie, les lits en fer, etc.

FOURCHES-CAUDINES, Furculæ Caudinæ, lieu du Samnium, près de Caudium, célèbre par la capitulation honteuse qu'y fît l'armée romaine. V. CAUDIUM.

FOURCROY (Ant. Franç. de), chimiste, né à Paris en 1755, remplaça en 1784 Macquer dans la chaire de chimie du Jardin des Plantes, et se fit bientôt une grande réputation par le talent avec lequel il professait. Il fut nommé en 1792 député de Paris à la Convention, où il fut un des membres les plus actifs du comité de l'instruction publique, entra ensuite au Conseil des Cinq-Cents, puis an Conseil d'État; devint en 1801 directeur général de l'instruction publique, et déploya dans ces fonctions une grande activité : on lui doit l'organisation des écoles de médecine de Paris, Montpellier, Strasbourg, des écoles de droit, ainsi que d'un grand nombre de lycées et de collèges. Toutefois, ses vues ne s'accordant pas entièrement avec celles de Napoléon, il se vit éloigné lors de l'établissement définitif de l'Université; il fut très-sensible à cette disgrâce et mourut peu après, d'apoplexie, en 1809. On a de lui plusieurs ouvrages; les plus importants sont : Système des connaissances chimiques et de leur application, 1801 ; Philosophie chimique, 1792 et 1800, ouvrage traduit dans presque toutes les langues, et où les faits fondamentaux de la science sont rendus dans un style propre à les graver dans la mémoire ; il a en outre laissé un grand nombre de mémoires sur des questions particulières. Fourcroy a découvert plusieurs composés qui détonnent par la percussion, a perfectionné l'analyse des eaux minérales et des substances animales. Palissot de Beauvois, Cuvier et Pariset, ont écrit son Éloge.

FOURIER (le bienheureux P.), curé de Mataincourt, né en 1565 à Mire dans l'anc. Lorraine, mort en 1640, réforma les chanoines réguliers de St-Sauveur de Lorraine, institua les religieuses de Notre-Dame, vouées à l'instruction des filles, et mourut en odeur de sainteté. Il a été béatifié en 1730.

FOURIER (J. B. J.), géomètre, né à Auxerre en 1768, mort en 1830, fut élevé par les Bénédictins à l'École militaire d'Auxerre et était destiné à l'état monastique; mais il préféra s'adonner aux sciences. Connu de bonne heure par des travaux importants, il fut attaché en 1795 à l'École polytechnique, où il enseigna l'analyse, fit partie de l'expédition d’Égypte, devint secrétaire de l'Institut d’Égypte, et rédigea en cette qualité l’Introduction au grand ouvrage publié par cette compagnie. Il fut nommé préfet de l'Isère en 1802 : dans ce poste, qu'il conserva jusqu'à la Restauration, il sut rapprocher tous les partis. L'Académie des sciences l'admit dans son sein en 1817, et le choisit pour secrétaire perpétuel à la mort de Delambre; il fut élu en 1827 membre de l'Académie française. Fourier est surtout connu pour sa Théorie analytique de la chaleur, 1822, in-4, ouvrage dans lequel il approfondit, au moyen des mathématiques, toutes les questions relatives à cet important sujet. On lui doit aussi plusieurs mémoires épars dans différents recueils; des Rapports sur les progrès des sciences mathématiques, 1822-29, et des Éloges de Delambre, W. Herschell et Bréguet. Son Éloge a été prononcé par Arago, de l'Académie des sciences, et par M. V. Cousin, de l'Académie française.

FOURIER (Ch.), fondateur de l'école d'économistes dite sociétaire ou phalanstérienne, né à Besançon en 1768, mort à Paris en 1837, était fils d'un marchand de draps, et fut commis dans diverses maisons de commerce jusqu'à l'âge de 50 ans. Il se livra de bonne heure et solitairement à des recherches spéculatives sur l'organisation de la société, et publia ses idées dès 1808, sous le titre de Théorie des quatre mouvements: il s'y proposait de fonder un ordre social où toutes les passions humaines, bonnes ou mauvaises, trouveraient une place légitime et une satisfaction qui tournât au profit général ; où toutes les aptitudes fussent appliquées, où ce fût un droit et un attrait pour tous, et non plus un devoir pénible, de concourir au bien-être universel; et pour cette fin, il voulait associer les hommes en capital, travail et talent par groupes, par séries, puis par phalanges, au moyen de l’attraction passionnée, dont il fait la loi de l'humanité. Malgré le peu d'attention qu'avaient obtenu ses théories, il continua à les développer dans le Traité de l'association domestique agricole (1822), le Nouveau Monde industriel (1829), et la Fausse Industrie (1835). Il créa en 1832, avec le concours de quelques disciples, le Phalanstère, journal qui prit en 1836 le titre de la Phalange. Sa doctrine, assez peu facile à saisir dans ses ouvrages, a été résumée et éclaircie par V. Considérant, l'un de ses disciples, dans un livre intitulé : Destinée sociale. Mme Gatti de Gamond a publié en 1838 Fourier et son système. Ses disciples tentèrent, mais sans succès, l'application de sa doctrine dans un Phalanstère qu'ils fondèrent à Condé-sur-Vesgre.

FOURMONT (Étienne), orientaliste, né en 1683 à Herblay (Seine-et-Oise), mort en 1745 à Paris, possédait presque toutes les langues de l'Europe et de l'Asie. Il fut nommé en 1715 professeur d'arabe au Collège de France, et devint en même temps associé de l'Académie des inscriptions. Il est un des premiers Français qui aient fait une étude sérieuse du chinois : il fit connaître dès 1719 les 214 clefs ou caractères élémentaires de l'écriture chinoise, et donna en 1742 la Grammatica sinica, fruit de vingt ans de travail. Il avait entrepris un dictionnaire chinois et un grand nombre d'autres ouvrages qui n'ont pas paru. Il eut pour élèves de Guignes et Deshauterayes. Et. Fourmont avait publié dès 1706 les Racines latines mises en vers français, à l'imitation des Racines grecques de Lancelot. — Son frère, Michel Fourmont, né en 1690, mort en 1746, enseigna le syriaque et l'éthiopien au Collége de France, fut admis à l'Académie des inscriptions en 1724, fut envoyé en Orient par Louis XV en 1728, et en rapporta plusieurs manuscrits grecs, ainsi que des inscriptions, dont l'authenticité est quelquefois douteuse.

FOURNEL (J. Franç.), né à Paris en 1746, m. en 1820, avocat au barreau de Paris, est connu par d'utiles ouvrages sur la jurisprudence : Traité du voisinage, 1799 et 1812 ; Hist. des avocats au parlement et au barreau de Paris depuis S. Louis, 1813 ; Hist. du barreau de Paris dans le cours de la Révolution, 1816 ; Lois rurales de la France, 1819. Il a publié aussi un ouvrage intéressant sur les antiquités nationales, intitulé : État de la Gaule à l'époque de la conquête des Francs, 1805.

FOURNELS, ch.-l. de c. (Lozère), à 41 kil. N. O. de Marvejols ; 600 hab.

FOURNIER (P. Simon), graveur et fondeur de caractères, né à Paris en 1712, mort en 1768, se fit d'abord connaître par d'assez bonnes vignettes en bois, se mit ensuite à graver sur acier des lettres de fonte, grosses et moyennes, et les premiers corps de caractères, et publia sur son art plusieurs écrits remarquables : Traité historique et critique sur l'origine de l'imprimerie, 1763 ; Manuel typographique, 1764 ; Traité historique, pratique et critique sur l'origine et les progrès des caractères de fonte pour l'impression de la musique, 1765.

FOURRIER. V. FOURIER.

FOURS, ch.-l. de c. (Nièvre), à 52 k. S. E. de Nevers ; 1507 h. Fabriques de porcelaine.

FOURVIÈRES, Forum vetus. V. LYON.

FOUS (fête des), fête qui avait pour objet d'honorer l'âne qui porta Jésus lors de son entrée à Jérusalem, était répandue dans toute la France au moyen âge et se célébrait le jour de la Circoncision (1er janvier). On chantait un office ridicule, puis on faisait une procession solennelle et l'on se livrait à toutes sortes d'extravagances. On essaya en vain dès le XIIe siècle de supprimer la fête des Fous ; elle ne disparut que vers le XVIe siècle.

FOUSSERET (Le), ch.-l. de C, (H.-Garonne), à 34k. S. O. de Muret ; 2000 h. Patrie de l'abbé Sicard.

FOUTA-DIALO, un des États peuls de la Nigritie occid., dans la région montagneuse d'où sortent la Gambie, le Sénégal, le Falémé, le Rio-Grande, a 600 k. de l'E. à l'O., 36 du S. au N., et a pour ville principale Timbou. Les habitants sont Mahométans.

FOUTA-TORO, un des États peuls de la Nigritie occid., à l'O. de Bondou, s'étend le long de la r. g. du Sénégal, de Bakel à Daganâ (15-18° long, O.). Le roi réside dans l’Ile-à-morfil. Il a pour cap. Kiélogn.

FOU-TCHEOU, v. de Chine, ch.-l. de la prov. de Fou-kian, près dé l'emb. du Si-ho ; env. 500 000 h. Pont de plus de 100 arches sur le Tchang, affluent du Si-ho. Établissements d'instruction publique ; industrie variée, commerce actif, surtout en thé noir. Bon port, ouvert aux Européens en 1842.

FOWLER (Thomas), pharmacien et médecin anglais, né à York en 1735, m. en 1801, contribua à répandre l'usage de l'arsenic comme médicament, et le fit entrer dans ses gouttes fébrifuges, connues aussi sous le nom de liqueur de Fowler.

FOX (Rich.), évêque anglais, né en 1466 à Ropesley (Lincoln), mort en 1528, jouit d'une haute faveur auprès de Henri VIII, fut employé par ce prince dans toutes ses négociations et dans les affaires les plus délicates, fut fait conseiller privé, garde des sceaux, principal secrétaire d'État, et obtint successivement les évêchés d'Exeter et de Winchester. Éclipsé par Wolsey sous Henri VIII, il se retira dans son diocèse. L'Université d'Oxford lui doit la fondation du collége dit Corpus Christi, l'un des premiers où l'on ait enseigné le grec.

FOX (John), théologien anglais, né en 1517 à Boston (Lincoln), mort en 1587, fut inquiété à cause de son zèle pour la doctrine de Luther, fut forcé de se retirer à Bâle, où il se fit correcteur d'imprimerie, et ne rentra dans sa patrie qu'après la mort de la reine Marie. Le duc de Norfolk, que Fox avait élevé, devint son protecteur et lui procura une prébende ; mais il ne put être élevé aux dignités de l'église anglicane, parce qu'il était non-conformiste. On a de lui, entre autres écrits, Actes et monuments de l'Église ou Martyrologe (appelé par les Catholiques la Légende dorée de Fox), Londres, 1563, 1634 et 1850 : c'est l'histoire de tous les sectaires qui ont combattu l'église romaine depuis le Xe s. Sa vie, écrite par Samuel Fox, son fils, se trouve en tête de ce livre.

FOX (George), fondateur de la secte des Quakers, né en 1624 à Drayton (Leicester), mort en 1690, était fils d'un pauvre tisserand, et exerça d'abord lui-même l'état de cordonnier. Élevé dans la secte des Presbytériens, il s'exalta au point de se croire inspiré, et prétendit avoir reçu du ciel la mission de ramener les hommes à la simplicité du Christianisme primitif. Il commença à prêcher en 1647, parcourut l'Angleterre, l’Écosse, la Hollande, l’Amérique anglaise, fit partout de nombreux prosélytes, et subit des persécutions qu'il supporta avec une résignation admirable. Fox rejetait tout culte extérieur et toute hiérarchie, prêchait contre la guerre, les procès, les dîmes ; refusait de découvrir sa tête ou de fléchir le genou devant aucune puissance humaine et de faire aucun serment. Les plus célèbres de ses disciples sont W. Penn et Sarolay. Il a laissé sa propre biographie sous le titre de Fox's Journal.

FOX (Ch. Jacq.), un des plus grands orateurs de l'Angleterre, né à Londres en 1748, mort en 1806, était fils de Henri Fox (lord Holland), secrétaire d'État sous George II, qui l'initia de bonne heure aux affaires. Élu député en 1768, avant même qu'il eût atteint l'âge légal de 20 ans, il défendit d'abord les ministres pour complaire à son père, et fut nommé l'un des lords de l'amirauté, puis de la trésorerie. Mais, s'étant lié avec Burke, il entra dans l' opposition et fut destitué par lord North (1774). Il se plaça bientôt par son éloquence à la tête du parti whig et s'opposa de toute sa force aux mesures qui amenèrent la perte des colonies américaines. Étant parvenu à renverser le ministère, il fut chargé en 1782 du portefeuille des affaires étrangères et fit conclure la paix avec l'Amérique et la France (1783); mais les mesures qu'il proposait contre les malversations de la Compagnie des Indes ayant échoué à la Chambre haute, il se retira du ministère, rentra dans l'opposition et combattit avec force la politique de Pitt. Défenseur constant de la tolérance et de la liberté, il se montra favorable à la Révolution française et ne cessa de conseiller la paix avec la France. A la mort de Pitt (1806), il reçut de nouveau le portefeuille des affaires étrangères; malheureusement, il mourut peu de mois après, au moment où il allait signer la paix générale. Fox peut être considéré comme le Démosthène de l'Angleterre ; ses discours brillent surtout par la vigueur, la logique et la clarté. Sa harangue sur le bill de l'Inde est son chef-d'œuvre. Ses discours, recueillis à Londres en 1815, ont été trad. avec ceux de Pitt, par Janvry et Jussieu, 1819, 12 vol. in-8. Fox avait composé une Histoire des deux derniers Stuarts, qui n'a été publiée qu'après sa mort, et qui a été trad. par d'Andrezel, 1809. Il est à regretter qu'à des qualités aussi éminentes, cet homme d'État ait joint une vie fort dissipée et une passion effrénée pour le jeu. Ses Mémoires ont été publiés en 1806 par Walpole et en 1854 par lord J. Russel, avec sa Correspondance.

FOX (H.), lord HOLLAND. V. HOLLAND.

FOY (Maximilien Sébastien), général et orateur célèbre, né en 1775 à Ham en Picardie, entra à 15 ans à l'école d'artillerie de La Fère, servit en Italie, en Allemagne, puis en Portugal et en Espagne, où il se signala surtout à la bataille de Salamanque (1812), enfin dans les campagnes de France et de Belgique, et fut blessé à Toulouse et à Waterloo. Il fut créé dès 1810 général de division, et nommé en 1814, par Louis XVIII, inspecteur de l'armée. Élu député en 1819 par le dép. de la Somme, il déploya un grand talent oratoire, défendit les principes constitutionnels et les sentiments patriotiques, ne cessa de lutter contre les tendances de la Restauration, et réussit plusieurs fois à arrêter le gouvernement des Bourbons dans sa marche rétrograde. Son éloquence vive, chaleureuse, avait quelque chose d'élevé et de généreux qui le plaçait au-dessus des querelles départi. Un concours immense de citoyens accompagna son cercueil ; une souscription nationale ouverte en faveur de sa famille produisit près d'un million. Un monument a été érigé à sa mémoire au cimetière de l'Est. Ses Discours, avec notice biographique, ont paru en 1826. On a aussi de lui une Histoire des guerres de la Péninsule sous Napoléon, publiée en 1827, Paris, 4 vol. in-8.

FOYATIER (Denis), sculpteur, né à Bussières (Loire) en 1793, mort en 1863, était fils d'un pauvre tisserand, et commença par sculpter des figurines en gardant les moutons; alla étudier la sculpture à Lyon, puis à Paris. Ses principales œuvres sont Spartacus et Jeanne d'Arc.

FOZ ou FOS. V. FOS-LES-MARTIQUES.

FRA, mot italien, abrégé de frate, frère, se place devant le nom de baptême de tout membre d'une communauté religieuse. Pour les personnages désignés par ce mot, V. le nom qui suit Fra.

FRACASTOR (Jérôme), médecin et poëte, né en l483 à Vérone, mort en 1553, enseigna dès l'âge de 19 ans la philosophie à Padoue, puis exerça la médecine et devint médecin du pape Paul III. Il a laissé des ouvrages de médecine, d'astronomie, de métaphysique, etc.; mais ce qui rend son nom célèbre, c'est le poème intitulé : Syphilis sive Morbus gallicus, en 3 livres, où il a su, en traitant un sujet si scabreux, unir la décence à l'élégance du style et à la vivacité des images. Publié pour la 1re fois à Vérone en 1530, il a été depuis bien des fois réimprimé ; il a été traduit dans plusieurs langues, notamment en français, 1753, par Macquer, et mis en vers par Barthélemy, 1840. Il avait aussi entrepris un poëme latin en 3 chants sur Joseph, qui est resté inachevé. Ses OEuvres complètes ont été publiées à Venise, 1555. Ses poésies latines ont paru à part, Padoue, 1728 : on y remarque, outre la Syphilis, un poëme De cura canum venaticorum. Comme médecin, on doit à Fracastor la composition du Diascordium.

FRA-DIAVOLO (Michel POZZA, connu sous le surnom de), c.-à-d. Frère Diable, l'un des chefs insurgés calabrais, né à Itri, dans la Terre de Labour, fut d'abord chef de brigands, et exerça dans toute la Calabre de tels ravages que le gouvt de Naples mit sa tête à prix. Toutefois, en 1799, le cardinal Ruffo, croyant tous les moyens bons pour chasser les Français, ne rougit pas de se servir de Fra-Diavolo, et lui accorda un brevet de colonel. Il eut bientôt organisé sa troupe et contribua avec elle à reprendre Naples. Après l'avénement de Joseph Bonaparte, il excita divers soulèvements. Il fut pris à San-Severino après une belle défense, condamné à mort et pendu à Naples en 1806. Il est le héros du charmant opéra-comique de Fra-Diavolo de Scribe et Auber.

FRAGA, Gallica Flavia, v. d'Espagne (Aragon), prov. d'Huesca, à 107 kil. S. E. de cette ville, sur la r. g. de la Cinca : 4000 h. Jadis forte. Alphonse I, roi d'Aragon, y fut défait par les Maures en 1134.

FRAGONARD (J. Honoré), peintre, né à Grasse en 1732, mort en 1806, fut élève de Boucher. Il se distingua d'abord dans le genre sérieux, et donna en 1765 son tableau de Corésus et Callirhoé, qui fut justement admiré et qui le fit recevoir à l'Académie; mais désespérant d'atteindre au premier rang dans ce genre, il le quitta pour le genre érotique, dans lequel il obtint le plus grand succès, il devint bientôt le peintre à la mode, et amassa une grande fortune que la Révolution lui fit perdre. Il fut nommé l'un des conservateurs du Musée par l'Assemblée nationale. On estime surtout parmi ses petits tableaux : la Fontaine d'Amour, le Sacrifice de la Rose, le Serment d'Amour, le Verrou et le Contrat. — Son fils, Alexandre Évariste, né à Grasse en 1783, mort à Paris en 1850, reçut de lui les premières leçons, et lui dut, outre l'art de rendre les compositions piquantes, une grande facilité ; il se perfectionna sous David, et se distingua à la fois dans la peinture et la sculpture. Comme peintre, il a composé François I armé chevalier, François I recevant le Primatice (au plafond du Louvre), les Bourgeois de Calais, Jeanne d'Arc montant sur le bûcher, le Tasse lisant la Jérusalem. Comme sculpteur, on lui doit l'ancien fronton de la Chambre des Députés et une statue colossale de Pichegru.

FRAGUIER (Cl. Franç.), érudit, né à Paris en 1666, mort en 1728, entra jeune dans l'ordre des Jésuites, le quitta en 1694 pour se livrer à ses goûts littéraires, et fut chargé à partir de 1706 de la rédaction du Journal des Savants. Il avait été élu dès 1705 membre de l'Académie des inscriptions; il fut admis en 1725 à l'Académie française. Il était lié avec Segrais et Huet, et admis dans la société de Mme La Fayette et de Ninon de Lenclos. On a de lui, dans le recueil de l'Académie des inscriptions, un grand nombre de dissertations sur des points intéressants de la littérature et de la philosophie des anciens (de l’Ironie de Socrate, de son Démon familier; Sentiments de Platon sur la poésie, etc.), et un bon poëme latin où la philosophie de Platon est résumée : Mopsus sive schola Platonica, 1721.

FRAIZE, ch.-l. de c. (Vosges), sur la Meurthe, à 16 kil. S. E. de St-Dié; 633 hab. Mine de cuivre.

FRAMERIES, v. de Belgique (Hainaut), à 7 kil. S. O de Mons; 6500 hab. Mines de houille.

FRAMERY (Nic. Ét.), né à Rouen en 1745, mort en 1810, a donné un assez grand nombre d'opéras-comiques et a fait lui-même la musique de plusieurs Il a le premier imaginé de parodier des opéras italiens. On lui doit des traductions littérales de la Jérusalem délivrée (en société avec Panckoucke), Paris, 1785, 5 vol. in-8; du Roland furieux, 1787, 10 vol. in-12, et plusieurs écrits sur la musique.

FRANÇAIS (le comte Ant.), dit Français de Nantes, né en 1756 à Beaurepaire en Dauphiné, mort en 1836, était directeur des douanes à Nantes lorsqu'il fut élu membre de l'Assemblée législative, en 1791. 11 s'y fit remarquer à la fois par son patriotisme et sa modération, entra en 1798 au Conseil des Cinq-Cents, devint, après le 18 brumaire, préfet de la Charente-Inférieure, fut nommé en 1804 conseiller d'État et directeur des Droits réunis, et bientôt après comte de l'Empire. Député de l'Isère de 1819 à 1822, il fut élevé à la pairie après la révolution de 1830. Français de Nantes a publié sous le voile de l'anonyme : Manuscrit de feu Jérôme, 1825; Recueil de fadaises de feu Jérôme, 1826, écrits pleins d'originalité, dans la manière de Sterne et de Swift. Vers la fin de sa vie il s'occupa surtout d'agriculture. Pendant qu'il était directeur des Droits réunis, Français de Nantes recueillit dans ses bureaux beaucoup de gens de lettres que la Révolution avait atteints.

FRANC-ALLEU, terre libre de toute charge sous le régime féodal (V. ALLEU). — On donnait spécialement ce nom dans l'anc. France à un petit pays de France situé sur les confins de la Hte-Marche et de la B.-Auvergne. Il faisait partie du pays de Combrailles, dépendait de la sénéchaussée de la Hte-Marche et avait Sermur pour chef-lieu. Il devait son nom aux franchises dont il jouissait.

FRANCAVILLA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre d'Otrante), à 33 kil. N. E. de Tarente; 12 000 h. Tabac semblable à celui d'Espagne. Étoffes et bas de coton. Poterie.

FRANCE, Gallia, Gallia Transalpina, un des États de l'Europe occidentale, par 42° 20'-51° 5' lat. N., et 7° 9' long. O. — 5° 56' long E., est bornée au N. par la Manche et le Pas-de-Calais (qui la séparent de l'Angleterre), par la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne; à l'E. par l'Alsace-Lorraine, la Suisse et l'Italie; au S. par la Méditerranée et l'Espagne; à l'O. par l'Océan Atlantique. Étendue : 1064 kil. du N. O. au S. E.; 924 kil. du S. O. au N. E.; superficie : 541 000 kil. carrés; population en 1872 (même après les pertes territoriales de 1871) 38, 067, 091; capitale, Paris. On comprend dans son territoire plusieurs îles qui l'avoisinent : la Corse et les îles d'Hyères dans la Méditerranée; les îles de Ré, d'Oléron, d'Ouessant, Belle-Ile et l'Ile-Dieu dans l'Océan Atlantique. La France possède en outre des colonies dans les diverses parties du monde: 1° en Amérique, les îles St-Pierre et Miquelon, la Martinique, la Guadeloupe, avec les petites îles qui en dépendent, et la Guyane française; 2° en Afrique, l'Algérie, le Sénégal et l'île de Gorée, les îles Bourbon, Ste-Marie, Mayotte et Nossi-Bé; 3° en Asie, les établissements de Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon, Chandernagor (dans l'Inde), de Saigon (en Cochinchine); 4° dans l'Océanie, les îles Marquises et de Taïti, la Nouv.-Calédonie et les îles Gambier. La France a quelque temps possédé en Amérique la Louisiane, le Canada, St-Domingue, Ste-Lucie et Tabago; en Afrique, l'île de France et partie de Madagascar; en Asie, plusieurs comptoirs, dont le plus important était Surate ; mais elle a perdu toutes ces possessions.

Nous donnerons successivement la description générale du pays, puis les divisions de la France actuelle, celles de la France anc., et enfin l'histoire.

I. Description. Considérée sous le rapport physique, la France offre plusieurs chaînes de mont. dont quelques-unes très-élevées : ce sont, le Jura et les Alpes à 1 E. ; les Vosges au N. O. du Jura; puis, en redescendant au S. E., les mont. de la Bourgogne, du Forez, de l'Auvergne et les Cévennes; enfin, au S. les Pyrénées, qui la séparent de l'Espagne. Elle a cinq grands fleuves : la Meuse (qui n'y a qu'une faible partie de son cours), le Rhône, la Garonne, la Loire, la Seine. La France est en outre arrosée par m grand nombre de rivières navigables (Somme, Orne, Vilaine, Charente, Adour, Aude, Hérault, Var, qui se jettent dans la mer; Yonne, Marne, Aisne, Oise, Allier, Cher, Loiret, Indre, Vienne, Mayenne, Ariége, Lot, Tarn, Dordogne, Isère, Drôme, Durance, etc., qui se jettent dans les grands fleuves); en même temps qu'ils fertilisent le territoire, tous ces cours d'eau facilitent la navigation. Les canaux les plus remarquables sont ceux du Midi, du Centre, du Rhône au Rhin, de Bourgogne, le canal latéral à la Loire, ceux du Cher, de Nantes à Brest, de Niort à La Rochelle, du Loing, de Briare. On compte 28 routes nationales, 97 routes départementales, beaucoup de routes vicinales, et un grand nombre de chemins de fer, qui pour la plupart aboutissent à la capitale. La France possède de riches mines de houille, de lignite, d'asphalte ; le fer, le plomb y abondent aussi ; le cuivre est plus rare, l'argent bien plus encore; l'or ne vaut pas la peine d'être exploité; on y trouve de nombreuses carrières d'albâtre, de porphyre, de granit, de beaux marbres, des pierres lithographiques, des pierres meulières, des pierres à bâtir, des pierres à fusil, des ardoises, du plâtre, du kaolin, de la terre à faïence, de la terre vitriolique et sulfurique, de la terre à foulon, etc; de nombreuses salines, des sources salées et des marais salants, des eaux minérales renommées (Bagnères, Aix, Balaruc, Barèges, Vichy, Mont-Dore, Eaux-Bonnes, Bourbonne, Bourbon-Lancy, Plombières, Forges, St-Amand, etc.). — Le sol, bien que varié, est presque partout fertile et offre de riches plaines à céréales, de belles prairies naturelles et artificielles, des vignobles renommés (en Champagne, Bourgogne, Lyonnais, Dauphiné, Bordelais, Languedoc, Roussillon). On trouve cependant des landes incultes au S. O., sur les côtes de l'Océan, ainsi que dans la Sologne, et de vastes bruyères dans les dép. de l'anc. Bretagne. Les forêts, bien que dévastées depuis 60 ans, occupent encore une très-grande superficie. Outre les céréales et le vin, la France donne, selon le climat, une foule d'autres productions : chanvre, tabac, houblon, graines oléagineuses, plantes tinctoriales, fèves, pois, haricots, châtaignes, pommes de terre, fruits en quantité, olives, truffes; la betterave est un objet de grande culture et fournit immensément de sucre : on élève beaucoup de vers à soie, ainsi que d'abeilles; beaucoup de volailles, de bêtes de somme, de gros et petit bétail (on a introduit depuis peu d'années le mérinos et la chèvre du Thibet). L'industrie est très-florissante : dans le Nord et quelques parties de l'E., elle ne le cède qu'à l'Angleterre ; elle l'emporte sur tous les autres pays pour les arts de goût. La France produit surtout des draps et autres tissus de laine, des soieries magnifiques, des toiles de toute espèce, des batistes, linons, percales, dentelles, tulles, blondes, toiles de coton, cotonnades et mousselines; toiles peintes, gants, rubans, tapis et tapisseries, couvertures, chapellerie, peausserie de tous les genres, porcelaine, faïence, poterie, verrerie, raffinerie, distilleries, brasseries, sucreries, produits chimiques, armes, poudre, quincaillerie, horlogerie, bijouterie, ébénisterie, carrosserie, métallurgie, plaqués, machines, instruments de musique et de science, imprimés, gravure, etc. Le commerce tant intérieur qu'extérieur est des plus considérables. Les principales exportations consistent en soieries, lainages, étoffes de coton, modes et objets de toilette, toiles, vins, eaux- de-vie, liqueurs, huile d'olive, meubles et objets de mode, livres et objets d'art, armes, peaux, instruments de précision ; les importations, en denrées coloniales (sucre, café, coton, tabac, indigo, cacao, cochenille), fil, huiles diverses, potasse, goudron, toiles, or, argent, étain, cuivre.

La nation française est la plus homogène de l'Europe; cependant les Méridionaux diffèrent sensiblement des Septentrionaux, surtout hors des grandes villes; le type allemand apparaît dans ce qui reste à la France de l'Alsace et de la Lorraine; le type gaélique en Basse-Bretagne, le type basque au pied des Pyrénées occidentales. Outre le français, on parle dans quelques provinces l'allemand, le bas-breton ou breyzard, le basque ou escualdanac. La langue française, remarquable par sa clarté, est presque devenue en Europe la langue universelle. Les Français, formés d'un mélange de Gaulois (composés eux-mêmes de Galls, de Kymris et d'Ibères, habitants primitifs du pays), de Grecs et de Romains, et plus tard de Francs, d'Alains, de Goths, de Burgundes, de Suèves, ont néanmoins gardé infiniment du vieux caractère gaulois. Ils sont très-sociables, gais, spirituels, actifs braves, téméraires même; on leur reproche d'être fougueux, inconstants, vaniteux. — Le gouvernement de la France est (depuis 1875) une République avec un président, un Sénat et une Assemblée législative. Toutes les religions y sont tolérées et même salariées ; néanmoins la religion catholique est celle de la grande majorité.

Départements. Chefs-lieux.
Ain, Bourg,
Aisne, Laon,
Allier, Moulins,
Alpes (Basses-), Digne,
Alpes (Hautes-), Gap,
Alpes-Maritimes, Nice,
Ardèche, Privas,
Ardennes, Mézières,
Ariége, Foix,
Aube, Troyes,
Aude, Carcassonne,
Aveyron, Rodez,
Belfort (territoire de) Belfort,
Bouches-du-Rhône, Marseille,
Calvados, Caen,
Cantal, Aurillac,
Charente, Angoulême,
Charente-Inférieure, La Rochelle,
Cher, Bourges,
Corrèze, Tulle,
Corse, Ajaccio,
Côte-d'Or, Dijon,
Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc,
Creuse, Guéret,
Dordogne, Périgueux,
Doubs, Besançon,
Drôme, Valence,
Eure, Évreux,
Eure-et-Loir, Chartres,
Finistère, Quimper,
Gard, Nîmes.
Garonne (Haute-), Toulouse,
Gers, Auch,
Gironde, Bordeaux,
Hérault, Montpellier,
Ille-et-Vilaine, Rennes,
Indre, Châteauroux,
Indre-et-Loire, Tours.
Isère, Grenoble,
Jura, Lons-le-Saulnier,
Landes, Mont-de-Marsan,
Loire, Saint-Etienne,
Loire (Haute-), Le Puy,
Loire-Inférieure, Nantes,
Loiret, Orléans,
Loir-et-Cher, Blois,
Lot, Cahors,
Lot-et-Garonne, Agen,
Lozère, Mende,
Maine-et-Loire, Angers,
Manche, Saint-Lô,
Marne, Châlons,
Marne (Haute-), Chaumont.
Mayenne, Laval,
Meurthe-et-Moselle, Nancy,
Meuse, Bar-le-Duc,
Morbihan, Vannes,
Nièvre, Nevers,
Nord, Lille,
Oise, Beauvais,
II. Divisions de la France actuelle.

Sous le rapport administratif, la France se divise aujourd'hui eu 87 dép. qui tirent presque tous leur nom des fleuves ou des montagnes qui les traversent. Chaque dép. se divise en arrondissements (au nombre de 362), les arrondissements en cantons (2865), et ceux-ci en communes (35 989). Chaque dép. est administré par un préfet; les arrond. par des sous-préfets, d'où le nom de sous-préfectures, qu'on leur donne souvent; chaque commune par un maire. Voici la liste alphabétique des 87 dép., avec les provinces anciennes auxquelles ils correspondent:

Provinces anciennes.
Bourgogne (Bresse, Bugey, Dombes, etc.).
Ile-de-France, Picardie, Champagne (Brie).
Bourbonnais.
Haute-Provence.
Haut-Dauphiné et Provence.
Ancien comté de Nice.
Languedoc (Vivarais).
Champagne (Rhételais, Rémois).
Foix, Gascogne (Conserans).
Champagne, Bourgogne.
Bas-Languedoc.
Guyenne (Rouergue).
Alsace.
Basse-Provence.
Basse-Normandie (Bessin, Bocage).
Haute-Auvergne.
Angoumois, Saintonge, Poitou.
Aunis, Saintonge.
Haut-Berry, Bas-Bourbonnais.
Bas-Limousin.
Corse.
Bourgogne (Dijonnais, Auxerrois).
Haute-Bretagne.
Haute-Marche.
Guyenne (Périgord).
Franche-Comté, comté de Montbéliard.
Bas-Dauphiné.
Haute-Normandie (pays d'Évreux, Vexin Normand).
Orléanais (pays Chartr., part. de la Beauce), Perche.
Basse-Bretagne.
Bas-Languedoc.
Haut-Languedoc, Gascogne (Comminges).
Gascogne (Astarac, Armagnac).
Guyenne (Bordelais, Médoc, Bazadais).
Bas-Languedoc.
Haute-Bretagne.
Bas-Berry, Touraine.
Touraine, Anjou, Poitou.
H.-Dauphiné (Grésivaudan), B.-Dauphiné (Viennois).
Franche-Comté (bailliage d'Aval).
Gascogne (pays des Landes, Chalosse).
Lyonnais (Forez, Beaujolais).
Languedoc (Vélay), Haute-Auvergne.
Haute-Bretagne (Diocèse de Nantes).
Orléanais (Orléan. propr., Sologne, Gâtinais, Beauce).
Orléanais (Blaisois, Beauce), partie du Berry.
Guyenne (Quercy).
Guyenne (Agénais), Gascogne.
Languedoc (Gévaudan).
Anjou.
Basse-Normandie (Cotentin, Avranchin).
Champagne (Brie-Champenoise, Perthois, Rémois).
Champagne (Bassigny, Vallage).
Haut-Maine, Haut-Anjou.
Lorraine (duché de Lorraine, Toulois).
Lorraine (duché de Bar, Verdunois).
Basse-Bretagne.
Nivernais, Orléanais, Bourgogne.
Flandre, Hainaut (Cambrésis).
Ile-de-France, Beauvais (Vexin), Haute-Picardie.

Départements. Chefs-lieux.
Orne, Alençon,
Pas-de-Calais, Arras,
Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand,
Pyrénées (Basses-), Pau,
Pyrénées (Hautes-), Tarbes,
Pyrénées-Orientales, Perpignan,
Rhône, Lyon,
Saône (Haute-), Vesoul,
Saône-et-Loire, Mâcon,
Sarthe, Le Mans,
Savoie, Chambéry,
Savoie (Haute-), Annecy,
Seine, Paris,
Seine-et-Marne, Melun,
Seine-et-Oise, Versailles,
Seine-Inférieure, Rouen,
Sèvres (Deux-), Niort,
Somme, Amiens,
Tarn, Alby,
Tarn-et-Garonne, Montauban,
Var, Draguignan,
Vaucluse, Avignon,
Vendée, La Roche-sur-Yon,
Vienne, Poitiers,
Vienne (Haute-), Limoges,
Vosges, Épinal,
Yonne, Auxerre,

Sous le rapport ecclésiastique, la France et ses colonies sont divisées, pour le culte cathol., en 87 diocèses, dont 18 archev. et 69 évêch.; le culte protest. a un conseil central calviniste et un consistoire super. luthérien; le culte Israélite a un consistoire central.

Archevêchés, avec leurs évêchés suffragants.

Aix, Arles et Embrun. Arras.
Marseille. Chambéry.
Digne. Moutiers.
Ajaccio. St-Jean de Maurienne.
Fréjus et Toulon. Annecy.
Gap. Lyon et Vienne.
Nice. Autun.
Alby. Dijon.
Rodez. Grenoble.
Mende. Langres.
Cahors. Saint-Claude.
Perpignan. Paris.
Alger, Constantine, Oran. Chartres.
Auch. Orléans.
Aire. Meaux.
Bayonne. Versailles.
Tarbes. Blois.
Avignon. Reims.
Nîmes. Soissons.
Viviers. Beauvais.
Valence. Châlons.
Montpellier. Amiens.
Besançon. Rennes.
Verdun. Quimper.
Saint-Dié. Vannes.
Belley. St-Brieuc.
Nancy. Rouen.
Bordeaux. Bayeux.
Agen. Séez.
Poitiers. Évreux.
La Rochelle et Saintes. Coutances.
Angoulême. Sens et Auxerre.
Périgueux. Troyes.
Luçon. Moulins.
La Basse-Terre (Guadel.). Nevers.
St-Denis (Réunion). Toulouse et Narbonne.
St-Pierre (Martinique). Montauban.
Bourges. Carcassonne
Clermont. Pamiers.
Le Puy. Tours.
Saint-Flour. Le Mans.
Limoges. Laval.
Tulle. Angers.
Cambray. Nantes.


Provinces anciennes.
Normandie (les Marches, Houlme), Maine (Perche).
Artois, Picardie (Boulonnais).
Basse-Auvergne (Limagne),
Béarn et Basse-Navarre, Gascogne (Soule et Labour).
Gascogne (Bigorre, les Quatre-Vallées).
Roussillon (Cerdagne), Bas-Languedoc
Lyonnais (Lyonnais propre, Beaujolais).
Franche-Comté (bailliage d'Amont).
Bourgogne (Maconnais, Charolais).
Bas-Maine, Haut-Anjou.
Savoie (Savoie propre, Maurienne, Tarentaise).
Anc. Savoie (Genevois, Faucigny, Chablais).
Ile-de-France.
Ile-de-France (Gâtinais, Brie), Champagne (Brie).
Ile-de-France (Hurepoix, Mantais, Vexin, Gâtinais)
Haute-Normandie (Roumois, pays de Caux, Bray).
Haut-Poitou.
Picardie.
Haut-Languedoc (Albigeois).
Guyenne, Gascogne, Languedoc.
Basse-Provence.
Comtat d'Avignon, Haute-Provence.
Bas-Poitou.
Haut-Poitou.
Haut-Limousin, Basse-Marche.
Lorraine (duché de Lorraine, pays des Vosges).
Bourgogne (Auxerrois), Champagne (Sénonais).

Sous le rapport judiciaire, on compte 27 Cours d'appel, auxquelles ressortissent toutes les causes plaidées devant les tribunaux du première instance. Elles siègent à : Agen, Aix, Amiens, Angers, Bastia, Besançon, Bordeaux, Bourges, Caen, Chambéry, Colmar, Dijon, Douai, Grenoble, Limoges, Lyon, Montpellier, Nancy, Nîmes, Orléans, Paris, Pau, Poitiers, Rennes, Riom, Rouen et Toulouse.

Sous le rapport de l'instruction publique, la France avait été partagée, dès la création de l'Université, en 27 acad., répondant aux 27 cours d'appel existant alors. La loi du 15 mars 1850 créa une acad. par dép. La loi du 27 mai 1854 en réduisit le nombre à 16, auj. 17 : Aix (B.-Alpes, Alpes-Marit., Bouches du-Rhône, Corse, Var, Vaucluse); — Alger (Alger, Oran, Constantine); — Besançon (Doubs, Jura, H.-Saône) ; — Bordeaux (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, B.-Pyrénées); — Caen (Calvados, Eure, Manche, Orne, Sarthe, Seine-Inf.); — Chambéry (Savoie, Haute-Savoie) ; — Clermont (Allier, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Puy-de-Dôme) ; — Dijon (Aube, Côte-d'Or, Haute-Marne, Nièvre, Yonne) ; — Douai (Aisne, Ardennes, Nord, Pas-de-Calais, Somme) ; — Grenoble (Hautes-Alpes, Ardèche, Drôme, Isère) ; — Lyon (Ain, Loire, Rhône, Saône-et-Loire) : — Montpellier (Aude, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orient.) ; — Nancy (Meurthe, Meuse, Moselle, Vosges); — Paris (Cher, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Marne, Oise, Seine, Seine-et-Marne, Selne-et-Oise) ; — Poitiers (Charente, Charente-Infér., Indre, Indre-et-Loire, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, Haute-Vienne); — Rennes (Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Infér., Maine-et-Loire, Mayenne, Morbihan); — Toulouse (Ariége, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne).

Sous le rapport militaire, la France est partagée en 18 corps d'armée, dont chacun est commandé par un général de division, et subdivisé en deux divisions :

1er  corps (Nord, Pas-de-Calais), commandt. à Lille.
2e (Aisne, Oise, Somme, arr, de Pontoise, cant. de Saint-Denis et Pantin, 10e 19e et 20e arr. de Paris). Commandt à Amiens.
3e (Calvados, Eure, Seine-Inférieure, arr. de Mantes et Versailles, cant. de Courbevoie et Neuilly, 1er, 7e, 8e, 9e, 15e, 16e, 17e, 18e arr. de Paris). Commandt à Rouen.
4e (Eure-et-Loir, Mayenne, Orne, Sarthe, arr. de Rambouillet, cantons de Villejuif et de Sceaux, 4e, 5e, 6e, 13e, 14e arr. de Paris), Commandt au Mans.

5e corps (Loiret, Loir-et-Cher, Seine-et-Marne, Yonne, arr. d’Étampes et de Corheil, cantons de Charenton et de Vincennes, 2e, 3e, 11e, 12e arr. de Paris), commandt à Orléans.
6e (Ardennes, Aube, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Vosges), commandt à Châlons-sur-Marne.
7e (Ain, Doubs, Jura, H.-Marne, territ. de Belfort, Haute-Saône, cant. de Neuville (Rhône), 4e et 5e arr. de Lyon). Commandt à Besançon.
8e (Cher, Côte-d'Or, Nièvre, Saône-et-Loire). Commandt à Bourges.
9e (Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Indre, Deux-Sèvres, Vienne). Commandt à Tours.
10e (Côtes-du-Nord, Manche, Ille-et-Vilaine). Commandt à Rennes.
11e (Finistère, Loire-Inférieure, Morbihan, Vendée). Commandt à Nantes.
12e (Charente, Corrèze, Creuse, Dordogne, Haute-Vienne). Commandt à Limoges.
13e (Allier, Loire, Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Cantal, 7 cantons du Rhône). Commandt à Clermont-Ferrand.
14e (Hautes-Alpes, Drôme, Isère, Savoie, Haute-Savoie, 3 cantons du Rhône, 4 arrondissements de Lyon) Commandt à Grenoble.
15e (Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Ardèche, Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Var, Vaucluse). Commandt à Marseille.
16e (Aude, Aveyron, Hérault, Lozère, Tarn, Pyrénées-Orientales). Commandt à Montpellier.
17e (Ariége, Hte-Garonne, Gers, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne). Commandt à Toulouse.
18e (Charente-Inférieure, Gironde, Landes, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées). Commandt à Bordeaux.


Sous le rapport maritime, la France est divisée en 5 préfectures, subdivisées en arrondissements, sous-arrondissements, quartiers et sous-quartiers :

Préfectures. Arrondiss. Quartiers et s.-quart.
Dunkerque. Dunkerque, Gravelines, Calais, Boulogne, St-Valery-sur-Somme.
1re Cherbourg. Le Havre. Dieppe, Le Tréport, Fécamp, St-Valery-en-Caux, le Havre, Rouen, Honfleur.
Cherbourg. Caen, La Hougue, Isigny, Cherbourg.
St-Servan. Granville, St-Malo, Cancale, Dinan.
2e Brest. St-Brieuc, Binic, Paimpol, Tréguier, Morlaix, Lannion, Brest, Le Conquet, Camaret, Quimper, Douarnenez, Audierne.
3e Lorient Lorient. Lorient, Concarneau, Port-Louis, Auray, Vannes, Belle-Ile-en-Mer.
Nantes. Le Croisic, Redon, Paimbœuf, Pornic, Nantes.
4e Rochefort. Rochefort. Noirmoutier, Ile-d'Yeu, Sables-d'Olonne, St-Gilles-sur-Vic, La Rochelle, Marans, Ile de Ré, Ile d'Oléron, Rochefort, Marenne, Saintes, Royan.
Bordeaux. Pauillac, Blaye, Libourne, Bordeaux, Langon, La Teste, Dax, Bayonne, St-Jean-de-Luz.
Marseille. Marseille.
5e Toulon. Toulon. Antibes, Cannes, St-Tropez, Fréjus, Toulon, Nice, Hyères, La Seyne, La Ciotat, Martigues, Arles, Cette, Agde, Narbonne, Port-Vendres, St-Laurent-de-la-Salanque.
La Corse. Bastia, Rogliano, Bonifacio, Ajaccio.
France ancienne.

Avant 1789 la France était officiellement divisée en gouvernements. Il ne faut pas confondre les gouvernements avec ce que l'on appelait vulgairement provinces. Les provinces devaient leur origine aux fiefs nombreux auxquels la conquête avait donné naissance et elles s'élevaient au moins au nombre de 80 : car on comptait parmi les provinces, non-seulement de grandes contrées, comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Guyenne, mais une foule de petits pays, tels que la Beauce, la Bresse, le Bugey, le Vexin, etc., qui, pour la plupart, étaient compris dans les grandes provinces. Quant aux gouvernements, tantôt ils étaient formés d'une seule province (Flandre, Picardie, Normandie, Bretagne), tantôt ils en comprenaient plusieurs (Lorraine et Barrois, Guyenne et Gascogne, Lyonnais et Forez).

On distinguait de grands et de petits gouvernements; leur nombre varia souvent : depuis 1768, on compta 40 gouvts, dont 32 grands et 8 petits.

Gr. gouvernements. Capitales. Départements.
Flandre française, Lille. Nord.
Artois, Arras. Pas-de-Calais.
Picardie, Amiens. Somme.
Normandie, Rouen. Seine-Infér. Eure. Orne. Calvados. Manche.
Champagne-et-Brie, Troyes. Ardennes. Marne. Haute-Marne. Aube.
Lorraine-et-Barrois, Metz Vosges. Meurthe. Moselle. Meuse.
Alsace, Strasbourg. Haut-Rhin. Bas-Rhin.
Bretagne, Rennes. Ille-et-Vilaine. Côtes-du-Nord. Finistère. Morbihan. Loire-Infér.
Anjou, Angers. Maine-et-Loire.
Maine-et-Perche, Le Mans. Sarthe. Mayenne.
Touraine, Tours. Indre-et-Loire.
Poitou, Poitiers. Vienne. Deux-Sèvres. Vendée.
Aunis, La Rochelle. Charente-Infér.
Saintonge et Angoumois, Saintes. Charente.
Ile-de-France, Paris. Seine. Seine-et-Oise. Seine-et-Marne. Oise. Aisne.
Orléanais, Orléans. Loiret. Eure-et-Loir. Loir-et-Cher
Berry, Bourges. Indre. Cher.
Auvergne, Clermont-Ferrand. Puy-de-Dôme. Cantal.

Gr. gouvernements. Capitales. Départements.
Limousin, Limoges. Haute-Vienne. Corrèze.
Marche, Guéret. Creuse.
Bourbonnais, Moulins. Allier.
Nivernais, Nièvre. Nevers.
Franche-Comté, Besançon, Haute-Saône. Doubs. Jura.
Bourgogne-et-Bresse, Dijon. Yonne. Côte-d'Or. Saône-et-Loire. Ain.
Guyenne-et-Gascogne, Bordeaux. Dordogne. Gironde. Lot. Lot-et-Garonne. Tarn-et-Garon. Aveyron. Landes. Gers. H.-Pyrénées.
Languedoc, Toulouse. Haute-Loire. Ardèche. Lozère. Gard. Hérault. Tarn. Aude. H.-Garonne.
Béarn-et-Navarre, Pau. B.-Pyrénées.
Comté de Foix, Foix. Ariége.
Roussillon, Perpignan. Pyrénées-Or.
Lyonnais et Forez, Lyon. Rhône. Loire.
Dauphiné, Grenoble Isère. Drôme. Hautes-Alpes.
Provence, Aix. Basses-Alpes. B.-du-Rhône. Var.
Petits gouvernements.
Paris, Toul,
Boulogne, Metz et Verdun,
Le Havre, Saumur,
Sedan, Corse.

L'anc. France avait encore deux autres divisions importantes, qui différaient beaucoup des circonscriptions gouvernementales : l'une, sous le rapport financier, en 34 généralités ou intendances (V. GÉNÉRALITÉS); l'autre, sous le rapport judiciaire, en 16 ressorts, dont 13 avaient pour centre un parlement (V. ce mot), et 3 un conseil souverain. Le nombre des diocèses allait à 135, dont 18 diocèses archiépiscopaux et 117 évêchés (112 en terre ferme et 5 en Corse).

Nous ne pouvons donner ici les divisions et subdivisions si variées qu'a reçues la France aux différentes époques de son histoire antérieurement au XVIIIe s. Nous remarquerons seulement : 1° que sous les Mérovingiens la France se divisait en 4 royaumes : Austrasie. Neustrie, Bourgogne, Aquitaine; 2° que sous Charlemagne et son fils elle fut divisée en comtés à peu près au nombre de 80, qui formèrent peu à peu des États presque indépendants; 3° qu'en 987, à l'avénement de Hugues Capet, on comptait 61 fiefs qui ne relevaient que nominalement de la couronne et dont les plus importants étaient : le duché de Guyenne ou d'Aquitaine, le comté de Toulouse, le comté de Roussillon, le comté d'Auvergne, le duché de Bourgogne, le comté de Champagne et de Brie, le comté de Vermandois, le duché de Normandie, le comté d'Anjou, le duché de Bretagne et le comté de Flandre, 4° qu'à partir du règne de Louis VI, les provinces de France se divisent en deux masses : le domaine royal, et les provinces qui ne font pas partie du domaine royal. Sous les derniers Carlovingiens le domaine royal ne se composait que des territoires de Laon, de Reims et de Compiègne; Hugues Capet y ajouta son duché de France, comprenant le comté de Paris,et l'Orléanais; le domaine embrassa alors les 5 dép. actuels de Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise, Loiret. Les autres provinces y furent successivement réunies, savoir :

1082 Vexin, Par réversion.
1180 Artois, Par mariage (aliéné en 1477, définitiv. réuni en 1678),
1185 Amiénois, Par conquête (joint en 1435 au duché de Bourgogne, réuni définitif, en 1477).
1198 Comté d'Auvergne, Par confiscation, puis apanage; définit. réuni en 1610.
1200 Comté d'Evreux. Conquis, puis apanage; réuni définitiv. 1584
1204 Normandie, Par confiscation (possédée par les Anglais de 1346 à 1450 ; souvent apanage de 1332 à 1468).
» Touraine, Anjou et Maine, Confisqués; souv. apanages; définitiv. réunis en 1584.
1205 Poitou, Par conquête (donné souvent en apanage; réuni définitiv. en 1369).
» Berry, Par conquête (Philippe I avait acheté la vicomte de Bourges dès 1100; souvent apanage).
1215 Vermandois et Valois, Par conq. (de 1240 à 1392 le Valois fut un apanage).
1259 Vic. de Nîmes, Par cession.
1286 Comté de Chartres, Par achat (donné depuis plusieurs fois en apanage).
1307 Lyonnais, Par conquête, puis par traité.
1343 Dauphiné, Par cession volontaire.
1361 Champagne-et-Brie, Apportée en dot à Philippe IV dès 1284, mas non réunie dès lors.
» Languedoc (Comté de Toulouse), Les rois de France le possédaient dès 1271, mais comme comt. de Toulouse.
1369 Limousin, Conquis; possédé depuis par les maisons de Blois et d'Albret, réuni par Henri IV en 1589.
1453 Guyenne et Gascogne. Par conquête (déjà possédé par Louis VII de 1137 à 1152).
1477 Bourgogne, Ponthieu, Boulonn. Par héritage, après la mort de Charles le Téméraire.
1481 Provence, Par héritage (l'édit de réunion est de 1486).
1498 Orléans (et Valois), Par l'avén. de L. XII (possédé par les 1ers Capétiens, donné plus. fois en apanage).
1514 Bretagne, A la mort d'Anne de Bretag.
1526 Alençon et Perche, Par réversion, puis apanage; définitivement réunis en 1584.
1531 Bourbonnais, Marche, Dauphiné d'Auvergne, Forez et Beaujolais, Par confiscation (séquestrés dès 1523, mais possédés quelque temps par Louise de Savoie, mère de François I).
1589 B.-Navarre, Comtés de Foix et d'Albret, Béarn, Armagnac et Périgord, Par l'avénement de Henri IV (cependant ce prince ne consentit à reconnaître cette réunion qu'en 1607).
1601 Bresse, Bugey, Valromey, Gex, En échange du marquisat de Saluces.
1642 Roussillon, Par conquête (la France l'avait déjà possédé de 1462 à 1493).
1648 Alsace, Par conq. puis par traité.
1665 Nivernais, Par réversion, après la mort de Charles III de Gonzague, duc de Mantoue.

1668 Flandre, Par conq., puis par traité.
1678 Franche-Comté, Conquise dès 1668, confirmée par le traité de Nimègue (1678).
1766 Lorr. Barrois, A la mort du roi Stanislas.
1768 Corse, Achetée aux Génois.
1791 Comtat Venaissin, Avignon, Par décret de l'Assemblée nationale.

En 1790, un décret de l'Assemblée constituante divisa la France en 83 départements. — En 1804, ce nombre était porté à 107. Les anciens dép. en formaient alors 85 au lieu de 83, par le dédoublement du dép. de Rhône-et-Loire (qui fit le dép. du Rhône et celui de la Loire), et par la division de la Corse en deux dép., le Golo et le Liamone. Les 22 nouveaux étaient :

Départements. Chefs-lieux. Pays correspondants.
Vaucluse (créé dès 1791 par l'Ass. nat.), Avignon, Comtat Venaissin.
Mont-Blanc, Chambéry, Savoie.
Alpes-Maritimes, Nice, Comté de Nice.
Dyle, Bruxelles,
Escaut, Gand,
Forêts, Luxembourg,
Jemmapes, Mons,
Lys, Bruges, Belgique.
Meuse-Inférieure, Maëstricht,
Deux-Nèthes, Anvers,
Ourthe, Liège,
Sambre-et-Meuse, Namur,
Roër, Aix-la-Chapelle,
Sarre, Trêves,
Rhin-et-Moselle, Coblentz, Rive gauche du Rhin.
Mont-Tonnerre, Mayence,
Léman, Genève, Républ. de Genève.
Doire, Ivrée,
Pô, Turin,
Marengo, Alexandrie, Piémont.
Sésia, Verceil,
Stura, Coni,

En 1812, l'Empire français comptait 130 dép., dont 23 nouveaux (la Corse avait été ramenée à un seul départ.; mais le dép. de Tarn-et-Garonne avait été formé en 1808 aux dépens des dép. voisins). Les 23 nouveaux étaient :

Bouches-de-l'Escaut, Middelbourg,
— du Rhin, Bois-le-Duc,
— de la Meuse, La Haye,
— de l'Yssel, Zwoll,
Ems-Occidental, Groningue, Hollande.
Ems-Oriental, Aurich,
Frise, Leuwarden,
Yssel-Supérieur, Arnheim,
Zuyderzée, Amsterdam,
Lippe, Münster, Westphalie.
Bouches-de-l'Elbe, Hambourg, Villes hanséatiques.
Bouches-du-Weser, Brême,
Ems-Supérieur, Osnabrück, Hanovre.
Taro, Parme, Duché de Parme et Plaisance.
Arno, Florence,
Méditerranée, Livourne, Toscane.
Ombrone, Sienne,
Rome, Rome, États Romains.
Trasimène, Spoleto,
Gênes, Gênes,
Montenotte, Savone, États de Gênes.
Apennin, Chiavari,
Simplon, Sion, Valais.

De 1815 à 1860 la France eut 86 dép. En 1860, 3 nouveaux dép. furent formés : Alpes-Maritimes, Savoie et Hte-Savoie; mais les pertes territoriales de 1871 réduisirent les départ, à 87.

IV Histoire. L'histoire de la France ne commence réellement qu'avec le règne de Clovis, petit-fils de Mérovée et véritable fondateur de la dynastie mérovingienne. Les règnes de Pharamond, de Clodion, de Mérovée, de Childéric, n'ont rien d'authentique. A l'avénement de Clovis, en 481, les Visigoths, les Burgundes, les Romains, les Allemands, se disputaient le territoire de la Gaule : Clovis assura la supériorité aux Francs, défit les Romains à Soissons (486), assujettit les Allemands par la victoire de Tolbiac, après laq. il se fit chrétien (496), réduisit les Visigoths à la Septimanie par la vict. de Vouillé (507) et ébranla la puissance des Burgundes, que ses fils détruisirent en 534. Ceux-ci, après la mort de Clovis (511), avaient partagé le territoire conquis par leur père, et de ce partage étaient nés quatre royaumes distincts : ceux de Paris, de Metz, de Soissons et d'Orléans. En 558, Clotaire I réunit tout l'empire des Francs; mais de 561 à 613 ont lieu de nouveaux partages, suivis de guerres civiles qui, après une réunion momentanée, amènent la division de la France en quatre régions : Austrasie, Neustrie, Bourgogne et Aquitaine. Parmi ces quatre régions, l'Austrasie et la Neustrie jouent le principal rôle, et leur puissance se balance quelque temps; mais en 687 l'Austrasie, où s'étaient conservées avec le plus de pureté les mœurs antérieures à la conquête, et qui s'était trouvée le moins en contact avec la civilisation romaine, prend l'ascendant sur la Neustrie. À cette époque l'Austrasie avait cessé d'être une monarchie ; et tandis que les princes mérovingiens régnaient encore en Neustrie, l'Austrasie s'était convertie en une sorte de république féodale, gouvernée par les Héristall avec le titre de ducs. Ces ducs d'Austrasie ne tardèrent point à s'imposer comme maires du palais aux rois de la Neustrie ; la Bourgogne fut soumise à leur obéissance, et l'Aquitaine, en proie à l'invasion arabe, trouva un libérateur dans Charles Martel, l'un d'eux, 732. — Bientôt un autre de ces maires, Pépin le Bref, s'empare de la couronne, 752, par la déposition de Childéric III, dernier roi mérovingien, et commence ainsi la seconde dynastie ou maison carlovingienne. Il subjugue l'Aquitaine et la Septimanie, réunit pour la première fois toute la France, sauf la Bretagne; étend son influence jusqu'en Italie, force Astolphe, roi des Lombards, à respecter le pape Étienne, et donne un territoire à l'Église. Charlemagne, son fils (768-814), soumet l'Espagne septentrionale, l'Italie, la Germanie saxonne, la Bavière, l'Avarie, et forme un immense royaume, qu'il proclame nouvel empire d'Occident (800). Cet empire ne subsiste que jusqu'en 843, époque à laquelle il se démembre et donne naissance aux royaumes particuliers de France, d'Italie et de Germanie. Quant à la couronne impériale, elle devient le partage des lignes italique et germaine de la maison carlovingienne, passe ensuite à des feudataires étrangers, et finit par rester aux Allemands. En France, la décadence des Carlovingiens commence dès 843 ; la féodalité se forme et s'agrandit aux dépens de la royauté. Dès 887 un des grands feudataires de la couronne, Eudes, le premier des Capets, usurpe le trône sur les Carlovingiens qui étaient presque sans domaine et sans force ; deux fois replacés sur le trône (893 et 936), ceux-ci achèvent de perdre leurs domaines et ils tombent définitivement en 987. — Hugues Capet commence la 3e dynastie, celle des Capétiens, et donne pour base à la royauté son vaste duché de France. D'habiles efforts, la longue durée des règnes, la formation des communes, et principalement les Croisades, favorisent l'accroissement du pouvoir royal (987-1108). De 1108 à 1226, le domaine royal s'agrandit rapidement : la Normandie, l'Anjou, le Maine, le Poitou (1204-5) sont repris à l'Angleterre. Le vaste comté de Guyenne et de Gascogne avec toutes ses annexes était sur le point de revenir à la couronne, sans le divorce de Louis le Jeune avec Éléonore d'Aquitaine (1152). Saint Louis (1226-1270) agrandit peu le territoire, mais il fit plus pour la royauté en donnant à la couronne l'autorité morale et la juridiction souveraine. Sous Philippe III (1270-1284), qui réunit le Languedoc, la France intervient dans toutes les querelles des royaumes espagnols chrétiens, et étend son influence jusqu'à Naples. Philippe IV commence à recouvrer les territoires cédés à Lothaire en 843, lutte victorieusement contre l'autorité temporelle des papes, oppose à l'aristocratie et au clergé les États généraux, qu'il assemble le premier, et les parlements, dont il semble être le vrai fondateur. Sous ses fils (1314-28) s'opère une réaction féodale, que ces princes secondent en aveugles; la branche des Valois (1328) les imite d'abord ; en outre, par sa folle témérité, elle met la France à deux doigts de sa perte. Les rois d'Angleterre, unis aux Flamands et aux Bretons, commencent la guerre dite de Cent ans (1337-1453). Vaincue à Crécy sous Philippe de Valois (1346), à Poitiers sous Jean II (1356), la France se relève sous Charles V (1364-80). La minorité, et bientôt la démence de Charles VI (1380-1422), le nombre trop grand de princes du sang, tous pourvus d'apanages et visant ou à la couronne ou à l'autorité, la puissance de la seconde maison de Bourgogne (1361), bientôt rivale de la maison royale, les sanglantes collisions des Bourguignons et des Armagnacs, compromettent de nouveau l'existence de la nation : les Anglais, vainqueurs à Azincourt (1415), possèdent presque toutes les provinces maritimes de la France (Normandie, Guyenne, etc.); mais Jeanne d'Arc commence à changer la fortune (1429) : Charles VII est sacré à Reims; les Anglais, après de longs combats, sont chassés de France (1453). Louis XI, successeur de Charles VII, combat victorieusement la féodalité, et réunit onze grands fiefs à la couronne (1461-83). Charles VIII commence les guerres d'Italie (1494-98) ; Louis XII s'épuise à les continuer; François I, d'abord vainqueur des Suisses à Marignan (1515), mais ensuite défait par les Impériaux à la Bicoque (1522), et à Pavie (1525), où il est fait prisonnier, ne peut qu'opposer une digue à l'énorme débordement de la puissance de Charles-Quint (1515-47). Henri II acquiert les Trois-Évêchés (1552) ; mais bientôt naissent les guerres civiles de religion qui minent la France, et où la maison de Valois périt en la personne de Henri III (1562-89). Henri IV commence alors la branche royale des Bourbons : il termine la guerre civile (1589-94), cicatrise les plaies de la France et prépare sa grandeur (1594-1610). Sous Louis XIII (1610-43), Richelieu, après avoir abattu la faction protestante, écrase les restes de la féodalité et jette les fondements de la monarchie absolue de Louis XIV; ce grand ministre fait jouer à la France le premier rang dans la guerre de Trente ans (I6I8-1648), et lui assure la prépondérance que possédait jadis la maison d'Autriche. Devenue la première puissance de l'Europe par les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659), la France sous Louis XIV prétend en être la dominatrice; elle voit se former trois coalitions contre elle, grandit à Nimègue (1678), reste stationnaire à Riswick (1697), recule à Utrecht (1713), épuisée par la guerre de la succession d'Espagne. Sous Louis XV (1715-1774), elle acquiert la Lorraine et la Corse, mais n'a pas de système politique, se bat en faveur de l'Autriche (1756-1763), laisse démembrer la Pologne (1768-1774), manque la facile conquête de l'Inde (1740-1756), et perd ses colonies. Mais à la même époque elle se place à la tête des nations par sa littérature, et la langue française devient la langue européenne. Sous Louis XVI, la France se venge de l'Angleterre en favorisant les efforts des colonies anglo-américaines, qui se déclarent indépendantes (1775-1783), mais elle la laisse s'étendre et la supplanter dans les Indes orientales. En 1789 éclate la Révolution : l'Assemblée nationale ne veut d'abord que détruire les abus et donner une constitution à la France; mais bientôt elle renverse à la fois l'antique constitution française et la dynastie. En 1792, la France s'érige en république; et pendant plusieurs années elle lutte glorieusement contre l'Europe coalisée; mais en même temps elle est déchirée par les dissensions intestines, et finit par être opprimée par un gouvernement tyrannique et sanguinaire (V. CONVENTION). Elle commence à respirer sous le Directoire (1795-99) ; mais la faiblesse de ce gouvernement la met à deux doigts de sa perte. Lasse enfin de troubles, elle revient sous une nouvelle forme à la monarchie : Napoléon, d'abord consul (1799), est proclamé empereur en 1804. Il rétablit l'ordre à l'intérieur, ramène la victoire et rend pour quelques années toute l'Europe occidentale sujette de la France, mais il perd toute l'élite de ses troupes en Russie (1812), et succombe en 1814. Les Bourbons sont ramenés par l'étranger, et la France est alors réduite à ses anciennes limites. Louis XVIII donne la Charte et établit le gouvernement représentatif; mais son success. CharlesX se perd par son antipathie pour le régime constitutionnel, et en 1830 la branche aînée des Bourbons est remplacée par la branche cadette ou d'Orléans : Louis-Philippe voulut que la Charte fût une vérité. Le 24 févr. 1848, une révolution soudaine rétablit la république, qui fut renversée par le coup d'État du 2 décembre 1851 : le prés. de la rép. L. Napoléon, auteur de ce coup d'État, fut proclamé empereur (Napoléon III) en 1852. Les débuts du nouvel empire furent heureux : la soumission de l'Algérie fut complétée (1851-57); la Russie fut vaincue en Crimée (1854-55); l'Autriche battue à Magenta et à Solférino (1859); etc. L'expédition du Mexique commença une période de revers. Une guerre témérairement entreprise contre la Prusse (16 juillet 1870) acheva de perdre l'empire. Le 4 sept. 1870, une insurrection le renversa et proclama de nouveau la République. Parmi les nombreuses histoires générales de la France, on connaît surtout celles de Mézeray, Daniel, Vely, Anquetil, Sismondi, H. Martin.

Ire race. Mérovingiens.
Pharamond ? 420-427
Clodion, 427-448
Mérovée, 448-458
Childéric I, 458-481
Clovis I, 481-511
Clodomir (à Orléans), 511-524
Thierry I (à Metz), 511-534
Théodebert I (à Metz), 534-548
Théodebald (à Metz), 548-555
Childebert I (à Paris), 511-558
Clotaire 1 (à Soissons, 511-558); seul, 558-561
Sigebert I (en Austrasie), 561-575
Childebert II (d'abord en Austrasie; en Austrasie et Bourgogne depuis 593), 575-596
Théodebert II (en Austrasie), 596-612
Caribert I (à Paris), 561-567
Gontran (Orléans et Bourgogne), 661-593
Thierry II (1° à Orléans et en Bourgogne, 2° en Austrasie, 612), 596-613
Chilpéric I (à Soissons 561), puis à Paris, 567-584
Clotaire II (d'abord à Soissons, puis seul), 584-628
Caribert II (en Aquitaine), 628-631
Dagobert I (en Austrasie, 622, à Soissons, 628, puis seul), 628-638
Sigebert II (en Austrasie), 638-656
Clovis II (Neustrie et Bourgogne), 638-656
Clotaire III (Neustrie et Bourgogne), 656-670
Childéric II (en Austrasie, 656-670), seul, 670-673
Dagobert II (Austrasie), 674-679
Thierry I, ou III (Neustrie, 673-679), puis seul), 679-691
Clovis III, 691-695
Childebert III, 695-711
Dagobert II (ou III), 711-715
Clotaire IV, 717-719
Chilpéric II, 715-720
Thierry II (ou IV), 720-737
Interrègne,
737-742
Childéric III, 742-752
IIe race. Carlovingiens.
Pépin d’Héristall (duc d’Austrasie), 687-714
Théodoald, 714-715
Charles-Martel, 715-741
Carloman (abdique), 741-747
Pépin le Bref (avec Carloman, 741 ; seul, 747), roi de France, 752-768
Carloman, 768-771
Charlemagne (avec Carloman, 768-771) ; seul, 771-814
Louis I, le Débonnaire, 814-840
Charles II, le Chauve, 840-877
Louis II, le Bègue, 877-879
Louis III et Carloman, 879-882
Carloman seul, v882-884
Charles le Gros ou le Gras (empereur), 884-887
Eudes ou Odon (1er roi capétien), 887-898
Charles III, le Simple (proclamé roi, 892, puis seul après la mort d’Eudes), 898-923
Robert I (2e roi capétien), 922-923
Raoul (parent des Capétiens), 923-936
Louis IV, d’Outre-Mer, 936-954
Lothaire, 954-986
Louis V, le Fainéant, 986-987


IIIe race. Capétiens.
Hugues Capet, 987-996
Robert II, 996-1031
Henri I, 1031-1060
Philippe I, 1000-1108
Louis VI, le Gros, 1108-1137
Louis VII, le Jeune, 1137-1180
Philippe II, Auguste, 1180-1223
Louis VIII, le Lion, 1223-1226
Louis IX ou saint Louis, 1226-1270
I. Ligne aînée ou Philippine.
Philippe III, le Hardi, 1270-1285
1o Branche aînée.
Philippe IV, le Bel, 1285-1314
Louis X, le Hutin, 1314-1316
Jean I (le Posthume), 1316
Philippe V, le Long, 1316-1322
Charles IV, le Bel, 1322-1328
2o Branche puînée ou de Valois (issue de Philippe III, par un frère de Philippe IV, Charles de Valois, père de Philippe VI).
Philippe VI, de Valois, 1328-1350
Jean II, le Bon, 1350-1364
Charles V, le Sage, 1304-1380
(a) Rameau aîné de la branche de Valois.
Charles VI, le Bien-Aimé, 1380-1422
Charles VII, le Victorieux, 1422-I461
Louis XI, 1461-1483
Charles VIII, 1483-1498

(b) Rameau cadet de la branche de Valois, ou Valois Orléans (issu de Charles V par Louis, duc d’Orléans, son second fils).

Primogéniture, Orléans-Orléans (issue de Charles, duc d’Orléans, fils aîné de Louis d’Orléans).

Louis XII, 1498-1515

Secondogéniture, Orléans-Angoulême (issue de Jean, comte d’Angoulême, deuxième fils de Louis, duc d’Orléans, et petit-fils de Charles V).

François I, 1515-1547
Henri II, 1547-1559
François II, 1559-1560
Charles IX, 1560-1574
Henri III, 1574-1589
II. Ligne cadette ou Robertine, ou maison de Bourbon (issue de Robert de Clermont, sixième fils de saint Louis et frère de Philippe III).
Henri IV, 1589-1610
Louis XIII, le Juste, 1610-1643
Louis XIV, le Grand, 1643-1715
Louis XV, le Bien-Aimé, 1715-1774
Louis XVI (déclaré déchu du trône le 10 août 1792, décapité le 21 janvier 1793), 1774-1793
Louis XVII (en prison, mais censé roi), 1793-1795
République (proclamée le 21 septembre), 1792-1804
Convention, 1792-1795
Directoire, 1795-1799
Consulat : Bonaparte, 1er consul, puis consul à vie, 1799-1804
Empire : Napoléon I, empereur des Français et roi d’Italie, 1804-1814
Napoléon II (proclamé par le gouvernement provisoire), 1815
Louis XVIII, 1814-1824
Napoléon I (pour la 2e fois, du 20 mars au 24 juin), 1815
Charles X, 1824-1830

2o Branche puînée de la maison de Bourbon, maison d’Orléans (issue de Philippe, frère de Louis XIV) :

Louis-Philippe I, roi des Français, 1830-1848.
République, proclamée de nouv. le 24 févr. 1848.
Louis-Napoléon Bonaparte, élu président le 10 déc. 1848 ; empereur sous le nom de Napoléon III, 1852-1870, m. en janv. 1873.
République (proclamée le 4 septembre 1870, constituée le 20 février 1875.

Outre la France proprement dite et l’Ile-de-France, le nom de France a désigné spécialement un petit pays qui s’étendait de Luzarches à Charenton et de Dammartin à Montmorency. C’est en ce sens qu’on disait au XIIe siècle : St-Denis-en-France.


FRANCE (NOUVELLE-). V. CANADA.

FRANCE ORIENTALE. V. FRANCONIE, AUSTRASIE.

FRANCE (ILE-DE-). V. ILE-DE-FRANCE et ÎLE MAURICE.

FRANCESCAS, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 11 kil. S. E. de Nérac ; 1300 hab.

FRANC-FLORE, peintre. V. FLORIS.

FRANCFORT-SUR-LE-MEIN, Frankfurt-am-Mein, autrefois une des 4 villes libres de la Confédération Germanique et siège de la Diète germanique, sur le Mein, à 31 kil. N. E. de Mayence et à 847 N. E. de Paris ; 67 000 hab. Ville belle et bien percée ; magnifique cathédrale, où l’on couronnait les empereurs ; nombreux monuments du moyen âge ; hôtel de ville, dit Rœmer, où siège le Sénat ; palais de la Tour-et-Taxis, où se tiennent les séances de la Diète ; Saalhof, anc. résidence des Carlovingiens, mais dont les bâtiments actuels sont modernes, etc. ; salle de spectacle, Hôtel-Dieu, hôpital du St-Esprit. Établissements des sciences, lettres, arts, musées, bibliothèque, jardin botanique. Grand commerce de banque et d’entrepôt ; 2 foires importantes ; manufactures de tapis, de papiers peints, de cartes à jouer. Patrie de Goethe et de la famille Rothschild. — Francfort est une ville très-ancienne, mais elle n’est devenue fameuse qu’au VIIIe siècle : elle était alors la capitale de la France orientale ou Franconie ; elle fut en quelque sorte la capitale de tout l’empire germanique sous les deux premières dynasties qui succédèrent aux Carlovingiens. Elle fut érigée dès 1254 en ville libre et impériale, et fut proclamée ville du couronnement par la Bulle-d’Or (1356). Prise par Custine en 1792, elle devint en 1806 la capitale du grand-duché de Francfort (V. ci-après). Le congrès de Vienne (1815) fit de Francfort une ville libre. En 1866 elle a été annexée au roy. de Prusse et adjointe aux districts de Cassel et Wiesbaden. — Il se tint à Francfort en 794 un concile pour traiter la question du culte des images. Il s’y tint aussi plusieurs diètes : dans celle de 1142, Conrad III rendit la Saxe à Henri le Lion ; celle de 1338 proclama l’empire indépendant du St-Siége. C’est à Francfort que fut signé, le 10 mai 1871, le traité de paix qui mit fin à la guerre de 1870-71 entre la France et l’Allemagne.

La République de Francfort se composait de la ville et d’un territoire situé sur les deux rives du Mein et borné au N. et au N. E. par la Hesse électorale, au S. par Hesse-Darmstadt, et à l’O. par le duché de Nassau : 13 kil. sur 9 ; 80 000 h., y compris la ville de Francfort. La souveraineté résidait dans l’ensemble de la population chrétienne ; le gouvt se composait d’un Sénat, d’un Corps législatif et d’un conseil municipal. La ville avait 2 bourgmestres, nommés annuellement. Dans les assemblées ordinaires de la Diète, les villes libres réunies avaient 1 voix ; dans les assemblées générales la république de Francfort comptait pour 1 voix à elle seule.

FRANCFORT (grand-duché de), un des États de la Confédération du Rhin, créé en 1806, avait pour v. principales, outre Francfort, Aschaffenbourg, Fulde et Hanau. Ce grand-duché fut donné au prince de Dalberg, primat d’Allemagne. En 1815, son territoire fut réparti entre la république de Francfort, la Hesse Électorale, la Bavière et la Prusse.

FRANCFORT-SUR-L’ODER, v. de Prusse (Brandebourg), ch.-l. de gouvt, à 50 kil. S. E. de Berlin, sur l’Oder et un canal qui joint l’Oder à l’Elbe et à la Vistule ; 30 000 hab. Cour d’appel, gymnase, école de sages-femmes. Anc. université, fondée en 1506 et transférée en 1809 à Berlin. Monument du duc Léopold de Brunswick. Industrie assez active : soieries, bonneterie, ganterie, maroquin, toiles, bougies, etc. Assez grand commerce. Patrie de H. Kleist. — Fréquemment assiégée (par le margrave de Misnie en 1290, par l’emp. Charles IV en 1348, par les Hussites en 1432, par les Polonais en 1459), cette ville eut encore beaucoup à souffrir dans les guerres de Trente ans et de Sept ans. — Le gouvt de Francfort, l’un des 2 de la prov. de Brandebourg, est situé à l’E. de celui de Berlin, et est borné au N. par la Poméranie, à l’E. par la prov. de Posen, au S. E. par la Silésie, au S. par la Saxe ; il compte 825 000 hab. — V. FRANKFORT.

FRANCHE-COMTÉ, anc. prov. et grand gouvt de France, entre la Lorraine au N., la Champagne et la Bourgogne à l’O., la Bresse, le Bugey et le pays de Gex au S., et la Suisse à l’E. Elle se divisait en 4 grands bailliages (Besançon, Dôle, Amont, Aval) ; Capit., Besançon ; autres villes, Dôle, Vesoul, Salins, Baume-les-Dames, Pontarlier, Lons-le-Saulnier. Le Jura en parcourt toute la partie orientale. Riv., la Saône, le Doubs, l’Ain et leurs affluents. Air froid sur les montagnes, chaud dans les vallées ; sol fertile, bons vins. Assez d’industrie, horlogerie, connue sous le nom d’horlogerie de Comté, liqueurs, fromages, etc. ; forges et usines, etc. Le Franc-Comtois est intelligent, économe, bon et hospitalier. La Franche-Comté a fourni plusieurs hommes célèbres dans les genres les plus divers : Dunod, Pichegru, Rouget de l’Isle, Suard, Ch. Nodier, Cuvier, Th. Joutfroy, etc. Cette province forme auj. les dép. du Jura, du Doubs, de la Hte-Saône. — La Franche-Comté, jadis habitée par les Sequani, forma sous les Romains la prov. appelée Maxima Sequanorum. Elle fit successivement partie du roy. des Burgundes, du vaste empire de Charlemagne, du roy. de Lothaire I, du roy. de Charles de Provence, du roy. d’Italie de Louis II, de celui de Boson, enfin du roy. des Deux-Bourgognes, 896-1032 ; d’où elle passa au roy. de Germanie, et conséquemment à l’empire. Elle fut érigée en comté au Xe siècle pour un certain Léotalde, 951 : c’est à cette époque qu’elle commence à porter le nom de Franche-Comté ; puis elle prit le titre de comté palatin de Bourgogne (1169). Elle passa successivement par mariages dans les maisons d’Ivrée, de Souabe (ou Hohenstaufen), 1169, de Méranie, 1208, de Châlons, 1248 ; fut réunie un instant à la couronne de France par le mariage de Jeanne, héritière de ce comté, avec Philippe le Long, 1315 ; mais, à la mort de ce dernier, Jeanne épousa Eudes de Bourgogne, 1322. En 1361, après la mort de Philippe de Rouvre, la Franche-Comté échut à Marguerite de Flandre, ensuite elle passa, par mariage encore, dans la maison de Bourgogne, 1384, puis dans celle d’Autriche, 1477. De 1384 à 1477, la Franche-Comté et le duché de Bourgogne s’étaient trouvés réunis dans les mêmes mains ; en 1477 ils furent séparés de nouveau, le duché ayant été réuni à la France comme fief masculin, tandis que la Comté, fief germanique et féminin, était portée par mariage dans la maison de Habsbourg. En 1548, Charles-Quint incorpora la Franche-Comté au cercle de Bourgogne. Louis XIV s’en empara en 1668, comme faisant partie de la dot de sa femme Marie-Thérèse d’Autriche ; mais il fut obligé de la rendre par la paix d’Aix-la-Chapelle, conclue la même année ; l’ayant conquise de nouveau en 1674, il s’en fit confirmer la possession par le traité de Nimègue, 1678. La Franche-Comté possédait un parlement (à Dôle, puis à Besançon) et une université (à Gray, puis à Dôle et enfin à Besançon).

FRANCHEVILLE (Pierre), ou FRANCOVELLE, sculpteur, né à Cambray en 1548, mort vers 1615, se rendit en Italie, prit pour maître Jean de Bologne, résida longtemps à Pise, et devint membre de l’Académie de sculpture de Florence. Henri IV le rappela en France, et, après la mort de ce roi, il fut nommé sculpteur de Louis XIII. Il a exécuté, entre-autres ouvrages, le groupe du Temps enlevant la Vérité, dans les parterres des Tuileries, un David vainqueur de Goliath, au musée du Louvre. Ces morceaux manquent peut-être d’ampleur, mais ils sont exécutés avec une fermeté remarquable.

FRANCHEVILLE (Jos. DU FRESNE de), écrivaîn, né à Dourlens en 1704, se fit d’abord connaître par une Histoire des finances, Paris, 1788-40, qu’il n’a pas achevée, donna en 1741 une espèce de roman historique, les Premières expéditions de Charlemagne ; fut appelé à Berlin par Frédéric II, devint membre de l’Académie de cette ville et y m. en 1781. On a de lui une trad. de Boëce, Berlin, 1744, et un poëme sur le ver à soie, Bombyx (en français), Berlin, 1755. Voltaire, avec lequel il était lié, a publié en 1747 sous son nom la 1re édition du Siècle de Louis XIV.

FRANCIA (Franç. RAIBOLINI, dit LE), peintre italien, né à Bologne en 1460, mort en 1533, exerça d’abord la profession d’orfévre. Le style de cet artiste tient à la fois de celui du Pérugin et de celui de Jean Bellini, avec lesquels Raphaël le compare. On regarde comme ses chefs-d’œuvre un S. Sébastien, remarquable par l’exactitude des proportions et la beauté des formes (à Bologne), et un tableau représentant Joseph d’Arimathie, S. Jean et les trois Maries pleurant Jésus descendu de la croix (au Louvre). — Son fils, Jacques F., imita si bien sa manière qu’il est difficile de distinguer l’un de l’autre.

FRANCIA (le Dr Gaspard Rodriguez de), dictateur du Paraguay, né à l’Assomption en 1758, d’un père français et d’une créole, mort en 1840, étudia d’abord la théologie, exerça ensuite la profession d’avocat, et fut nommé secrétaire de la junte lors de la révolution qui chassa les Espagnols de Buenos-Ayres, en 1811. Il se fit bientôt élire consul au Paraguay, puis dictateur temporaire, enfin dictateur à vie, et exerça pendant de longues années un pouvoir absolu, qu’il consolida par les supplices et les emprisonnements. Cependant son administration fut utile : le Paraguay lui doit son organisation, ses manufactures, son commerce. Cruel, soupçonneux et bizarre, Francia ne voyait partout que des conspirations ; il avait fermé son empire à tous les étrangers, et ne laissait plus repartir ceux qui y avaient une fois pénétré (V. BONPLAND). Semblable en plus d’un point à Louis XI, ce tyran faisait de son barbier son confident.

FRANCIS (Philip), écrivain, né vers 1715 à Dublin, mort en 1773, vint en Angleterre en 1750, y dirigea quelque temps une institution privée, devint ensuite chapelain de lord Holland, eut part à l’éducation de son fils, le célèbre Fox, et fut enfin nommé chapelain adjoint de Chelsea. On lui doit une trad. estimée d’Horace en vers, et des trad. de Démosthène et d’Eschine, 1757. — Son fils, nommé aussi Philip, 1740-1818, fut, par la protection de Fox, pourvu d’emplois importants et devint en 1773 membre du conseil du Bengale. Il est un de ceux à qui l’on attribue les fameuses Lettres de Junius.

FRANCISCAINS, FRÈRES MINEURS, ou MINORITES, comme ils s’appelaient eux-mêmes par humilité ; ordre religieux, fondé en 1208 par S. François d’Assise, à la Portioncule d’Assise, faisait vœu de pauvreté et renonçait à tous les biens de ce monde : c’est un des ordres mendiants. Ils portaient un froc gris, de laine grossière, avec une ceinture de corde et un capuchon court et arrondi. Ils avaient le droit de se livrer dans leurs églises à la confession et à la prédication. Ces religieux, protégés par les papes, se répandirent par toute l’Europe, et comptèrent bientôt des milliers de monastères, enrichis par la piété des fidèles. De leur sein sortirent des hommes célèbres, tels que S. Bonaventure, Roger Bacon, Duns Scott, Alexandre de Hales, S. Antoine de Padoue. Les papes Nicolas IV, Alexandre V, Sixte IV, Sixte-Quint et Clément XIV appartenaient aussi à l’ordre des Franciscains. Les Franciscains étaient en rivalité avec les Dominicains, surtout depuis leur introduction dans les chaires de l’Université de Paris. Les deux ordres eurent pour principaux champions, chez les Franciscains Duns Scott, chez les Dominicains S. Thomas, qui pendant longtemps divisèrent l’école en Scotistes et Thomistes. Cet ordre a donné naissance à une foule de communautés particulières, soit d’hommes, soit de femmes. Les plus connues sont, pour les hommes, les Pères de l’Observance, moines déchaussés, fondés en Italie en 1363, par Paul de Foligno ; les Récollets ou recueillis (recollecti), et les Cordeliers, noms que prirent les Franciscains établis en France ; les Capucins, qui se distinguaient par une longue barbe et un capuchon pointu ; les Minimes, les Célestins, etc. ; — pour les femmes, les Urbanistes, établies en 1260 à Longchamps, près de Paris, par Ste Isabelle, et confirmées par Urbain II ; les Capucines ; les Clarisses ou Déchaussées (V. ces noms). En 1221, S. François avait fondé en outre un Tiers-Ordre pour les séculiers qui voulaient prendre le cordon des Frères Mineurs ; c’est de cet ordre que sortirent les Béguins ou Fraticelli, et les Picpuces, ainsi appelés du monastère de Picpus, près de Paris, où ils s’établirent. La totalité des religieux des deux sexes de St-François était au XVIIIe siècle de 115 000 moines et de 28 000 nonnes, répartis dans 8000 couvents. Ils disparurent de France, avec les autres ordres religieux, en 1790, mais ils subsistent encore ailleurs, surtout en Italie et dans l’Amérique espagnole ; quelques-uns même ont reparu en France depuis 1850. Les Franciscains sont les gardiens du St-Sépulcre à Jérusalem.

FRANC-JUGE. V. VEHME (sainte).

FRANCK, famille d’artistes flamands au XVIe s., a produit plusieurs peintres distingués : d’abord les trois frères Jérôme, François et Ambroise, puis Sébastien et François le jeune, tous deux fils de François. Tous vécurent à Anvers ; cependant Jérôme passa quelque temps à Paris et fut nommé 1er peintre du roi Henri III. Ils se sont surtout exercés dans le genre d’histoire : on estime Notre-Seigneur au milieu des docteurs, de François (à Anvers) ; le Martyre de S. Crépin, d’Amboise ; l’Histoire d’Esther, l’Enfant prodigue, le Christ en croix, de François le jeune. Leurs œuvres prouvent des connaissances anatomiques ; leur couleur a de la finesse. — V. FRANK.

FRANCKE (Aug. Hermann), philanthrope et piétiste, le Rollin de l’Allemagne, né à Lubeck en 1663, m. en 1727, était pasteur de Glaucha, près de Halle, dans le duché de Brandebourg, et fonda dans cette ville, tant de ses deniers qu’à l’aide d’aumônes, deux établissements destinés à l’instruction des pauvres enfants : la Maison des Orphelins et le Pædagogium. Il y joignit une espèce d’imprimerie stéréotype afin de pouvoir donner la Bible au peuple à très-bon marché ; de 1715 à 1795 on en tira 1 570 333 exemplaires. Outre trois ouvrages relatifs à l’établissement dont il était fondateur, Francke a publié des Sermons et des Oraisons funèbres, Halle, 1727, in-fol.

FRANC-MAÇONNERIE. V. FRANCS-MAÇONS.

FRANCŒUR (L. Benjamin), mathématicien, né en 1773 à Paris, mort en 1849, était fils du surintendant de la musique de l’Opéra. Il entra à l’École polytechnique dès sa fondation, y devint répétiteur, puis examinateur, fut nommé en 1803 professeur de mathématiques à l’école centrale de St-Antoine (lycée Charlemagne), en 1809 à la Faculté des sciences de Paris, se vit en 1815 écarté de l’École polytechnique pour opinion politique, et consacra depuis tout son temps à l’enseignement de la Faculté et à des travaux qui ont popularisé la science. Il fut admis en 1842 à l’Institut. Ses principaux ouvrages sont : Mécanique, 1800 ; Cours complet de mathématiques pures, 1810 ; Uranographie, 1812 ; Goniométrie, 1820. Il a aussi donné des Éléments de Technologie, de Dessin linéaire, de Géodésie, de Statique, une Astronomie pratique, a coopéré au Dictionnaire de Technologie et à l’Encyclopédie moderne. Ses ouvrages se recommandent par l’ordre, la clarté, l’exactitude et l’utilité pratique. Un de ses fils, professeur de mathématiques à l’École des beaux-arts, a donné une Notice sur sa vie et ses ouvrages (1853).

FRANÇOIS. Ce nom a été porté par un assez grand nombre de personnages que nous distribuerons comme suit : Saints, Souverains et Personnages divers.

Saints.

FRANÇOIS D’ASSISE (S.), instituteur de l’ordre des Frères Mineurs, dits aussi Franciscains, né à Assise en Ombrie l’an 1182, m. en 1226, était fils d’un riche marchand nommé Bernardon. Il fut d’abord destiné par son père à l’aider dans son commerce, et étudia dans ce but le français qu’il apprit si bien qu’on lui en donna le surnom de François, nom sous lequel il est connu ; mais à l’âge de 24 ans il renonça à toute occupation mondaine, abandonna ses biens, fit vœu de pauvreté et se consacra tout entier à la prédication et à des œuvres pieuses. Il rassembla bientôt autour de lui, à la Portioncule près d’Assise, de nombreux disciples, forma dès 1208 un ordre qu’il nomma par humilité les Frères Mineurs, et leur donna une règle qui fut approuvée en 1215 par le pape. Il défendait à ses disciples de rien posséder en propre, leur prescrivait de vivre d’aumônes et de se répandre par toute la terre pour convertir les pécheurs et les infidèles. Il alla lui-même dans ce but en Syrie et en Égypte (1219). En 1224, s’étant retiré sur une montagne la veille de l’Exaltation de la Ste croix, il eut, après un long jeûne, une vision célèbre dans laquelle il reçut l’impression des stigmates de J.-C. : il vit descendre du ciel le Sauveur sous la forme d’un séraphin crucifié ; il se sentit au même moment comme percé de trous dans toutes les parties du corps où les clous avaient été enfoncés dans le corps du Christ, et il en conserva les cicatrices ; cette vision lui fit donner le surnom de Séraphique. Outre l’ordre des Frères Mineurs, S. François institua en 1221 le Tiers-Ordre, association de séculiers qui s’engageaient à observer toutes les pratiques compatibles avec leur condition. Il fut canonisé par Grégoire IX ; l’Église l’honore le 4 oct., jour de sa mort. Ses OEuvres, qui comprennent les Statuts de son ordre, des Sermons, des Cantiques et des Lettres, ont été publiées à Anvers, 1623, in-4. M. Chavin de Malan a donné une Hist. de S. François d’Assise, 1841. V. FRANCISCAINS.

FRANÇOIS DE PAULE (S.), fondateur de l’ordre des Minimes, né en 1416 à Paule en Calabre ; mort en 1507, fut dès son enfance voué à S. François d’Assise, dont on lui donna le nom ; se retira fort jeune dans une solitude au fond de la Calabre, y acquit bientôt un grand renom de sainteté, fonda un monastère dans lequel il réunit plusieurs disciples sous le nom de Minimes, c.-à-d. les derniers entre tous, et fut le supérieur général du nouvel ordre. Ils faisaient vœu d’humilité, et se livraient surtout à l’exercice de la charité. S. François de Paule, qu’on surnommait le saint homme, avait la réputation d’opérer des guérisons miraculeuses : Louis XI, dangereusement malade, le fit venir en France, espérant être guéri par ses prières ; mais le pieux ermite ne put que rendre au roi la résignation et l’aider à mourir chrétiennement (1483). Après la mort de Louis XI, il resta en France, où il fut protégé par Charles VIII et Louis XII, et y établit quelques maisons de son ordre. Il mourut dans celle du Plessis-lès-Tours. Sa fête est célébrée le 2 avril.

FRANÇOIS XAVIER (S.), l’Apôtre des Indes, né en 1506 au château de Xavier, près de Pampelune, m. en 1552, vint étudier à Paris, au collége Ste-Barbe, où il s’unit d’une étroite amitié avec S. Ignace de Loyola, le fondateur de l’ordre des Jésuites ; entra lui-même dans le nouvel ordre, et fit vœu, en 1534, d’aller travailler à la conversion des infidèles. Il partit en 1541 pour les Indes orientales, y fit, à Goa surtout, plusieurs conversions éclatantes, et pénétra jusqu’au Japon ; il mourut au moment où son zèle l’appelait en Chine. L’Église l’honore le 3 déc. On a de lui un Catéchisme, avec 5 livres de Lettres, trad. par L. Pages, Paris, 1854. Sa Vie a été écrite par le P. Bouhours, 1621, et par Daurignac, 1858.

FRANÇOIS DE SALES (S.), né en 1567 au château de Sales, près d’Annecy en Savoie, d’une famille noble, m. en 1622, fut élevé au sacerdoce en 1593 après avoir reçu une brillante éducation et avoir brillé au barreau. Le diocèse de Genève était alors rempli de Calvinistes ; S. François, par ses prédications pleines d’onction et de charité, raffermit la foi des Catholiques et convertit une foule de Réformés. Il fut nommé évêque de Genève en 1602, et fonda en 1610 l’ordre de la Visitation. Chargé de différentes missions en France, il avait su se concilier l’affection de Henri IV et de Louis XIII. Il était étroitement lié avec la pieuse Mme de Chantal, à laquelle il confia la direction de l’ordre de la Visitation, et avec S. Vincent de Paul. S. François de Sales a laissé des écrits qui sont fort goûtés par les âmes pieuses ; ils ont été réunis en 1822, Paris, 16 vol. in-8, et à Besançon en 1869, 13 vol. in-8. Les plus estimés sont l’Introduct. à la vie dévote (réédité par S. de Sacy, 2 vol. in-16, 1858), Philothée, Traité de l’amour de Dieu, etc. On le fête le 59 janv. On a sa Vie par le P. Marsollier, 1789, et l’abbé Hamon, 1854.

FRANÇOIS DE BORGIA (S.) V. BORGIA.

FRANÇOIS RÉGIS (S.). V. RÉGIS.

Souverains.

[[w:François Ier (roi de France)|FRANÇOIS I]], roi de France, né en 1494, mort en 1547, était fils de Charles d’Orléans, comte d’Angoulême, et de Louise de Savoie, arrière-petit-fils de Valentine de Milan. Il succéda en 1515 à Louis XII, dont il avait épousé la fille Claude. À peine sur le trône, il se mit à la tête d’une armée pour faire valoir les droits qu’il avait sur le Milanais comme issu de Valentine de Milan. Les Suisses, qui défendaient l’entrée de ce duché, furent taillés en pièces à Marignan (1515) ; la conquête du Milanais suivit immédiatement cette victoire. Il signa en 1516 avec le pape Léon X la paix de Viterbe et le Concordat de Bologne, et en 1519, avec Charles-Quint, le traité de Noyon, qui semblait assurer la paix de l’Europe. Cependant en 1520, Charles-Quint, déjà roi d’Espagne, ayant hérité des États de Maximilien, François I, qui, comme lui, avait prétendu à l’empire, lui déclara la guerre ; mais il n’éprouva que des revers ; après la défaite de Lautrec à la Bicoque (1522), la retraite de Bonnivet, battu à Biagrasso, et la perte de Bayard, il fut lui-même vaincu et fait prisonnier à Pavie (1525). Les Français avaient fait dans ce combat des prodiges de valeur ; le roi écrivit à sa mère : Tout est perdu, fors l’honneur ! François I, emmené captif en Espagne, ne recouvra sa liberté que par un traité onéreux signé à Madrid en 1526, par lequel il s’engageait notamment à céder la Bourgogne à Charles-Quint. Ce traité n’ayant pu être entièrement exécuté, parce que les États de Bourgogne refusèrent de se séparer de la France, la guerre recommença presque aussitôt. François I essuya de nouveaux revers ; il perdit la plus grande partie de son armée devant Naples et conclut un second traité à Cambrai en 1529. Il envahit encore l’Italie en 1535 : il conquit la Savoie, mais il vit dévaster la Provence et signa en 1538 à Nice une nouvelle paix. Charles-Quint ayant refusé d’investir du duché de Milan un des fils du roi, comme il l’avait promis, une 4e guerre recommença, en 1542 : après des succès variés, François I consentit à une paix définitive en 1544 : par le traité signé à Crespy, le Milanais fut assuré au duc d’Orléans, 2e fils du roi. Malgré ses revers, François I se distingue par un caractère noble et chevaleresque, qui le place fort au-dessus de son rival ; en outre, il releva en France les lettres et les beaux-arts, protégea les savants et mérita par là le titre de Père des Lettres ; il fonda le Collège de France et l’Imprimerie royale, commença le Louvre, bâtit ou embellit les châteaux de Fontainebleau et de Chambord et appela en France les grands artistes de l’Italie ; il encouragea les explorations de Verazzani et de J. Cartier en Amérique, etc. Mais il ternit sa gloire par une vie licencieuse, qui finit par lui devenir funeste. En outre, il épuisa les finances par ses guerres et ses prodigalités, et vendit, pour se créer des ressources, les offices de magistrature et de finances ; enfin, il exerça de grandes rigueurs contre les Protestants et les Vaudois. Sa vie a été écrite par Varillas, 1655, et par Gaillard, 1766. Il avait composé quelques poésies, qui ont été publiées par Champollion, avec quelques-unes de ses Lettres, Paris, 1847.

FRANÇOIS II, roi de France, né en 1544, fils aîné de Henri II et de Catherine de Médicis, épousa dès 1558 Marie Stuart, reine d’Écosse, devint roi en 1559, et mourut l’année suivante, sans laisser de postérité. Les princes lorrains, François duc de Guise, et son frère Charles, duc de Lorraine, exercèrent l’autorité sous le nom du jeune roi, qui était aussi faible d’esprit que de corps, et, par l’abus qu’ils en firent, ils préparèrent les guerres de religion. Le roi de Navarre, Antoine de Bourbon, et le prince de Condé, son frère, tentèrent inutilement de s’opposer à leur pouvoir, et voulurent enlever le roi à Amboise ; mais leur complot échoua.

[[w:François Ier (empereur des Romains)|FRANÇOIS I]], empereur d’Allemagne, né en 1708, était le fils aîné de Léopold, duc de Lorraine. Il hérita du duché de son père en 1729, et l’échangea en 1735 contre celui de Toscane que la mort du dernier des Médicis laissait vacant. Il épousa en 1736 Marie-Thérèse, fille de l’empereur Charles VI. À la mort de ce prince (1740), il disputa la couronne impériale à l’électeur de Bavière, que la France soutenait et qui prit le nom de Charles VII ; il échoua dans cette première tentative, et ne réussit à se faire reconnaître empereur qu’en 1745. Il régna paisiblement pendant 20 ans ; la gloire de son règne fut ternie par son excessive avarice. Il eut 16 enfants, entre autres Joseph II, qui lui succéda en Autriche, Léopold II, qui régna, en Toscane, et Marie-Antoinette, qui épousa Louis XVI.

FRANÇOIS II, né en 1768, mort en 1835, succéda en 1792 à son père Léopold II, comme empereur d’Allemagne, roi de Bohême et de Hongrie. Frère de la malheureuse Marie-Antoinette, il se trouva engagé dès le commencement de son règne dans la guerre contre la France : il fut battu partout et se vit contraint de signer en 1797 le traité de Campo-Formio, qui lui enlevait les Pays-Bas et la Lombardie ; Ayant peu après repris les armes, il ne fut pas plus heureux, se fît battre à Marengo, et perdit par le traité de Lunéville (1801) toutes ses possessions sur la rive gauche du Rhin. Dans une 3e campagne, en 1805, il fut battu à Elchingen, à Ulm, à Austerlitz, et signa la paix de Presbourg, qui diminuait encore ses possessions. Lors de l’établissement de la Confédération du Rhin, il dut renoncer au titre d’empereur d’Allemagne, 1806, et prit, en se bornant à ses États héréditaires, le titre d’empereur d’Autriche, sous le nom de François I. Il tenta une 4e fois le sort des armes en 1809, fut encore battu à Eckmahl, à Wagram et se vit contraint de demander la paix (paix de Schœnbrunn) : pour la cimenter, il donna sa fille Marie-Louise à l’empereur Napoléon (1810). Néanmoins, il entra en 1813 dans la coalition contre son gendre et contribua puissamment à le détrôner. Les événements de 1814 le remirent en possession de la plus grande partie de ses États, et il régna depuis paisiblement jusqu'à sa mort.

FRANÇOIS Ier, empereur d'Autriche, le même que FRANÇOIS II, empereur d'Allemagne. V. ci-dessus.

FRANÇOIS I, roi des Deux-Siciles, né en 1777, m. en 1830, était fils de Ferdinand I et de l'archiduchesse Marie-Caroline. Deux fois, pendant qu'il était prince héréditaire, son père lui remit le gouvernement de l'État avec le titre de vicaire général (alter ego) : en 1812, lorsque lord Bentinck imposa à la Sicile une constitution anglaise; et en 1820, lors du soulèvement de Naples et de Palerme. Il monta sur le trône en 1825 et ne fit rien de remarquable. Il était assez aimé de ses sujets. Il eut d'un 1er mariage Caroline-Ferdinande-Louise, depuis duchesse de Berri; et d'un 2e, Ferdinand II, qui lui succéda, et Marie-Christine, régente d'Espagne de 1833 à 1840.

FRANÇOIS, ducs de Bretagne. V. BRETAGNE.

FRANÇOIS, duc de Modène. V. ESTE et MODÈNE.

Personnages divers.

FRANÇOIS FLAMAND, sculpteur. V. DUQUESNOY.

FRANÇOIS DE NEUFCHÂTEAU (Nic. Louis, Comte), homme d'État et écrivain, né en 1750 à Saffais (Meurthe), mort en 1828, fut élevé dans la ville de Neufchâteau, voisine du lieu de sa naissance, dont il prit le nom. Enfant précoce, il fit dès l'âge de 12 ans des vers qui lui méritèrent les encouragements de Voltaire. Après avoir rempli diverses fonctions dans la magistrature en France et à St-Domingue, il siégea à l'Assemblée législative, et devint secrétaire, puis président de cette assemblée. Ministre de l'intérieur en 1797, il entra au Directoire à la place de Carnot après le 18 fructidor, en sortit en 1798 pour reprendre le portefeuille de l'intérieur, et signala son administration par son zèle pour les lettres, l'industrie et le commerce : c'est lui qui eut la 1er idée des expositions publiques de l'industrie. Créé sénateur sous l'Empire, il ne s'occupa plus guère que d'agriculture. Il entra en 1816 à l'Académie française. On a de lui des Poésies légères, une comédie de Paméla, jouée au Théâtre-Français en 1793 et qui le fit emprisonner; un Discours sur l'art le lire les vers, les Tropes, poëme en 4 chants, des Fables et Contes en vers, un Essai sur les meilleurs ouvrages français écrits en prose jusqu'aux Provinciales, de bons traités d'éducation et d'agronomie, etc. On trouve dans ses écrits de la facilité et de l'élégance, mais peu de force et d'originalité.

FRANÇOISE (Ste), née à Rome en 1384, m. en 1440, fut le modèle des épouses et des mères, et se distingua par une inépuisable charité. Elle fonda en 1425 les Oblates dites aussi Collatines, dont elle fut la supérieure. On l'honore le 9 mars.

FRANÇOISE (sainte), dame de Chantal. V. CHANTAL.

FRANÇOISE DE RIMINI, femme d'une grande beauté, fille d'un seigneur de Ravenne, de la maison des Polenta, vivait à la fin du XIIIe siècle. Son père la maria à Lanciotto Malatesta, seigneur de Rimini, homme rempli de valeur, mais difforme, et dont le frère Paolo était, au contraire, un beau cavalier. Françoise ayant trahi son mari pour son beau-frère, Lanciotto les surprit dans un entretien criminel, et les perça tous deux de son épée. On place en 1389 l'aventure de Françoise de Rimini. C'est un des plus touchants épisodes de l’Enfer du Dante et le sujet d'une tragédie de Silvio Pellico.

FRANCON. V. BONIFACE VII.

FRANCONI (Ant.), habile écuyer, né à Venise en 1738, mort à Paris en 1836, commença par être bateleur et physicien ambulant, puis établit à Lyon et à Bordeaux des combats de taureaux, s'associa en 1783 à l'écuyer anglais Astley qui avait ouvert un manège à Paris, et fonda le théâtre équestre auquel il donna le nom de Cirque Olympique, et qui acquit une vogue prodigieuse. — Ses fils et ses petits-fils ont continué d'attirer le public par le talent de leurs écuyers et la perfection de la mise en scène de leurs pièces féeriques et militaires. Le dernier écuyer célèbre de ce nom est Laurent Franconi, mort en 1849.

FRANCONIE, Frankenland, un des dix cercles de l'anc. empire d'Allemagne, entre ceux de Bavière, Souabe, B.-Rhin, H.-Rhin, Hte-Saxe, Bohême, était un des moindres de l'empire pour l'étendue, mais un des plus florissants. Il avait pour capit. Nuremberg et contenait les évêchés de Bamberg, de Würtzbourg, d'Eichstædt, la maîtrise de l'Ordre Teutonique à Mergentheim, les États princiers de Brandebourg-Bayreuth, Brandebourg-Anspach, Henneberg-Schleusingen, Henneberg-Rœmhild, Henneberg-Schmalkalden, Lœwenstein-Werthheim, Hohenlohe-Waldenbourg, les villes impériales de Nuremberg, Rothenbourg, Windsheim, Schweinfurt, Weissenbourg, outre plusieurs comtés, entre autres celui de Hohenlohe. Au Ve siècle cette contrée formait le centre du roy. de Thuringe. En 527, elle fut conquise par les Francs, qui la nommèrent Thuringe française, puis France orientale (717), par opposition à la France occidentale ou Rhénane ; enfin, au Xe siècle, on la désigna sous le nom de Franconie, qui n'est qu'une dérivation du précédent. Elle forma depuis 902 un duché dont les possesseurs se rendirent de bonne heure indépendants. L'un d'eux, Conrad, fut élu roi de Germanie en 911, et laissa son duché à son frère Éberhard, tué en 939 à la bat. d'Andernach. Conrad le Sage lui succéda dans le duché et périt en 955, en combattant les Huns. En 1024 Conrad II, 6e duc de Franconie, surnommé le Salique, fut élu empereur et devint ainsi chef de la maison impériale de Franconie qui, après lui, donna encore trois souverains à l'empire : Henri III (1039), Henri IV (1U56), Henri V (1106-1125). Quant au duché de Franconie, Conrad II l'avait cédé à son cousin Conrad le Jeune; mais ce prince, s'étant révolté contre lui, fut dépouillé de ses États, et le duché revint aux empereurs. Henri V en mourant le légua à Conrad de Hohenstaufen, empereur en 1138. Celui-ci le laissa après sa mort à son fils Frédéric de Rothenbourg, d'où il passa d'abord à Conrad, fils de l'empereur Frédéric Barberousse; puis à Philippe, qui fut empereur en 1198. Ce dernier, par ses libéralités, mit fin à l'existence du duché de Franconie en le morcelant en plusieurs fiefs qui devinrent États souverains. Le duché ne subsista plus dès lors que nominalement; les débris en furent conférés aux burgraves de Nuremberg, mais le titre resta aux évêques de Wûrtzbourg. En 1387 l'empereur Wenceslas donna le nom de Thuringe-et-Franconie à l'un des 4 cercles dans lesquels il divisa l'Allemagne, et en 1512, Maximilien forma de la Franconie un des dix cercles définitifs de l'empire. Pendant la guerre de Trente ans, on essaya un instant de reconstituer le duché de Franconie en faveur du duc Bernard de Weimar. En 1814 la plus grande partie de la Franconie échut à la Bavière : elle y forma les cercles de Haute-Franconie, Basse-Franconie et Franconie moyenne; le reste fut partagé entre le Wurtemberg, le grand-duché de Bade, la Hesse-Électorale et la Hesse-Darmstadt, la Prusse et les duchés de Saxe, qui le possèdent encore.

FRANCONIE (BASSE-), cercle de Bavière, au N. O.; 590 000 h.; ch.-l., Würtzbourg; autres v. princip. : Aschaffenbourg, Schweinfurt. Il est arrosé par le cours inférieur du Mein, ce qui lui avait fait donner, avant 1837, le nom de Cercle du Bas-Mein. — FRANCONIE (HAUTE-), cercle de Bavière, au N. E.; 500 000 hab; ch.-l., Bayreuth ; v. princ, : Bamberg, Bayreuth. Avant 1837, on le nommait Cercle du Haut Mein. — FRANCONIE (MOYENNE), cercle de Bavière, à l'O., entre ceux de Hte et B.-Franconie au N., de Souabe-et-Neubourg au S., de Haut Palatinat à l'E., et le Wurtemberg à l'O.; 534 000 hab.; ch.-l., Anspach; v. princip. : Nuremberg, Dinkelsbühl, Erlangen, Nordlingen, Schwabach, Fürth. Riche en carrières de pierres lithographiques. C'était précédemment le Cercle de la Rézat. FRANCONIE (monts de), chaîne de mont. de Bavière (Hte-Franconie), à l’O. du Fichtelberg ; sommet principal, le Sieglitzberg, 760m.

FRANCONVILLE, vge du dép. de Seine-et-Oise, à 12 kil. S. E. de Pontoise et à 6 kil. O. de Montmorency ; 1250 h. Maisons de plaisance. On y voyait autrefois un beau château, auj. détruit. Station du chemin du Nord.

FRANCOVELLE, sculpteur. V. FRANCHEVILLE.

FRANCS, Franci, en ail. Franken, c.-à-d. libres ou fiers, intrépides, confédération des Germains du N.-O., se composait de peuples qui habitaient entre le Weser, le Rhin et le Mein : Chamaves, Cattes, Chauques, Bructères, Tenctères, Angrivariens, Attuariens, Sicambres, Dulgibins, etc. Plus tard, on donna spécialement ce nom à deux de leurs tribus, aux Francs Saliens, qui habitaient sur les bords de la Sala (Yssel), et qui s’établirent ensuite dans l’O et le centre des Gaules ; et aux Francs Ripuaires, qui occupaient surtout la rive droite du Rhin et avaient Cologne pour ville principale. — La confédération des Francs apparaît vers l’an 240 de J.-C. sous l’emp. Gordien III. Elle devint bientôt célèbre par sa bravoure, et fit diverses invasions en Gaule, surtout sous Gallien ; elle fut battue par Aurélien, Probus, Constance Chlore, Constantin (qui fit périr par milliers les prisonniers francs dans le cirque de Trêves). Les Francs revinrent dans les Gaules sous Constance II et sous Julien : ce dernier les battit en 358, mais il permit aux Francs Saliens de se fixer dans la Toxandrie (Brabant). Malgré ces guerres continuelles, les Francs comme les autres barbares, étaient en possession de fournir des recrues aux armées romaines ; divers Francs (Baudo, Sylvain, Mellobaude, Arbogast), furent tout puissants près des empereurs et disposèrent de la pourpre à leur gré. Lors de la grande invasion de 406, ils restèrent fidèles aux Romains, défendirent la frontière gauloise et voulurent barrer le passage aux barbares qui marchaient sur le Rhône ; n’ayant pu y réussir, ils prirent leur part des dépouilles de l’empire. En 429 au plus tard, sous Clodion, ils entrèrent en Gaule, s’établirent vers Tongres ou à Tournai, ravagèrent Trêves avec fureur, et parcoururent le pays jusqu’à la Loire. Ils s’allièrent souvent aux Romains contre les Armoricains, les Saxons, les Visigoths, et s’unirent à eux pour repousser, en 451, les hordes d’Attila dans les plaines de Châlons. Enfin, sous Clovis, ils devinrent le peuple dominant de la Gaule, et formèrent plusieurs petits royaumes dans ce pays qui prit alors le nom de France (V. FRANCE) ; à la même époque ils embrassèrent la religion catholique. — Les Francs étaient partagés en tribus nombreuses qui semblent avoir eu chacune leur roi. Les chefs militaires (heerzog) avaient autour d’eux des bandes d’antroueste (antrustions) ou fidèles qui, se groupant volontairement à leur suite, avaient pour vivre sa table ou le pillage. Il faut donc distinguer chez les Francs la nation et la bande. La couronne, bien qu’étant exclusivement le partage d’une seule famille, était néanmoins élective entre les membres de cette famille : le roi élu était élevé sur le pavois. Une assemblée générale, dite mall, décidait des grandes affaires. Un grand juge dit morddom (major domus, maire du palais), rendait la justice. Les coutumes, très simples d’abord, ne furent rédigées qu’après Clovis : les textes les plus anciens ne remontent pas au delà de Dagobert. Il y eut deux de ces codes grossiers, la Loi salique, la Loi ripuaire : ils répondaient à la division de la nation en Saliens et Ripuaires.

FRANCS (en Orient). Dans tous les États du Levant on désigne sous le nom de Francs tous les Européens, soit parce que les Français jouèrent le rôle le plus important dans ces contrées depuis le temps des Croisades, soit à cause des privilèges que la Porte a toujours accordés aux Français, qui furent très souvent ses alliés. On appelle langue franque un jargon parlé dans le Levant, qui sert d’intermédiaire entre les Européens et les Orientaux ; il est surtout composé d’italien.

FRANCS-MAÇONS, société secrète répandue dans différentes contrées du globe, surtout en Angleterre, en Allemagne et en France, a pour objet, d’après les statuts publiés par l’ordre même : « l’exercice de la bienfaisance, l’étude de la morale universelle, et la pratique de toutes les vertus ». Les Francs-Maçons se considèrent comme frères et doivent s’entr’aider en quelque lieu qu’ils se trouvent, à quelque nation, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent. On n’est admis dans l’ordre qu’après certaines cérémonies initiatrices et certaines épreuves dites voyages ; les initiés jurent de ne rien révéler des secrets de l’ordre. Ils ont des signes convenus pour se reconnaître. Les Francs-Maçons ont adopté certains symboles qui sont tous empruntés à l’art de bâtir : le tablier de peau, la truelle, l’équerre, le compas ; ils sont distribués en un certain nombre de petites assemblées dites loges, présidées chacune par un vénérable ; le lieu dans lequel ils se réunissent est appelé temple, en mémoire du temple de Salomon. Ils reçoivent, selon qu’ils sont plus ou moins avancés dans l’initiation, des grades divers, dont le nombre ne s’élève pas à moins de 33 ; mais il n’y a que trois de ces grades vraiment essentiels, ceux d’apprenti, de compagnon et de maître ; les initiés qui sont arrivés au grade le plus élevés forment une espèce de conseil qu’on nomme Grand Orient ; Le Grand Orient de France réside à Paris. Les Francs-Maçons ont deux banquets par an pour célébrer les deux fêtes de l’ordre, l’une au solstice d’été, l’autre au solstice d’hiver. — L’origine de la maçonnerie est enveloppée d’une grande obscurité : les uns la font sortir des mystères de l’Égypte et de la Grèce, les autres la font remonter à la fondation du temple de Jérusalem sous Salomon, et lui donnent pour instituteur Hiram, architecte de ce temple ; d’autres enfin la regardent comme un reste de l’ordre des Templiers, des Francs-Juges ou de la Société des Rose Croix. Selon l’opinion la plus probable, l’institution maçonnique devrait son existence à une confrérie ou association d’architectes et de maçons qui ne commence à être connue qu’au VIIIe siècle de notre ère ; ces artistes voyageant d’un bout de l’Europe à l’autre, auraient construit ces basiliques, ces cathédrales gothiques du moyen âge si remarquables par leur élégance et leur uniformité. C’est en Lombardie que ces maçons exercèrent d’abord leurs talents ; de là ils se répandirent dans la Gaule, pénétrèrent dans l’Allemagne à la suite de Charlemagne, et passèrent ensuite en Angleterre où ils formaient déjà au Xe siècle une puissante corporation, qui eut pour président le prince Edwin, frère du roi Athelstan ; on les voit au XIIIe siècle construire la magnifique cathédrale de Strasbourg sous la direction d’Erwin de Steinbach (1271). Ils avaient obtenu des empereurs et des papes le privilège exclusif d’exécuter certains travaux d’architecture : pour éviter toute concurrence, ils tenaient leurs procédés secrets et exigeaient un long noviciat. Avec le temps, et lorsque les procédés de l’architecture furent universellement connus, l’association maçonnique perdit son caractère primitif ; un grand nombre de personnes étrangères à l’architecture y furent admises ; néanmoins les instruments et les dénominations tirés de l’art de construire y conservés, mais ce ne furent plus que des symboles ; les réunions ne conservèrent bientôt plus de l’organisation primitive que l’esprit de fraternité. C’est en Angleterre que l’on trouve les traces les plus anciennes de l’ordre maçonnique organisé à peu comme il l’est aujourd’hui : en 1327 tous les étaient maçons ; en 1502 Henri VII se déclara protecteur de l’ordre et tint une loge dans son propre palais. Ce n’est qu’en 1725 que cette nouvelle maçonnerie fut introduite en France ; elle le fut par lord Derwent-Waters gentilhomme dévoué aux Stuarts. Elle ne tarda pas à se répandre ; elle eut pour grand maître en 1771 le duc de Chartres (depuis duc d'Orléans); et sous l'Empire, Joseph, frère de Napoléon; sous le second, le prince Murat.

Les associations maçonniques ont de tout temps excité la défiance des gouvernements, par la facilité qu'elles offrent aux conspirateurs de se réunir secrètement; on les a aussi regardées comme hostiles à la religion. Elles furent proscrites en 1425 par le parlement anglais, en 1561 par la reine Élisabeth; en 1757, le Châtelet de Paris procéda contre elles; elles furent également poursuivies en Espagne, en Russie; en Italie, les papes Clément XII, Benoît XIV, Pie VII et Léon XII les ont condamnées. Elles ont continué à subsister partout. Mais elles paraissent avoir perdu de leur importance philosophique; leurs réunions ont pour but principal des œuvres philanthropiques ou des banquets.

FRANCS-TAUPINS, talpari, fossores, ouvriers mineurs des armées qui fouillaient la terre à la façon des taupes, et sapaient la base des murs et des tours avec des machines de fer appelées talpæ. On les tenait en mépris : le nom de taupin devint une injure adressée par la noblesse aux milices des campagnes.

FRANCUS ou FRANCION, personnage fabuleux, que d'anciens chroniqueurs donnent pour père à la nation française. lis en font un fils d'Hector, qui serait venu s'établir en Gaule après la ruine de Troie. Ronsard, dans sa Franciade, avait adopté cette fable.

FRANEKER, v. du roy. de Hollande (Frise), sur un canal, à 17 k. O. de Leeuwarden; 5000 h. Bien bâtie, très-propre. Université longtemps florissante, fondée en 1585, supprimée en 1811, transformée depuis en Athénée; bibliothèque, jardin botanique, etc. Instruments de mathématiques, corderies.

FRANGIPANI (les), c.-à-d. Brise-pains, surnom de la famille des Schinella, lui vint, dit-on, de ce que dans un temps de famine l'un de ses membres distribua du pain au peuple de Rome. Elle se signala dans les XIIe et XIIIe siècles par son dévouement pour l'empire et son acharnement contre les Guelfes et le St-Siége, surtout contre Gélase II : ce pontife, arraché de l'autel et indignement maltraité par Cencio Frangipani, fut obligé de s'enfuir en France. Après la bataille de Tagliacozzo, 1268, Conradin fut livré par un Frangipani, Jean d'Astura, qui reçut pour prix de sa trahison des fiefs considérables et s'établit à Naples, où il devint chef d'une nouvelle branche de la même famille. On trouve encore auj. des Frangipani dans le Frioul et jusqu'en Hongrie.

FRANK (Jean Pierre), médecin, né en 1745 à Rotalben (margraviat de Bade), mort en 1821, attira l'attention par ses recherches sur la Police médicale, professa la médecine à l'Université de Gœttingue (1784), puis à celle de Pavie (1785), fut appelé en 1795 à Vienne pour organiser le service médical des armées, en 1804 à Wilna pour fonder une clinique, et refusa l'offre que lui fit Napoléon de se fixer en France. Ses principaux écrits sont : Système de police médicale (en allemand, 6 vol. in-8, Manheim, 1779-1819) : c'est le 1er ouvrage complet où aient été traitées toutes les questions d'hygiène publique; Médecine pratique (en latin, 6 vol. in-8, Manheim, 1792-1821), ouvrage vraiment pratique, fruit de 50 années d'observations : il a été trad. par Goudareau, 1820-1828. Frank a laissé son nom à un remède toni-purgatif qui a joui d'une grande vogue. — Son fils, Jos. Frank, né en 1771, le remplaça à Pavie, puis à Wilna, et publia ses Œuvres posthumes, Vienne, 1824. Il a donné lui-même un grand traité de pathologie médicale : Praxeos medicæ universæ præcepta, Leipsick, 1821-43, 13 vol. in-8, trad. en français par Bayle. — V. FRANCK et FRANCKE.

FRANKENAU, bourg de Bavière (Franconie moy.), à 25 k. d'Anspach; 1700 h. Résidence du prince de Hohenlohe-Schillingsfürst.

FRANKENBERG, v. du roy. de Saxe, à 12 kil. N. E. du Vieux-Chemnitz; 3500 hab. Lainages, toiles, étoffes de coton, indiennes, brasseries. Cuivre aux environs. Jadis fortifiée par Charlemagne pour la garantir des Saxons. Anc. comté. Parmi les comtes de Frankenberg, on remarque J. Henri, cardinal-archevêque de Malines et primat de Belgique, qui lutta contre l'empereur Joseph II pour la liberté de l’Église.

FRANKENHAUSEN, ville de la Principauté de Schwartzbourg-Rüdolstadt, sur la Wipper, à 55 k. N. E. de Gotha; 4000 h. Grande saline, eaux thermales. Les Anabaptistes y furent taillés en pièces en 1525: Th. Munzer, leur chef, fut pris et décapité.

FRANKENSTEIN, v. murée des États prussiens (Silésie), à 65 kil. S. O. de Breslau; 5370 hab.

FRANKFORT, capit. du Kentucky, sur la r. dr. du Kentucky, à 95 k. de sa jonction avec l'Ohio; 5000 h.

FRANKLIN (Benjamin), né en 1706 à Boston (Massachusetts), était fils d'un pauvre fabricant de savon et fut d'abord ouvrier imprimeur. A force d'ordre et d'économie, il devint lui-même en 1729 chef d'une imprimerie importante à Philadelphie, et acquit bientôt une honnête aisance. Il s'occupa dès lors d'objets d'utilité publique, fonda une bibliothèque et une société littéraire, publia des journaux et des almanachs qui lui servaient à répandre dans le peuple une utile instruction, et ne tarda pas à entrer dans l'administration. Il fut d'abord secrétaire (1736), puis membre de l'assemblée de Pensylvanie (1747), et fit adopter d'importantes mesures, telles que )'organisation d'une milice nationale, la fondation de colléges et d'hôpitaux. En même temps, il se livrait à l'étude des sciences, faisait de précieuses découvertes sur l'électricité, reconnaissait l'identité de la foudre et du fluide électrique, inventait le paratonnerre (1752) et faisait les plus heureuses applications de la science : on lui doit le système de chauffage connu sous le nom de Cheminée à la Franklin. Il fut nommé en 1753 maître général des postes en Amérique et fut député en 1757 en Angleterre, pour défendre près de la métropole les intérêts de ses compatriotes. Il réussit dans plusieurs négociations délicates et fit révoquer en 1765 l’acte du timbre, qui enlevait aux colonies américaines le droit de s'imposer elles-mêmes. Mais de nouvelles vexations ayant allumé la guerre entre l'Angleterre et l'Amérique, il quitta Londres en 1775. Nommé à son arrivée député de la Pensylvanie au congrès, il concourut avec Washington à organiser la défense du pays et eut une grande part à la déclaration de l'indépendance (1776). Envoyé en France pour solliciter des secours, il fut accueilli à Paris avec enthousiasme, et obtint tout ce qu'il demandait (1778). En 1783, il signa le traité de paix qui assurait l'indépendance de sa patrie. Il retourna deux ans après aux États-Unis; son retour fut un triomphe. Il fut nommé président de la Pensylvanie. En 1788, il se retira des affaires et mourut deux ans après, à l'âge de 84 ans. A sa mort, l'Union prit le deuil pendant un mois, et l'Assemblée nationale de France pendant 3 jours. — Franklin ne fut pas seulement un excellent citoyen et un habile physicien; il fut encore un grand moraliste et un modèle de vertu : il s'était créé une méthode de réforme morale, qui consistait à combattre successivement chaque vice. Il contribua au perfectionnement de ses concitoyens par une foule d'écrits populaires, parmi lesquels on remarque la Science du Bonhomme Richard. Turgot a résumé les plus beaux titres de Franklin. dans ce vers célèbre :

Eripuit cœlo fulmen, sceptrumque tyrannis.

Les œuvres de Franklin ont été réunies à Londres, 1806-1811, 3 vol. in-8. Elles ont été trad. en franç. dès 1773 par Barbeu-Dubourg. On a publié depuis la Science du Bonhomme Richard, avec divers opuscules, Dijon, 1795; des Mélanges de morale et d'économie politique, trad. par A. Ch. Renouard, 1825; les Mémoires de Franklin, trad. par Laboulaye, 1865, et sa Correspondance, trad. par Laboulaye, 1866. Son Éloge a été lu par Condorcet à l'Académie des sciences, dont il était associé. M. Mignet a publié en 1848 une Vie de Franklin à l'usage de tout le monde. Son nom a été donné, aux États-Unis, à un grand nombre de comtés et de ville.

FRANKLIN (le capitaine sir John), célèbre marin anglais, entreprit en 1845 d'aller à la recherche du passage du Nord-Ouest, mais, depuis son départ, on ne reçut pas de ses nouvelles. A la sollicitation de sa femme, plusieurs expéditions furent envoyées à sa recherche : le capitaine John Rae découvrit, en 1854, aux env. de la baie d'Hudson, des débris de l'équipage du capitaine Franklin ; enfin, Maclintock trouva, en 1859, la preuve qu'il était mort dès 1847 au milieu des glaces polaires, sur la côte N. O. de l'île du Roi-Guillaume. Un prix a été décerné à Franklin après sa mort par la Société de Géographie de Londres comme ayant découvert un passage au Nord-Ouest.

FRA-PAOLO. V. SARPI.

FRASCATI, Tusculum, v. du territ. romain, à 17 k. S. E. de Rome ; 6000 h. Évêché, fondé en 269. Aux env., villas délicieuses, entre autres les villas Borghèse, Aldobrandini, Monti, Bracciano, Falconieri, Torlonia, Rufinella, etc. C'est là qu'étaient autrefois les célèbres maisons de campagne de Lucullus et de Cicéron. — L'ancienne ville de Tusculum, détruite par les Romains en 1191, n'était plus qu'un pauvre village lorsque le pape Paul III, vers 1550, la releva, l'entoura de murailles et donna l'exemple d'y construire des villas.

FRAT, nom arabe de l’Euphrate.

FRATICELLI (diminutif de l'italien frate, frère), nom donné quelquefois aux Franciscains, qui s'appelaient eux-mêmes Frères mineurs. On a désigné plus spécialement sous ce nom une subdivision du Tiers-Ordre de Franciscains nommés aussi Béguins, et une secte d'hérétiques née au sein de l'ordre des Franciscains : ils prétendaient que l’Église romaine était la Babylone de l’Apocalypse, que la règle de St-François était la règle évangélique observée par J.-C. et ses apôtres, que les sacrements étaient inutiles, et ils faisaient consister la perfection dans la pauvreté. Les papes Jean XXII et Boniface VIII les condamnèrent.

FRAUENBURG, v. des États prussiens (Prusse), sur le Frische-Haff, à 9 kil. S. O. de Braunsberg ; 2200 hab, Résidence de l'évêque catholique d'Ermeland. Cathédrale, où l'on voit le tombeau de Copernic, ainsi qu'une machine hydraulique inventée par lui.

FRAUENFELDT, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Thurgovie, à 33 Kil. N. E. de Zurich ; 2800 h. Elle est bien bâtie. Ancien château sur une hauteur. La diète helvétique se réunissait jadis dans cette ville.

FRAUNHOFER (Joseph), opticien bavarois, né en 1787 à Straubing, m. en 1826, était fils d'un simple vitrier et fut longtemps ouvrier tailleur de verres. A force de travail, il s'instruisit dans les sciences physiques et mathématiques, ce qui lui permit d'apporter dans son industrie d'importants perfectionnements et même de faire des découvertes en optique. Il fut nommé conservateur du cabinet de physique de Munich et membre de l'académie de cette ville. Fraunhofer perfectionna la fabrication du crown-glass, ainsi que celle de l’héliomètre, du micromètre, du microscope achromatique, et exécuta le grand télescope parallactique de Dorpat. Il fit une étude particulière de la diffraction de la lumière, du spectre solaire, et obtint sans le secours d'aucun prisme un spectre homogène.

FRAUSTADT, v. des États prussiens (Posen), à 77 kil. S. O. de Posen ; 6000 h. Tribunal. Draps, toile damassée. Les Suédois y battirent les Saxons et les Russes en 1706.

FRAXINET. V. LA GARDE-FRESNET.

FRAYSSINOUS (l'abbé Denis de), né en 1765 à Curières (Aveyron), mort en 1842, fit depuis 1801, aux Carmes d'abord, puis à St-Sulpice, des Conférences sur la religion, qui attirèrent la foule et qui exercèrent une influence salutaire sur la jeunesse, fut, au retour des Bourbons, nommé premier aumônier de Louis XVIII, fut en 1822 sacré évêque d'Hermopolis, admis à l'Académie française, et nommé grand maître de l'Université ; il reçut en outre, en 1824, le portefeuille des affaires ecclésiastiques qu'il garda jusqu'en 1828. Il s'attacha à faire prévaloir la religion dans l'éducation de la jeunesse, se montra favorable aux Jésuites, et ne craignit pas d'avouer leur existence en France. Il vivait dans la retraite lorsqu'en 1833 Charles X lui confia l'éducation du duc de Bordeaux. Ses Conférences ont été publiées en 1825 sous le titre de Défense du Christianisme (3 vol. in-8, auxquels il en a été ajouté un 4e en 1843); on a en outre de lui : Vrais principes sur les libertés de l'Église gallicane (1818), Oraisons funèbres du prince de Condé (1818); du cardinal Talleyrand (1821), de Louis XVIII (1824). Il se faisait remarquer par une éloquence mesurée, une logique pressante, un ton grave et plein d'autorité.

FRAZER, fleuve de l'Amérique du N. (Nouv.-Calédonie), sort du versant O. des monts Rocheux, coule au S., puis à l'O. et se jette, après un cours de 500 k., dans l'Océan Pacifique. Riches placers, découv. en 1858.

FRÉ, dieu de l'anc. Égypte, fils de Fté et l'un des 3 Khaméfis, est le symbole du Soleil. On l'adorait sous la figure d'un jeune homme ou d'un sphinx portant sur le front un disque rouge ou vert.

FRÉDÉGAIRE, dit le Scholastique, ce qui signifiait le Savant, chroniqueur du VIIe s., né à ce qu'on suppose, en Bourgogne, mort vers 660, a laissé une chronique en 5 livres : les trois premiers ne sont qu'une compilation de Jules Africain, Eusèbe, etc., et vont jusqu'à la mort de Bélisaire (561); le IVe est un abrégé de Grégoire de Tours et va jusqu'en 584; le Ve continue l'histoire jusqu'en 641 et contient de précieux renseignements sur les règnes de Clotaire II, Dagobert I et Clovis le Jeune. Quatre anonymes y ont ajouté un VIe livre qui va jusqu'en 748. Le Ve livre, le plus important, se trouve à la suite du Grégoire de Tours de Ruinart, et dans Duchesne (Scriptores coætanei). M. Guizot l'a traduit dans sa Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France.

FRÉDÉGONDE, reine de France, née en 543 à Montdidier, d'une famille obscure, épousa Chilpéric I, après lui avoir fait répudier Audouère dont elle était la suivante, et avoir assassiné Galsuinte, 2e femme du roi. Brunehaut, sœur de Galsuinte et femme du roi Sigebert, ayant poussé son époux à venger cette mort, celui-ci envahit la Neustrie; mais il fut tué à Vitry par des gens qu'avait apostés Frédégonde (575). Cette femme se défit également de Mérovée, fils de Chilpéric et d'Audouère, qui avait épousé Brunehaut devenue veuve, de l'évêque Prétextat, qui avait béni cette union, et de plusieurs autres. Enfin on l'accuse d'avoir fait assassiner Chilpéric lui-même, qui venait de découvrir son commerce criminel avec un seigneur nommé Landry (584). Frédégonde avait eu un fils de Chilpéric : elle le fit reconnaître roi en Neustrie sous le nom de Clotaire II, gouverna comme régente, défit en 593 à Droissy (Truccia), près de Soissons, Childebert fils de Brunehaut, puis, en 596, Brunehaut elle-même, à Latofao, Elle mourut à Paris l'année suivante.

FRÉDÉRIC (S.), l'apôtre des Frisons, évêque d'Utrecht de 820 à 838, fut massacré par ordre de l'impératrice Judith de Bavière, dont il avait censuré les désordres. On l'honore le 18 juillet.

FRÉDÉRIC, souverains de divers pays.

Allemagne.

FRÉDÉRIC I, Barberousse, empereur d'Allemagne, fils de Frédéric le Borgne, duc de Souabe, naquit en 1121, et obtint la couronne en 1152, à la mort de Conrad III, son oncle. Il commença par pacifier l'Allemagne en se réconciliant avec Henri le Lion (avec lequel au reste il ne tarda pas à se brouiller de nouveau), et replaça sous la domination impériale les royaumes d'Arles, de Pologne et de Danemark. La plus grande partie de son règne fut employée, tantôt à conquérir des duchés en Italie, tantôt à y réprimer des révoltes. Sans cesse en guerre avec Alexandre III, qui avait pris en main la défense des cités guelfes, il fut excommunié en 1160 par ce pape, et fut obligé, après avoir été défait à Legnano par les Milanais (1176), de venir baiser les pieds du pontife, qui ne lui pardonna qu'à ce prix. En 1183, le traité de Constance rendit la paix et l'indépendance à l'Italie. Roi chevaleresque, Frédéric prit la croix en 1189, à la voix de Guillaume de Tyr : il remporta quelques avantages sur les Turcs en Asie-Mineure; mais son armée, forte de 100 000 hommes, fut presque entièrement détruite par les maladies, et lui-même il se noya dans la petite riv. de Sélef (l'anc. Calycadnus). Son fils Henri IV, pour lequel il avait obtenu la main de Constance, héritière de la Sicile, lui succéda.

FRÉDÉRIC II, empereur d'Allemagne, roi des Deux-Siciles sous le nom de Frédéric I, né en 1194, fils de Henri VI et de Constance, succéda à son père en 1197; mais il ne fut paisible possesseur de la couronne qu'en 1220, après la mort de ses deux compétiteurs, Othon de Brunswick et Philippe de Souabe. Frédéric avait été protégé par le pape Innocent III dans sa lutte contre ses compétiteurs, et en retour il avait fait vœu d'aller combattre les Infidèles; cependant ce ne fut qu'après avoir été excommunié par Grégoire IX qu'il se décida à partir (1228). Cette croisade fut terminée sans combat : Frédéric traita à prix d'or avec le sultan Mélédin de la reddition de Jérusalem, et se fit couronner roi de la ville sainte : sa lâche conduite le fit anathématiser par le pape. A son retour, il trouva une partie de l'Italie soulevée contre lui, mais il réussit à tout faire rentrer sous son pouvoir. Une 2e révolte ayant eu lieu dans la Lombardie en 1240, il saccagea Milan, pilla les églises et commit, surtout contre le clergé, d'horribles cruautés. Il fut excommunié de nouveau (1245) : le pape Innocent IV le déclara déchu, et appela au trône Henri Raspon, landgrave de Thuringe, puis Guillaume, comte de Hollande. Accablé de fatigues et de soucis, Frédéric II mourut en 1250, à Fiorentino (près de Foggia dans la Pouille) : on le crut empoisonné par Mainfroi, un de ses bâtards. Ce prince, impie, cruel et débauché, possédait cependant une intelligence remarquable : il parlait plusieurs langues, n'était étranger à aucune des connaissances de son temps, aimait et cultivait même les lettres; on a de lui quelques poésies en langue italienne, des Lettres en latin, et un traité De arte venandi cum avibus. Il développa les études à Padoue, à Bologne et à Salerne, établit une université à Naples, jeta les fondements de celle de Vienne, apporta de l'Orient des Mss. précieux, fit traduire en latin les œuvres d'Aristote, l’Almageste de Ptolémée et les principaux traités de Galien, favorisa l'agriculture, l'industrie et le commerce, et réforma la législation. Ou doit à M. Huillard-Bréholles l’Histoire diplomatique de Frédéric II, Paris, 1853-60, 7 v. in-4.

FRÉDÉRIC III, le Pacifique, empereur d'Allemagne, né en 1415, mort en 1493, était fils d'Ernest, duc d'Autriche, et porta d'abord, comme duc, le nom de Frédéric V. Élu après la mort d'Albert II en 1440, il ne porta sur le trône qu'une extrême indolence. Mathias Corvin, roi de Hongrie, n'ayant pu obtenir de lui aucun secours contre les Turcs, envahit ses États une fois qu'il fut débarrassé de ces ennemis, et le força à lui céder Vienne et toute la Basse-Autriche, qu'il garda de 1485 à 1490; Charles le Téméraire se fit céder par lui les droits impériaux sur les provinces du Rhin. Néanmoins, Fréd. prépara l'agrandissement de la maison d'Autriche en mariant son fils Maximilien avec Marie, héritière du duché de Bourgogne.

FRÉDÉRIC, le Beau, fils de l'empereur Albert I, né en 1286, régna à partir de 1308 sur le duché d'Autriche. Il fut élu empereur par quelques électeurs en 1314, à la mort d'Henri VII, mais le plus grand nombre avait déjà donné la couronne à Louis de Bavière. Les deux compétiteurs levèrent des armées : Louis vainquit Frédéric à Muhldorf en 1322, le retint prisonnier pendant trois ans, et le força à renoncer solennellement à ses prétentions. Il mourut en 1330.

Brandebourg et Prusse.

FRÉDÉRIC I, électeur de Brandebourg, porta d'abord le nom de Frédéric VI comme burgrave de Nuremberg et comte Hohenzollern. Il acheta en 1415 de l'empereur Sigismond la Marche de Brandebourg, à laquelle était attaché le titre d’électeur, combattit les Mecklembourgeois et les Poméraniens, enleva aux premiers la Marche de Priegnitz, aux seconds l'Uckermarck, 1422; mais fut moins heureux en combattant les Hussites à la tête des troupes impériales, 1421 et 1431. Il m. en 1440.

FRÉDÉRIC II, électeur de Brandebourg, 1440-70, 2e fils du préc., appelé Dent de fer à cause de sa force, acheta du grand maître de l'ordre Teutonique la Nouv.-Marche, et réunit, après la mort de son frère cadet, la Vieille-Marche et la Marche de Priegnitz à ses possessions. Il disputa sans succès la Basse-Lusace à George Podiebrad, roi de Bohême. Il abdiqua en 1470, en faveur de son frère Albert l'Achille.

FREDÉRIC-GUILLAUME, électeur de Brandebourg, dit le Grand Électeur, né en 1620, régna de 1640 à 1688, et augmenta la puissance de sa maison. Il remporta plusieurs avantages sur les Polonais, signa avec eux en 1657 une paix qui lui assurait la souveraineté de la Prusse ducale, se joignit en 1674 à l'Espagne et à la Hollande contre Louis XIV, entra en Alsace, puis alla repousser de ses États les Suédois auxquels il imposa un traité onéreux. Ce prince favorisa le commerce, fit creuser un canal de la Sprée à l'Oder, et donna asile à un grand nombre de Protestants chassés de France par la révocation de l'édit de Nantes.

FRÉDÉRIC I, roi de Prusse, d'abord électeur de Brandebourg sous le titre de Frédéric III, né en 1657, mort en 1713, succéda en 1688 dans l'électorat à son père, Frédéric-Guillaume. En 1702, l'empereur Léopold, qu'il avait secouru contre les Turcs, érigea en sa faveur le duché de Prusse en royaume. Généreux et magnifique, il s'entoura d'une cour brillante, introduisit les arts dans ses États, fit des largesses aux savants, fonda l'université de Halle (1694), l'Académie de peinture (1696), et l'Académie de Berlin (1700), dont Leibnitz fut le président.

FRÉDÉRIC-GUILLAUME I, roi de Prusse, né en 1688, de Frédéric I, lui succéda en 1713. Autant son père fut généreux et ami des arts, autant il se montra avare, rude et ennemi de la civilisation : les exercices du corps trouvèrent seuls grâce devant lui, la vie de caserne fut la sienne. Pendant son règne, la Prusse offrit l'aspect d'un camp, où se trouvaient rassemblés des soldats géants, recrutés dans les différentes parties du monde, qu'il se plaisait à faire manœuvrer. En 1715, il se joignit à Frédéric IV, roi de Danemark, contre la Suède : il obtint à la paix en 1720, la cession d'une partie de la Poméranie. Il mourut en 1740, peu regretté de ses sujets et peu digne de l'être; mais il laissait à son fils, le célèbre Frédéric II, des trésors et une armée bien disciplinée.

FRÉDÉRIC II, le Grand, né à Berlin en 1712, mort en 1786, était le 3e fils de Frédéric-Guillaume, et eut pendant sa jeunesse beaucoup à souffrir des rigueurs paternelles. Il monta sur le trône en 1740. Cette année même, après la mort de l'empereur Charles VI, qui avait laissé sa succession à sa fille Marie-Thérèse, Frédéric, profitant de la position difficile où se trouvait cette princesse, fit valoir d'anciennes prétentions sur la Silésie, envahit cette province, et, après avoir battu les généraux autrichiens, se la fit céder en 1741, par le traité de Breslau. Par ce traité, Frédéric avait perfidement abandonné la France, son alliée, qui était aussi alors en guerre avec l'Autriche. En 1744, Marie-Thérèse ayant voulu reprendre la Silésie, Frédéric rentra en campagne : il remporta en 1745, sur le prince Charles de Lorraine, général des troupes impériales, la victoire de Friedberg, bientôt suivie du traité de Dresde, par lequel il était confirmé dans la possession de la province en litige. Pendant les dix ans de paix dont jouit ensuite la Prusse, Frédéric fit fleurir le commerce, l’industrie et les arts, encouragea les sciences et les lettres, les cultiva lui-même avec succès, appela à sa cour Voltaire, Diderot, d’Alembert, Maupertuis, etc., et éleva son royaume à un si haut point de gloire et de prospérité que les autres puissances en furent inquiètes. En 1756, commença la guerre dite de Sept ans ; l’Autriche étant parvenue à mettre dans ses intérêts la France, la Saxe, la Suède et la Russie, ces puissances se coalisèrent contre Frédéric, qui n’avait qu’un allié peu sûr, l’Angleterre. Il eut à livrer dans cette guerre 16 combats : malgré des efforts inouïs, il fut un instant chassé de la plus grande partie de son royaume ; mais il se releva tout à coup en battant à Rosbach les armées française et autrichienne commandées par le général de Soubise (1757), reconquit bientôt tout ce qu’il avait perdu, et signa en 1763 la paix d’Hubertsbourg, qui lui assurait de nouveau la Silésie. Sorti vainqueur de cette longue lutte, Frédéric reporta ses vues sur l’intérieur du royaume, répara les maux de la guerre, fit renaître l’abondance et la prospérité, et proclama dans ses États la tolérance religieuse. En 1772, il prit part au démembrement de la Pologne et se fit adjuger la Prusse occidentale. En 1778, il s’opposa à l’occupation de la Bavière par l’empereur Joseph II : il força ce prince à signer le traité de Teschen, 1779. Frédéric II est assurément un des grands rois des temps modernes : il éleva son petit État au rang d’une grande puissance qui fut longtemps l’arbitre de la paix et de la guerre en Europe. Doué surtout du génie de la guerre, il n’arrêtait souvent ses plans que sur le champ de bataille. Il se montra dans toute sa carrière le plus intrépide des soldats, le plus habile et le plus tenace des politiques. Ce prince a laissé plusieurs ouvrages, tant en vers qu’en prose, tous écrits en français, sa langue de prédilection. Trop souvent, il y professe des doctrines antireligieuses. On y remarque l’Anti-Machiavel, écrit avant son avénement ; les Poésies du philosophe Sans-Souci (nom qu’il prenait dans ses écrits) ; l’Art de la guerre, poëme en 6 chants ; des Mémoires historiques, et une Correspondance des plus intéressantes. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II a fait faire à ses frais une magnifique édition des Œuvres complètes de Frédéric II, 33 vol. in-8 (1840-1857). Ses Mémoires ont été publiés conformément au manuscrits originaux par Boutaric et Campardon, 2 vol. in-8, 1866. La Vie de Frédéric II a été écrite par Denina et par Paganel.

FRÉDÉRIC-GUILLAUME II, né en 1744, mort en 1797, était neveu du grand Frédéric et lui succéda en 1786. Il se livra sans aucun ménagement à son goût pour le plaisir, et sacrifia d’habiles ministres et de bons généraux aux caprices de ses maîtresses ; il se laissa en outre aller aux rêveries des Illuminés, qui égarèrent son imagination et l’entraînèrent dans des fautes ridicules ; il fit ainsi perdre à la Prusse la majeure partie de sa prépondérance. Après avoir joué un rôle peu honorable dans la guerre qui éclata en 1787 entre la Porte et la Russie, il fut, contre toute attente, le premier à proposer, en 1791, la coalition de Pillnitz contre la République française. Son armée, sous les ordres du duc de Brunswick, envahit la France et s’avança jusque dans les plaines de Champagne ; l’on s’attendait à la voir marcher sur Paris, lorsqu’elle se retira tout à coup et se reporta sur le Rhin. Il fit avec la France une paix à part en 1795. Dans les années précédentes, il avait pris part avec la Russie aux nouveaux partages de la Pologne et avait acquis la Prusse méridionale.

FRÉDÉRIC-GUILLAUME III, fils du préc., né en 1710, mort en 1840, succéda à son père en 1797. Il garda jusqu’en 1805 la neutralité dans les diverses coalitions formées contre la France ; mais il finit par céder aux instances de la Russie. La campagne de 1806, couronnée par la victoire d’Iéna, ouvrit aux Français les portes de Berlin (où le roi ne put rentrer qu’en 1809), et le traité de Tilsitt lui enleva la moitié de son territoire. Rentré dans sa capitale, Frédéric-Guillaume s’appliqua à réparer les maux de la guerre ; mais de nouveaux désastres l’attendaient, et ses États eurent encore beaucoup à souffrir pendant les guerres sanglantes de 1812 à 1814. Après la bataille de Waterloo, la Prusse ne tarda point à se relever sous l’administration sage et paternelle de Frédéric, dont les efforts constants et la modération contribuèrent puissamment à maintenir la paix européenne. Cependant il fut toute sa vie fort hostile aux Catholiques. Ce prince avait épousé en 1793 Louise-Amélie, fille du duc de Mecklembourg-Strélitz, pour laquelle il ressentit toujours l’amour le plus vif : Il la perdit en 1810. En 1824, il contracta un mariage morganatique avec la comtesse Augusta de Harrach, qu’il nomma princesse de Liegnitz et comtesse de Hohenzollern.

FRÉDÉRIC-GUILLAME IV, fils du préc., né en 1795, m. en 1861 (le 1er janv.), monta surie trône en 1814. Il porta dans les affaires une grande irrésolution. Après avoir promis une constitution, il l’ajourna pendant plusieurs années ; cependant il convoqua en 1847 les États généraux, mais trop tard pour conjurer l’orage. En 1848, il vit éclater dans Berlin une émeute terrible et fut contraint de saluer de son balcon les cadavres des insurgés. Il donna enfin une constitution (5 déc. 1848), mais il s’empressa de la modifier dès que le danger fut passé. Après une tentative intempestive de ses partisans pour reprendre Neuchâtel en Suisse, il consentit à renoncer à ses droits sur cette principauté (1857). L’Allemagne du Nord lui doit le Zollverein. Atteint en 1857 d’un affaiblissement mental, il laissa l’administration à son frère, le prince Frédéric-Guillaume, auj. régnant.

Danemark.

FRÉDÉRIC I, roi de Danemark et de Norvége, né en 1471, mort en 1533, fils de Christian I, fut choisi en 1523 pour succéder à Christian II, son neveu, qui venait d’être déposé. Il se maintint sur le trône par une habile politique, fit alliance avec Gustave Wasa, roi de Suède, et avec les villes anséatiques, et gagna la noblesse par ses libéralités. Il introduisit le Luthéranisme dans ses États (1526). On lui reproche la conduite qu’il tint à l’égard de Christian II, qu’il fit emprisonner au mépris des conventions.

FRÉDÉRIC II, roi de Danemark et de Norvège, né en 1534, mort en 1588, succéda en 1559 à son père Christian III, et conquit le pays des Ditmarses, qu’il partagea avec les duc de Holstein. De 1561 à 1570, il eut à soutenir la guerre contre la Suède pour le motif le plus futile : il s’agissait de savoir lequel des deux monarques porterait sur son écusson les trois couronnes de Danemark, Suède et Norvége, autrefois unies. Cette guerre fut terminée par la paix de Stettin, qui reconnut au Danemark la Norvège, la Scanie, la Blékingie et le Gothland. Frédéric protégea les sciences et l’industrie : il donna à Tycho-Brahé l’île de Hewen pour y construire le fameux observatoire d’Uranienborg.

FRÉDÉRIC III, roi de Danemark et de Norvége, né en 1609, mort en 1670, succéda en 1648 à son père Christian IV. Assiégé dans Copenhague en 1658 par Charles Gustave, roi de Suède, il fut délivré par le courage des habitants. En 1660, après s’être fait de sûrs appuis du clergé et de la bourgeoisie, il obtint une autorité absolue, et le trône, auparavant électif, fut rendu héréditaire dans sa famille. Homme crédule, ce prince perdit beaucoup d’argent à la recherche de la pierre philosophale.

FRÉDÉRIC IV, roi de Danemark et de Norvége, né en 1671, mort en 1730, succéda à son père Christian V en 1699, se ligua avec le czar Pierre I contre le roi de Suède Charles XII, mais fut bientôt contraint à signer une paix honteuse à Travendahl (1700). Lors du désastre de Charles XII à Pultawa, il reprit les armes et parvint à enlever au roi de Suède plusieurs places, notamment Stralsund. La mort de Charles XII amena une paix définitive qui fut toute à l'avantage du Danemark (1720). Frédéric fonda plusieurs colonies, établit une mission à Tranquebar, fonda plusieurs institutions utiles, notamment la maison des orphelins, l'école militaire de Copenhague, et 240 écoles pour l'instruction des classes pauvres.

FRÉDÉRIC V, roi de Danemark et de Norvége, né en 1723, mort en 1766, succéda en 1746 à son père Christian VI, et eut un règne pacifique. Il peupla le Jutland de colonies allemandes et françaises, fit l'acquisition de Ste-Croix aux Antilles et des îles Nicobar dans l'Inde, développa le commerce, encouragea les sciences, établit une académie de peinture à Copenhague, et prépara l'affranchissement des paysans, que compléta Christian VII, son fils et son successeur.

FRÉDÉRIC VI, roi de Danemark, né en 1768, mort en 1839, fut associé dès 1784 à son père Christian VII, qui était tombé en enfance; mais ne prit le titre de roi qu'en 1808. Il eut d'abord à réparer les maux que les Anglais avaient faits à Copenhague sous le règne de son père en bombardant cette ville (1807); il battit les Suédois qui voulaient s'emparer de la Norvége, et les obligea à demander la paix, qui fut signée à Jonkœping en 1809. Il s'allia avec la France, et lui resta longtemps fidèle : aussi en 1814, se vit-il enlever la Norvége, qui fut donnée à la Suède. Il reçut néanmoins en échange la Poméranie suédoise, l'île de Rugen et le Lauenbourg. Frédéric ne s'occupa plus que de l'administration intérieure de son royaume : il établit en 1834 des États provinciaux, et favorisa de tout son pouvoir les arts, les sciences, l'agriculture et le commerce. Il eut pour successeur son cousin Christian VIII.

Suède.

FRÉDÉRIC I, roi de Suède, né en 1676, mort en 1751, était landgrave de Hesse-Cassel lorsqu'il épousa, en 1715, Ulrique-É1éonore, sœur de Charles XII, roi de Suède, et héritière du trône. Ulrique, ayant succédé à son frère en 1719, ne tarda pas à se démettre de son autorité en faveur de son époux, et celui-ci fut proclamé roi en 1720. Il conclut la paix avec le Danemark, auquel il céda le duché de Slesvig, et signa avec la Russie en 1721 le traité de Nystadt, qui enlevait à la Suède la Livonie, l'Esthonie, l'Ingrie et la Carélie. Depuis, il ne s'occupa plus qu'à réparer les maux qu'avait soufferts la Suède pendant les guerres de Charles XII. Il rétablit les finances, l'agriculture et le commerce, protégea les sciences et fonda une académie à Stockholm.

Palatinat.

Le Palatinat comte cinq princes du nom de Frédéric : I (1449-1476), II (1544-1554), III (1557-1576), IV (1583-1610), V (1610-1632). Le seul qui ait joué un rôle important est Frédéric V, qui épousa en 1618 Élisabeth, fille de Jacques I, roi d'Angleterre. A la sollicitation de cette princesse, il se mit à la tête du parti protestant en Allemagne, et accepta la couronne de Bohême que lui offrirent en 1619 les habitants de ce pays, révoltés contre l'empereur Ferdinand II; ce prince s'était rendu odieux aux dissidents de la Bohême en violant leurs privilèges. Frédéric V entra à Prague, mais il en fut chassé dès l'année suivante par l'armée impériale, fut mis au ban de l'empire et se vit dépouillé de ses États héréditaires, qui furent donnés à la Bavière. Il mourut en 1632. Il avait eu 13 enfants, dont le plus connu est Charles-Louis, qui recouvra le Palatinat en 1648.

Sicile et Naples.

FRÉDÉRIC I D'ARAGON, roi de Sicile de 1296 à 1337, avait d'abord été chargé du gouvernement de l'île par son frère Jacques lorsque celui-ci alla en 1291 prendre possession du royaume d'Aragon. Jacques ayant cédé la Sicile à Charles II d'Anjou, déjà maître de Naples, le pape ordonna en 1296 à Frédéric de la lui livrer; mais ce jeune prince refusa d'obéir, et les Siciliens le proclamèrent roi en 1296. Après avoir lutté avec avantage contre les forces réunies de la France, de Naples et de l'Aragon, il obtint la paix en 1302, à condition qu'il épouserait Éléonore, 3e fille de Charles II, et qu'il renoncerait au titre de roi de Sicile pour prendre celui de roi de Trinacrie.

FRÉDÉRIC II D'ARAGON, le Simple, roi de Sicile, petit-fils du préc., succéda en 1355 à Louis, son frère aîné, et régna jusqu'en 1377. Il perdit en 1356 Messine et Palerme, que lui enleva Jeanne, reine de Naples, et ne recouvra ces deux villes que 9 ans après. Il fit la paix avec Jeanne en 1372, et lui paya tribut.

FRÉDÉRIC D'ARAGON, roi des Deux-Siciles, succéda en 1496 à son neveu Ferdinand II. A peine était-il assis sur le trône qu'il se vit enlever son royaume par les armes de Louis XII et par la perfidie de Ferdinand, roi d'Aragon et de Castille son parent, qui, après avoir feint de le secourir, s'entendit avec Louis XII pour partager ses États. Il se réfugia en France, et Louis XII lui donna en dédommagement le duché d'Anjou avec 30 000 ducats.

FRÉDÉRIC-AUGUSTE, rois de Saxe. V. AUGUSTE.

FREDERICIA, v. du Danemark (Jutland), sur le petit Belt, dont elle commande l'entrée, à 60 kil. N. E. de Ribe; 4500 h. Place forte, bâtie en 1650 sous Fréd. III, prise et brûlée par les Suédois en 1651 ; bombardée en 1849 par les Allemands, qui furent battus peu après sous ses murs par les Danois (6 juillet).

FREDERIKSBORG, dép. de la province danoise des Iles, occupe le N. E. de l'île de Sélande. Il tire son nom du château royal de Frederiksborg, situé à 18 kil. N. N. O. de Copenhague, et construit au milieu d'un petit lac. Fondé par Frédéric II, il fut achevé par Christian IV en 1624; plusieurs rois ont été couronnés dans son église.

FREDERIKSHALD OU FREDERIKSHALL, auparavant Halden, v. de Norvège (Aggerhuus), à 25 kil. S. E. de Christiania, sur le golfe de Swinesund et près des frontières de la Suède; 5000 hab. Port (bon jadis), château fort. Les Suédois y soutinrent un siége en 1665 ; Charles XII fut tué devant cette place en l'assiégeant à son tour en 1718 : un monument a été élevé en 1860 sur le lieu où il fut frappé.

FREDERICKSHAMN, v. de la Russie d'Europe (Finlande), à 100 kil S. O. de Viborg; 2700 hab. Port, école de cadets. Exportation de goudron et de bois de construction. — Cette ville nommée d'abord Wekhalax reçut son nom actuel de Frédéric I, qui la fortifia et lui accorda des privilèges. Elle fut prise par les Russes en 1712. Il y fut signé en 1809 un traité par lequel la Suède cédait à la Russie la Finlande et les îles d'Aland.

FREDERICKSHAVN, v. et port du Danemark (Jutland), sur le Cattégat, à 60 k. N. E. d'Aalborg. Phare. On s'y embarque ordinairement pour la Norvége.

FREDERIKSTADT, ville de la prov. du Sleswig, sur l'Eider, à 33 kil. S. O. de Slesvig; 5000 hab. Fondée en 1621 par des Hollandais de la secte d'Arminius, forcés d'émigrer.

FREDERIKTOWN ou SAINT-ANN, v. et port du Nouv. Brunswick (Possession anglaise dans l'Amérique du N.), et capit. de la province, sur le St-Jean. par 69° 5' long. O., 45° 55' lat. N.; 5000 hab.

FREETOWN, c.-à-d. ville libre, v. de la Guinée septent., sur la Sierra-Leone, près de son embouch. dans l'Océan, par 14° 22' long. O., 8° 32' lat. N.; ch.-l. de la colonie anglaise de Sierra-Leone; 10 000 h. Église, théâtre, casernes; écoles mutuelles pour les nègres. Fondée par la Société africaine de Londres pour l’émancipation des Noirs.

FRÉGELLES, Fregellæ, auj. Ceprano près de Pontecorvo; v. du Latium, chez les Volsques, à l'O. d'Anagnia, fut soumise par les Romains dans la guerre contre les Volsques (495-376 av. J.-C.); se révolta, mais fut reprise en 329 et 314; reçut une colonie romaine en 329, et fut détruite de fond en comble par Opimius en 125 av. J.-C., après une insurrection en faveur de la cause italique.

FREGOSO (au pluriel FREGOSI), riche et puissante famille de marchands génois, qui, après que la noblesse eut été écartée du gouvernement, acquit un grand crédit et fut longtemps en lutte avec la famille des Adorni. Ils avaient embrassé le parti gibelin. Le 1er personnage de cette maison qui figure dans l'histoire est Dominique Fregoso, élu doge en 1371, après l'expulsion de Gabriel Adorno, à laquelle il avait puissamment contribué. Il fut lui-même déposé en 1378, à la suite d'une révolte excitée par Antoine Adorno et Nic. Guarco. — Jacques Fregoso, fils de Dominique, fut nommé doge en 1390 après l'abdication d'Ant. Adorno, mais fut forcé dès l'année suivante de céder la place à Ant. Adorno même, qui regrettait de l'avoir abandonnée. Thomas Fregoso, son fils, fut élu en 1415, et abdiqua en 1421, lors du siège de Gênes par Carmagnole, général de Philippe-Marie, duc de Milan, auquel les Génois voulaient, contre son avis, se soumettre. En 1435 il fut de nouveau nommé doge, mais déposé en 1442 à la suite d'une conjuration de Jean Antoine de Fiesque. — Après quelques révolutions, Jean Fregoso, puis Louis Fregoso furent doges (1447-1450). Ce dernier fut déposé en 1450, et Pierre Fregoso, neveu de Thomas, lui succéda. En 1458 Pierre persuada aux Génois de se soumettre à Charles VII, roi de France ; mais en 1459 il essaya de chasser les Français de Gênes qu'ils occupaient, et périt dans cette tentative. — Paul Fregoso était d'abord archevêque de Gênes : il continua les projets de Pierre, contribua à l'expulsion des Français, et fut élu doge en 1463 ; ma1s il fut peu après obligé de se retirer devant les troupes de François Sforce, duc de Milan, à qui Louis Xl avait cédé ses droits sur Gênes. — Baptiste Fregoso, neveu du préc., fut élu en 1478, et chassé en 1483 par son oncle même, devenu cardinal, qui, au bout de quelques années, remit Gênes au duc de Milan. — Octavien Fregoso, doge en 1514, traita en 1515 avec François I, et resta gouverneur de Gênes. En 1522 il fut obligé de se rendre au marquis de Pescaire, général de l'empire. Il mourut quelques mois après. — En 1528 la famille des Fregosi perdit son nom et fut incorporée par André Doria dans celle des Fornari, afin d'éteindre les querelles sans cesse renaissantes qu'ils excitaient dans la république.

FREHER (Marquard), jurisconsulte, né en 1565 à Augsbourg, mort en 1614, professa le droit à Nuremberg, et fut chargé de diverses missions diplomatiques. Parmi ses nombreux ouvrages on remarque : Germanicarum rerum scriptores aliquot insignes, Francfort, 1600-1611; Rerum moscovitarum scriptores, 1600 ; Rerum bohemicarum scriptores, 1602.

FREIBERG, v. murée du roy. de Saxe (Erzgebirge), à 30 kil. S. O. de Dresde ; 15 000 hab. Vieux château (auj. magasin); cathédrale, monument de l'électeur Maurice, hôtel de ville, église St-Pierre. Académie et école des mines ; cabinet minéralogique de Werner. Industrie : tresses en or et en argent ; maroquin, laiton, dentelles, draps ; fonderies de canons et de cloches, moulins à poudre, etc. Aux environs, riches mines d'argent, de cuivre, d'étain, de plomb, de fer et d'arsenic, découvertes en 1160. Les Prussiens battirent les Impériaux à Freiberg en 1762.

FREIND (John), médecin anglais, né en 1675, mort en 1728, professa la chimie à Oxford à partir de 1705, accompagna comme médecin les armées anglaises en Espagne et en Italie ; fut à son retour nommé membre du parlement (1723); se fit enfermer à la Tour de Londres à cause de sa vive opposition ; fut relâché ensuite, et nommé premier médecin de la princesse de Galles. Il a publié : Histoire de la médecine, 1725 (trad. en français, 1728); l’Emménologie (trad. par Devaux, 1730); Prælectiones chemicæ, 1710. Ses Œuvres ont été réunies à Londres en 1733. in-fol., et réimp. à Paris en 1735, in-4.

FREINSHEIM (J.), Freinshemius, érudit né à Ulm en 1608, mort en 1660, fut professeur d'éloquence à Upsal, bibliothécaire et historiographe de la reine Christine. On a de lui une édition très-estimée de Quinte-Curce, Strasbourg, 1640, à laquelle il a joint, pour les livres I à III, des Suppléments écrits en fort bon latin, et qui sont devenus inséparables de l'ouvrage. Il a également suppléé les livres XI-XX de Tite-Live, 1649-54 : ce supplément se trouve dans plusieurs éditions de Tite-Live et il été trad. par Dureau de la Malle. On lui doit aussi de bonnes notes sur Tacite, sur Florus, ainsi qu'un index de Phèdre.

FREISINGEN, v. murée de Bavière, sur l'Isar à 32 kil. N. E. de Munich ; 6000 hab. Château, lycée, école de sourds-muets. — Jadis capitale d'un évêché souverain, transféré à Munich et érigé en archevêché, mais sans souveraineté, en 1817. L'église, qui date de 718, fut fondée par S. Corbinian.

FREISINGEN (Othon de). V. OTHON.

FRÉJUS, Forum Julii, ch.-l. de c. (Var) à 30 k. S. E. de Draguignan, dans des marais malsains, sur le Reiran, et près de la mer, qui y forme le golfe de Fréjus ; 2436 hab. Évêché, suffragant d'Aix, trib. de commerce. Ruines romaines d'un amphithéâtre, d'un phare, d'un aqueduc ; restes de la Porte de César et de la Porte Dorée, arc de triomphe. La mer s'est retirée à 2 kil. de la ville. - Ville fort ancienne, fondée sans doute par les anciens habitants de Marseille, et colonisée en 49 av. J.-C. par un lieutenant de Jules César, qui lui donna le nom du général ; elle servit d'arsenal de marine depuis Auguste. Elle fut ravagée par les Sarrasins en 940, puis donnée par Guillaume, comte d'Arles, à l'évêque Riculfe. Patrie du général romain Agricola, de Corn. Gallus, de l'abbé Sieyès, de Désaugiers, etc. C'est à Fréjus que débarqua Bonaparte a son retour d’Égypte et qu'il s'embarqua pour l'île d'Elbe.

FRÉMINET (Martin), peintre, né à Paris en 1567, m. en 1619, étudia sous Jean Cousin, séjourna 15 ans en Italie, prit Michel-Ange pour modèle, et fut, à son retour, nommé 1er peintre de Henri IV, 1603. Il décora le plafond de la chapelle de Fontainebleau de fresques qui représentent des patriarches, des rois juifs et des scènes de la vie de J.-C. Il composait bien et dessinait correctement, mais, exagérant la manière de Michel-Ange, il forçait les altitudes et faisait trop ressortir les muscles. Il était l'ami du poëte Régnier qui lui a dédié une de ses satires.

FRÉMONT D'ABLANCOURT (Nic.), diplomate et littérateur, né à Paris en 1625, mort à La Haye en 1693, était neveu, par sa mère, de Perrot d'Ablancourt, et professait la religion réformée. Turenne, son protecteur, l'avait fait nommer ambassadeur en Portugal, puis résident à Strasbourg ; mais il fut forcé de quitter la France à la révocation de l'édit de Nantes, et se retira en Hollande, où il devint historiographe de Guillaume d'Orange. Frémont a ajouté à la trad. de Lucien, par Perrot d'Ablancourt, le Dialogue des lettres de l'alphabet et le Supplément à l'Histoire véritable. Il a rédigé lui-même un Dict. des Rimes (1660), refondu depuis par Richelet, un Dialogue de la Santé (1684), et une Hist. de Portugal depuis le traité des Pyrénées, publ. après sa mort, 1701.

FRÉNICLE DE BESSY, mathématicien du XVIIe siècle, né à Paris, mort en 1675, réussissait à résoudre sans le secours de l'algèbre tous les problèmes qu'on lui proposait ; il employait pour cela une méthode de tâtonnement qu'il tenait secrète ; on a su après sa mort que c'était la méthode d'exclusion, méthode tombée dans l'oubli depuis le perfectionnement de l'algèbre indéterminée. Frénicle avait été reçu à l'Académie des sciences en 1666. Son Éloge y fut prononcé par Condorcet. On a de lui Traités des triangles rectangles, et des carrés magiques.

FRENTANI, anc. peuple de l'Italie, sur l'Adriatique, au N. du Frento, faisait partie de la confédération des Samnites, et prit avec ce peuple les armes contre les Romains ; ils furent soumis en 305 av. J.-C. Leur pays est compris dans l’Abruzze Citérieure.

FRENTO, auj. le Fortore, riv. d'Italie, entre le Samnium et l'Apulie, tombait dans l'Adriatique vis-à-vis des îles de Diomède.

FRÈRES DE LA CHARITÉ. V. CHARITÉ.

FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES. V. ÉCOLES. FRÈRES MINEURS. V. FRANCISCAINS.

FRÈRES PRÊCHEURS. V. DOMINICAINS.

FRÉRET (Nic.), érudit, né en 1668 à Paris, mort en 1749, était fils d’un procureur au parlement et fut destiné au barreau ; mais il préféra les recherches d’érudition. Il fut en 1714 attaché à l’Académie des inscriptions comme élève et devint bientôt membre, puis secrétaire perpétuel de cette compagnie. Ayant, dans un Discours sur l’origine des Français, prononcé à l’Académie en séance publique, émis sur cette question tout historique une opinion qui déplut au pouvoir, il fut mis pour quelque temps à la Bastille ; il renonça dès lors à ses recherches sur l’histoire nationale, et ne s’occupa plus que de l’antiquité. À la fois chronologiste, géographe philosophe, grammairien, il a fait sur les parties les plus diverses un nombre prodigieux de travaux, et a porté partout le flambeau de la critique. Il a débrouillé la chronologie des peuples anciens : Grecs, Assyriens, Chaldéens, Indiens, Chinois même, ainsi que l’histoire des premiers temps de la mythologie et de la philosoph !e. Peu soigneux de sa renommée, il se contenta1t d’insérer dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions le fruit de ses savantes recherches, ou les gardait en manuscrit. Leclerc de Sept-Chênes a publié en 1796 un recueil de ses œuvres, 20 vol. in-12, qui est loin d’être complet. Champollion-Figeac avait entrepris en 1825 une édition plus complète : il est à regretter qu’elle n’ait pu être continuée. Parmi les ouvrages les plus importants de Fréret, on remarque sa Défense de la chronologie contre le système de Newton ; ses Réflexions sur l’étude des anciennes histoires et sur le degré de certitude de leurs preuves ; son traité de l’Origine des Grecs. On lui attribua après sa mort plusieurs ouvrages irréligieux qui paraissent n’être pas de lui, tels que la Lettre de Thrasybule à Leucippe et l’Examen critique des apologistes de la religion, qui est plus probablement de Lévesque de Burigny.

FRÉRON (Élie Catherine), journaliste, né à Quimper en 1719, fut élève des Jésuites, et professa quelque temps avec distinction dans leur collége de Louis-le-Grand. Il abandonna l’enseignement pour la critique et se posa en adversaire de la philosophie du XVIIIe siècle. D’abord collaborateur de l’abbé Desfontaines, avec lequel il rédigea les Observations sur les écrits modernes et les Jugements sur quelques ouvrages nouveaux, il créa lui-même, en 1746, un petit journal, Lettres à la comtesse de *** sur quelques écrits modernes, où il attaquait les réputations les mieux établies, et qui fut bientôt supprimé. Il commença en 1749 un nouveau journal intitulé : Lettres sur quelques écrits de ce temps, qui en 1754 prit le nom de l’Année littéraire. Ce fut surtout cette feuille qui fit sa réputation : il y soutint une lutte opiniâtre contre les novateurs ; aussi souleva-t-il contre lui une nuée d’ennemis, à la tête desquels il faut placer Voltaire, qui l’accabla dans la satire du Pauvre Diable, et le mit en scène dans la comédie de l’Écossaise, sous le nom de Frélon. Il faut cependant bien se garder de juger le journaliste d’après les accusations de ses adversaires. Fréron s’opposa constamment à des innovations qu’il croyait de mauvais goût ; mais sa critique contre les personnes fut le plus souvent réservée. Il mourut en 1776. M. Ch. Monselet a publié : Fréron, sa vie, ses écrits, sa correspondance, 1863.

FRÉRON (Louis Stanislas), fils du préc. né en 1757, continua l’Année littéraire, qui déchut bientôt entre ses mains. Irrité des injustices dont son père avait été victime, il embrassa avec chaleur les principes de la Révolution : il rédigea l’Orateur du Peuple, journal des plus violents, fut un des auteurs de la pétition du Champ de Mars, de la journée du 10 août et des massacres de septembre. Élu à la Convention, il prit place parmi les plus fougueux montagnards. Envoyé en mission dans le Midi, il y commit des cruautés qui ont rendu son nom odieux, et dont Toulon et Marseille gardent encore le souvenir. Cependant au 9 thermidor, il se prononça avec énergie contre Robespierre et précipita la chute du tyran. Bonaparte, arrivé au pouvoir, le nomma sous-préfet de la partie méridionale de St-Domingue ; mais il y succomba au bout de deux mois (1802). Il a laissé des Mémoires sur sa mission dans le Midi.

FRESNAY-LE-VICOMTE, ch.-l. de c. (Sarthe), à 32 k. S. O. de Mamers ; 3000 hab.

FRESNAYE (LA). V. LA FRESNAYE.

FRESNE-EN-VOIVRE, ch.-l. de c. (Meuse), à 21 k. S. E. de Verdun ; 1000 hab.

FRESNE-ST-MAMETZ, ch.-l. de c. (H.-Saône), à 27 k. N. E. de Cintrey ; 550 h. Église gothique.

FRESNEL (Aug. Jean), savant physicien, né à Broglie (Eure), en 1788, fut d’abord ingénieur des ponts et chaussées. Il quitta ce service en 1815 pour s’appliquer tout entier à l’étude de la physique, et bientôt après il publia sur la diffraction, la polarisation et la double réfraction de la lumière des mémoires qui changèrent la face de la science ; il ébranla le système newtonien de l’émission et soutint celui des ondulations de l’éther. Il s’occupa surtout de perfectionner les phares et inventa le système des phares lenticulaires. Nommé dès 1821 examinateur à l’École polytechnique, il fut admis en 1823 à l’Académie des sciences. Il mourut en 1827, au moment où la Société royale de Londres venait de lui décerner la médaille d’or de Rumford pour ses découvertes sur la lumière. Ses travaux sont consignés dans les Annales de chimie et de physique, 1816-25 ; dans le Bulletin de la Société Philomathique, 1822-24, et dans les Mémoires de l’Académie des sciences, t. V-VII. Arago a donné son Éloge ; ses Œuvres (3 vol : in-4o) ont été publiées par Verdet, avec une Introduction remarquable.

FRESNES-SUR-ESCAUT, v. du dép. du Nord, à 1 k. S. O. de Condé ; 4000 h. Mine de houille, verrerie, chicorée-café, blanchisseries de toiles.

FRÉTEVAL, vge du dép. de Loir-et-Cher, sur le Loir, à 17 kil. N. E. de Vendôme ; 900 hab. Grande usine à fer. L’arrière-garde de Philippe-Auguste y fut battue en 1194 par les Anglais, qui enlevèrent les archives de la couronne.

FREUDENTHAL, v. de Moravie, à 4,5 k. N. O. de Troppau ; 2900 h. Anc. résidence du grand maître de l’Ordre Teutonique.

FRÉVENT, bourg du Pas-de-Calais, sur la Canche, à 13 kil. S. de St-Pol ; 2000 h. Patrie du conventionnel Lebas.

FREY ou FREYR, dieu scandinave. V. FREYR.

FREYA, déesse de la beauté et de l’amour chez les Scandinaves, fille de Niord, était sœur de Freyr et femme d’Odour ou Hoder, qui l’abandonna et qu’elle tenta vainement de retrouver. On l’a confondue à tort avec Frigga. Cette déesse répond à la Vénus des Grecs ; le Vendredi lui était consacré comme à Vénus : c’est de là que ce jour a été appelé Freytag. Elle est aussi quelquefois le symbole de la Lune.

FREYBERG. V. FREIBERG.

FREYCINET (Claude de SAULSES de), navigateur, né à Montélimart en 1779, mort en 1842, accompagna le capitaine Baudin dans un voyage aux terres Australes (1800-1804), et exécuta lui-même, de 1817 à 1820, sur l’Uranie, avec le titre de capitaine de frégate, un voyage autour du monde, destiné principalement à des observations sur les sciences naturelles, ainsi qu’à des expériences sur le magnétisme terrestre et la figure de l’hémisphère austral, et fut, à son retour, nommé capitaine de vaisseau, puis admis à l’Académie des sciences. Son Voyage a été publié aux frais de l’État, 1824-44, 9 vol. in-4, avec atlas. Son nom a été donné à une partie de la côte mérid. de la Nouv.-Hollande (par 136-138° long. E.) et à une île de l’archipel Dangereux, découverte en 1823 par Duperrey. — Henri de Freycinet, son frère aîné (1777-1840), servit aussi dans la marine sous l’Empire, soutint en 1805, près de St-Domingue, et avec une simple corvette, le Phaéton, une lutte glorieuse contre une frégate anglaise, administra nos colonies de Bourbon (1821-26), de la Guyane (1827), de la Guadeloupe (1829), fut nommé contre-amiral en 1828 et préfet maritime à Rochefort en 1834.

FREYR, un des trois grands dieux scandinaves (avec Odin et Thor), était fils de Niord et frère de Freya. Dieu de l’atmosphère, il dispense les pluies, le soleil, le beau temps. Il est aussi le dieu de la paix, de l’agriculture et des richesses, et quelquefois le principe viril et créateur, en opposition avec Freya, sa sœur, qui représente le principe féminin. Enfin on en fait aussi le symbole du soleil.

Un roi du nom de Freyr figure parmi les plus anciens rois de la Suède; il régnait à Upsal et construisit le temple païen de cette ville.

FREYRE (don Manoel), général espagnol, né en 1765 à Ossuna (Andalousie), mort en 1834. Colonel en 1808, pendant la lutte de l’Espagne contre Napoléon, il prit une part glorieuse aux batailles d’Ocana (1809) et de Salamanque (1813), et commanda une partie de l’armée anglo-espagnole à la bataille de Toulouse (1814). Chargé en 1820 par Ferdinand VII de réprimer l’insurrection de l’île de Léon, il ne satisfit point les vues de la cour et fut disgracié.

FREYTAG. Ce nom a été porté par plusieurs savants allemands, notamment par un bibliographe, né en 1723 à Pforta (H.-Saxe), mort bourgmestre de Naumbourg en 1776, qui a publié : Analecta litteraria de libris rarioribus, Leipsick, 1750; Apparatus litterarius, ubi libri partim antiqui, partim rari recensentur, 1752; Specimen historiæ litterariæ, 1765. — Ce nom est honoré auj. par le Dr G. Guill. Freytag, orientaliste, né en 1788 à Lunebourg, professeur à Bonn, à qui l’on doit un excellent Dictionnaire arabe-latin, Halle, 1830-1836, 4 vol. in-4; Arabum proverbia, Bonn, 1840, etc.

FRÉZIER (Amédée), ingénieur et voyageur, né à Chambéry en 1682, mort à Brest en 1773, servit successivement dans l’infanterie et dans le génie, fut chargé en 17!1 de reconnaître les colonies espagnoles, en 1719 de lever une carte de St-Domingue, et fut nommé en 1740 directeur des fortifications de la Bretagne. On lui doit: Traité des feux d’artifice, 1706; Voyage de la mer du Sud aux côtes du Chili et du Pérou, 1716; Théorie et pratique de la coupe des pierres et des bois, 1727-39, qu’il abrégea sous le titre d’Éléments de Stéréotomie, 1759.

FRIANT (Louis, comte), général français, né en 1758 à Villers (Somme), mort en 1829, entra dans les gardes-françaises en 1781, fit partie de l’armée de la Moselle comme lieutenant-colonel, fut nommé général de brigade en 1794 et bientôt après gouverneur du Luxembourg; prit part à l’expédition d’Italie et à celle d’Égypte, où il obtint le grade de général de division, passa en Allemagne en 1805, prit une grande part à la bataille d’Austerlitz où il eut 4 chevaux tués sous lui, à celles d’Auerstædt, d’Eylau, d’Eckmühl, de Wagram, où il fit des prodiges de valeur, et fut en récompense créé comte de l’Empire. Nommé en 1812 commandant des grenadiers de la garde, il fut blessé à leur tête à la bataille de Waterloo. Après la déchéance de l’Empereur, il vécut dans la retraite. — Son fils, le général Friant, a publié sa Vie militaire, Paris, 1857.

FRIBOURG, Freiburg en all., v. de Suisse, ch.-l. du canton de Fribourg sur la Sarine; 9000 h. (catholiques). Évêché. Résidence de l’évêque de Fribourg, Lausanne et Genève; anc. pensionnat de Jésuites, fermé depuis 1847, musée, bibliothèque. Chemin de fer; beau pont suspendu, belle cathédrale gothique, dont le clocher a 122m et qui possède un orgue remarquable d’Aloys Mooser; bel hôtel de ville, maison de force, monnaie. Remparts crénelés, flanqués de tours féodales. Fabriques de chapeaux de paille, de draps; teintureries, brasseries, tanneries. Commerce de bétail, fromages, bois. — Fribourg fut bâtie vers 1178 par le margrave de Bade, Bertold IV, duc de Zæhringen; elle devint au siècle suivant le patrimoine des comtes de Kibourg (1218-1364), fut sous la domination des Habsbourg de 1264 à 1452; se soumit aux ducs de Savoie en 1452, se rendit indépendante en 1471, se fit admettre dans la Confédération helvétique en 1481, fit quelques conquêtes sur le duc de Savoie, 1535, et acquit la moitié de la vallée de Gruyères. A Fribourg fut conclu en 1516 un traité d’alliance entre la France et le corps helvétique connu sous le nom de Paix perpétuelle. En 1803 y fut signé l’acte de médiation de la France.

FRIBOURG (cant. de), canton suisse, au S. O., entre ceux de Berne au N. et à l’E., de Vaud au S. et à l’O., le lac de Neufchâtel au N. O., a 60 k. sur 30, et 100 000 hab. (presque tous catholiques); ch.-l., Fribourg. Mont. au S. et à l’O. (Alpes bernoises et Jura) ; beaux pâturages, forêts de sapin. Agriculture et éducation de bestiaux renommées; fameux fromages de Gruyères. — L’éducation fut jusqu’en 1847 entre les mains des Jésuites : aussi Fribourg prit-il une part active à la guerre du Sunderbund (V. ce mot). La constitution est démocratique depuis 1831 . Le pouvoir souverain appartient à un grand conseil dont les membres, désignés pour 9 ans par une élection à deux degrés, se renouvellent par tiers tous les trois ans. Ce conseil nomme son président, choisit les membres du conseil d’État, ceux du tribunal d’appel, et les députés à la diète fédérale. Le canton de Fribourg est le 9e dans l’ordre d’admission et le 8e par ordre d’importance. — Pour l’historique, V. FRIBOURG (ville).

FRIBOURG-EN-BRISGAU, v. du grand-duché de Bade, ch.-l. du cercle du Haut-Rhin, sur la Dreisam, à 115 k. S. O. de Carlsruhe; 15 000 hab. Archevêché récemment créé; université célèbre, surtout pour ses études théologiques, fondée en 1456; bibliothèques, écoles des eaux et forêts, institut polytechnique. On y remarque la cathédrale (Münster), avec de beaux vitraux, les palais du grand-duc et de l’archevêque, la statue de Berthold III de Zæhringen, fondateur de la ville. Hôpitaux civil, militaire et des orphelins; maison de correction et de travail. Fabriques d’instruments de physique et de chirurgie. — Après avoir appartenu à la maison de Zæhringen, cette v. se révolta en 1416, acheta sa liberté, puis se donna aux duc d’Autriche. Elle fut prise par les Suédois en 1632, 1634 et 1638. Condé y défit les Impériaux en 1644; Créqui s’en empara en 1677, Villars en 1713, Coigny en 1744. Elle fut donnée au duc de Modène par la paix de Lunéville, 1801, et au grand duc de Bade par celle de Presbourg, 1806.

FRIBOURG, v. des États prussiens (Saxe), sur l’Unstrutt, à 22 k. S. O. de Mersebourg; 2400 h. Combat entre les Prussiens et les Français, 21 oct. 1813.

FRICKTHAL, petit pays du cant. d’Argovie, entre l’Aar au S. E. et le Rhin au N., tire son nom du bourg de Frick, à 10 kil. N. d’Aarau, et de thal, vallée. Il appartint à l’Autriche jusqu’à la paix de Lunéville.

FRIDERICIA. V. FREDERICIA.

FRIEDBERG, v. des États prussiens (Silésie), à 50 k. O. S. O. de Liegnitz; 1600 h. Frédéric II y vainquit les Autrichiens en 1745.

FRIEDBERG, v. de Bavière (H.-Danube), sur l’Acha, à 6 k. E. d’Augsbourg; 2000 h. Mise à feu et à sang par les Suédois en 1632 et 1646. Moreau y battit les Autrichiens en 1796.

FRIEDLAND, v. des États prussiens (Prusse), ch.-l. de cercle, sur l’Alle, à 43k. S. E. de Kœnigsberg; 2500 h. Napoléon y remporta sur les Russes, le 14 juin 1807, une éclatante victoire, qui amena la paix de Tilsitt. — Ville de Bohême (Bunzlau), au confluent de la Wittig et de la Rœsnitz; 3200 h. Beau château. Cette v. fut érigée en duché pour Wallenstein.

FRIEDLINGEN, bourg du grand-duché de Bade, à l’entrée de la Forêt-Noire, entre Bâle et Huningue, avec un fort sur le Rhin. Villars y remporta, le 14 oct. 1702, sa 1re victoire sur le prince de Bade.

FRIGGA, divinité scandinave, fille de Fiorgvin et femme d’Odin, dont elle eut les quatre Ases : Balder, Braga, Hermode et Thor. Elle connaît l’avenir, mais sans le révéler à personne. Elle tenta vainement de prévenir la mort de son fils Balder. On la confond quelquefois, mais à tort, avec Freya.

FRIMONT (Jean, baron de), général au service de l’Autriche, né en Lorraine en 1756, m. en 1831, émigra de France en 1791 et se mit à la solde des ennemis de son pays. Il obtint des succès dans les campagnes de 1812 et 1814, où il commandait la cavalerie autrichienne; fut en 1815 opposé à Suchet dans le Piémont, força ce général à évacuer la Savoie, entra en France avec l’armée d’occupation; marcha en 1821, à la tête d’une armée autrichienne, contre les Napolitains insurgés, réussit à étouffer la révolte et à rétablir le roi Ferdinand I, et fut nommé en 1825 commandant général de la Lombardie.

FRIOUL, Friuli en italien, anc. prov. mérid. de l’empire d’Autriche, sur l’Adriatique, occupait la partie orient. de l’anc. Vénétie jusqu’aux frontières de l’Istrie et tirait son nom de la v. de Cividale del Friuli, l’anc. Forum Julii. Il se divisait en deux parties : le Frioul autrichien, à l’E., ch.-l. Trieste; et le Frioul vénitien, à l’O., ch.-l. Udine. — Le Frioul est un des duchés créés par les Lombards en Italie. Conquis par Charlemagne, il fut érigé en Marche au IXe siècle pour opposer une digue aux incursions des Slaves et fut donné à Eberhard (père de Bérenger, qui devint empereur et roi d’Italie). Au Xe s., cette Marche devint la propriété des patriarches d’Aquilée. Ceux-ci la cédèrent à Venise en 1420; mais au XVIe siècle, l’Autriche en conquit une partie : c’est alors que !’on commença à distinguer le Frioul autrichien et le Frioul vénitien. Ce dernier fut cédé à l’Autriche par le traité de Campo-Formio, 1797; mais en 1805 tout le Frioul fut réuni au roy. d’Italie. En 1814, ce pays fut rendu à l’Autriche; mais le nom de Frioul ne reparut plus; le Frioul vénitien forma la délégation d’Udine, dans le roy. Lombard-Vénitien; et le Frioul autrichien, compris dans le roy. d’Illyrie, forma le cercle de Trieste et celui de Goritz. — Sous le 1er Empire, le maréchal Duroc reçut le titre de duc de Frioul.

FRISCH (J. Léonard), né en 1666 à Sulzbach (Wurtemberg), mort en 1743, était ministre protestant. Il passa la première partie de sa vie à voyager; visita l’Allemagne, la France, la Suisse, l’Italie, la Turquie, etc., se fixa en 1700 à Berlin, enseigna la langue russe à Leibnitz, fut reçu en 1706 membre de l’Académie de Berlin, et y fut chargé en 1731 de diriger la classe historico-philologico-germanique. Frisch a laissé un grand nombre d’ouvrages : Dictionnaire allemand-latin, Berlin, 1711; Nouveau Dictionnaire des passagers, français-allemand et allemand-français, 1712; Programma de origine characteris slavonici vulgo dicta cirulici, 1727; Description des insectes de l’Allemagne, 1730-1738; Description des oiseaux de l’Allemagne, 1735-1765. Son fils, J. Léopold, ministre protestant à Grünberg, termina son ouvrage sur les oiseaux et écrivit lui-même sur l’histoire naturelle.

FRISCHE-HAFF, lagune longue et étroite (95 k. sur 20), formée par la mer Baltique sur les côtes des régences prussiennes de Dantzick et de Kœnigsberg, est séparée de la mer par le Frische-Nehrung, langue de terre d’env. 10 kil. de large, et ne communique avec la Baltique que par un goulet. Elle reçoit la Pregel, la Passarge et un bras de la Vistule.

FRISCHLIN (Nicodème), Frischlinus, philologue, né en 1547 dans le duché de Wurtemberg, mort en 1590, fut à 20 ans professeur de belles-lettres à Tubingen, reçut de l’empereur Rodolphe la couronne poétique avec le titre de chevalier, et fut fait comte palatin pour avoir composé trois panégyriques des empereurs de la maison d’Autriche. Des envieux le firent chasser deux fois de Tubingen; il se retira à Mayence, d’où il écrivit au duc de Wurtemberg, un de ses anciens protecteurs, une lettre pressante pour demander des secours; n’ayant rien obtenu, il s’emporta au point d’insulter le prince. Il fut aussitôt arrêté, conduit au château de Wurtemberg, puis enfermé dans la forteresse d’Aurach; il tenta de s’échapper par la fenêtre de sa prison, mais il tomba sur des rochers, et y périt. On a de lui : Opera epica, Strasb., 1598; Opera elegiaca, 1601; Opera scenica, 1604, comprenant des comédies et des tragédies latines, parmi lesquelles on remarque Rebecca; De astronomiæ cum doctrina cœlesti et naturali philosophia congruentia, 1586 ; Facetiæ selectiores, 1603; Orationes selectæ, 1605 et 1618, et un curieux écrit intitulé Grammatica strigilis (1584), où il critique les grammaires latines du temps.

FRISE. On désigne actuellement sous ce nom :

1° La FRISE proprement dite ou FRISE OCCIDENTALE, Friesland, Une des prov. du roy. de Hollande, bornée à l’E. par celles de Groningue et de Drenthe, au N. et au N.O. par la mer du Nord, au S. par la prov. d’Over-Yssel, au S. O. par le Zuyderzée : 65 k. sur 60; 280 500 hab.; ch.-l., Leeuwarden. Sol plat, bas (souvent plus bas que la mer); beaucoup de lacs et de petits canaux; bons pâturages. Lin, chanvre, froment, navette. Toiles, les plus belles de l’Europe, genièvre, bière, etc. — La Frise occid. fut longtemps disputée par les comtes de Hollande et les ducs de Saxe; elle se soumit en 1457 à l’empire germanique. En 1498, l’empereur Maximilien nomma Albert, duc de Saxe, gouverneur perpétuel de la Frise. Les Frisons se révoltèrent sous son successeur et se donnèrent à Charles, duc de Gueldre. Celui-ci céda la Frise à Charles-Quint en 1523; en 1579 cette prov. entra dans l’union d’Utrecht, et depuis elle suivit le sort des Provinces-Unies.

2° La FRISE ORIENTALE, Ostfrise, dite aussi Gouvt d’Aurich, prov. du Hanovre, entre la Hollande à l’O., le grand-duché d’Oldenbourg à l’E., la mer du Nord au N., et le gouvt d’Osnabrück au S. : 80kil. sur 65; 190 000 hab.; ch.-l., Aurich. Pays très-plat; sol marécageux et argileux, fertile cependant au S. : grains, légumes, colza et lin. On y élève beaucoup de chevaux et de bêtes à cornes. Pêche très-active. — La Frise orientale fut longtemps gouvernée par des comtes particuliers, qui depuis 1657 avaient titre de princes de l’empire. A l’extinction de cette maison, en 1744, elle passa sous la domination de la Prusse. Napoléon la réunit en 1807 au roy. de Hollande, et ensuite à la France, où elle forma le dép. de l’Ems-Oriental. En 1814 elle fut rendue à la Prusse qui la céda au Hanovre en 1815.

L’étendue de la Frise a souvent varié. Primitivement ce nom désignait tout le pays situé le long de la mer depuis la Meuse jusqu’au Weser. Dans la suite il fut restreint à l’espace compris entre le ruisseau de Kinhem près d’Alkmaar à l’O. et le Weser à l’E. La Frise ne fut entamée que faiblement par les Romains. Elle était la demeure principale des Francs Saliens, c.-à-d. de la Sala (l’Yssel actuel). Indépendante sous les premiers Mérovingiens, elle fut vers la fin du VIe siècle soumise par l’Austrasie, et, bien que souvent en révolte, devint une annexe de cette monarchie; elle fut ensuite comprise dans l’empire de Charlemagne, puis dans le royaume de Germanie, et fut assignée pour demeure au pirate northman Gottfried en 882. A la chute des Carlovingiens germains, en 911, elle forma un des 6 grands-duchés de l’empire, mais ne prit que peu de part aux affaires générales, et fut insensiblement divisée en petits États, comtés, seigneuries ou républiques, dont les deux principaux ont formé la Frise propre et la Frise orientale.

FRISIUS (GEMMA, dit). V. GEMMA.

FRISONS, Frisii, peuplade germanique fort ancienne, habitait entre le Rhin, la mer du Nord et l’Ems; ils avaient au S. O. les Bataves, au S. les Bructères et les Marses, qui plus tard furent remplacés par les Angrivariens et les Chamaves; à l’E. les Chauques. On pense que les Frisons avaient habité primitivement l’île des Bataves et qu’ils en furent chassés au temps de César. Drusus et Germanicus les soumirent et conclurent même une alliance avec eux ; mais ces peuples se révoltèrent sous Claude (117); sous Néron ils défirent quelques légions romaines. Au IVe siècle on les voit compris dans la confédération des Saxons. Au VIe siècle les conquêtes des Austrasiens les refoulèrent au nord. V. FRISE.

FRITH, bras de mer, commence un grand nombre de noms géographiques anglais. V. le nom qui suit.

FRITIGERN, chef de Visigoths établis dans l’empire romain (376), affranchit ses compatriotes de la tyrannie de la cour d’Orient, défit à Marcianopolis le gouverneur de la Mœsie, et battit l’empereur Valens lui-même à Andrinople en 378. Il mourut en 381.

FRITZ, abréviation du nom de Frédéric.

FRITZLAR, ville des États prussiens (Cassel), sur l’Edder, à 24 k. S. O. de Cassel ; 2300 hab. Anc. v. forte : siége de l’évêché de Bürberg, érigé en 741 par S. Boniface, qui y fonda une célèbre abbaye de Bénédictins. Prise par Conrad, landgrave de Thuringe, en 1232 ; par les Français, pendant la guerre de Trente ans ; par le duc de Brunswick, en 1761. Attribuée à la Hesse en 1801 par la paix de Lunéville.

FROBEN (Jean), Frobenius, célèbre imprimeur, né vers 1460 à Hermelbourg en Franconie, vint en 1491 s’établir à Bâle et mourut dans cette ville en 1527. Il fut particulièrement lié avec Érasme. On lui doit l’impression des œuvres de S. Jérôme, S. Cyprien, Tertullien, S. Hilaire, S. Ambroise, S. Augustin. Il avait commencé à publier les Pères grecs ; ses deux fils, Jérôme et Jean, continuèrent cette entreprise, et publièrent S. Chrysostôme et S. Basile, etc. On lui doit aussi les OEuvres d’Érasme. — George Louis Froben, de la même famille, né en 1566, mort en 1645, a donné, entre autres ouvrages, Penu Tullianum sive Indices copiosissimi in Ciceronem, Hambourg, 1618.

FROBISHER (sir Martin), navigateur anglais du XVIe siècle, né à Doncaster (comté d’York), entreprit trois voyages pour trouver au N. O. de l’Europe un passage qui conduisît en Chine (1576-1578), et forma dans ce but une compagnie qui lui fournit des vaisseaux et de l’argent : il parcourut les côtes du Groenland et du Labrador et pénétra dans un détroit auquel il donna son nom (par 63° 8’ lat. N.), mais il ne réussit point à découvrir le passage cherché. Il fit plus tard partie des troupes envoyées par Élisabeth au secours de Henri IV, et périt en attaquant le fort de Croyzan près de Brest. La relation de son voyage se trouve dans le recueil d’Hackluyt (tome III), et a été trad. dans le recueil des Voyages au Nord.

FROCHOT (Nic.), préfet de la Seine, né en 1761 à Dijon, mort en 1828, était avant la Révolution prévôt d’Ainay-le-Duc. Député à l’Assemblée nationale, il s’y lia avec Mirabeau. Arrêté comme suspect en 1793, il sortit de prison après le 9 thermidor, fut élu député après le 18 brumaire, et appelé en 1800 par le premier Consul à la préfecture de la Seine. Napoléon, satisfait de ses services, l’avait nommé successivement conseiller d’État, grand officier de la Légion d’honneur, comte de l’Empire ; mais, en 1812, à la suite de la conspiration de Mallet, qu’il n’avait pas su prévenir, il fut révoqué et disgracié. Néanmoins l’Empereur, au retour de l’île d’Elbe, le nomma préfet des Bouches-du-Rhône. Après la 2e Restauration, il alla vivre dans la retraite.

FROELICH (Érasme), savant jésuite allemand, né en 1700 à Grætz, m. à Vienne en 1758 ; il fut professeur d'histoire et d’archéologie à Vienne, et publia de 1733 à 1757 plusieurs ouvrages importants sur la numismatique grecque, romaine et asiatique : Utilitas rei nummariæ veteris, Vienne, 1733 ; Annales regum et rerum Syriæ, nummis veteribus illustrati, 1744 ; Regum veterum numismata, anecdota, aut perrara, 1752.

FRŒSCHWILLER, vge près de Wœrth-sur-Sauer. — V. WŒRTH.

FROHSDORF, bourg et château des États autrichiens, dans les Alpes styriennes, à 46 kil. E. de Vienne, sur les frontières de la Honorine, possédé d’abord par la maison Lichtenstein, puis acheté par la veuve de Murat, devint en 1841 la résidence de la duchesse d’Angoulême et du duc de Bordeaux.

FROÏLA I, régna de 757 à 768 sur les Asturies et Léon, fonda Oviédo, et défendit vaillamment ses États contre les Maures. Il fut assassiné en 768 par son frère Aurèle, qui vengeait ainsi le meurtre d’un autre frère que Froïla avait fait périr par jalousie. — Froïla II, roi de Léon, succéda en 928 à son frère Ordogno, dont il avait les vices, mais non les qualités. Chassé du trône au bout de peu de mois, à cause de ses cruautés, il mourut de la lèpre en 924.

FROISSART (Jean), chroniqueur et poëte, né à Valenciennes en 1333, mort vers 1410 ; embrassa l’état ecclésiastique, mais sans en remplir les fonctions, et passa sa vie dans les plaisirs, à la cour des princes et des grands, recueillant de leur bouche des récits qu’il s’empressait de consigner dans ses écrits, ou charmant leurs loisirs par la lecture de ses chroniques et de ses poésies. Il parcourut la France, la Flandre, l’Angleterre, l’Écosse, et s’attacha successivement à la reine d’Angleterre, Philippine de Hainaut, femme d’Édouard III, au prince Noir, au duc de Brabant, Venceslas, à la comtesse de Boulogne, et au comte de Foix, Gaston Phœbus. Dans ses dernières années il obtint le canonicat de Chimay. Le grand ouvrage de Froissart est sa Chronique de France, d’Angleterre, d’Écosse et d’Espagne (de 1322 à 1400) : cette chronique n’est qu’une suite de récits où il ne règne pas grand ordre, et qui offre beaucoup d’incorrections et de négligences ; mais on y trouve une grâce et une naïveté qui charment ; l’auteur excelle surtout dans les scènes qui frappent l’imagination et s’adressent aux yeux, telles que batailles, fêtes, tournois. La Chronique de Froissart a été imprimée pour la 1re fois à Paris vers 1498 en4 v. in-fol. L’édition la meilleure est celle de M. Buchon, dans la Collection des Chroniques, 15 v. in-8, 1824 et ann. suiv. Froissart avait aussi composé un grand nombre de poésies, dont Buchon a publié un choix, Paris, 1829. Valenciennes lui a érigé un monument (1856).

FROISSY, ch.-l. de cant. (Oise), à 26 k. N. O. de Clermont ; 800 hab.

FROMENT-MEURICE (François), orfèvre joaillier, né à Paris en 1802, m. en 1855, était dessinateur habile, sculpteur et ciseleur expérimenté, réunissant les qualités de l’artiste et du praticien. Ses œuvres, remarquables par le goût et le fini, sont dignes des anciens maîtres : elles consistent en bracelets, figurines, bagues, miroirs, candélabres, coupes, patères, vases, coffrets, services de table, aiguières, ostensoirs, calices, reliquaires, épées ornées, etc.

FROMOND ou FROMONT (Libert), Fromundus, docteur en théologie, né en 1587 à Haekoër-sur-Meuse près de Liége, mort à Louvain en 1653, enseigna d’abord la philosophie à l’Université de Louvain, puis remplaça Jansénius, son ami, dans la place de professeur d’Écriture sainte à cette même université. Il est un de ceux à qui Jansénius légua le soin de faire imprimer son Augustinus. Fromont a laissé un grand nombre d’ouvrages, entre autres : Brevis anatomia hominis, Louvain, 1641 (mis à l’Index); Chrysippus, sive de libero arbitrio, 1644 ; Homologia Augustini Hipponensis et Augustini Yprensis (id est Jansenii). Il a écrit aussi de savants commentaires sur les Épîtres de S. Paul, sur les Actes des Apôtres et sur les écrits de Sénèque.

FROMOND (J. Claude), religieux camaldule, né à Crémone en 1703, mort en 1765, enseigna la philosophie à l’Université de Pise. Il cultiva les mathématiques pures, la physique, la chimie, l’histoire naturelle, et fit faire des progrès à toutes ces sciences. Il découvrit que la contraction du cœur est le résultat d’une force physique, opinion dont Haller a prouvé depuis la vérité, et popularisa les procédés propres à rappeler les noyés à la vie. Il était correspondant de l’Académie des sciences de Paris et membre de presque toutes celles d’Italie. Les plus remarquables de ses ouvrages sont : Nova introductio ad philosophiam, Venise, 1748 ; Della fluidità de’corpi, Livourne, 1714 ; Examen in præcipua mechanicæ principia, Pise, 1759.

FRONDE (Guerre de la). On nomme ainsi une guerre civile qui eut lieu en France pendant la minorité de Louis XIV (1648-1653) entre le parti de la cour (c.-à-d. la régente Anne d’Autriche et Mazarin, son principal ministre) et le parti de la noblesse et du parlement. Déjà depuis longtemps la faveur insigne dont Mazarin était l’objet, le désordre des finances, la création de plusieurs impôts vexatoires avaient irrité soit les grands, soit le peuple, et avaient excité plusieurs collisions avec la cour ; mais ce n’est qu’en 1648 que la guerre éclata ouvertement. Le parlement venait de rendre un arrêt célèbre, l’arrêt d’union, par lequel il s’engageait à se réunir au grand conseil, à la cour des comptes et à la cour des aides, pour délibérer sur les affaires d’État et réformer la constitution, s’érigeant ainsi en corps politique. Mazarin fait déclarer cet arrêt attentatoire aux droits de la royauté, et sur la résistance du parlement, il ordonne l’arrestation de deux des membres de ce corps, le président de Blancménil et le conseiller Broussel. Le peuple de Paris se soulève, dresse dans les rues des barricades (V. ce mot), et force la régente à relâcher les prisonniers, ainsi qu’à accueillir les demandes des Compagnies (ordonnance du 24 oct.). Celle-ci se retire alors à St-Germain, et fait pendant plusieurs mois assiéger Paris par le prince de Condé, qui s’était déclaré pour elle. A la tête du parti opposé à la cour, qu’on appelait la Fronde, étaient le coadjuteur de Paris, Paul de Gondi (depuis cardinal de Retz), le prince de Conti, frère de Condé, le maréchal de Turenne, égaré un moment, les ducs de Beaufort, de La Rochefoucauld, le duc et la duchesse de Longueville. Un premier accommodement, conclu à Rueil le 11 mars 1649, suspendit les hostilités ; mais elles recommencèrent bientôt. Cette fois Condé, mécontent de la cour, s’était joint aux Frondeurs ; il fut arrêté par surprise avec Conti et Longueville (18 janv. 1650), et fut enfermé à Vincennes. Gaston d’Orléans, frère du dernier roi, se mit alors à la tête des mécontents ; l’insurrection gagna les provinces et devint bientôt si redoutable que la reine se vit obligée de céder : elle rendit la liberté aux princes et sacrifia momentanément Mazarin, qui se retira à Cologne (févr. 1651). Mais la discorde s’étant mise entre les chefs de l’insurrection, Condé et Gondi, Anne d’Autriche profita de ce moment pour rétablir son autorité et rappeler Mazarin. Condé, proscrit par le parlement, quitte Paris, s’allie secrètement avec la cour d’Espagne, et va soulever la Guyenne et le Poitou ; Turenne, au contraire, rentre dans le devoir, et offre ses services à la cour dont il devient le ferme appui. Le 26 juin 1652, les deux rivaux se livrent, aux portes mêmes de Paris, dans le faubourg St-Antoine, un combat sanglant, qui ne décide rien. Condé se réfugie dans les Pays-Bas espagnols ; cependant Mazarin se retire à Liège et la reine se rapproche du coadjuteur. Celui-ci s’engage à ménager une réconciliation : en effet, la régente put, peu de jours après (21 oct. 1652), rentrer sans obstacle à Paris avec le jeune roi Louis XIV, qui venait d’atteindre sa majorité. A peine maîtresse du pouvoir, elle fait arrêter le coadjuteur et rappelle Mazarin ; celui-ci, redevenu tout-puissant, fait condamner à mort par le parlement le prince de Condé (qui ne rentra en grâce qu’en 1659), exile Gaston d’Orléans à Blois, s’assure des autres chefs de la faction et met ainsi fin à la guerre civile (1653). La Fronde eut cela de singulier que plusieurs femmes y jouèrent le rôle le plus important, notamment Mlle de Montpensier, fille de Gaston et nièce de Louis XIII ; la duchesse de Montbazon, maîtresse du duc de Beaufort, et la duchesse de Longueville, qui égara Turenne ; en outre, tout s’y faisait avec une frivolité et une gaieté sans exemple, ce qui rendit cette guerre plus ridicule que sérieuse. L’Histoire de la Fronde a été écrite par M. le comte de Ste-Aulaire (Paris, 1841, 2 vol. in-8), qui a cherché à la réhabiliter en la présentant comme un essai sérieux d’une monarchie tempérée par la magistrature. - Monglat donne du nom de Fronde une explication curieuse. « Il y avait, dit-il, dans les fossés de Paris une troupe de jeunes gens qui se battaient à coups de pierre avec des frondes. Le parlement rendit un arrêt pour défendre cet exercice ; et un jour qu’on opinait, un président parlant selon le désir de la cour, son fils, qui était conseiller, dit : « Quand ce sera mon tour, je fronderai bien l’opinion de mon père. » Depuis, on nomma frondeurs ceux qui étaient contre la cour. »

FRONSAC, Franciacum, ch.-l. de c. (Gironde), au confluent de l’Isle et de la Dordogne, à 2 kil. N. O. de Libourne ; 500 hab. Vins estimés. - Fronsac était autrefois le titre d’un duché considérable créé par Henri IV pour le comte de St-Paul, de la maison d’Orléans-Longueville, et qui passa ensuite dans celle de Richelieu. L’aîné des Richelieu portait le nom de duc de Fronsac du vivant de son père.

FRONTEIRA, v. de Portugal (Alentéjo), à 49 kil. N. O. d’Elvas ; 3000 hab. Schomberg, commandant les Portugais, y battit les Espagnols en 1663.

FRONTENAY-L’ABATTU, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 11 kil. S. O. de Niort ; 2350 hab. Autrefois place forte, prise par S. Louis en 1242, érigée en duché-pairie en 1774, sous le nom de Rohan-Rohan, pour Hercule Mériadec de Rohan, prince de Soubise.

FRONTIGNAN, ch.-l. de c. (Hérault), à 20 kil. S. O. de Montpellier, sur l’étang de Maguelone, à 2 kil. de la mer ; 1800 hab. Hôtel de ville remarquable. Station. Aux env., eaux minérales. Vins muscats et raisins secs très-renommés.

FRONTIN, S. Julius Frontinus, écrivain latin, né vers l’an 40 de J. -C., mort vers l’an 106 fut préteur de la ville, trois fois consul, et commanda les armées en qualité de proconsul dans l’expédition d’Agricola en Bretagne (78). Il reste de lui deux ouvrages principaux : Stratagèmes de guerre, en 4 livres, offrant le récit de toutes sortes de ruses de guerre tirées de la vie des grands capitaines grecs, romains et carthaginois ; et De aquæductibus urbis Romæ, contenant non-seulement la description fort bien faite des aqueducs de Rome au temps de Néron, mais aussi leur histoire ; il composa ce dernier écrit pendant qu’il était lui-même curateur des eaux de la ville. Les Stratagèmes ont été imprimés dans les Veteres de re militari scriptores, Wesel, 1670, in-8, et plusieurs fois séparément, par Oudendorp, Leyde, 1731 ; par Schwebel, Leipsik, 1772, avec notes ; ils ont été traduits en français par un ancien officier, Paris, 1772 ; et de nouveau par M. Baudement (1849 dans la collection Nisard). Le livre De aquæductibus urbis Romæ a été publié par Poleni à Padoue, 1722, et à Altona, 1792, avec notes ; trad. en français par Rondelet, avec une notice sur Frontin, 1820. Ces 2 ouvrages sont réunis dans l’éd. de Bologne, 1694, in-fol., ainsi que dans la collection. Panckoucke, avec une trad. française par Ch. Bailly, 1849. — Blum et Lachmann ont publié à Berlin, en 1853 (dans les Agrimensores romani), un livre De limitibus, qu’ils attribuent à Frontin, mais sans preuve suffisante.

FRONTON, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 28 kil. N. de Toulouse ; 2200 hab. Bons vins rouges.

FRONTON, M. Cornelius Fronto, rhéteur latin du IIe siècle, eut pour élève Marc-Aurèle qui lui conserva toujours une vive reconnaissance et le nomma consul en 161. Aulu-Gelle l’égale à Cicéron. On lui attribue un traité De vocabulorum differentiis, Vienne, 1509, Milan, 1815. Angelo Mai a retrouvé dans les palimpsestes des fragments de Fronton, entre autres un traité De eloquentia, et a publié à Rome en 1823 sa correspondance avec Marc-Aurèle; elle a été trad. et publiée avec le texte en regard, sous le titre de Lettres inédites de Marc-Aurèle et de Fronton, par A. Cassan, 1830, 2 vol. in-8.

FRONTON-DU-DUC, savant jésuite, né à Bordeaux en 1558, mort en 1624, enseigna à Pont-à-Mousson et à Bordeaux, puis fut nommé bibliothécaire du Collége de Clermont (à Paris), et s'occupa surtout de donner de bonnes éditions des Pères grecs d'après les mss. Outre la Bibliotheca veterum Patrum, 1624, 2 vol. in-fol., on lui doit des éditions estimées de S. Jean Chrysostôme, de S. Jean Damascène, de Grégoire de Nysse, de Nicéphore Calliste, etc.

FROSINONE, Frusino, v. du territoire romain, ch.-l. de province, sur la Cosa, à 76 kil. E. S. E. de Rome ; 8000 hab. Bon vin.

FROUARD, vge du dép. de la Meurthe, à 8 k. N. O. de Nancy ; 1105 hab. Station du ch. de fer de Paris à Strasbourg. point de jonction de l'embranchement de Metz. Ruines d'un château du XIIe siècle.

FROWARD, cap de la Patagonie, sur le détroit de Magellan, forme l'extrémité mérid. de l'Amérique.

FRUCTIDOR (DIX-HUIT). On nomme ainsi un fameux coup d'État exécuté le 18 fructidor an V (4 septembre 1797), par la majorité du Directoire, composée de Barras, Laréveillère-Lepaux et Rewbell, contre les deux autres directeurs, Barthélémy et Carnot, et contre ceux des membres du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens qu'on accusait d être favorables à la royauté. Les trois directeurs firent cerner les Conseils par le général Augereau et obtinrent sans peine l'avantage. Les résultats de cette révolution furent la condamnation à la déportation de deux directeurs, de 11 membres du Conseil des Anciens, de 42 membres du Conseil des Cinq-Cents, de 35 journalistes, et d'une foule de prétendus conspirateurs, parmi lesquels un grand nombre de prêtres : tous devaient être conduits à Sinnamari. Les élections d'une cinquantaine de départements furent annulées.

FRUGES, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 26 k. N. E. de Montreuil ; 3200 hab. Draps communs, bas.

FRUGONI (Ch. Innocent), poëte génois, né en 1692, mort à Parme en 1768, était entré dans la congrégation des Somasques ; mais, dégoûté d'un état pour lequel il n'avait nulle vocation, il obtint en 1733 la permission de se séculariser. Après avoir professé la rhétorique avec succès à Brescia, à Rome, à Gênes, à Bologne, il fut, par le crédit du cardinal Bentivoglio, admis à la cour du duc de Parme, François Farnèse. Il suivit la fortune de ce duché, sujet de tant de querelles et de combats au XVIIIe siècle, et termina heureusement sa vie à la cour de l'infant don Philippe. Il a composé des sonnets, des odes ou canzoni, des épîtres, des satires, et un grand nombre de pièces de circonstance pour naissances, mariages, victoires, etc.; il excelle dans le vers libre (sciolto). Ses Poésies forment 9 vol. in-8, Parme, 1779 ; on en a fait un choix en 4 vol., Brescia, 1782.

FRUMENCE (S.), Frumentius, apôtre de l’Éthiopie, né à Tyr à la fin du IIIe siècle, fut élevé par Méropius, son parent, négociant qui avait des relations lointaines ; fut conduit par lui en Abyssinie, obtint l'affection du roi de ce pays, et en profita pour y faire connaître la religion catholique. Il fit en 331 un voyage en Égypte, fut sacré évêque par S. Athanase, patriarche d'Alexandrie, retourna près de ses néophytes et continua jusqu'à sa mort (360) à gouverner son église. Il résidait à Axum. On l'hon. le 27 oct.

FTA, divinité égyptienne la 2e des trois Khaméfis (Knef, Fta, Fré) : c'est le feu, créateur, producteur, vivificateur. Engendré par Knef, il a pour femme Neith ou Athor et engendre Fré (le Soleil). Il est représenté sous des formes diverses, soit comme un homme trapu, à jambes torses, à barbe négligée, tenant le sceptre augural ou le marteau, soit comme un enfant, soit enfin comme un dieu Terme, ayant pour tête un nilomètre, où se distinguent deux yeux. Il affecte toujours des formes bizarres. Ordinairement sa tête est celle d'un épervier ou d'un scarabée. Les Grecs ont vu en lui leur Vulcain.

FUALDÈS (Ant. Bernardin), ancien procureur du roi, né en 1761, vivait dans la retraite à Rodez lorsqu'il devint, le l9 mars 1817, victime d'un assassinat accompagné de circonstances atroces. Les débats de cette cause fixèrent pour longtemps l'attention générale. Bastide et Jausion, qui passaient pour les amis de la victime, furent reconnus être les auteurs du crime ; ils y avaient été poussés par le désir de se dispenser de payer une somme de 26 000 francs qu'ils devaient à Fualdès. Ils furent condamnés à mort à Rodez, puis à Alby. L’Histoire et le procès des assassins de Fualdès ont été publiés en 1818.

FUCHS (Léonard), médecin et botaniste, né l'an 1501 à Wembdingen (Grisons), mort en 1566, professa la médecine à Ingolstadt et à Tubingue. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages en latin sur la médecine et sur la botanique, qui ont contribué à la renaissance de ces deux sciences. Les plus remarquables sont : Institutiones medicæ ad Hippocratis, Galeni aliorumque veterum scripta recte intelligenda, Tubingue, 1665 ; Paradoxa medica, Bâle, 1535 ; Historia stirpium, Bâle, 1542. Ce dernier, le plus important, a été trad. en plusieurs langues, notamment en français par Éloi Magnan, 1549. Fuchs combattit la fâcheuse influence des médecins arabes et ramena ses contemporains à l'étude des observateurs grecs ; il rencontra de nombreux adversaires, entre autres J. Cornarius, qui écrivit contre lui Vulpecula excoriata (le Renard écorché), faisant allusion à son nom de Fuchs, qui veut dire renard. Une jolie plante d'Amérique a été appelée Fuchsia en l'honneur de L. Fuchs. — Il ne faut pas le confondre avec Remacle Fuchs, médecin et naturaliste, né à Limbourg vers 1520, mort à Liége en 1587, auteur de : Historia aquarum quæ in communi sunt usu, et recte distillandi ratio, Paris, 1542 : Pharmacorum tabulæ, 1546 ; — ni avec Gilbert Fuchs, frère du préc., médecin de Liége, né en 1504, mort en 1567, auteur de : Conciliatio Avicennæ cum Hippocrate et Galeno, Lyon, 1541.

FUCIN (lac), Fucinus lacus, auj. lac de Celano, lac de l'Italie anc., chez les Marses, était sujet à de fréquents débordements. Claude en fit conduire les eaux dans le Liris. Il a été desséché de 1852 à 1858.

FUEGO, une des îles du Cap-Vert. V. FOGO.

FUENCARRAL, v. d'Espagne (N.-Castille), à 8 k. N. de Madrid ; 2000 h. Vin muscat exquis.

FUENTE, FUENTES (c.-à-d. fontaine), nom qui entre dans plusieurs noms géographiques d'Espagne, dont les plus connus sont : Fuente-Cantos, v. de l'Estramadure (Badajoz), à 90 k. N. E. de Badajoz ; 4800 hab. Patrie du peintre Zurbaran. Le maréchal Mortier y battit les Espagnols le 15 sept. 1810 ; — et Fuente-Ovejuna, v. d'Andalousie (Cordoue), à 60 k. N. O. de Cordoue ; 5000 hab. Celle-ci appartint à l'ordre de Calatrava.

FUENTES (don Pedro Henriquez d'AZEVEDO, comte de), général espagnol, né à Valladolid en 1560, servit en Portugal sous le duc d'Albe, puis en Flandre sous Alexandre Farnèse, et accompagna ce prince en France, où le roi d'Espagne, à la faveur des troubles de la Ligue, espérait asseoir sa domination. Il se signala également par son courage à la guerre et par son talent dans les missions diplomatiques pendant les règnes de Philippe II, de Philippe III et de Philippe IV. Il périt en 1643 à la bat. de Rocroy, gagnée par le duc d'Enghien : il y commandait cette fameuse infanterie espagnole qui fut si longtemps la terreur de l'Europe. Tourmenté de la goutte, ce général octogénaire s'était fait porter en litière sur le champ de bataille.

FUENTES (Barthélémy de). On a sous ce nom la relation d’un navigateur qui prend le titre d’amiral au service d’Espagne, et qui, parti de Lima en 1630 pour voyager vers le Nord, prétend avoir découvert un passage du N. O. au N. E. de l’Amérique, pour passer d’Asie en Europe. Cette relation, publiée pour la 1re fois à Londres en 1708, a été l’objet de vives disputes : on regarde la découverte de Fuentès comme imaginaire.

FUENTES-DE-ONORE (LAS), vge d’Espagne (Sa1amanque). à 23 k. O. de Ciudad-Rodrigo; 600 hab. Combat indécis entre les Français et l’armée combinée des Angle-Espagnols, 5 mai 1811.

FUEROS. On désigne ainsi en Espagne les droits et privilèges particuliers de certaines provinces du Nord, ainsi que les chartes qui les consacrent. L’origine de ces priviléges remonte aux commencements de la monarchie espagnole; ils existaient déjà au temps de la lutte des petits rois de l’Espagne septentrionale contre les Maures, et paraissent modelés sur les lois des Visigoths. Le 1er des fueros écrits qui soit connu est celui de Léon qui date de 1020. C’est à Alphonse VI qu’on doit la plupart des fueros les plus populaires ; en 1076, ce prince rédigea le fuero de Sepulveda, qui, destiné d’abord à l’Estramadure, fut ensuite étendu à la plupart des villes de la Castille. Les prov. basques (Guipuscoa, Alava, Biscaye et Navarre) se sont montrées dans ces derniers temps fort attachées à leurs fueros : excitées par don Carlos, elles prirent les armes en 1833, pour les défendre et obtinrent de les conserver.

FUESSLI (prononcez Fusseli), famille de Suisse, a fourni, pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs hommes distingués dans les arts et les lettres. Les plus connus sont; Mathieu F., peintre, né à Zurich en 1598, mort en 1664. Il se fit une réputation par son habileté à représenter des scènes de désolation, batailles, pillages, incendies, etc. Il a aussi gravé avec succès dans le genre de Callot. — J. Gaspard F., arrière petit-fils du préc., né à Zurich en 1706, mort en 1782. Il se distingua dans les genres du portrait et du paysage; mais il est surtout connu comme écrivain. On lui doit l’Histoire des meilleurs peintres de la Suisse, 1755-1780, 5 vol. in-4; et un Catalogue des meilleures gravures, 1771. Lié avec Mengs et Winckelmann, il publia le Traité sur le beau et le goût en peinture du premier, 1762, et les Lettres de Winckelmann, 1778. — J. Rodolphe F., frère de J. Gaspard, fut également habile comme peintre, comme dessinateur et graveur. On lui doit un Dictionnaire des artistes, publ. à Zurich de 1763 à 1777. — Henri F., fils de J. Gaspard, né en 1738, mort à Londres en 1825. Il étudia la théorie de l’art sous Sulzer à Berlin, se lia étroitement à Zurich avec Lavater, visita Rome où il s’enthousiasma pour Michel-Ange, puis alla en 1776 se fixer en Angleterre, où il fut quelque temps précepteur. Consacrant ses loisirs à la peinture, il prit bientôt rang parmi les plus grands artistes de l’époque; il succéda à West dans la chaire de professeur à l’Académie de peinture, et devint directeur de cet établissement. Admirateur de Shakspeare, de Milton, de Klopstock, il porta dans la peinture le genre romantique : il excella dans les scènes effrayantes, ainsi que dans l’art de rendre les sentiments les plus intimes et de donner un corps aux idées métaphysiques; mais on lui reproche des bizarreries qui l’empêchèrent longtemps d’être apprécié. H. Fuessli a prodigieusement produit; la plus grande partie de ses tableaux a été faite pour la Galerie de Shakspeare et pour la Galerie de Milton. Ses Leçons sur la peinture ont été publ. par Knowles, Lond., 1831.

FUGGER (les), riche et illustre famille de Souabe, issue d’un tisserand des env. d’Augsbourg, qui vivait vers 1300. Cette famille acquit d’abord dans le commerce des toiles, puis dans le haut négoce, une immense fortune. A la fin du XVe siècle, elle rendit de grands services aux empereurs d’Allemagne, notamment à Maximilien et à Charles-Quint, en leur faisant des avances considérables; elle en obtint des titres de noblesse et s’allia aux familles les plus anciennes de l’Allemagne. Promus aux plus hautes dignités de l’empire, les Fugger employèrent leurs richesses toujours croissantes à favoriser le commerce et à doter Augsbourg de monuments magnifiques et d’établissements philanthropiques. Les membres les plus connus de cette famille sont les trois frères Ulric, Jacques et Georges Fugger; puis Raimond et Antoine, tous deux fils de Georges. — Ulric reçut en nantissement de l’empereur Maximilien, pour les avances qu’il lui avait faites, le comté de Kirchberg et la seigneurie de Weissenhorn, qui restèrent depuis la propriété de sa famille; il encouragea les savants et soutint les efforts de Henri Étienne lorsqu’il publiait son Trésor de la langue grecque. — Antoine et Raimond firent en grande partie les frais de l’expédition de Charles-Quint contre Alger, et obtinrent de lui le droit de battre monnaie. Antoine Fugger, recevant un jour l’empereur, brûla devant ce prince, pour le fêter dignement, tous les titres de créance qu’il avait sur lui. — Il existe encore plusieurs branches de cette famille en Allemagne, notamment celle de Kirchberg, qui possède auj. les domaines autrefois engagés par Maximilien; et celle des Babenhausen, élevée au rang de princes d’empire par l’empereur François en 1803.

FULBERT (S.), évêque de Chartres, né vers 960, à Chartres, ou, selon quelques-uns, en Italie, eut pour maître Gerbert (depuis pape), et pour protecteur le roi Robert, devint un des plus savants hommes de son temps, fut sacré évêque en 1007 et mourut en 1029. On le fête le 10 avril. Ses OEuvres, qui contiennent des sermons, des hymnes, etc., ont été publiées en 1595 par Papire Masson.

FULBERT, chanoine de Paris, au XVe siècle, oncle d’Héloïse, n’est connu que par la cruelle vengeance qu’il exerça sur Abélard. V. ABÉLARD.

FULDE, v. de Prusse (Cassel), à 112 kil. S. de Hesse-Cassel, sur la Fulde; 14 000 h., la plupart catholiques. Évêché catholique, autrefois princier; cour d’appel, séminaire et écoles diverses. Cathédrale, église St-Michel, château avec jardins, bibliothèque de 50 000 vol. Lainages, toiles, faïence, porcelaine, etc. Aux env., beau château de la Faisanderie. Abbaye célèbre, fondée en 744 par S. Boniface. — Fulde a dans le dernier siècle donné son nom à un petit État qui eut d’abord titre d’évêché (1752-1803), puis de grand-duché (1803), et qui fait auj. partie de la Hesse-Électorale; joint à la principauté d’Hersfeld et au comté de Smalkalde, l’anc. grand-duché forme depuis 1821 une prov. de cet État, qui est bornée au N. par le Rhœngebirge, au S. par le Vogelsberg et qui compte 140 000 hab. — L’abbaye de Fulde fut sécularisée en 1803. Son territoire passa successivement au prince de Nassau-Orange, au grand-duc de Francfort (Dalberg), à la Prusse (1817), et fut en fin partagé entre la Hesse et la Bavière.

FULDE, Fulda, riv. d’Allemagne, naît dans le Rhœngebirge, près de Reusbach en Bavière, devient navigable à Hersfeld, passe à Fulde, et se joint près de Minden à la Werra; cours, 180 k.

FULGENCE (S.), Fabius Claudius Fulgentius, évêque de Ruspina en Afrique, né vers 468 à Leptis dans la Byzacène, mort en 533, était intendant du domaine dans sa province, lorsque la lecture de S. Augustin le détermina à entrer dans la vie religieuse. Après avoir fait un voyage à Rome en 500, pour visiter le tombeau des apôtres, il fut nommé évêque de Ruspina; il fut exilé peu après par Thrasimond, roi des Vandales, qui favorisait les Ariens, mais fut rappelé par Hildéric, successeur de Thrasimond. Il a laissé plusieurs ouvrages dans lesquels il combat les Ariens, les Nestoriens, les Eutychéens, les Pélagiens; il mérita, tant par son style que par son zèle, d’être surnommé l’Augustin de son siècle. Ses OEuvres ont été publiées à Paris, en 1684, 1 vol. in-4, et à Venise, 17 42, in-fol. Il a aussi laissé quelques écrits littéraires, entre autres Enarrationes allegoricæ fabularum. On le fête le 1er janvier.

FULGENCE. V. PLANCIADE et GOTESCALC.

FULHAM, bourg d'Angleterre (Middlesex), sur la r. g. de la Tamise, à 9 k. S. O. de Londres; 17 000 h. Beau château, résidence d'été de l'évêque de Londres.

FULLEBORN (G. Gustave), né à Glogau en 1769, mort en 1803, exerça les fonctions de ministre évangélique à Glogau, puis professa l'hébreu, le grec et le latin à Breslau. Quoique enlevé fort jeune, il a laissé des travaux utiles sur la philologie et la philosophie; le plus important est : Fragments pour l'histoire de la philosophie, Zullichau, 1791.

FULLER (Thomas), ministre anglican, né en 1608 dans le comté de Northampton, m. en 1661. Dévoué à la cause de Charles I, il éprouva quelques disgrâces pendant la guerre civile et ne recouvra ses bénéfices qu'à la Restauration. Il s'était fait un nom comme prédicateur; il n'est guère connu auj. que comme historien. On a de lui Histoire de la Guerre sainte (c.-à-d. des Croisades), 1640; Histoire ecclésiastique de la Grande-Bretagne, 1656; Hist. des grands hommes de l'Angleterre, 1662. Ses écrits sont pleins d'érudition, mais entachés de mauvais goût.

FULMINANTE (LÉGION). V. MÉLITÈNE.

FULRADE, abbé de St-Denis au VIIIe siècle, d'une puissante famille d'Alsace, contribua à placer Pepin sur le trône des Mérovingiens. Chargé de missions importantes par ce prince près du souverain pontife, et par le souverain pontife près des rois lombards, il les termina toutes heureusement, obtint de grands honneurs pour lui-même et de grands privilèges pour son abbaye, où il mourut en 777.

FULTON (Robert), célèbre mécanicien des États-Unis, né en 1765 à Little-Britain (Pensylvanie), m. en 1815, se livra d'abord à la peinture, puis se voua à l'étude de la mécanique, et fit plusieurs inventions utiles, telles qu'un moulin pour scier et polir le marbre, une machine à faire des cordes, un bateau pour naviguer sous l'eau, une machine pour faire sauter les vaisseaux en l'air; enfin il perfectionna le bateau à vapeur, inventé en France peu auparavant par le marquis de Jouffroy (V. ce nom) : c'est à Paris qu'il fit, en 1802 et 1803, l'essai de son nouveau mode de navigation; mais la France eut le tort de n'y pas accorder assez d'attention et il porta son invention à l'Amérique, qui l'accueillit avec empressement : en 1807, il lança le premier bateau à vapeur sur l'Hudson pour la navigation entre Albany et New-York. Chargé dès ce moment de construire un grand nombre de bateaux semblables pour la navigation sur les rivières de l'Amérique du Nord, il fit promptement une grande fortune. Fulton a laissé entre autres ouvrages un Essai sur les canaux. Colden a donné sa Vie, New-York, 1817.

FULVIA GENS, illustre famille de Rome, se divisait en 5 branches : les Curvus, les Nobilior, les Flaccus, les Pætinus et les Centumalus. Elle fournit à la république plusieurs magistrats. V. FULVIUS.

FULVIE, courtisane romaine, avait pour amant le chevalier Q. Curius, l'un des complices de Catilina; elle lui arracha le secret de la conspiration, le découvrit à Cicéron, et sauva ainsi la république.

FULVIE, femme du tribun P. Clodius, puis de Marc-Antoine. Après le meurtre de Clodius, tué par Milon, elle fit placer son cadavre devant sa maison, et souleva le peuple contre le meurtrier. Ayant dans la suite épousé Antoine, elle trempa dans ses proscriptions, et ne montra pas moins de cruauté que lui : quand on apporta au triumvir la tête de Cicéron, elle lui perça la langue avec un poinçon d'or. Pendant qu'Octave et Antoine faisaient la guerre au dehors contre les meurtriers de César, elle exerça dans Rome une autorité presque souveraine. Pour se venger d'Octave, qui venait de répudier sa fille Clodia, elle excita contre lui le consul L. Antoine, frère du triumvir, et forma un parti très-puissant. Obligée de quitter Rome, elle s'enferma avec L. Antoine dans Pérouse, où elle soutint un long siége : la fine seule put la déterminer à se rendre (41 av. J.-C.). Elle alla rejoindre son époux en Grèce et eut avec lui à Athènes une entrevue orageuse; le chagrin que lui causa la passion d'Antoine pour Cléopâtre la conduisit au tombeau (40).

FULVIUS NOBILIOR (M.), préteur en Espagne en 196 av. J.-C., y fit de grandes conquêtes, et s'empara de Tolède, place qui avait été regardée jusqu'alors comme imprenable. Consul en 189, il fit la guerre en Grèce, soumit les Étoliens, et s'empara d'Ambracie et de l'île de Céphalénie, qui avaient embrassé leur parti. Élu censeur dix ans après, avec Æmilius Lepidus, son ennemi mortel, il renonça généreusement à son ressentiment pour ne pas compromettre le bien public.

FULVIUS FLACCUS (M.), consul l'an 125 av. J.-C., seconda les tentatives des Gracques, fit exécuter la loi agraire et voulut faire obtenir à tous les peuples d'Italie le droit de bourgeoisie. Cité devant le peuple avec C. Gracchus par le consul Opimius pour rendre compte de sa conduite (121), il refusa de répondre, et s'empara du mont Aventin; mais il y fut poursuivi et égorgé avec un de ses fils par ordre du consul.

FUMAY, ch.-l. de c. (Ardennes), sur la Meuse, à 16 k. N. E. de Rocroy; 2500 h. Aux env., nombreuses ardoisières. Anc. couvent d'Hiéronymites.

FUMÉE (Martin), sieur de Genillé, d'une famille de Touraine, était petit-fils d'Adam Fumée, médecin de Charles VII et de Louis XI. On a de lui : Histoire des Indes occidentales, Paris, 1578; Hist. des guerres faites par Justinien contre les Vandales et les Goths, trad. de Procope, 1587; Hist. des troubles de Hongrie et de Transylvanie, 1594; Du vrai et parfait amour, contenant les amours honnêtes de Théagène et de Charicle, 1599 roman qu'il annonça, par supercherie, comme trad. du grec d'Athénagoras. Jacques Fumée, de la même famille, a donné : Origine et progrès des chevaliers de Malte, 1604.

FUMEL, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur le Lot, à 22 kil. N. E . de Villeneuve; 2000 hab. Papeteries.

FUMONE, v. du territ. romain, à 11 k. N. O. de Frosinone; 1800 hab. Château où fut emprisonné Célestin V après son abdication.

FUNCHAL, capit. de l'île de Madère, sur la côte méridionale; 15 000 hab. Baie peu sûre, port défendu par des forts; résidence du gouverneur et d'un évêque. Grand commerce de vins de Madère, surtout avec les Anglais. Environs délicieux.

FUNCK (J. Nic.), né en 1693 à Marbourg, mort en 1777, professeur d'éloquence, puis bibliothécaire à Rhintel, a frut sur la langue latine un ensemble de travaux qui en offrent une histoire complète : De Origine linguæ latinæ, Giessen, 1720; De Pueritia linguæ latinæ, 1720; De Adolescentia linguæ lat., 1723 ; De Virili ætate lang. lat., 1737; De Senectute ling. lat., 1744-50. Il fait dériver le latin de l'ancienne langue des Germains.

FUNDI, auj. Fondi, v. du Latium, chez les Volsques, était renommée par ses vins.

FUNDY (baie de), vaste baie de l'Amérique du Nord, entre la Nouv.-Écosse et le Nouv.-Brunswick.

FUNÉRAILLES. V. ce mot dans notre Dict. des Sc.

FUNFKIRCHEN, v. de Hongrie, V. CINQ-ÉGLISES.

FURCA, mont. des Alpes Bernoises, à 12 kil. O. du St-Gothard, se termine par deux pointes en fourche, d'où son nom; 2532m de hauteur. Le Rhône et la Reuss y prennent leur source.

FURENS, petite riv. de l'anc. Forez (Loire), auquel elle donnait son nom, naît à 13 kil. S. E. de St-Étienne, et s'unit à la Loire à 4 kil. N. de St-Rambert, après un cours de 35 kil. Ses eaux son favorables pour la trempe des fers et des aciers.

FURETIÈRE (Ant.), né à Paris en 1620, mort en 1688, s'attacha d'abord à l'étude du droit et fut pendant quelques années procureur fiscal de St-Germain-des-Prés; il reçut ensuite les ordres et fut nommé abbé de Chalivoy. Il avait été admis en 1662 à l'Académie française; mais cette compagnie l'exclut de son sein 23 ans après, l'accusant d'avoir profité du travail commun pour composer le dictionnaire qui porte son nom. Il se vengea en écrivant contre l'Académie des factums et des libelles en verset en prose, et lui intenta même un procès. Il n'a paru du vivant de Furetière qu'un spécimen de son dictionnaire, sous le titre d’Essai d'un Dictionnaire universel, 1684; ce n'est qu'en 1690 qu'il fut publié en entier. La 1re éd. parut à Rotterdam; la dernière a été publiée par Brutel de La Rivière et Basnage de Beauval, Amsterdam, 1725, 4 vol. in-fol. Réimprimé plus tard à Trévoux, le Dictionnaire de Furetière cessa de porter son nom, et ne fut plus désigné que sous le titre de Dictionnaire de Trévoux. Furetière est encore auteur du Roman bourgeois, 1666 (réimpr. en 1855 par Ed. Fournier et C. Asselineau) ; de Fables et de quelques autres écrits en prose et en vers. Il avait été avant son procès lié avec Boileau, Racine et La Fontaine; il eut quelque part à la parodie de Chapelain décoiffé (qui se trouve dans les OEuvres du satirique) et à la comédie des Plaideurs de Racine.

FURGAULT (Nic.), helléniste, né en 1706 à St-Urbain près de Joinville (Hte-Marne), m. en 1795, professa longtemps avec distinction la grammaire et les humanités au collége Mazarin. On a de lui : Nouvel abrégé de la grammaire grecque, Paris, 1746, ouvrage qui resta longtemps classique; Dictionnaire géographique, historique et mythologique portatif, 1776; Dictionnaire d'antiquités grecques et romaines, 1768; les Principaux idiotismes grecs, 1784; les Ellipses de la langue latine, 1789.

FURGOLE (J. B.), avocat au parlement de Toulouse, né en 1690 à Castel-Ferrus dans l'anc. Armagnac, mort en 1761, a laissé quelques ouvrages estimés : Traité des Testaments; Traité des donations; Traité de la seigneurie féodale, 1767. Ses OEuvres ont été imprimées à Paris, 1775-76, 8 vol. in-8.

FURIES (du latin furere, être en colère), divinités infernales, filles de la Nuit et de l'Achéron, étaient chargées de punir les crimes des hommes dans les Enfers, et quelquefois même sur la terre. On en compte ordinairement trois, Tisiphone, Alecto et Mégère. On les représente avec un air terrible, les cheveux entrelacés de serpents, tenant une torche d'une main et de l'autre un poignard. On les nommait aussi par antiphrase Euménides. Primitivement les Grecs ne reconnaissaient qu'une Furie; ils la désignaient sous le nom d’Erinnys (vengeresse).

FURIUS, nom d'une famille patricienne de Rome, qui a fourni à la république un grand nombre de magistrats. Le plus célèbre est le dictateur Camille (M. Furius Camillus).

FURIUS BIBACULUS (M.), mauvais poëte latin du 1er siècle av. J.-C., natif de Crémone, avait composé un poëme De Bello gallico où se trouvait ce vers :

Jupiter hibernas cana nive conspuit Alpes,

qu'Horace, dans ses Satires (II, 5, 41), parodie ainsi :

Furius hibernas cana nive conspuet Alpes.

FURLANETTO, lexicographe. V. FORCELLINI.

FURNEAUX, groupe d'îles de l'Océanie, au N. E. de la Terre de Diémen, par 40° lat. S. et 145° 35' long. E. Déc. en 1773 par le capitaine anglais Furneaux.

FURNES, Veuren en flamand, v. de Belgique (Flandre occid.), à 42 kil. S. O. de Bruges, près de la mer et à l'emb. de plusieurs canaux; 5000 bah. Toiles, houblon, beurre. — Détruite par les Flamands au IXe siècle, souvent prise par les Français, notamment en 1297 après la bat. de Furnes, où Robert, comte d'Artois, tailla en pièces l'armée flamande, et en 1744, par le prince de Clermont.

FURST (Walter), un des fondateurs de la liberté helvétique, né près d'Altorf (Uri), mort en 1317. V. TELL et MELCHTAL.

FÜRSTENBERG (comté de), anc. État immédiat de l'empire d'Allemagne, dans le cercle de Souabe, était composé d'abord du village de Fürstenberg (dans le grand-duché actuel de Bade, à 53 kil. N. O. de Constance), et de la seigneurie de Hausen dans la Forêt-Noire; en 1530 il s'agrandit des seigneuries d'Heiligenberg, Stüglingen, Mœskirch, etc. Le comté devint en 1664 une principauté, qui en 1806 fut médiatisée et placée sous la souveraineté des États voisins, Wurtemberg, Bade, Hohenzollern-Sigmaringen. La principauté contient env. 100 000 hab. — La maison de Fürstenberg prétend descendre des Agilolfings par Éga, maire de Dagobert I. Elle s'est divisée et subdivisée en plusieurs branches; auj. il n'existe que deux lignes, les princes de Fürstenberg, qui ont conservé les anciennes possessions de la famille en Souabe (plus Pürglitz en Bohême), et les landgraves de Fürstenberg (seigneurs de Weitra en B.-Autriche). — C'est dans une cour du château actuel des princes de Fürstenberg, à Donaueschingen, que naît le Danube.

FÜRSTENBERG (Ferdinand de), évêque de Paderborn, né en 1626 à Bilstein en Westphalie, mort en 1683, fut protégé par le nonce Chigi, qui, devenu pape sous le nom d'Alexandre VII, l'appela à Rome, et le nomma successivement camérier secret, évêque de Paderborn (1661), de Munster (1678), et enfin vicaire général du St-Siége pour les pays du Nord. Il employa sa fortune et son crédit à encourager les lettres et les arts et à soutenir les jeunes gens que leur pauvreté eût empêchés de cultiver d'heureuses dispositions pour les sciences : Pierre Frank, Nicolas Heinsius, le P. Larue, Commire, reçurent ses bienfaits. On a de lui : Monumenta Paderbornensia ex historia romana, francica et saxonica eruta, Paderborn, 1669; Poemata, Paris, 1684, et Rome, 1656 (dans les Poemata septem illustrium virorum).

FÜRSTENBERG (François ÉGON de), prince-évêque de Strasbourg, né en 1626, était l'un des principaux ministres de l'électeur de Cologne, et rendit en cette qualité de nombreux services à Louis XIV. Il devint évêque de Metz en 1658, prince-évêque de Strasbourg en 1663, et se montra toujours très-favorable à la France. Il mourut en 1682 à Cologne, six mois à après que Strasbourg eut ouvert ses portes aux Français. — Guillaume Égon de Fürstenberg, frère du précédent, cardinal, né en 1629, était également dévoué à la France. Il succéda à son frère dans l'évêché de Metz en 1663, et dans celui de Strasbourg en 1682; il fut créé cardinal la même année. La diète de Ratisbonne l'ayant déclaré ennemi de l'empire, il se retira en France. Il mourut en 1704 à Paris, à l'abbaye de St-Germain-des-Prés, que le roi lui avait donnée et dont il restaura le palais abbatial. On a par reconnaissance donné son nom à une rue qui aboutit à l'Abbaye. — Fréd. Guill. Franç. de F., 1729-1810, fut ministre de l'électeur de Cologne, qui le chargea d'administrer la principauté de Münster : il fit bénir son administration. C'est lui qui fonda l'Université catholique de Münster.

FURTH, v. de Bavière (Franconie moy.) , au confluent de la Regnitz et de la Pegnitz, à 6 kil. O. N. O. de Nuremberg; 16 000 hab. (dont 2600 Juifs et 500 Catholiques). Trib. du cercle. Industrie active et variée : cire à cacheter, cartes à jouer, horlogerie, miroirs, lunettes, ouvrages en laque, bois, os et corne; joaillerie, fonderie en or, cuivre, etc. Commerce d'expédition, affaires de banque, etc. Grande foire à la St-Michel. Cette ville appartenait autrefois au burgraviat de Nuremberg, avec lequel elle fut donnée à la Bavière par le traité de Presbourg, 1805. Il s'y livra en 1632 une bat. entre Wallenstein et Gustave-Adolphe.

FURY-ET-HÉCLA (Détroit de), dans les terres arctiques de l'Amérique, par 82°-88° long. O., 69°-70° 12' lat. N., sépare l'île Cockburn de la presqu'île Melville. Découvert en 1821 par le capitaine Parry, qui lui donna le nom des bâtiments de l'expédition.

FUSARO, Acherusia palus, petit lac de l'Italie mérid. à 19 kil. O. S. O. de Naples. Ses bords étaient jadis un lieu de sépulture, ce qui le fit assimiler au fleuve des Enfers. Ce lac est entouré de riants coteaux qui rappelaient les champs Élysées.

FUSELI ou FUSSLI, peintres. V. FUESSLI.

FUSSEN, v. de Bavière (Haut-Danube), sur le Leck, à 33 kil. S . E. de Kempten ; 1800 hab. Un traité de paix y fut conclu en 1745 entre la Bavière et l’Autriche : par ce traité l’électeur de Bavière renonçait à la succession d’Autriche.

FUST (Jean), riche orfévre de Mayence, partage avec Guttemberg et Schœffer l’honneur d’avoir inventé l’imprimerie. Il forma en 1450 une association avec Guttemberg ; ils employèrent d’abord des planches de bois, puis des caractères mobiles en bois, et enfin des caractères fondus tirés de matrices fondues elles-mêmes, et ils donnèrent ensemble la Biblia sacra latina, in-fol., de 637 feuillets, sans date, mais qui a dû être publiée de 1450 à 1455. Ayant rompu son association avec Guttemberg, Fust en forma une nouvelle avec Schœffer, à qui il donna sa petite fille en mariage, et publia : le Psalmorum codex, 1457, le premier livre qui ait été imprimé avec date ; la Biblia latina, 1462 ; enfin le De Officiis, 1466. Fust vint à Paris, en 1466 ; on croit qu’il y mourut de la peste.

FUXUM, nom latin moderne de la ville de FOIX.

FUZELIER (Louis), auteur dramatique, né à Paris en 1672, mort en 1752, était l’ami et le collaborateur de Lesage. Il rédigea le Mercure de France depuis 1744, et travailla en outre pour tous les théâtres du temps ; il donna au Théâtre-Français : Momus fabuliste, spirituelle critique des fables de Lamotte, les Amusements de l’automne, les Animaux raisonnables, le Procès des Sens ; à l’Opéra, les Amours des Dieux, les Amours des Déesses, les Amours de Tempé, l’École des Amours ; au Théâtre-Italien, Momus exilé, les Noces de Gamache, Arlequin-Persée, etc. Laharpe ne voit en lui qu’un froid et plat rimeur. Cependant sa comédie de Momus fabuliste eut un grand succès.

FYEN. V. fionie.

FYROUZ. V. PACORUS et PEROSÈS.

G

G. Cherches à Dj, J, Tch, les noms qui ne se trouveraient point ici.

G. La lettre G s'employait dans les abréviations latines pour gens, ou pour Gaius (Caius). — Chez les modernes, G est l'initiale de Guillaume, Godefroi, George, Gabriel, etc. S. G. s'écrit pour Sa Grandeur.

GABAA, auj. Gib, v. de la tribu de Benjamin, à 8 kil. au N. de Jérusalem, est célèbre par la naissance de Saül et par l'attentat qui causa la guerre dite des Benjamites : ses habitants ayant déshonoré la femme d'un lévite d'Éphraïm, celui-ci appela les autres tribus à le venger, et toutes, se réunissant contre la tribu de Benjamin, détruisirent de fond en comble la ville coupable. David défit les Philistins à Gabaa.

GABALI, peuple de l'Aquitaine Ire, entre les Arvernes au N. O. et les Volces Arécomiques au S. E., habitait le Gévaudan moderne, et avait pour ch.-l. Anderitum (Antérieux ou Javoulx).

GABAON, v. de la tribu de Benjamin. Lors de la conquête du pays de Chanaan par Josué, les Gabaonites furent des premiers à faire alliance avec lui ; Josué les défendit contre cinq rois qui les assiégeaient; c'est pendant ce combat que Dieu arrêta le soleil pour permettre à Josué d'achever la victoire.

GABARDAN, petit pays de l'anc. Gascogne, au S. du Bazadais, à l'O. du Condomais, au N. de l'Eauzan, à l'E. du Marsan. Places, Gabarret (ch.-l.), Aix, Baudignan. Il est auj. compris dans la partie E. du dép. des Landes et dans le S. O. de Lot-et-Garonne. Ce pays a eu des vicomtes dès 1050 ; il a ensuite appartenu aux seigneurs de Béarn.

GABARRET, ch.-l. de c. (Landes) à 46 k. N. E. de Mont-de-Marsan; 1000 hab. Jadis ch.-l. du Gabardan. On y voit les restes d'une abbaye de Templiers et une maison de Jeanne d'Albret et de Henri.

GABELLE (de l'allemand gabe, don, tribut), impôt sur le sel. V. gabelle au Dict. univ. des Sciences.

GABÉLUS, Israélite qui habitait Ragès en Médie et à qui le jeune Tobie alla réclamer 10 talents.

GABÈS, v. d'Afrique. V. CABÈS.

GABIAN, bourg du dép. de l'Hérault, sur la Tongue, à 14 kil. N. O. de Pézenas : 1100 hab. Aux env., houille, vitriol, source de pétrole (huile de Gabian) ; bélemnites fossiles ; cristaux durs imitant le diamant.

GABIES, Gabii, v. du Latium, chez les Volsques, à 16 kil. N. E. de Rome, était une colonie d'Albe. Après un long siège, elle fut livrée à Tarquin le Superbe par l'artifice de Sextus, son fils : celui-ci, feignant une brouillerie avec son père, avait surpris la confiance des Gabiens en implorant leur pitié pour ses malheurs. Cette ville était déjà en ruines au temps d'Auguste.

GABINIUS (Q.), tribun du peuple en 140 av. J.-C., fit rendre la loi Gabinia, qui portait que dans les élections des magistrats les citoyens donneraient leur suffrage par scrutin secret.

GABINIUS (A.), tribun du peuple en 67 av. J.-C., proposa et fit adopter une loi qui donnait à Pompée une autorité extraordinaire pour anéantir les pirates. Consul l'an 58, il fit, de concert avec Clodius, exiler Cicéron. Gouverneur de Syrie en 57, il vainquit, près de Jérusalem, Aristobule, roi des Juifs, et le remplaça par Hyrcan. Quoique le sénat lui eût ordonné de revenir à Rome, il resta à la tête de son armée et passa même en Égypte pour rétablir sur son trône Ptolémée XI (55) : de retour à Rome il fut accusé de lèse-majesté publique et de concussion. Cicéron, le défendit sur les instances de Pompée ; mais il ne put le faire absoudre que sur le 1er point. Gabinius mourut à Salone dans une expédition contre les Illyriens (46).

GABINUS LACUS, dans le Latium, au N. E. de Gabies. C'est le lac de Castiglione, auj. desséché.

GABON (côte de), partie de la Guinée supérieure, entre 3° 30' lat, N. et 0° 45' lat. S., est arrosée par le Gabon, à l'emb. duquel la France a formé en 1843 un comptoir fortifié.

GABRIAS, fabuliste. Les uns le regardent comme le même que Babrius (V. ce nom) ; les autres comme différent. Quoi qu'il en soit, on a sous ce nom un recueil d'apologues ésopiques distinct de celui de Babrius, et qui se compose de quatrains écrits en grec. Le véritable auteur de ces quatrains est un grammairien du IXe siècle, nommé Ignatius Magister. M. Laprade a donné une édition et une traduction française des quatrains attribués à Gabrias, Paris, 1853.

GABRIEL, c-à-d. force de Dieu, archange, fut envoyé de Dieu, d'abord à Zacharie, pour lui annoncer la naissance d'un fils (S. Jean-Baptiste) ; puis à la Ste Vierge, pour lui annoncer qu'elle avait été choisie pour être la mère du Sauveur. Le même archange avait été envoyé à Daniel pour lui expliquer ses visions et lui révéler l'époque de la venue du Messie. Les Mahométans, croient que c'est lui qui apportait à Mahomet les feuilles du Coran.

GABRIEL SIONITE, savant maronite, né à Eddin dans le Liban (Syrie) vers 1577, mort en 1648, étudia à Rome au collège des Maronites, y apprit le latin et le syriaque, ainsi que la théologie ; fut reçu docteur en



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