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prouve ia poésie dans la science et le brillant m'est suspect parce qu'il est si souvent trompeur.
Ce qui, dans le génie d'Agardh, est fait pour frapper le plus un homme d'aujourd'hui, c'est la versalité extraordinaire de son esprit, la grande variété de son érudition. Il est vrai qu'encore de son temps un »polyhistor» n'était pas un phénomène aussi rare qu'il l'est de nos jours, mais il est probable que, même à l'époque, Agardh ne fut pas surpassé sous ce rapport. Il suffit de jeter un coup d'œil sur la liste de ses œuvres imprimées, Il y a traité des mathématiques, de la botanique, de la statistique, du droit publique, du régime des banques et du système des assurances, de la pédagogie, de la philologie, de la théologie et probablement d'autres choses encore. La même variété bigarrée se révèle dans son »curriculum vitæ»; il a été tour à tour maître de conférences de mathématiques, agrégé d'économie politique, préparateur de botanique, professeur de botanique et d'économie pratique, pasteur de paroisse, directeur d'un des comptoirs d'escompte de la Diète, député, membre des grandes commissions des finances, de la Banque et de la Constitution, contrôleur du budget, de la Banque et de la Dette publique et finalement évêque du diocèse de Carlstad. Dans toutes ces branches de la science et de l'administration, il a fourni un travail qui lui valut l'attention et le respect, souvent même l'admiration, de son temps. Si, sous certains rapports, la postérité se montre un peu moins enthousiaste à son égard, cela n'est pas fait pour étonner, puisque la division des efforts ne saurait manquer de nuire à la solidité.
Quel contraste, en effet, que l'activité de Berzelius, concentrée sur un seul des domaines de la science où, en revanche, elle a laissé des traces d'autant plus profondes et plus durables. Surtout caractéristique est sa répugnance insurmontable pour toute participation à la vie politique. Bien que, dés sa quarantième année, membre de droit de l'Assemblée de la Noblesse,